lundi 27 octobre 2014

L'albinos bleu

Publié aux Impromptus Littéraires 
 

 

Il y a des moments dans une vie - même courte - où l'on a subi tant d'échecs qu'on est prêt à se raccrocher aux plus folles espérances.
Des échecs on en avait essuyé un paquet, bien avant d'avoir franchi cette frontière qu'on appelle puberté et qui vous offre à la fois des poils, des pantalons à boutons et aussi des boutons!
 
Qui aurait cru que dans les collines escarpées de notre vallée de l'Ouche ne vivait pas la moindre luterne?
Oui, je sais, on dit dahut mais chez nous c'est luterne. Bref, malgré des nuits entières à rebeuiller dans la forêt à la lumière de nos boitiers Wonder, on n'avait jamais vu la queue d'un de ces “demi courtes pattes” qu'on aurait aimé forcer à faire demi-tour et voir tournebouler les quatre fers en l'air... mais non, pas le moindre dahut.
 
Tout comme Mélusine – chez nous on disait et on dit encore la Mère lousine - cette divinité des eaux qui habite les profondeurs du canal de Bourgogne et dont on nous menaçait si on nadouillait trop près de la berge ou si on ne respectait pas à la minute près les sacro-saintes trois heures de digestion après le repas... mais non, pas la moindre Mère lousine non plus.
 
Aussi quand Oncle Hubert nous réunit un soir autour de la grande table de cuisine où il déposa religieusement la pétoire dont il avait hérité de l'arrière grand-père d'un soldat inconnu qui l'avait disputée en 1683 sous les murs de Vienne au grand vizir Kara Mustapha en personne, juste avant sa décapitation par le sultan Mehmed IV... ou Mehmed V, on comprit qu'un évènement d'importance se préparait.
Et il commença à nous causer de la Chose...
Petit Louis ouvrait un four énorme, tant par étonnement que par les baillements qui le prenaient toujours dès sa dernière cuillère de soupe avalée.
A l'unanimité moins lui, on décida qu'il ne serait pas de la partie et comme il chouinait - en bon chouineur qu'il était toujours - tante Anastazia l'étouffa proprement en le consolant sur son opulente poitrine de slave nourrie au bortsch...
 
Pour appâter la Chose on allait devoir confectionner un savant mélange de vertiaux - vers de terre extraits du tas de fumier du père Parisot - de treuffes* cuites sous la cendre, de bouse de vache charolaise et d'un galopin d'eau glacée puisée au lavoir après la lessive quotidienne de la mère Amiot...
Ces détails techniques d'une précision diabolique ayant donné le virot à tante Anastazia, elle s'éclipsa dans l'arrière-cuisine histoire de se requinquer d'une lampée de cette wodka frelatée dont elle avait le secret et qui filait la drouille* aux étrangers que nous étions et resterions toujours pour elle.
Après l'appât vint l'apprentissage de la technique de rabattage de cette Chose dont nous ignorions encore le nom et qu'Oncle Hubert gardait secret avec une évidente délectation.
Qui derrière sa chaise, qui sous la table prit position sous les ordres chuchotés de nononque qui se tenait prêt - pétoire en joue - à occire la Chose.
Tante Anastazia s'était écartée et comme elle se moquait de loin de nos simagrées, nononque l'envoya voir ailleurs si on y était... ce qu'elle fit sans succès.
 
Juste avant de beucaler* dans l'arrière-cuisine, Petit Pierre eut le temps de zozoter cette question que personne n'osait poser: ”Ze sais touzours pas c'est quoi La Soze?”
Nononque avait reposé sa précieuse pétoire et nous toisa tour à tour avant de déclarer:
La Chose est un oiseau rare au nom si alambiqué que j'ai décidé de le baptiser Albinos bleu!”
Albinos... comme l'écureuil empaillé de la Denise?” osa demander Petit Pierre.
T'es bien qu'un beusenot* ! Un beusenot chouineur!” tonna Oncle Hubert en lui montrant la porte de son meilleur doigt, celui qui presse la gâchette.
Soudain, la Chose me sembla moins fabuleuse et - m'imaginant à la poursuite d'un pauvre piaf bleu atteint de conjonctivite chronique - je reposai le pot de moutarde qu'on m'avait confié en guise d'appât aux vertiaux du père Parisot et je gagnai notre dortoir où j'allais pouvoir rêver pour de bon.
 
