Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration
Quand
j'en ai eu assez de compter les moutons je me suis mis à compter des
marches.
Parvenu à la dernière marche je ne dormais toujours
pas, alors j'ai ouvert cette porte qui me barrait le sommeil.
« Pourriez frapper ! » a dit une voix somnolente «on n'entre pas ici comme un âne dans un moulin »
Je me suis excusé … en effet ça n'avait rien d'un moulin; il y avait un grand mur couleur de ciel auquel s'accrochaient des nuages blancs.
« Vous cherchez quelque chose ? » a demandé la voix.
Bêtement j'ai répondu « je cherche le sommeil »
« On n'en a pas » a répondu la voix « ici on bâtit des rêves … tous ces petits nuages blancs que vous voyez là »
« Ce sont tous les mêmes ?» ai-je demandé.
« Ça dépend » a dit la voix « Z'avez remarqué quoi en montant les marches ? »
J'ai réfléchi et j'ai dit « euh … quelques mauvaise herbes »
La voix a soupiré « Des mauvaises herbes … et l'important ? la rose ? Z'avez même pas vu la rose ? »
Je n'avais vu aucune rose en comptant les marches, j'ai dit « Non »
La voix a encore soupiré et elle a dit «Si vous n'avez vu que les mauvaises herbes, j'ai pas grand chose pour vous en magasin»
La voix s'est adressée à un sous-fifre « Dis Georgette, tu peux regarder en réserve si y resterait pas quelque chose pour un pisse-vinaigre ? »
Le pisse-vinaigre, l'esprit chagrin ça ne pouvait être que moi puisque j'ét ais le seul client.
Celle qui s'appelait Georgette a cherché un moment avant d'apporter une sorte de nuage blanchâtre léger comme un oreiller mais froid comme la neige.
« C'est un rêve de quoi ? » ai-je demandé en prenant la chose livide et froide.
« Vous verrez bien » a dit la voix «et fermez la porte en sortant. On voudrait pas que les rêves s'échappent et tombent dans de mauvaises mains »
J'aurais préféré essayer mon rêve sur place, au cas où il ne me conviendrait pas mais le ton de la voix était impérieux.
J'ai
refermé la porte en tenant mon piètre rêve à bout de bras.
En
effet il y avait bien une rose et il m'a semblé que ses pétales
gloussaient doucement.
Bien sûr j'ai raté la première marche – la dernière dont j'ai déjà parlé – j'ai dévalé l'escalier de pierre et j'ai bien failli me rompre les os.
J'ai repris mes esprits dans mon lit avec cette chose froide et blanchâtre sous la tête.
A
côté de moi, Germaine ronflait comme un sonneur tandis que les
premières lueurs de l'aube éclairaient la chambre.
J'ai remis
mon rêve à plus tard.
Je maudissais ce médecin qui m'avait dit récemment « Contre l'insomnie, surtout dormez beaucoup »
On peut remercier l'insomnie quand elle conduit à la porte de la boutique des rêves...
RépondreSupprimerSi je n'avais pas peur de rater une marche, j'y retournerais plus souvent :)
SupprimerOn fait comment pour avoir l'adresse parce que l'insomnie je connais mais je n'ai jamais trouvé cette chouette boutique de rêves...
RépondreSupprimerIl faudrait que je passe un coup de fil à Georgette
SupprimerJe te connaissais il y a quelque temps mais je t'avais perdu de vue. je suis contente de te retrouver.
RépondreSupprimerBon après-midi,
Mo
Merci d'être passée Mo ! Je suis peu présent sur mon propre blog, alors ...
SupprimerQu'est-ce que c'est bien écrit !!! J'adore.
RépondreSupprimerMerci mélanite
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