lundi 10 novembre 2014

Vapeurs de soupirs

Publié aux Impromptus Littéraires
 

 
 


Moi Léon Montaigu, moulé de bleu, obscène
et Fatou Capulet de pourpre fagotée
avions été poussés à jouer cette scène
devant tous les parents à la fête d'été.
 
Elle portait si bien ces ailes de l'amour
qu'elle avait découpées dans du polystyrène,
je n'étais qu'un puceau, imberbe troubadour
j'étais le taurillon que l'on mène aux arènes.
 
Je bredouillai mes mots tout à la queuleuleu
que personne n'ouïssait, la main en chasse-mouches.
« Oh! gentil Roméo, si tu m'aimes, dis-le »
explosa t elle enfin en me prenant la bouche.
 
Au décor du jardin je crois avoir buté
je me suis accroché aux ailes entoilées,
contre moi je sentais deux roberts effrontés
qui frémissaient autant que mon coeur ébranlé.
 
« L'amour c'est la fumée qu'exhalent les soupirs »
avait affabulé le singulier Shakespeare,
celle qui m'asphyxiait montait d'un projecteur
j'aurais dû déclamer: »Avançez l'extincteur ! »
 
Dans mon collant roussi, je gagnai la coulisse
Juliette riait, saluait, shakespearienne
ce jour jusqu'à la lie, j'avais bu le calice
mais je n'oublierai pas ses lèvres sur les miennes...
 

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