On ne reparla plus jamais de l'Albinos bleu, évitant du même coup les sarcasmes de tante Anastazia et la tisane* qui aurait pu s'ensuivre...

 
beucaler: piquer du nez
beusenot: idiot
drouille: diarrhée
tisane: engueulade
treuffe: pomme de terre
 
 
 

dimanche 26 octobre 2014

Une affaire de goût

Publié sur le site MilEtUne Histoires d'après l'illustration animée suivante
 
 
 
 

 
et avec ça vous me mettrez aussi une belle romaine!”
Oui Ma'me Truchot. Celle-ci par exemple?”
Euh... Non, pas celle-ci, plutôt cette petite là”
Ah, ça c'est de l'huile sur toile... pépins d'courge et tournesol, Ma'me Truchot”
Et ça veut dire?”
Que des poly-insaturés Ma'me Truchot! Excellent pour la ligne si j'peux m'permettre”
Vous m'en direz tant! Et c'est quoi la différence avec la grosse d'à côté?”
L'autre, c'est une grosse romaine, une vierge première pression à froid et sans additifs”
Et c'est meilleur?”
C'est une affaire de goût Ma'me Truchot! Tous ceux qui bouffent de la Picasso n'aimeraient pas. Là on est dans l'original, le sublime... ça vient d'chez Modi en Toscane, c'est vous dire...”
Ne le dites pas, finalement je vais prendre la plus grosse... avec tous mes morfals à la maison”
Ah, l'père Truchot est rev'nu?”
M'en parlez pas... depuis une semaine, et plus gros qu'avant. Vous verriez le tableau!”
 
En tout cas vous faites un bon choix Ma'me Truchot, et pis celle-là est en promo”
Alors ça fait combien tout ça?”
Voyons voir... j'vous arrondis ça à 54 millions Ma'me Truchot!”
"54 millions d'anciens francs?"
"Euh... 54 millions de nouveaux euros, Ma'me Truchot"
Pffuiii... même arrondi, c'est pas donné, hein?”
Que voulez-vous Ma'me Truchot, malgré la promo c'est la grosse romaine qui pèse dans vot' cabas!”
Vous feriez pas la demi-romaine par hasard?”
Euh... si j'en enlève un bout, forcément, ça va sacrément perdre de la valeur... mais au goût, vous y perdrez encore plus”
Et si je l'assaisonne bien?”
Attention Ma'me Truchot avec l'assaisonnement d'une vierge première pression à froid!
Y en a qu'ont essayé! Y z'ont eu des problèmes!”
J'ai déjà entendu ça quelque part... et la petite alors, aux pépins de courge et je ne sais trop quoi?”
Ah, l'huile sur toile... bien sûr c'est moins cher et l'huile est déjà dessus... mais c'est pas du Modi, Ma'me Truchot! C'est du Wade, de l'amerloque!!”
Et c'est bon l'amerloque?”
C'est surtout loin, faut payer l'transport... après, c'est une affaire de goût Ma'me Truchot!”
Ouais, une affaire de goût, comme pour l'autre... finalement vous m'avez embrouillée avec vos salades! Mettez-moi plutôt deux navets!”
Bien Ma'me Truchot! Deux navets, pour moi c'est tout pareil... enfin, c'est une affaire de goût Ma'me Truchot”
"Mettez-en plutôt trois"
"J'vous proposerais bien la botte, Ma'me Truchot si j'peux m'permettre”
"Non merci... mon mari est rentré, vous savez"
"Euh... j'disais la botte par rapport avec la Toscane, Ma'me Truchot! La Toscane, la botte italienne?"
"Ah? C'est que ça?"
"Oubliez ça, Ma'me Truchot, oubliez ça"



lundi 20 octobre 2014

Concept-carpet

Publié sur le site MilEtUne histoires d'près l'illustration suivante 
 
 
 
