mercredi 28 septembre 2016

Du fil à remordre

Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème des expressions prises au pied de la lettre

 

Non content de m'être levé du pied gauche, ce foutu matin y'avait un brouillard à couper au couteau, mais j'avais paumé mon Opinel la veille dans un mauvais concours de circonstance; autant dire que j'y voyais goutte.
Je marchais à pas comptés en direction du frigo – j'me doutais bien que le brouillard venait d'là – mais allez compter vos pas quand y faut enjamber des cadavres, Monsieur le Juge.
Y'en avait douze – pas des cadavres mais des pas – entre le lit et le frigo, je le sais passeque je fais que ça depuis que Germaine est plus là.
Germaine c'était la seule nana assez étroite d'esprit et assez large d'épaules pour m'empêcher d'aller au frigo, Monsieur le Juge... c'est ça que je kiffais pas chez elle.
Passez moi l'expression mais elle m'en a donné du fil à remordre, Monsieur le Ju... Comment ça, étranglée?
Germaine a été étranglée?
Bref, au dixième pas j'ai du marcher sur un magnum – pas une arme Monsieur le Juge mais un cadavre de grosse bouteille – et j'ai atterri dans le frigo... ça pouvait être que le frigo parce qu'y a pas d'autre endroit éclairé dans cette turne pour piquer une tête dans un plat de choucroute.
La choucroute, j'peux vous jurer Monsieur le Juge que c'est meilleur réchauffé que froid et à jeun.
C'est vrai vous m'avez pas encore demandé de jurer.
Ensuite j'ai refermé la porte du frigo à cause que je tenais déjà un rhum carabiné.
J'ai dit rhum? Euh ça m'étonnerait, j'ai dit rhume et pis c'est vous qui parlez de carabine.
Comment ça, MA carabine?
Le concubin de Germaine a été tué chez moi de trois coups de carabine?
Y pouvait pas aller mourir ailleurs çui-là, ce SDF avec un nom à coucher dehors, ce tireur au flanc toujours là à brailler aux corbeilles?
Vous dites... qu'une faute avouée est à moitié relaxée?
Euh... j'vais peut-être me remettre à table, alors...



lundi 26 septembre 2016

L'histoire du bouchon pour les Nuls

Publié sur le site MilEtUne d'après le tableau





Inventé à Liège(*) le bouchon est un machin plus ou moins mou, plus ou moins étanche, plus ou moins imputrescible et plus ou moins friable qui a deux utilités:

1/ Boucher la bouteille afin qu'on ne puisse plus la déboucher.

2/ Donner au vin son fameux goût de bouchon.



(*) Il est naturellement belge qu'un bouchon de Liège bouchonne une bouteille Anvers.



Si le bouchon rond épouse le goulot de la bouteille, le bouchon carré ne sert à rien sinon à boucher les bouteilles carrées.

Une fois mis en place on dit que le bouchon - le prisonnier du goulot - est comprimé.

Il peut être comprimé le matin à jeun ou au cours des repas selon la prescription.

Jusqu'à l'invention en 1795 de l'arme à bouchon appelée tire-bouchon il était impossible de déboucher une bouteille sans la casser.

Le tire-bouchon utilise le principe physique de la révolution qui avait été expérimentée avec succès en 1789 (Voir Ah-ça-ira-ça-ira-ça-ira).

Les premiers bouchons se sont fait voir chez les grecques, du moins celles qui avaient les hanches en amphores.

On différencie les bouchons sauvages des bouchons domestiques par leur muselière, une armature en acier doux galvanisé qui peut galvaniser l'utilisateur mais aussi causer de graves blessures.

Les premiers bouchons sauvages ont été dressés par Dom Cérumen.

Le liège est un matériau hétérogène c'est à dire qu'il existe du liège mâle et du liège femelle. Malgré sa forme phallique, seul le liège femelle est utilisé à la fabrication du bouchon.

De nos jours on peut déboucher une bouteille plus ou moins difficilement, surtout si le tire-bouchon tombe en carafe.

On peut alors pester, jurer, parfois même pousser le bouchon trop loin.

L'empoté du tire-bouchon se nomme cloche, espèce de connailles ou sonnailles.

Ceci étant on n'hésitera pas à consulter la carte des vins pour éviter les gros bouchons (Voir Bouchon Futé).

Le bouchon est souvent marqué afin de retrouver les coordonnées du fabriquant du bouchon et se faire justice soi-même.

Le bouchon de liège se recycle mais pas pour fabriquer un nouveau bouchon car il serait

vicieux de vouloir se faire avoir deux fois avec le même.



L'amertume du goût de bouchon est due à sa molécule la trichloroanysole particulièrement infecte à prononcer tout comme le mot tappabotuphile qui désigne le collectionneur de bouchons alors que l'émétoaérosagophile collectionne les sacs à vomi utilisés en cas d'excès d'amertume.

La solution à l'amertume consiste à mettre le vin en contact avec un film plastique, le goût du plastic masque le goût de bouchon; on dit alors que le vin a goût de plastic.



L'amertume est facilement quantifiable par des laboratoires d'expertise d'amertume: il suffit de disposer de 90€ à 200€... contrairement aux histoires pour les Nuls qui sont gratuites




dimanche 25 septembre 2016

Liste 25 ou Histoire d'eau


Publié sur WeLoveWords d'après une liste de 10 mots



C'est toujours la même histoire... celle que le con vexe, l'histoire du tube de dentifrice à moitié plein ou à moitié vide.
J'ai toujours ce genre de discussions avec Nicolas à l'heure de nos ablutions du soir: le pot d'argile verte à moitié plein, le ballon d'eau chaude à moitié vide. On n'a pas le même point de vue là-dessus ni sur le reste non plus.
Alors j'ai vite trouvé l'antidote pour pas qu'on y passe la nuit, moi en nuisette et lui dans son immonde pyjama à rayures avec ce ridicule écusson Les Républicains: disparaître par la bonde du bac à douche en pleine interview à travers la vitre.
A force de régimes minceur j'arrive à passer dans du 90mm pendant qu'il s'arrose de sa lotion 'Bygmalion' anti-démangeaison.
Pour ressortir de la canalisation c'est moins drôle mais je compte bien investir rapidement dans un extracteur: j'en ai vu un chez Castorama... c'est le top de chez Karcher! 

samedi 24 septembre 2016

Cette immense fortune d'être deux (Edith Piaf)

Publié aux Défis du Samedi sur le thème:
La fortune sourit aux audacieux





Charles avait longtemps hésité entre Saint-Romain-de-Surieu et Cheyssieu mais c'est une ravissante Assieutoise qui – lui ayant tourneboulé la tête – l'attira en son fief.
Il ne connaissait de l'Isère que le peu qu'on lui en avait parlé à l'école de la Croisée des Champs de son village de Mirabel au Québec où il avait toujours vécu.
La France l'accueillait de la plus belle manière qui soit et, penché avec sa belle sur la Varèze tumultueuse, Lafortune sourit aux eaux d'Assieu... 

 

lundi 19 septembre 2016

La Marie-Salope

Caser les mots: boutoué, bât, bégayer, expansible, haï, motoculter, paradoxal, ponctionner, réoccitaniser, tubulaire
pas facile, mais c'est l'idée que j'ai eue pour le thème des Impromptus Littéraires



Si je l'avais aimée aussitôt, je l'avais haïe aussi vite.
Ce qu'il y avait de paradoxal en Marie c'était d'être tellement vive d'esprit qu'elle en bégayait à vouloir tout dire sur tout.
Elle avait des idées sur tout et surtout des idées, elle en avait à revendre si tant est qu'elles aient valu le coup d'être monnayées.
Voilà t'y pas qu'elle s'était mis en tê...tête de ré...réoccitaniser le li...limousin, la pro...provence et l'auvergne?
Comme si ces régions avaient jamais été un jour occitanisées? Enfin, là n'est pas le problème.
Le problème vint quand elle voulut réoccitaniser le mot boutoué.
Chez elle le boutoué était un outil à man...manche tu...tubulaire ex...expansible destiné à ponctionner la va...vase dans les salines ou près des pon...ponts, mais chez moi on avait toujours appelé ça une Marie-Salope une boîte à vase, une dragueuse quoi – jusqu'à ce qu'on pense à mécaniser pour motoculter toute cette gadoue.
Que n'avais-je pas dit là?
J'eus droit à une conférence sur les Marie et une plaidoirie sur les salopes dont je vous fais grâce.
Quand le bât blesse il faut dételer alors j'ai dételé la corde qui m'enserrait le cou et me voilà.

dimanche 18 septembre 2016

L'estampe japonaise pour les Nuls

Publié sur le site MilEtUne Histoires d'après l'illustration








Comme son nom ne l'indique pas, l'estampe consiste à écraser une gravure sur bois sur du papier ou l'inverse, ce qui revient au même.

