mercredi 24 août 2016

Petit recueil de loufoqueries

D'après 10 mots imposés sur WeLoveWords




Aïoli : Sauce montée en solitaire à la force du poignet.
dicton :« Il faut que l'aïeule ferme sa gueule ou qu'elle aille au lit »

Barnum : Abri de jardin habillé en toile de clown et ressemblant à ma tante

Cabale : Complot amer indien plus connu sous le nom de Cabale au Canada

Capillaire : Adjectif tarabiscoté tiré par les cheveux pour mieux les couper en quatre

Chausson : Célèbre marque de véhicules inaugurée en grandes pompes en 44 (existe dans d'autres tailles)

Chlorophylle : Peinture verte destinée à colorer le chewing-gum

Équestre : Art consistant à faire tomber son estomac dans l'étalon

Exutoire : Trop-plein permettant d'éviter les débordements

Haleine : Voir aïoli... chose qu'on perd en courant (on dit courir à perdre haleine)

Yaourtière : Campement mongol de tantes ou peaux de vache (Voir Barnum)

mardi 16 août 2016

Mojito ou daïquiri?

Publié sur le site MilEtUne Histoires d'après l'illustration





Depuis que Raul Castro a serré la paluche à Barack Obama, tout le monde n'a plus que du La Havane dans la bouche.
Alors dès que Leonard est tombé dans le panneau... enfin, sur ce panneau publicitaire sur le chemin du boulot, il ne pense plus qu'à s'expatrier.
Là-bas c'est les Zantilles – les zîles paradiziaques comme on dit en zozotant avec des zétoiles plein les zieux – avec des cocotiers partout pour accrocher son hamac et des filles avec des mains pleines de doigts pour rouler des feuilles de cigare et plus si affinités!
Il va avoir tout le temps pour apprendre à fumer.
7573 kilomètres c'est tout ce qui sépare Angers – la perle de l'Anjou – de La Havane sa nouvelle ville de rêve... il lui suffit seulement de tourner à droite.
Y z'auraient pu le dire plus tôt, ça semble si fastoche.
Alors Leonard balance un grand coup de volant à droite, abandonne son trajet habituel, celui qui l'emmène à l'usine chaque matin depuis quatorze mille deux cent trente matins.

La vieille Twingo tangue sur la gauche, évite une file de pékins pressés d'aller au turbin...
Là-bas il refourguera sa caisse si elle le lâche pas avant et ne prendra plus que des Coco taxi pour aller boire des coups vers Miramar avec ses nouveaux potes.
Pour l'heure il enfile la rue du Roi René puis la rue Paul Bert, y saura jamais qui c'était ce Paul Bert.
Là-bas au moins le chanteur Obispo a une rue à son nom: la rue Obispo où a vécu le fameux Hemingway, celui qu'a écrit Pour qui sonne le gland.
Leonard va pouvoir oublier le rosé d'Anjou pour des trucs plus musclés; parait qu'y a du monde au balcon quand on vous sert la téquila et puis si Rihanna y promène son cul, ça peut pas être relou.

Leonard adorera visiter le quartier chinois, y a toujours un quartier chinois où qu'on soit dans le monde pour pas être dépaysé. Y aura une porte avec des lions, pas comme au Lion d'Angers où y en a pas.
Place André Leroy ça vire sec; il adore faire crisser les pneus chaque matin depuis quatorze mille deux cent trente matins pour réveiller les flemmards.
Leonard n'a pas vu débouler le gros camion de la Seita par la rue Rabelais...

Pour le coup ça fume, ça sent le tabac et l'huile de vidange et aussi la ferraille calcinée.
Les copains disent que les camions de la Seita ça sert qu'à transporter de la mort mais Leonard ne fume pas, enfin pas encore.
Penchée sur lui, la jeune nana n'a rien d'une havanaise et rien au balcon qu'une ample combinaison blanche avec une grosse croix rouge.
Y a aussi une odeur bizarre de poulet grillé, surement ce fameux “pollo asado” avec des haricots rouges et des bananes frites... mais y z'ont pas lésiné sur la sauce tomate!!
Comment je m'appelle? “Euh, appelez-moi Leonardo”.
Leonardo ça sonne bien – un prénom qui va faire un tabac – mais la jeune nana a l'air inquiète et il entend pas c'qu'elle lui souffle à l'oreille.
Hein? Si y préfère un mojito ou un daïquiri?
Pas facile de répondre avec ce masque sur la tronche...
La nuit vient de tomber subitement... faudra qu'il s'habitue.





mercredi 10 août 2016

Brèves du 10-08-2016



Mes Brèves du jour sont toujours visibles sur le site WeLoveWords 

comme celles du 10-08-2016



Différent amoureux en Haute-Garonne : Un homme alcoolisé brandit une tronçonneuse qui, heureusement, n'a pas voulu démarrer
Le comble d'un différent amoureux c'est la panne des sens
 


Normandie : Un fût de calvados s'enflamme et mobilise une trentaine de pompiers
Les normands ne vont pas tarder à entendre parler d'un impôt sécheresse




JO : Camille Lacourt s'en prend aux dopés qui « pissent violet »
et aux alpinistes qui vissent piolet ?


mardi 2 août 2016

Coulés !

Publié sur WeLoveWords d'après la liste de campaspe

Alternateur, Sous-marin, Cacahuète, Glycérine, Pédicure, Condoléances, Asthmatique, Couveuse, Sèche-linge, Jeroboam




Après un dernier hoquet asthmatique l'alternateur de notre sous-marin avait queuté.
« Nom d'une cacahuète» s'écria Bébert en faisant sauter le couvercle du vieux sèche-linge qui nous servait de tourelle.
Heureusement l'étang du Martenot était presque à sec et on regagna le bord sans se gauger.
Comme on passait devant la ferme, le vieux Martenot cramponné à son éternel Jeroboam d'aligoté se mit à gueuler par la borgnotte entr'ouverte: »Bande de beusenots! Qu'est-ce que vous avez branlé avec la couveuse ? »
Depuis des années que le vieux biberonnait son breuvage glycériné, on ne faisait plus attention à lui.
Il avait parait-il dans une autre vie exercé la pédicure mais s'occuper des oignons des autres l'avait rendu fada.
“La couveuse a été coulée par le Bismarck, père Martenot!” lui cria Bébert en se tenant les côtes.
“Condoléances” rumina le vieux en rotant...

dimanche 31 juillet 2016

J'ai tiré la dame de coeur

Publié sur MilEtUne d'après l'illustration




Moi c'est Lancelot et je suis né à Genève – je sais, ça s'invente pas mais c'est pas ma faute, c'est celle à mes vieux – aussi les potes m'ont toujours appelé Lancelot du lac.
Parait que c'est le nom du valet de trèfle dans les jeux de cartes.
J'ai jamais aimé les cartes et j'ai jamais aimé les jeux non plus.
Ma passion c'est la pêche au gros mais la pêche au gros sur le lac de Genève, c'est un peu limité.
Alors quand Bébert m'a dit qu'il avait entendu parler de brochets femelles de plus d'un mètre – d'habitude il dit en rigolant “sur le lac Genevois jamais rien”, j'ai sauté dans le canot en moins de deux!

Dix minutes plus tard, ça s'est mis à tirer vachement fort sur la ligne... je sais pas si on dit brochette pour la femelle du brochet mais j'aurais jamais cru que ça tirait aussi fort.
Au bout y avait un machin jaune, comme une bouée canard dégonflée avec une greluche cramponnée à mon bas de ligne... un sept brins en titane qui m'avait coûté trois mois d'argent de poche!
Alors je l'ai remontée sur le canot histoire de récupérer mon matos.
Elle était là, recroquevillée et toute tremblante avec son canard crevé.
Elle a juste dit Merci et qu'elle s'appelait Judith... drôle de prénom pour une brochette.
Les potes m'ont dit plus tard que Judith c'est la dame de coeur dans les jeux de cartes, moi j'y connais toujours rien aux cartes, alors même si j'avais tiré la dame de coeur j'ai rien dit à personne.
Pourtant hier y avait ma photo dans le Courrier de Genève avec un gros titre: Lancelot le roi de la pêche.
Les potes disent que le roi de trèfle dans les cartes c'est Alexandre.
Manquerait plus que ça qu'on m'appelle Alexandre.





