lundi 28 février 2011

Les crimes de l'escargot

Pour la publication en format de poche de mon premier roman, l’éditeur m'envoie la maquette ci-dessous et il me demande de rédiger moi-même la quatrième de couverture de cette oeuvre passionnante.
 
 
 
 
 
Quelle ne fut pas sa surprise en parcourant la page des faits divers de l'Eveil Dijonnais - où d'habitude les montants des enchères de la dernière vente des vins des hospices de Beaune le disputaient à la traditionnelle course d'enjambeurs dopés à l'huile de tournesol - d'apprendre que celui qu'on surnommait le PDG, le Pape Des Gastéropodes recherché par tous les boeuf-carottes bourguignons avait frappé une énième fois avec une telle violence qu'il crut d'abord à une coquille dont la feuille de chou était coutumière pour ne pas dire friande et qu'il ne manquait jamais de larder d'un grand coup de son Bic avant d'agonir au téléphone les ramiers de la rédaction  à grand renfort de beusenots et de traignats...


Felix Pomatia du Drouilloux matinal:  "A lire sans faim"

Felix Lucorum du Wistiti gourmand: "Ce roman m'a tenu en haleine persillée"

samedi 26 février 2011

Portillon d'en-fer

Et alors? Oui, on a franchi le portail
D'abord fallait pas nous l'interdire
Et pis y faisait chaud
C'était un samedi, jour des Défis
 
 
Ils nous avaient bien interdit
de pénétrer ce paradis
mais on aimait trop l'herbe folle
qui nous chatouille les guiboles

Tu m'as souri, quelle merveille
tu avais ton bel appareil
celui qui te fait zozoter
et fait penser aux barbelés

Mais la tentation était forte
enfer ou paradis, qu'importe
tu m'as dit "z'ai envie aussi"
ça sentait déjà le roussi

On a franchi en flageolant
ce portillon bringuebalant
avec son vieil arceau rouillé
qu'un vieillard sot avait fixé

Je revois tes cheveux bouclés
qui s'y étaient tant emmêlés
que j'ai dû sortir le laguiole
et je t'ai fait la coupe au bol

Tu ressemblais à un garçon
mais tu m'as prouvé le contraire
en arrachant mon caleçon
avec ton appareil dentaire

On a fermé le portillon
en jetant un dernier regard
l'air était plein de papillons
j'avais un trou à mon falzar

Chacun a pris son avoinée
moi pour l'accroc, toi les cheveux
ils auront beau nous cuisiner
ce portillon n'est qu'à nous deux  
 
 
 

dimanche 20 février 2011

Ne pas se fier aux apparences

 

 
Une jolie mine explosive
l'ombre d'une gorge profonde
instantané, pose lascive
le fard illumine la blonde

C'est le cinoche, grande illusion
vision 3D et confusion,
le monde est rempli d'avatars
on s'en méfie mais c'est trop tard

Il ne faut pas tel saint Thomas
ne croire qu'à ce que l'on voit
et se méfier des évidences,
Ne pas se fier aux apparences

Petit poisson deviendra grand
s'il ne nage dans l'ignorance,
il doit craindre le cormoran
et tout autant les appâts rances
 
 

samedi 19 février 2011

Elle s'appelait Tornado

LES MACHINES... AMIES ou ENNEMIES ?
Y a des questions comme ça qui ravivent des souvenirs enfouis, heureux ou malheureux.
Je remercie les Défis Du Samedi d'avoir posé celle-là même qui encore aujourd'hui me rappelle le corps rond, vibrant et tiède de Tornado entre mes jambes...




La première que j'ai sautée avait un drôle de blaze: Tornado, comme le canasson à Zorro mais avec une putain d'trompe de deux mètres.
Ma vioque la sortait du cagibi les jours de grand ménage en gueulant "Range ta turne" et j'passais la journée d'ssus à l'éperonner jusqu'à ce qu'elle passe la porte de ma piaule où j'lui filais à bouffer les moutons planqués sous mon pieu... une sacrée gloutonne!
Après j'allais lui vider les tripes dans la poubelle des voisins et ça fumait grave, comme dans Le massacre de Fort-Apache.

