samedi 31 mars 2012

La gazette de Montmirail


Quand on demandait à Louis Jouvet : "Quoi de neuf ?" il répondait invariablement : "Molière !"
Et vous que répondriez-vous ?





 

"Alors quoi de neuf, Jacquouille?"
"Messire Godefroy, si je n'craignois pas de me répéter j'vous répondrois trois que multiplie trois..."
"Quand on se fait appeler la gazette de Montmirail on devrait avoir de bonnes et fraîches nouvelles à me narrer!"
"Messire, j'ai ouï dire que les anglois ne disent pas nouvelle mais niouze!"
"Alors dis-moi les niouzes Jacquouille"
"Et ben, pour l'an de grâce 1123 notre bon château de Montmirail a reçu son 13 780 000ème visiteur, Messire"
"Bien, j'ai grand plaisir à esgourder cette niouze"
"Mais la bande des Instouchables en a vu passer 18 389 000"
"Mille quenouilles! Comment ont-ils fait ça?"
"Messire, on dit qu'ils ont un grand noir, un Sarrasin d'apparence qui se reproduit plus vite que le bouc à la lune montante!"
"On ne respecte plus rien, Jacquouille... vivement qu'on lui pèle le jonc comme au bailli du Limousin!   Et à part ça, quelle niouze?"

"Euh... la tévéa sur les oeufs de caille vient de passer à 21.2%, Messire"
"Montjoie! Je veux bien estre transformé en cul de nonne si le petit intendant vote cet impôt avant l'hiver!!"
"C'est qu'il est petit mais arrogant et teigneux, Messire Godefroy..."
"Qu’on le pende et qu’on le passe à la questionnette du Frère Ponce! Il n'est point dit que je débourseroi plus pour m'empiffrer plus de ma potion magique préférée"
"Oookkkaaayyy, Messire"
"Abrège Jacquouze, quelle nouille? Fichus anglois! Je voulois dire Abrège Jacquouille, quelle niouze?"
"Messire, au dernier sondage ipsos des douves il semble que le centre s'esfondre"
"Le centre s'effondre dis-tu? Et à quelle famille appartiennent les maçons?"
"Un nom estrange, Messire... la famille Modème"
"Bourses molles! Qu'on change cette merdasse avant que mes fossés ne débordoient!
 Et pas une seule bonne et fraîche niouze, Jacquouille?"

"Messire, aujourd'hui Milady Gaga fêste ses 26 printemps! Je le tiens d'un hérault qui l'a twitté tôt ce matin"
"Et de quel blason seroit cette Milady?"
"On la dit de souche ritale, descendante des Germanotta"
"Morte couille! ça sonne plutôt teuton ce Germanotta... et est-elle de bonne naissance à desfaut d'avoir de beaux teutons? Hahaha"
"Elle aurait estudié les bonnes manières en compagnie des Hilton, Messire!"
"Les Hilton? Ces marauds qui font réussissement en chambre d'hôte? Et comment est fagotée cette pucelle?"
"Pouah! Un laideron en armure de cuir, plumes et quartiers de bidoche, Messire. On ne peut la manquer tant ça puire à trois lieues!"
"Humm... J'irois bien trousser cette gueuse et lui donner jouissance, et par Belzébuth Que trépasse si je faiblis!"
"Euh... Vous estes Godefroy Amaury De Malfète, comte de Montmirail, d’Apromont et de Papimcourt, fils d’Aldebert de Malfète et de Thibaude de Montfaucon esgalement dit Le Hardi mais si vous ne tenois point à mourir comme un pesteux, je vous conjure d'éviter cette fumelle"
"Va au diable Jacquouille, de toutes tes niouzes celle-ci me réjouit le fessard et je m'en vais de ce pas faire mon lavement et niquer la gueuse!"
"Quel bin's"

dimanche 25 mars 2012

la flûte enchantée

 
Pardon à Alfred de Vigny (et à sa descendance) d'avoir osé emprunter les rimes de son poème à  Évariste Boulay-Paty pour les détourner si loin de leur sens premier...
mais tel est l'exercice auquel les Impromptus Littéraires m'ont convié




J'étais ton moustachu tu étais ma bacchante,
ma belle Maintenon et moi ton Roi soleil,
dès le premier baiser je t'ai sentie ardente,
j'aurais voulu pour moi qu'il en soit tout pareil.