dimanche 24 juillet 2016

Voir Florence et mourir

Publié sur le site MilEtUne Histoires d'après l'illustration




Le commandant du Titanos allait s'enfiler un double scotch au bar de la passerelle quand le commandant en second – qui selon la hiérarchie venait donc juste après lui pour se servir un simple scotch – vint prévenir qu'on approchait d'une ville.
Comme aucune ville n'était annoncée avant dix jours, il demanda qui colportait cette ânerie.
L'ânerie en question émanait d'un officier sénior qui l'avait entendue prononcée au bar des officiers par un officier junior.
On alla chercher l'officier junior au bar des quartier-maîtres où l'un d'eux confirma entre deux téquila que l'information venait d'un veilleur.
La vue des veilleurs ne devait jamais être mise en doute sur le Titanos, car on leur affutait toujours la vue avant le départ; celui-ci fut donc sommé de fournir des détails.
Le veilleur d'origine italienne jura sur la tête de ses jumelles Mira et Vera qu'il venait de voir Firenze – sa ville natale – Florence en français et en Toscane comme chacun sait.

Le commandant en premier – qui venait donc selon la hiérarchie juste avant l'autre – éclata de rire :”Tu as vu Florence, en plein océan? Pourquoi pas un iceberg tant qu'on y est?”
Le commandant en second se mit à rire lui aussi mais en second en ajoutant :”Un iceberg pour votre double scotch, commandant?”
Le commandant en premier cessa de rire; quel rapport y avait-il entre son double scotch et un iceberg?
L'officier junior s'adressa alors au veilleur italien :”Dis-moi veilleur à la vue affutée, n'aurais-tu pas vu le Palazzio Vecchio, par hasard?”
Le veilleur toujours italien acquiesca :”Sur la tête de mes jumelles, j'ai bien vu le Palazzio Vecchio! Mais comment le sais-tu?”
Le commandant en premier reprit la question :”Oui, comment le sais-tu?”

L'officier junior poursuivit :“Et n'as-tu pas vu aussi la coupole du Dôme?”
“Sur la tête de mes jumelles, j'ai bien vu la coupole du Dôme!”
“Et la tour de Bell de Giotto?”
“ Sur la tête de mes jumelles, j'ai vu la tour de Bell de Giotto”
“Et le jardin des Roses?”
“Sur la tête de mes...”
“Ça suffit!!!” hurla le commandant en premier en renversant son second... double scotch.
“Et la grande poignée?” continua l'officier junior.
Interdit, le veilleur à la vue affutée ouvrit des yeux ronds d'étonnement, ce qui était interdit aux veilleurs :”Euh... quelle grande poignée?”
L'officier junior, gonflé d'orgueil sentait miroiter les galons de senior. ”Et bien la grande poignée de la grande valise” dit-il sur un ton suffisant mais qui ne suffisait à personne.



“Oui, quelle grande valise?” demanda le commandant en second.
“Alors, quelle grande valise?” s'impatienta le commandant en premier par ordre hiérarchique.

L'officier junior expliqua qu'il s'agissait d'un phénomène rare appelé la valise de Folon, une gigantesque valise creuse, symbole de voyage et de liberté qui se déplaçait au gré des vents et capable de désorienter le plus affuté des veilleurs.
“Et que faut-il faire en premier?” demanda le commandant en premier.
L'officier junior soupira :”Il faudrait pouvoir tirer sur la poignée, mais c'est bien haut”

“Que tout l'équipage fasse la courte échelle” commanda le commandant en premier “et qu'on tire cette foutue poignée!”
Ainsi fut fait jusqu'à ce qu'un dernier matelot atteigne la grande poignée.

Tout en bas un quartier-maître blasé fredonnait un vieil air du folklore italien :”T'as voulu voir Germaine et on a vu Florence...” lorsqu'un craquement sinistre se fit entendre.
“Quèsaco?” demanda le le commandant en second qui avait fait provençal en seconde langue.
“Ça doit être cette foutue poignée” dit le commandant en premier qui avait fait psychologie en alternance.

Le veilleur à la vue affutée se pencha par dessus le bastingage et déclara gravement :”Euh... commandant, sur la tête de mes jumelles Mira et Vera, je crois bien que c'est plus grave”.