dimanche 25 juin 2017

No swimming

Publié sur le site MilEtUne




Germaine m'avait bassiné pour aller passer un week-end en bord de mer au Boukistan.
Pour les ignares le Boukistan est connu pour ses plages désertes, sa mer bleue marine, son soleil implacable, son saké à volonté, bref un paysage de carte postale sauf qu'il n'existait pas de cartes postales pour éviter un afflux de touristes.
Germaine avait déniché pour l'occasion chez Emmaüs un ravissant bikini rouge et jaune à petits pois de chez Itsi-Bitsi-Tini-Ouini qu'elle tremblait déjà de montrer aux boukistanais.
J'avais pour ma part ressorti du grenier mon ensemble combinaison-palmes-tuba-masque de chez Trempette&Tempête qui faisait un effet boeuf et un peu grenouille aussi.

A notre arrivée on fut déçus de ne trouver qu'une plage déserte à perte de vue, en fait il n'y avait pas un chat.
Je fis remarquer très justement qu'au Boukistan tous les greffiers finissent dans les assiettes tout comme chez nous les vaches.
Il n'y avait pas de vaches non plus car du fait de leur caractère sacré au Boukistan on n'emmène pas les vaches à la plage.
Faut avouer qu'une vache sacrée en bikini c'est pas top.
J'avais l'air débile dans ma tenue boeuf-grenouille et sur la plage abandonnée qui ne bordait qu'un désert la seule chose qui débordait c'était le bikini de Germaine.
Un boukistanais hilare nous apprit entre deux vagues de rire que la mer était démontée et qu'on ignorait si elle serait remontée un jour faute de crédits.

Je lui demandai en anglais si le panneau "No swimming" présentait quelque intérêt dès lors qu'il n'y avait pas d'endroit où nager mais il était trop intéressé par les formes débordantes de Germaine pour me répondre.
Alors j'ai embarqué le panneau jusqu'à notre hôtel histoire d'avoir un souvenir à rapporter à la maison.
Visiblement le souvenir n'était pas du goût des deux flics qui nous attendaient dans le hall et qui nous ont embarqués; c'était la première fois qu'on embarquait, enfin la deuxième si on compte l'avion.
Les palabres furent houleuses et la note salée; on était mouillés jusqu'au cou, trempés jusqu'aux os... heureusement pour moi mon équipement était étanche.
Après réflexion – on a eu huit heures pour réfléchir – il semblerait que "No swimming" c'était le nom du bled et que les panneaux boukistanais c'est aussi sacré que leurs vaches.
Germaine m'avait assuré que l'avocat était une spécialité boukistanaise, pourtant on n'en a pas trouvé un seul pour nous défendre.
Pas facile de se faire comprendre des boukistanais avec un tuba dans la bouche et malgré ça les gars se marraient comme des baleines.
Les baleines, on ne les a jamais vues, pas plus que notre chambre puisqu'on a été raccompagnés à l'avion manu militari.
J'ignore lequel des deux s'appelait Manu mais lui aussi semblait ravi du bikini de Germaine.
Pendant le retour on s'est consolés au saké, à la vodka et à la liqueur de litchi et de gingembre; aux hublots les nuages faisaient des grandes vagues à vous filer le mal de mer... c'était toujours ça de gagné.
On a été malades pendant trois semaines mais il parait que c'est le prix à payer pour profiter des plages de ces pays là!

2 commentaires:

  1. Avez-vous songé à vos vacances l'an prochain ? C'est tellement intense que vous allez en redemander. Moi, perso, c'est ce qui se passe, j'en redemande.

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    1. L'an prochain c'est Las Vegas alors je sais exactement ce que je vais faire !

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