Fourbu, courbaturé et la flûte pendante,
j'aurais bien eu besoin de l'avisé conseil
d'un Jean de La Fontaine, d'un Virgile ou d'un Dante
pour ébranler mes sens et sonner le réveil.

Mais c'était sans compter sur ce don séculaire
que t'avait insufflé quelque mage Toscan.
j'allais me résigner au plaisir solitaire

quand tu m'as étranglé au fil d'un talisman,
ce chapelet pénien en guise de rosaire,
à damner un chrétien autant qu'un musulman.
 

mardi 20 mars 2012

Rue Corneille


publié sur le site MotImageCitation
 


"Nous donnons aisément ce qui n'est plus à nous"... mais je partage aussi volontiers ces souvenirs bien à moi 

Dix ans c'est l'âge où en classe on n'a pas encore le citron farci de toutes ces choses ennuyeuses enfoncées à coups de règle sur les doigts et de colles du samedi.
En ce temps là Corneille n'est pour moi qu'une rue, un formidable terrain de jeu que je sillonne à vélo et jusqu'au soir tant que durent ces merveilleuses vacances passées chaque année chez pépémémé comme on dit.
Rue Corneille c'est à Dijon la ligne droite de départ de mes courses cyclistes où, poursuivi par un invisible peloton je suce la roue des Stablinsky, Anquetil, Janssens et Nencini.

Je ne suis pas ce potache studieux qui récite par coeur le cidre... "Horace Ô désespoir" ou qui déclame La mort de pompier Pompée, non moi c'est Bibi Fricotin, les Pieds Nickelés et mon vélo!

A ma manière j'enchaîne les classiques à grands coups de pédale, remontant le boulevard Pascal pour redescendre rue de Chateaubriand puis rue La Fontaine jusqu'au square Giraud où un grinçant changement de braquet me ramène tout droit chez pépémémé...

Pour le contre-la-montre j'ai un secret, attendre l'approche de midi pour profiter des rues plus calmes comme Racine et Marivaux qui communiquent par l'avenue Aristide Briand.
Toute la difficulté consiste à rentrer à la maison avant la sacro-sainte heure du déjeuner mais je n'y arrive jamais à la grande fureur du pépé.
J'évite la Grand-place Saint Exupéry que je réserve aux sorties du soir quand mémé nous mène après le dîner voir le triage des wagons depuis le haut du pont tout proche.

Dans la chaleur étouffante des cheminées de locomotives à vapeur qui nous suffoque, nous assourdit et nous laisse ce goût âcre de charbon dans la gorge - plus brûlante que la plus brûlante des soirées d'été - je songe que le plus bel endroit sur Terre est bien celui-ci où tant de grands écrivains sont venus croiser leurs artères... et je me dis: Plus tard j'écrirai, si le vélo m'en laisse le temps. 








mardi 13 mars 2012

Ali et les castignolais

 


Certains affirmaient que le store était tout blanc avec des bandes orangées et d'autres qu'il était orange à bandes blanches.
Le vieux Escagasse qui avait connu les colonies en Afrique déclara que ça ne changeait rien à l'affaire tout comme un zèbre blanc et un zèbre noir étaient avant tout des zèbres, et patin coufin...
On décida de ne plus parler du store et chacun s'efforça de trouver un nouveau sujet de division puisqu'il fallait bien parler de quelque chose pour occuper le temps en dehors de la sieste.