Plus tard, j'crois qu'c'était pour mon entrée au bahut, j'en ai eu une toute boutonneuse comme moi, mais les siens étaient carrés avec des signes zarbi dessus. J'entravais que dalle à c'qu'y avait sur l'afficheur et j'ai jamais été plus content que l'jour où la pile est morte, à part le jour où j'ai perdu mes putains d'boutons.

Ensuite y'a eu l'minitel, enfin celui d'Rose; mon dab avait dit "Pas d'ça chez nous!".
Rose c'était ma voisine de palier et aussi comme on dit maint'nant mon soutien scolaire. On s'est beaucoup soutenus tous les deux, elle m'apprenait plein d'trucs bandants et faut dire que j'étais doué. Finalement on a laissé tomber la machine après l'infractusse de son vieux... vu qu'la note de bigophone était aussi longue que la trompe à Tornado!

La suivante elle crachait des sacrés pruneaux - pas la voisine - une MAS49 qu'avait survécu à la dernière guerre et qu'y z'auraient voulu nous obliger à trimballer pendant douze mois. Heureusement pour mézigue et tant pis pour le pitaine qu'a pris la bastos de 7.5mm dans les arpions, j'ai porté la mienne deux jours avant d'êt' muté aux cuisines.
Là, y m'en ont r'filé une autre mais elle crachait que des frites.

Depuis j'ai fait vachement d'progrès et j'les drive toutes les doigts dans l'nez: les centrifugeuses, les robot-chefs, les presses à grumes, les fours à tournante, les hottes transpirantes, les aspiros - surtout les Tornado, les sèche-tifs, les frigos amerlock, les congelos, les caves à pinard, les para-le-bol, les déconneurs TNT et tout plein d'aut' machins.

J'bosse chez Darty!
Ca f'ra deux jours demain...    



 

samedi 12 février 2011

Voir le Pied-mont et mourir

Je hais les expressions avec le mot Pied, ça me rappelle trop de mauvais souvenirs et j'ai dû prendre sur moi pour répondre aux Défis Du Samedi 
 

"La région du Pied-mont est propice aux excursions pédestres tout comme l'ensemble de la Botte italienne."
Ainsi braillait le guide du syndicat d'initiative à notre petit groupe fièrement baptisé Les Mocassins, fraîchement débarqué à la gare de Turin et qui ne connaissait d'Aoste que le jambon.
Mais étrangement c'est une overdose de carota grattugiata (des carottes rapées) qui a eu raison de notre transit digestif et on en a chié pour franchir le .
C'est un marabout - de Pizza je crois - qui nous a remis en selle en nous envoyant prier au pied des stalles d'une tour située Place des Miracles et qui penchait vachement.
On devait rejoindre Florence (pas la ville) une copine basque qui s'était fourrée dans un gai pied en quittant son job de podologue à saint-jean-pied-de-port pour suivre un homo podophile; on a su plus tard avec soulagement qu'un podophile n'est qu'un fétichiste du pied, même en italien.
On n'a pas vu Florence, alors on a vu Parme comme chante Berliscuno, le Brel local.
Parme ça ressemble beaucoup à Aoste, surtout les charcuteries.
Au loin on apercevait le sommet escarpé (moi je dis escarpin) du Mocassin; les italiens disent le Mont Cassino bien qu'on y ait pas trouvé la moindre machine à sous. Finalement ça fait beaucoup de marche pour rien quand on prend les noms au pied de la lettre.
Alfredo a dit comme ça que ça nous faisait les pieds; ça a fait pleurer Britney qui trépignait et ne voulait plus repartir. Heureusement on a fait tourner la grole à huit becs et la gnole locale a requinqué tout le groupe. J'ai trouvé que requinquer se dit tourista en italien.