La meilleure essence de bois pour la gravure est celle du cerisier, c'est pourquoi l'estampe japonaise représente le plus souvent des cerisiers en fleurs.

Le cerisier est un bois dur à cause de ses noyaux contrairement au noyer qui est un bois mou et humide.

Si le modèle doit être réalisé à l'échelle, le graveur travaille toujours au niveau du sol pour des raisons de sécurité; on a coutume de dire: Il est grave de gravir pour un graveur.

Pour poser le modèle en papier japonais sur la gravure en bois de cerisier, le graveur l'enduit de colle de riz et s'imbibe d'alcool de riz.

L'alcool de riz s'appelle saké ou saqué parce qu'il est très difficile de réussir l'estampe si on est trop imbibé.

Le graveur frotte ensuite le papier avec ses propres doigts même s'ils sont sales.

L'encre de Chine envahit le bois même si l'estampe est japonaise.

En bâton l'encre de Chine s'appelle sumi alors que l'encre de Chine en saumon s'appelle sushi.

L'outil du graveur est un ciseau qui s'apparente à un couteau bien qu'on l'appelle ciseau.

Quand on l'appelle ciseau, le ciseau aboie.

La gravure sur bois peut être exécutée recto verso à condition que la planche comporte deux faces.

Si la planche ne comporte qu'une face, c'est qu'il est temps de dessaouler au risque que la gravure dure plusieurs semaines.

Plus on enlève de bois et plus on fait de copeaux mais ce n'est pas grave, c'est le principe de la gravure.

L'imprimeur applique les couleurs sur du papier japonais pour les estampes japonaises et sur du papier d'origine inconnue dite “nomade” pour les autres.

Dans le cas de pigments noirs et blancs on dit que l'estampe est en noir et blanc.

L'imprimeur applique les pigments assis en tailleur c'est à dire jambes croisées repliées sous lui-même pour faire bonne impression.

Il peut imprimer jusqu'à ce que le bois soit usé et même après: on appelle ça le cerisier sur le gâteau.

Une fois l'estampe terminée, on l'authentifie en l'estampillant avec un seau (alcool de riz ou autre) puis on laisse sécher l'estampe et aussi le seau.

On peut alors l'exposer chez soi dans le salon, la chambre, la salle de bains ou tout endroit qu'on pourra faire visiter à ses conquêtes qu'on appelle des japoniaises...

La visite d'une collection d'estampes japonaises est un rituel ancestral universellement connu mais à l'ère moderne on a plutôt tendance à faire visiter ses tatouages... japonais ou non.



A suivre: Soigner la bélonéphobie (peur des piqures) par l'acupuncture pour les Nuls

samedi 17 septembre 2016

Le tire-bouchon pour les Nuls

Publié aux Défis Du Samedi 







Signe de ponctuation fabriqué à partir d'un tire-bouchon, le point interrogatif est généralement entortillé à la fin d'une phrase et signifie que tout ce qui précède était une question adressée au lecteur de ladite phrase.
Le point interrogatif appelle donc une réponse dans la mesure où le lecteur a compris que ce qu'il venait de lire était une question et qu'il peut y apporter une réponse.
Prenons l'exemple de la phrase tirebouchonnée : Where is Brian?
La question suppose que le lecteur sait lire a little of english, connaisse Brian de près ou de loin et sache où il se trouve à cet instant de la lecture de la question.
On notera que le point interrogatif anglais a la forme d'un corkscrew contrairement au point interrogatif français qui a la forme d'un tire-bouchon (d'où la réputation des français).
On pourrait se poser la question (That is the question) de savoir pourquoi l'auteur a tant besoin de savoir où se trouve Brian mais la question n'est pas là... (points de suspension)