La mère Caminade n'en avait que pour l'odeur de ces légumes qu'on-savait-pas-d'où-ça-vient et qui était insupportable au point qu'elle fermait ses volets dès midi !
D'ailleurs disait-elle les volets au dessus du commerce étaient fermés en permanence et ça c'était un signe qui ne trompe pas...
On sut plus tard que la femme du patron - une dénommée Rania que certains appelaient Raniania - souffrait de migraines chroniques et gardait la chambre ce qui ne changea rien à l'opinion olfactive de la mère Caminade.


Le seul point sur lequel tout le village était d'accord c'était l'inscription
'Ali mentation' et l'espace microscopique mais malicieusement placé derrière Ali dont le peintre visiblement pro-maghrébin s'était rendu complice.
"Pardonne à tes ennemis, mais n'oublie jamais leur nom" répétait Mireille l'institutrice...
Boudiou! On n'était pas prêt d'oublier son nom étalé au fronton du seul commerce du village.
J'ai longtemps observé l'inscription sans jamais y déceler cet espace qui désignait l'étranger à la population bien pensante de Castignol.

Personne ne savait exactement d'où venait le nouveau commerçant mais selon toute vraisemblance il avait traversé la grande bleue pour venir semer le trouble au village.
Personne non plus ne lui reprochait d'être levé avant le soleil et jusqu'à la nuit, chaque jour que Allah Dieu fait!
Par bonheur il ne vendait pas de viande ce qui évitait cette étrange polémique entre viande Albal et viande Pas-Chère à laquelle on ne comprenait rien et qui menaçait de franchir les Alpilles pour venir empoisonner nos assiettes castignolaises.
Quant aux pichouns du village, ils avaient vite renoncé à lui chaparder des fruits à l'étalage car s'il courait peu - à cause d'une jambe plus courte ou moins longue que l'autre - il n'avait qu'à lever les poings au ciel en leur promettant les foudres du Prophète pour leur ôter toute envie de recommencer.

On lui reprochait surtout son manque d'intégration, ainsi pourquoi avoir décidé d'afficher ses prix en euros quand à Castignol on comptait en bons-vieux-francs-d'ici depuis le siècle dernier sans que personne - pas même le curé à la quête - n'y trouve à redire.
Certains y voyaient l'occasion d'arnaquer le client et on épluchait dare-dare sa note de peur qu'une méningite aigüe ne nous foudroie sur le pas de porte.

Depuis des années, personne n'a jamais été foudroyé, Ali a installé un store tout neuf sans bandes blanches ni orangées et le fils du maire a marié la jolie Yasmine, sa fille ainée... 
 
publié sur le site MotImageCitation
  

dimanche 11 mars 2012

Révolution

 
Que Guillaume Apollinaire me pardonne ce détournement audacieux des vers de sa "chanson du Mal-Aimé" :   Je suivis ce mauvais garçon qui sifflotait mains dans les poches
 
 

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''Je suivis ce mauvais garçon
qui sifflotait mains dans les poches''
je ne connaissais pas son nom
mais il avait tout d'un gavroche

Dans la pénombre grandissante
je l'observais tout à loisir
j'ai vu la poitrine naissante
et ses boutons rose-désir

Sa voix qu'il aurait voulu grave
en moi un grand trouble a jeté
et déjà je sentais l'entrave
de ses caresses répétées

Je me suis surprise à gémir
quand sont tombées mes barricades
sa langue avait un goût de myrrhe
et sa peau celui de muscade

Dans ma toison, de ses doigts fins
il a fait la révolution
il n'avait rien d'un séraphin
gavroche n'était point garçon

Elle mit la bouche à mon ruisseau
c'était ni la faute à Rousseau
ni la faute à Monsieur Voltaire
ma gavroche était un gangster.











samedi 10 mars 2012

Lettre anonyme

  Publiée anonymement le 05-03-2012 aux Impromptus Littéraires et trop rapidement démasquée
 
 
Les vacances qui vous ma (n)rquent

Ne cherchez pas mon nom, vous ne le saurez pas
j'étais sur Concordia le trois mille cinq cent trois
oui j'étais sur celui qui jamais n'accosta
pour tous ces bons moments, merci monsieur Costa.