Alfredo voulait voir le Monte di Pieta (le Mont de Piété) mais on l'a jamais trouvé sur la carte; on était pourtant venus pour découvrir les vraies spécialités italiennes.
Alors on est redescendus en lacets dans la vallée en traînant la semelle; Johnny fermait la marche, empétré dans sa musette mais fier de son surnom de Dernier des Mocassins. Il faisait nuit mais avec nos ampoules on pouvait voir jusqu'au flanc du coteau.

Il nous restait à voir Naples et ses ateliers de chaussures, là où parait-il à l'ombre du Vésuve travaillent des picciotti (gamins) douze plombes par jour... finalement on a pas eu envie d'acheter et comme on s'est fait racketter nos pompes à la gare par des mafiosi, on a pu voyager les doigts de pieds en éventail jusqu'à la frontière française.
On a appris plus tard que c'était la camora, en tout cas on avait sauvé nos appareils photo... un sacré pied de nez à la mafia!
A Chambéry on a foncé au premier magasin de pompes venu: c'était un Sport-Due-Mille où on a pu trouver que des moon-boots pointure quarante six, mais qu'est ce que c'est le pied, même au mois d'Août...

   

lundi 7 février 2011

Toute la vérité sur la ronde

                                                                          (par le professeur Triolet)

  (publié aux Impromptus Littéraires sur le thème: Ronde)

 





En solfège, la ronde est une figure de note bizarrement représentée par un ovale de couleur blanche, d'où son nom usurpé de ronde.
Au Moyen-Age la double ronde s'appelait une carrée car elle était ronde sauf aux quatre coins.
A la fin d'un dîner-concert celui qui décline la note est celui qui n'a pas un rond; celui qui ne peut faire l'appoint arrondit la note à l'euro supérieur si la serveuse est gironde.
Si c'est un laide-rond on arrondit la note à l'euro inférieur; dans les deux cas on appelle ça Régler tout rond.
Chez les serveuses un grand laide-rond est appelé familièrement perche-rond.
Arrondies ou pas, les notes naissent par portées, leur durée de gestation est le temps; il se mesure en mesures.
La portée ferme avec une clef pour empêcher les notes de s'échapper. La clef indique la hauteur de la note qu'on appelle la douloureuse, une des plus basses s'appelle naturellement la clef de sol. La plus basse est la clef de sol mineur ou sous-sol. 

Dans les pays latins on dit que quatre serveuses noires valent deux serveuses blanches mais dans les pays latins seulement. En aspirant général c'est le chef de rang appelé patte-rond qui choisit. Le patte-rond de tous les patte-ronds est saint Octave et non pas saint Phonie.

Par définition la noire ne dure qu'un temps, aussi doit on la ménager par des pauses fréquentes.
On dit pause quand la blanche garde le silence le temps d'une ronde mais dans le cas d'une noire on dit soupir.
La noire ou la blanche qui est pointée voit son temps augmenté de la moitié de sa valeur, ce qui a donné les expressions Faire du rab et En avoir plein le Do. (autrefois on disait En avoir plein le Ut)

La noire vaut deux croches représentées par des ovales de couleur noires que certains appellent orbites.
Les orbites permettent aux yeux de bien lire la note soit envi-rond deux mètres à la ronde.
Une rumeur prétend que les orbites noires seraient les plus grosses.
Les orbites peuvent être rondes, ovales voire excentriques; dans ce dernier cas la serveuse est capable de mettre un nappe-rond sur une table ovale.
On dit qu'un nappe-rond de couleur sombre a le goût-de-rond.
Une tache accidentelle de goût-de-rond sur un nappe-rond se traduit par un bémol souvent accompagné d'un jus-rond.
Contrairement aux idée reçues le bémol AUGMENTE la valeur de la note; si on ne peut étouffer le jus-rond on peut cacher le bémol au moyen d'un maca-rond.


Le maca-rond est rond parce qu'il contient des oeufs; il contient aussi de la tessiture.
On ne met jamais de tessiture de coin dans un maca-rond, seulement dans les maca-rrés et les maca-paronds.
Il existe des maca-paronds à trois pointes appelés triangles.
Le triangle peut jouer indifféremment des blanches, des noires, des rondes et même des double rondes soit des carrées; c'est pour cette raison qu'il est dit instrument idiophone tout comme la cloche, les castagnettes et la planche à laver... mais ceci est une autre histoire: Toute la vérité sur les idiophones.