J'ai failli m'étouffer quand il a dit qu'il s'appelait Ivan Détapi.
J'étais le premier à l'ouverture du Mondial de la Locomotion de 1880 à Moscou et aussi son premier client, alors j'ai eu droit au grand jeu avec salamalecs, tapis rouge “cochenille” et tout le toutim.
Le message était clair, brodé en lettres d'or sur un grand calicot:”Chez Ivan Détapi, que des tapis persans, pas de tapis percés!”.
D'emblée il me proposa une reprise pour le mien, comme si le mien était troué!
Comme je déclinais il s'embarqua dans des détails techniques “coton” sur la chaîne et la trame, les franges tressées et les noeuds asymétriques, auxquels je ne comprenais rien vu que le mien était des années soixante, enfin... 1860.
Puis il m'entraîna devant un bolide rouge “garance” aux motifs floraux safranés... un dix mille noeuds au décimètre carré qui montait soi-disant à deux cent à l'heure en quinze secondes!
Moi, j'en voulais juste un qui attire l'oeil des vierges sur mon passage, qui soit doux au toucher avec une bonne odeur de chèvre bien nourrie.
Je me fichais pas mal de ce grand coffre en plein milieu qu'il appelait une “boîte auto”.
Son bolide était un bijou de deux canassons fiscaux avec parait-il deux “air” bagues, mais le mariage ne m'interessait pas, seulement la conquête féminine et l'envie de voir du pays.
Vous, vous cherchez un aspirateur à mousmé” me souffla t il à l'oreille avec un clin d'oeil lubrique.
J'ai toujours eu horreur des gens qui cherchent à me brosser dans le sens du poil et j'ai commencé à lorgner vers les stands concurrents.
Il y avait du berbère, de l'arménien et même du pakistanais, des tapis à l'odeur bizarre - sans doute des trucs à fumer - des tapis psychédéliques avec des étoiles, des rosaces, des vases et même des scènes de chasse, des jaguars avec un grand “J” lumineux en forme de cimeterre!
Pendant ce temps, Ivan rongeait son frein.
J'ai ce qu'il vous faut” a t il crié en me secouant comme un figuier “un vénitien, une seconde main conduite par Kazanova lui-même et qui vous donnera toute satisfaction! Avec ça, vous allez vous envoyer en l'air
J'ai demandé “C'est qui ce Kazanova?
Il me regarda bizarrement avant de sussurer à mon oreille :”Un aventurier Môssieur, LE séducteur Môssieur... plus de cent quarante femmes à son actif dont des filles à peine pubères et même sa propre fille... Môssieur”.
Et pourquoi s'en sépare t il?” demandai-je.
Excès de vitesse, Môssieur... l'aventurier s'est pris les pieds dans le tapis et purge sa peine en prison à l'heure qu'il est. Vous feriez une bonne action en...
Comme j'hésitais à l'idée d'acquérir ce tapis de l'inceste aux relents adultères, il tenta une pirouette: “J'ai un concept-carpet et aussi un tout nouvel hybride, le dernier cri... laine, soie et coton mais les clients rechignent à essuyer les plâtres et préfèrent les modèles éprouvés”.
Le dernier cri... ne me disait rien qui vaille, moi qui ne rêvais qu'aux soupirs et plaintes suaves qui font la magie des soirées branchées d'Ispahan ou de Katmandou.
Je lorgnais sur le vénitien où Kazanova était grimpé au septième ciel tant de fois.
Allez...” conclut Ivan Détapi “je vous le shampouine gratis, si vous signez là!
Alors j'ai signé...
Je me demande si je ne me suis pas fait avoir avec ce tapis volant... sans volant. On vient de me le refuser au contrôle technique. 

Mal léchée

Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème : La peau de l'ours 
 
 

 
 
 
De toutes tes lubies et tes drôles d'idées
tu rêvais bêtement d'une peau d'ursidé,
brune, blanche, à lunettes... tu étais indécise
qu'elle soit des Balkans, d'Asie, de la banquise.

De mon oncle Léon j'empruntai la pétoire
qui loupait rarement un boeuf dans un couloir,
jamais trop prévoyant pour chasser la carpette
je pris quelques kilos de poudre d'escopette.
 
J'arrivai bien trop tard au zoo de Vincennes
il ne restait qu'un lion, un gnou et quelques ânes
mais j'étais résolu, entêté, opiniâtre...
 
Quel besoin avais-tu de me faire une scène?
Que tu étais bourrue, mal léchée, acariâtre
quand tu as déchiffré ceci: Made in Taïwan  
 

samedi 18 octobre 2014

Rantanplan

Publié aux Défis Du Samedi sur le thème: Chien et chat
 
 


C'est pas ma faute, je suis comme ça depuis tout bébé, je dors en chien de fusil.
Je n'ai pourtant jamais été chasseur et je les ai même en horreur.
Aussi quand - dès potron-minet - la caravane des prédateurs du canton est passée sous mes fenêtres, je n'ai fait qu'un bond hors du lit.
D'habitude quand la caravane passe, le chat miaule - comme dans le dicton - mais pas cette fois-ci!
Je reconnais que mon chat a du chien et je n'ai qu'une crainte c'est qu'il rejoigne un jour la meute par je ne sais quelle envie d'aller jouer à chien perché dans les bois.
Je tiens beaucoup à ce petit compagnon que j'avais eu un mal de chien à trouver en ligne.
Enfin... c'est l'animalerie qui était en ligne. Mon chat - croisé gouttière et chêneau - lui était en rond quand je l'ai trouvé, en rond et en ronron ce qui fait que j'ai craqué.
 