J'ai vu comme personne les côtes rital
envouté par le chant codifié des sirènes
(pouet pouet pouet pouet pouet pouet pouet poueeeeet)
vu le charivari agiter la carène
gagné au fameux jeu du gilet musical.

Rescapé, j'ai voulu recommencer mon rêve
goûter aux seychelloises alanguies sur la grêve
mais les machines en feu, le choeur du personnel
agrippé aux barreaux chantait "Tous aux seychelles".

Vaillant semi-remorque nommé Allegra
tiré par un thonier, c'est le nec-plus-ultra!
à quand l'animation, l'abordage sanglant
de pirates musclés ou somaliens hurlants?

J'ai aimé les sandwichs jetés par hélico
tous ces mots rassurants des experts au bosco
nuits à la belle étoile et seyantes brassières
pour tous ces bons moments, merci Costa Croisières.
 

jeudi 1 mars 2012

Sexe-à-piles


publié sur MilEtUne


 

Vous n'allez pas me croire mais c'est au moment où j'ai appuyé sur Display que son fourreau en lamé s'est répandu sur la moquette!
On n'avait même pas eu le temps d'enquiller nos Margarita's qu'elle était déjà nue devant moi, complètement nue avec un sourire qui semblait dire "Come on, essaie autre chose".
Je me gardai bien d'appuyer sur Return de peur qu'elle se rhabille, alors d'un doigt fébrile - ne dites pas le contraire, n'importe qui aurait eu le doigt fébrile dans cette situation - je pressai la touche Tools.
Le convertible bascula lentement à l'horizontale tandis que la chaîne stéréo distillait du Sinatra.
Pas le temps d'aller sur Menu nous choisir un Barry White de derrière les fagots, j'allais devoir la posséder sur 'Something stupid'. (J'aurai dû y voir un signe prémonitoire)
Je ne connaissais rien d'elle mais dans la position où nous étions, nul besoin de la touche Info pour constater qu'elle avait tout ce qu'il faut là où il faut et même plus encore.
"Dépèche-toi" réclamait ma belle impatiente en s'offrant sur le canapé. Fébrile, j'hésitai entre Open/Close et Size et je ne saurai jamais pourquoi la touche Exit est restée bloquée!

Cette foutue zapette venait de me lâcher alors que je lui avait offert des piles neuves la veille, des Duracell Supreme à dix euros pièce!
D'un coup de reins - celui dont je ne profiterai jamais - elle se relève et tandis qu'elle rentre en se tortillant dans son fourreau en lamé, je pianote sur Return à qui mieux mieux... le canapé en folie s'ouvre et se referme comme une huître au rythme de 'Douce nuit Sainte nuit' immortalisée par les petits chanteurs à la croix de bois!
Je peux vous dire que ça, ça vous plombe une ambiance... Vous avez déjà essayé d'emballer sur ces paroles 'Entendez résonner les pipeaux' ?? J'ai tenté un Mute en espérant que le silence jouerait en ma faveur mais j'avais perdu tout contrôle.
Je n'ai pas eu le temps non plus de rentrer son petit nom au clavier - ça c'est pour mes statistiques - qu'elle était remontée sur ses talons aiguilles.
De son mètre quatre vingt dix réhaussé elle me toisait avec la moue moqueuse de quelqu'un qui ne pardonne rien à la technique, même la plus sophistiquée. A cet instant elle était bien la seule - même en fourreau - à avoir du sexe-à-pile.
Ensuite je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai sans doute appuyé par mégarde sur la seule touche qui devrait être interdite, la touche Skip et j'ai entendu deux explosions dans son bustier...
Effondrée sur le canapé - réouvert par bonheur - elle venait de perdre son 95D et moi toute occasion de finir la nuit avec mon inconnue.
Dans l'ambulance j'ai bien essayé de consoler la planche à pain avec un vieux Dylan récupéré sur mon smartphone mais elle ne pensait qu'à la reconstruction de ses airbags.
Par la fenêtre j'ai balancé ma zapette... de nos jours on nous vend vraiment de la merde!