D'après le manuel Speak English Classe de 6ème, on sait que dans les années 80, Brian se trouvait dans la kitchen c'est à dire la cuisine.
On peut supposer qu'aujourd'hui il n'y est plus – c'est une question de bon sens – à moins qu'il y ait été séquestré par sa soeur Jenny qui se cachait à l'époque dans la bathroom c'est à dire la salle de bains.
Dans les années 80 on ignorait le GPS, ce formidable outil qui permet aujourd'hui de répondre précisément à ce genre de questions par quelque chose d'imbuvable comme: Latitude 48.109717 Longitude 0.08172799999999825.
Je précise que ceci n'est qu'un exemple de réponse et que Brian ne se trouve pas là puisque ce sont les coordonnées de ma propre kitchen.
Je n'aurai pas l'impudeur de donner les coordonnées de ma bathroom que cette petite conne de Jenny aurait pu squatter dans les années 80.

Et si c'était plutôt les voisins David et Helen Gray qui le séquestraient?
Non! Ne répondez pas, c'est juste une question, un exemple parmi des milliers de questions que peut provoquer le tire-bouchon.
La vraie question est de savoir si ce tire-bouchon est là pour tirer les vers du nez au lecteur... à toi, lecteur.
Non! Ne répond pas, c'est juste une question pour essayer d'aider à comprendre.
Oublions les Miller et les Gray et faisons comme si le tire-bouchon n'avait jamais été inventé.
D'ailleurs un auteur oublie rapidement sa question, trop occupé à écrire la phrase suivante.
De toute façon le lecteur est roi, un point c'est tout.


vendredi 16 septembre 2016

Brèves du 16-09-2016


Toujours sur WeLoveWords







"Cash Investigation" : pourquoi le jambon est-il si rose ?
parce que s'il était moins rose les tirelires des petites filles seraient moins sympa


Hillary Clinton : Les complotistes persuadés qu'elle a été remplacée par un sosie
On est sûrs d'une chose : Trump est inimitable


NRJ12 : Afida Turner montre son sexe à une heure de grande écoute
Ouvrir grand ses oreilles, oui... mais à ce point !

samedi 10 septembre 2016

Peindre et repeindre

Publié sur le site MilEtUne d'après le tableau de Hopper




“C'est malin! T'es fier de toi?”
“Ben... j'pouvais pas savoir”
“Hein? Tu pouvais pas savoir que ça allait rentrer?”
“C'est la première fois que j'ouvre une fenêtre en plein soleil... comment on va faire maint'nant?”
“J'en sais rien”
“Si on referme, ça va peut-être s'en aller”
“Par où tu veux que ça s'en aille si tu refermes?”
“Faudrait pouvoir aspirer le soleil de l'extérieur”
“T'as de quoi aspirer ça, toi?”
“Euh... non. Et si on repeignait tout par dessus de la même couleur?”
“T'en tiens une couche! C'est déjà d'la peinture qui vaut de l'or... et puis on repeindrait de quelle couleur?”
“Ben... de celle d'avant qu'on ouvre la fenêtre”
“C'était comment avant, gros malin puisqu'on n'y voyait rien?”
“C'était noir, pardi... comme quand on y voit rien”
“Y a pas un noir mais des noirs, mon pote, c'est comme les chats y en a des tas”
“Ah? J'croyais que noir c'était noir... enfin, universel”
“Pas du tout! Les noirs c'est comme les blancs, y en a des tas de sortes”
“On n'est pas dans la merde!”
“J'te l'fais pas dire”
“Comment y s'appelle le proprio, déjà?”
“Edward Hopper”
“Hopper? C'est un blanc ou un noir?”
“Quelle importance?”
“Ben... si on repeint de sa couleur à lui, ça peut aider, non?”
“Aider a quoi?”
“J'en sais rien. Et d'abord il était pas obligé de coller une fenêtre ici”
“C'est vrai que s'il avait pas mis de fenêtre on serait pas là comme des couillons”
“Alors, on referme et on se tire?”
“Laisse comme ça. Après tout c'est pas si mal”