C'est vrai qu'il a du chien, mon chat! D'ailleurs il aboie, des petits miaulements brefs en rafales pour saluer les randonneurs ou bien la factrice... si bien que j'ai été obligé de mettre un écriteau sur la boîte à lettres “Attention. Chat hyperactif”.
Certains disent qu'il faut appeler un chat un chat mais c'est au dessus de mes forces et puis c'est souvent lui qui m'appelle et pas le contraire.
Malgré ça - nom d'un chien - je l'ai appelé Rantanplan, n'en déplaise à l'animalerie qui - sous prétexte que c'était l'année des AAA - lui avait établi un passeport européen au nom d'Adonis-Agamemnon-Apollon!
 
Le passeport européen, le tatouage et les vaccinations, c'est pas donné alors quand ils m'ont proposé de lui mettre aussi une puce j'ai décliné sous prétexte qu'il en avait déjà plusieurs sur lui.
 
La caravane est loin et j'entends les cris des chasseurs, les aboiements des chiens mais pas celui de Rantanplan.
Alors je fouille sa panière, enfin... sa niche dans l'espoir d'y trouver une explication. Il y a un bordel là-dedans! C'est pourtant pas faute de lui dire “Range ta panière!”
Mais rien, pas une lettre, aucune trace. Je tombe sur un os, celui que je lui avais donné à ronger la veille et qu'il a à peine touché.
C'est vrai qu'il n'est pas très os, mais moi encore moins alors je les dépose devant sa niche, juste entre les deux chiens de faïence qui décorent l'entrée.
Il y en a qui donnent leur langue au chat, moi je lui donne les os, c'est mon choix.
J'ai d'autres chats à fouetter que lui donner de la langue, au prix où ça coûte!
Et puis est-ce qu'on sait d'où vient leur langue? Et si c'était de la langue de chat? Il aurait un chat dans la gorge? Non, merci!!
 
J'entends la proche qui ameute... non, ça doit être la meute qui approche. Déjà?
C'est égal, je n'entends toujours pas mon Rantanplan.
Où est passé ce corniaud?
“Rantanplan!!”
D'habitude il ne répond pas et c'est exactement ce qu'il fait en ce moment.
La meute passe comme une tornade devant la maison - troupeau braillard, vulgaire et anarchique - suivie des prédateurs armés jusqu'aux dents.
L'un d'eux s'arrête, m'interpelle:”Z'auriez pas vu une espèche de chat chauvage, M'sieur?”
C'est marrant cette manière qu'ils ont de parler quand ils sont armés jusqu'aux dents!
Le M'sieur le dévisage, blémit à la pensée que son Rantanplan est en grand danger et s'entend répondre:”Z'auriez intérêt à aller voir par là”.
Je pointe bravement mon doigt en direction de la route de Changé où se trouve le refuge de la SPA.
Il a l'air satisfait, vaniteux et satisfait.
Dans mes jambes, une petite chose vient se frotter avec des miaulements brefs en rafales...
 
 
 

lundi 13 octobre 2014

Erreur de genèse

  Publié aux Impromptus Littéraires
 

 
On était le jour du Seigneur et Le Créateur fulminait: “Moïse aurait dû commencer par balayer devant sa porte avant de proférer cette ridicule citation comme quoi l'homme retournait à la poussière qu'il avait toujours été”.
Chaque matin un énorme tas encombrait le seuil de la porte du Paradis, aussi chaque matin fulminait Le Créateur et c'était pas bien.
Un petit malin y avait même placardé une étrange pancarde qui disait “Bienvenue chez les ch'nis” et c'était pas drôle.
Lassé de fulminer Le Créateur allait devoir se retrousser les manches un huitième jour et il en fut ainsi.
Bien qu'ayant créé la serpe hier, il lui fallait en ce huitième jour imaginer un ustensile pervers à la hauteur de sa fulmination. Il décida d'appeler ce jour le jour du ménage ou ménagedi et c'était bien.
Il prit une touffe de machin qui croissait et se multipliait par là, qu'il baptisa genêt car il trouvait chamaecytisus bien trop compliqué pour le commun des mortels et à fortiori pour le commun des techniciens de surface.
Il assujettit la touffe à un second machin qui traînait par là - un de ces machins qu'il avait fait pousser au troisième jour - suffisamment long pour asseoir le cul d'une sorcière et assez dur pour provoquer des ampoules aux tendres mains féminines auquel il le destinait... et l'ayant comme un con coincé dans son vêtement il le nomma fort à propos “manche” et c'est ainsi.
Symbole indélébile des tâches ménagères, le balai était né, et il pensa que c'était bien.
 