Les termes en italiques sont tous vrais sans exception et le reste également puisqu'ils constituent Toute la vérité sur la ronde.
 



samedi 5 février 2011

Phobie Collection


Ce matin je réfléchissais au bord de la A4 - pas l'autoroute mais ma page blanche - et j'ai soudain eu peur qu'elle ne reste vierge[1] à tout jamais.
 
Il faut dire que le nouveau Défi Du Samedi était salé avec des mots à rallonge qui m'ont toujours horrifié[2] surtout quand on ne sait pas ce qu'ils recouvrent.
Sentant l'angoisse me paralyser totalement et m'entraîner vers la folie je me dis qu'il faut voir un médecin au plus tôt.
Je prends vite fait une cinquième douche[3] et je file à toutes jambes en évitant le chat de la voisine[18] et surtout les pistes cyclables[4].
Je ne sais pas comment je suis arrivé dans ce couloir sombre avec ces deux autres types et l'idée de devoir attendre debout[5] m'anéantit, d'autant qu'il règne ici une chaleur à vomir[6].

Une porte s'ouvre comme celle d'un four en fusion et je me sens rougir[9] jusqu'à la liquéfaction; il faut dire que ce docteur est une doctoresse ou plutôt une créature déguisée en docteur mais sans déguisement, ou alors juste une perruque rousse. 
Elle pousse le patient suivant dans son antre en nous gratifiant d'un savant déhanché.
Le type devant moi a une sacrée bosse à son pantalon, j'ai toujours eu horreur de ça[11], même sur moi!

L'autre ressort très vite - une affection bénigne sans doute - et quand la doctoresse et son déhanché ont disparu à nouveau, je me retrouve seul dans le noir avec mon angoisse[12]. J'ai jamais aimé les minuteries qui s'éteignent trop vite et je ne sais même pas si ça porte un nom?
Dans cinq minutes ça sera mon tour et j'ai déjà peur d'avoir mal[13]. C'est mon sang qui coule comme ça?
Non, j'entends un bruit de lavabo... je pourrai peut-être prendre une sixième douche?
Et après?  Elle va forcément se servir un coup à boire. J'aime pas l'ivresse[10], depuis tout petit j'ai jamais aimé les bouteilles[7], surtout pas le champagne et le bruit d'explosion du bouchon[8]. Pan!
C'est la porte qui s'ouvre. "T'es mon dernier, coco".

Elle me fait entrer et soudain j'ai peur de tout[14], de son sourire carnassier, de ses gros seins mais elle s'en fout vu qu'elle est déjà sur le dos à griffonner un sudoku! J'aime pas le sudoku, peur de pas réussir... je dois faire une sudokuphobie. Et puis ça doit être plein de bactéries[19] là dedans.
Dans la grande glace du plafond il y a un type qui a la même tronche que moi, je sais plus si j'ai peur de lui ou si j'ai peur de moi[15].
Alors je fuis, je dévale l'escalier, poursuivi par le rire de la grande rousse et je déboule dans la rue comme un fou.
J'ai même peur d'avoir peur[16] de ne pas avoir vu arriver le vélo...

Ici les infirmières sont aux petits soins et je suis bien traité même si j'ai peur des femmes[17].
Si j'osais j'écrirais mon aventure, mais quand on fait de la graphophobie comme moi, on n'a pas le droit.

[1]Leucosélophobie [2]Hippopotomonstrosesquipedaliophobie
 [3]Automysophobie [4]Bitrochosphobie [5]Stasophobie
[17]Gynéphobie  [16]Phobophobie [11]Ithyphallophobie
[14]Pantophobie [9]Éreutophobie [12]Kénophobie
[7]uticulaphobie [8]Placomusophobie  [15]Suiphobie
[13]Algophobie [10]Ethylophobie [6]Émétophobie
[18]Ailurophobie [19]Bacillophobie