dimanche 6 décembre 2015

Qui voit le Batur voit ses courbatures

Publié sur le site MilEtUne




Au pied des volcans Abang et Batur s'étend le plus grand lac de Bali, aux eaux cristallines gardé par la déesse des lacs, une dénommée Dewi Danu.
Mais on n'est pas venus pour la déesse d'autant qu'on en trouve des centaines en pierre de lave sur e-Bay.
On est juste là pour escalader le Batur, un des nombreux volcans de Bali.
On a été prévenus par les dépliants touristiques: “Qui voit le Batur voit ses courbatures” mais il en faut plus pour nous décourager.
Et puis notre hôtel est au bord du lac et le rendez-vous au départ de l'ascension n'était fixé qu'à quatre plombes du mat c'est à dire en pleine nuit.
On a eu droit à une lampe torche pour cinq, par chance on était trois dans mon groupe.
J'ignore pourquoi mais notre guide a eu l'air de tiquer quand il a vu mes claquettes; tiquer, ça doit être un truc que font les guides pour éloigner les mauvais esprits.

La veille j'ai pris soin d'acheter une “gourde de pèlerin” - une calebasse - pour me désaltérer en route mais je verrai plus tard que la gourde c'est moi et que la calebasse n'a pas de bouchon puisque c'est une plante potagère!
J'ai aussi acheté des crèmes car on dit que bizarrement la montagne est pleine de mystique la nuit! Le mystique, c'est la spécialité de Bali.
Le terrain est rocailleux, caillouteux, parfois sablonneux ce qui convient à mes tongs et souvent glissant ce qui ne convient à personne, d'autant qu'il s'est mis à pleuvoir comme vache qui pisse.
Il parait qu'on serait monté hier, il faisait beau... c'est aussi ce qu'on entend dire chez nous en Bretagne; alors je ne m'étendrai pas sur l'ascension.

Il est bientôt 6 heures quand on est en vue du sommet et le ciel s'éclaircit, se colore de rouge, de bleu, de violet mêlé de nuages de vapeur qui nous enveloppent comme des vapeur de... cuisine.
J'ai l'explication en découvrant au sommet une cinquantaine de touristes - appareils photo en bandoulière mais pas un en tongs - attablés pour un bruyant breakfast balinais... ici on dit un 3B c'est plus court.
A côté d'une montagne de fruits et légumes qui a dû être livrée par hélicoptère, des femmes font cuire des croquettes de manioc... à gerber.
Une montagne sur une montagne, c'était donc ça le nuage de vapeur.
On nous propose de la papaye fermentée - nouveau produit miracle à la mode - pleine de vitamines, anti-oxydant et tout le toutim.
Anti-Occident c'est pas pour moi alors j'opte pour un jus de mangoustan cent pour cent naturel au goût de raisin suspect mais c'est toujours mieux que ma calebasse.

Celui qui pense voir des vaches laitières sur les pentes du Batur sera déçu.
Pour le lait on devra se contenter d'un Susu Cola, mélange de Coca Cola et de lait concentré.
A côté de moi le guide attaque sa deuxième assiette de “haricots kilomètre”, c'est une espèce de croisement de nouilles et d'asperges qui me donne envie de redescendre tout de suite consulter un gastro-entérologue.
Il est 7 heures et je viens de vomir mon jus de mangoustan... ça urge!
J'échange ma pauvre calebasse à un touriste hollandais contre une belle paire de pompes à glands qu'il avait en secours.
C'est un peu gland et un peu grand aussi, du 45 mais avec quelques mangues pas trop mûres tassées au fond, ça fera l'affaire et puis les mangues sont gratuites à cette saison.
J'ai des cratères dans les pieds mais je n'ai qu'une envie, redescendre pour me plonger dans un bon bain bouillonnant naturel...
Bye bye Batur !

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