Toujours selon Moïse qui n'était pas avare de citations, Le Créateur aurait tendu l'outil à Eve en lui disant - parodiant Julie Pietri - ”Eve, lève-toi. Désormais, tu balaieras dans la douleur” mais rien n'est moins sûr car le prophète avait aussi déclaré: ”L'homme mangera son pain avec la sueur de son front”.
J'ai essayé. C'est dégueulasse.
Le Créateur renvoya Eve a ses tâches ménagères - puisque c'était jour du ménage - en disant “Du balai!” et il vit que cela était bon.
Ce fut au tour d'Eve de fulminer car elle avait imaginé quelque chose de plus sophistiqué, un engin qui roulerait mal, muni d'un long tuyau tordu, d'un sac plein de poussière, d'une pompe bruyante et d'une prise au bout d'un fil qui ferait des noeuds, un truc que leur descendance aurait pu chevaucher Caïn-caha pour jouer à Zorro et qu'on aurait baptisé Tornado.
 
Défaitiste, Adam lui dit: ”Comme t'es conne ma pauv' fille! Ca marchera jamais” et il retourna à sa sieste car c'était le jour du ménage et que Le Créateur en avait soupé de ce principe d'égalité homme-femme dont Moïse lui rebattait les oreilles!
Il n'est pas bon que l'homme soit seul” avait insisté Moïse et le doux bruissement du balai rassura Adam sur ce point avant de le plonger dans le sommeil auquel il aspirait.
Le Créateur était loin d'imaginer que cette ultime création allait être une éternelle cause de dispute, de discorde et plus si pas affinité au sein de ce qu'on appelle bizarrement aujourd'hui un ménage.
Bien plus tard, on allait inventer un cercueil pour enterrer l'objet de discorde, le fameux placard à balai mais ceci est une autre histoire...
 
 
 
 
 
 
 
 

samedi 11 octobre 2014

Citrouille

 
Cet automne, que vous soyiez Potiron, Citrouille ou Potimarron... VOICI MON HAIKU
 
 
 
 
 
 
Courge ridicule
montre moi ton pédoncule
que je te calcule
 
 
 
Rendez-vous ici


lundi 6 octobre 2014

La Cité florale

Sur une idée des Impromptus Littéraires, une promenade olfactive dans le labyrinthe parisien 
 
 
 
 
 
Pour aller square des Mimosas? Y a rien d'plus facile, M'sieurs Dames.
Vous m'auriez demandé la lune, encore...
A vue d'nez vous en aurez pour une dizaine de fragrances.
Comment ça, le temps qu'on met entre deux fragrances?
Vous êtes des p'tits marrants, vous! Y a pas marqué Guerlain ici.
C'est pas compliqué! Ici vous êtes rue des Rosiers... d'accord? Y a pas d'erreur possible, ça emboucane les falafels et l'huile de friture, vous savez ces boulettes de pois chiches épicées qui rappellent de très loin la Pierre de Ronsard avec un soupçon de De Funès!
Alors respirez un grand coup avant de filer plein Sud jusqu'à l'île de la Cité; vous pouvez pas vous tromper car là ça sentira la Seine.
Quelle odeur a la Seine?
Vous en avez des questions, vous alors!
Ben ça sent Paname, le poiscaille, les fumées d'usines, les gaz d'échappement... ça rappelle un peu... comment vous dire? Vous connaissez la fameuse marque Diesel? Et ben c'est ça!
 
Plus loin vous allez arriver au jardin du Luxembourg et là, je vous conseille de marcher en apnée jusqu'à Normale Sup!
Pourquoi? Mais malheureux, le jardin du Luxembourg c'est irrespirable! Ca pue tellement l'orchidée et le bégonia qu'ils ont dû les mettre dans des serres.
A Normale Sup, vous pourrez enfin recommencer à respirer, ça sent plutôt la sueur de potache et l'étudiante pubère, autant dire que c'est du gâteau.
Continuez encore tout droit jusqu'à la rue de la Glacière, vous pouvez pas la rater!
Non M'sieurs Dames les étangs de la Bièvre ne sentent plus depuis des siècles mais du côté de la place Coluche flottent comme des remugles de hakik qui ne trompent pas.
Respirez bien à fond, c'est d'la bonne et de toute façon vous êtes quasiment arrivés.
Vous pénétrez dans la Cité florale et là je préfère vous dire que vous allez souffrir.
Entre la rue des Iris et la rue des Glycines se trouve la rue des Volubilis... ça peut paraître bizarre mais c'est comme ça.
Certains l'appellent Ipomée mais l'un comme l'autre c'est du grimpant et il faudra vous accrocher; les pavés sont glissants.
Coincée entre la rue des Glycines et la rue Brillat-Savarin qui sent carrément le lait de vache se trouve la rue des Liserons. Là, c'est pas du grimpant, c'est du rampant... enfin vous n'aurez qu'une chose à faire: ramper.
C'est au 36 de la rue qui sent le lait de vache que vous trouverez la rue des Orchidées.
Enfin, le square des Mimosas termine la rue des Liserons... en cul de sac mais pas d'inquiétude pour l'odeur, vous êtes arrivés.
Comment dites-vous? Si ça sent vraiment le mimosa?
Et puis quoi encore? Si la Cité florale sentait la fleur, ça se saurait!
A deux pas de la rue de Rungis vous ne sentirez jamais le mimosa... c'est selon les arrivages mais je vous laisse découvrir par vous-mêmes.
 
 

dimanche 5 octobre 2014

Le Four de transe

Le site MilEtUne a vu passer le Four de transe... et papi aussi
 
 
 
 
 
 
 
S'cuse-moi, il est déjà passé Robic?”
C'est à moi que vous parlez, papi?”
T'es sourdingue? J'te d'mande si Robic est déjà passé”
Euh... papi... vous retardez! Robic passera plus”
Vindiou, j'l'ai raté? Il a encore plus d'avance que j'croyais! Sacré Robic!”
Euh... papi... Vot' Robic est peut-être passé ici mais en dix neuf cent cinquante trois...”
Hein? En dix neuf minutes et cent cinquante trois secondes? Sacré Robic!”
Euh... papi... je veux dire l'année 1953”
Hé gamin, arrête de dire Euh... papi... sans arrêt! D'abord j'suis pas ton papi”
N'empêche que Robic est mort dans les années 80 et si y pédale encore dans sa tombe, j'voudrais pas voir la gueule de son vélo”
Et Géminiani? Il est déjà passé Géminiani?”
Euh... papi... Géminiani c'est pareil”
Quoi c'est pareil? Il est déjà passé lui aussi?”
Euh... On peut dire ça comme ça sauf qu'il est pas mort”
Je l'savais! Increvable, Gémi!”
Ouais, enfin... à 89 ans y doit pédaler moins vite”
Et Bobet? Me dis pas qu'Bobet est déjà passé!”
Euh... Il est passé aussi mais en 83”
Dis voir gamin, 83 minutes ça fait un peu plus d'une heure, si je n'm'amuse?”
Euh... j'veux dire l'année 1983, papi”
Et t'as vu Hamstrongue?”
Euh... Lance Armstrong? Il est mort, enfin il est grillé”
Mais non! Nèle Hamstrongue! L'extra-terrestre, çui qui pédale comme une fusée!”
Ah! Celui qu'a marché sur la lune? Je savais pas qu'il faisait aussi du vélo”
Décidément, tu connais rien au vélo, gamin! Tiens, voilà Vanderstockt, ben il est pas en avance pour une fois”
Connais pas...”
Vanderstockt... pour une fois... une fois... c'est un belge, gamin!”
Ah?”
T'as pas compris la blague, gamin... une fois?”
Euh... Non... papi”
Laisse tomber gamin. Bon c'est pas l'tout, faut qu'j'aille retrouver Yvette sur la ligne d'arrivée”
Yvette Horner, sans doute?”
Tu t'fous d'moi! Elle a cassé son piano à bretelles depuis longtemps, gamin!”
Euh... Z'êtes sûr de ça, papi?”
M'appelle pas papi, gamin... Yvette c'est ma fiancée. On s'marie le mois prochain”