mardi 12 janvier 2016

Pas de bras, pas de wonderbra (revu et corrigé)

Réédition sur le thème du 31-01-2012


Hilda la Rousse



A la voir dormir comme un bébé repu après la tétée, qui dirait qu'autrefois Hilda la Rousse était la reine du plumard? Oh, pas pour faire une siestounette ni ronfler elle-même mais pour vous faire ronfler la boîte à plaisir.
Quand je l'ai connue elle pesait pas cinquante kilos mais elle était suréquipée niveau airbags, de quoi vous emprisonner le bigoudi entre ses roberts pour vous faire entonner La Paloma en azerbaïdjanais.
A l'époque ma Hilda avait déjà un solide appétit, elle vous descendait un bocal d'olives sans cracher les noyaux et s'enfilait un civet de cerf sauce Grand Veneur jusqu'au brame pour finir sur une tête de moine et trois religieuses au café.
Au début j'étais du genre manchot mais à force de l'entendre me répéter "Pas de bras, pas de wonderbra", je me suis vite converti à son sport favori.
Fallait la voir enchaîner sans respirer la montée du Tourmalet sur le grand plateau suivie d'une brouette de Zanzibar à la tanzanienne et vous décoller la pulpe du fond avant que vous ayez déniché le décapsuleur.
Si je calais en route Hilda me larguait sur le bas-côté - le zigouigoui en bandoulière - pour finir en solitaire comme si on n'avait pas pris le départ ensemble.
C'est comme ça que j'ai appris que son canard bouffait des piles au lithium!
Elle aurait dû vivre au XXIème siècle ma Hilda, à l'époque du « tout connecté », des selfies, des vibromasseurs Bluetooth, des assistants de lecture érotique, des mini-caméras et de tout ce qu'on est en train de présenter au grand salon high-tech de Las Vegas !

Aux Oscars du paddock, Hilda la Rousse aurait décroché celui du meilleur scénario original, du meilleur montage et de la meilleure actrice.
Très jeune elle avait eu un certain Oscar, un maquereau qui lui avait mis un pied à l'étrier et l'autre sur le trottoir et dont elle ne gardait pas le meilleur souvenir.
Question musique d'ambiance elle était loin du Dolby surround, elle forçait pas son talent Hilda, juste quelques barrissements d'éléphanteau à l'approche du marigot ponctués de petits gloussements de dinde rescapée de Thanksgiving; moi ça m'arrangeait car je me connais: les vocalises Beyoncéennes ça me bloque le cortex cingulaire antérieur et par voie de conséquence ça me racornit le lance-torpilles.
Par contre elle ne ratait jamais un ravitaillement!
Entre deux sprints intermédiaires j'allais lui chercher un reste de daube provençale ou un cassoulet de Toulouse de derrière les 'Izards-Trois cocus' qu'elle se tortorait sur le champ (de bataille) et qui réveillait son tsunami assoupi au creux des reins.
Quand je la croyais assouvie, à un doigt de s'endormir sur la béquille, elle repartait pied au plancher, sautait deux rapports (de boîte) pour réveiller le tigre du moteur et m'infliger coup sur coup le rétroviseur jour-nuit, la soupape en folie et le créneau de la mort sans radar de recul... comment veux-tu, comment veux-tu ?
Je ne sais pas où elle allait chercher tous ces trucs - elle qui voyageait peu - le pilon de Ouagadougou, le croque-madame mexicain ou la tour infernale mais à chaque fois j'étais persuadé qu'elle était plusieurs, ma Hilda.
Elle avait dû être déesse hindoue dans un autre monde.

Et puis un jour je lui ai bizarrement trouvé l'oeil moins brillant et la cuisse molle ; en soupirant elle m'a réclamé des petits LU et un recueil de poèmes.
Elle qui ne lisait que Gala - et encore les gros titres - s'est mise à lire Baudelaire... « La chevelure » ; il fallait l'entendre déclamer, alanguie dans ses oreillers:
« Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! »
J'ai compris qu'un ressort venait de péter dans sa boîte à libido et que tout ne serait plus pareil désormais.
J'ai bien tenté de la rebooster, de lui mimer Rocco et ses frères Sifredi, la Grande Invasion et Pour Qui Sonne Le Gland - que des classiques - mais ce fut peine perdue, ma Hilda avait raccroché sa bécane, séché sur place et refermé définitivement le tiroir à frissons.
Usée qu'elle était ma Hilda d'être grimpée au septième ciel en rappel, lassée du bigoudi moustachu, crevée du triporteur de Hanoï...
Alors j'ai récupéré les piles du canard vibrant pour mettre dans mon baladeur et depuis j'écoute Grand Corps Malade en boucle dans mon lit en repensant à tout ça. 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire