samedi 19 septembre 2009

On a vole le beurre

publie le 19-09-09 sur Le defi du samedi

Une plaquette de beurre
de 250 grammes a disparu
du réfrigérateur de l'internat.
L'enquête est confiée
à Mademoiselle Aufray, l'intendante.



"Nom d'une pipe charento-poitevine!" Les yeux fixés sur la clayette vide du réfrigérateur, Ségolène Aufray crut bien s'évanouir.
Mille deux cent soixante dix sept ans après l'exploit planétaire de Charles Martel, le lycée Louis Pasteur de Poitiers venait d'être victime de haute trahison: le vol de son emblème ancestral si pieusement conservé à quatre degrés depuis tant d'années.
Le larcin ne pouvait avoir été commis que par un truand de petite envergure, un demi-sel incapable de différencier un Président d'une vulgaire margarine, un minable ignorant tout des saveurs d'un escargot de Bourgogne ou d'une aile de raie, un sagouin qui méritait d'être farci à la crème d'ail afin d'apprendre les bonnes manières, un effronté croyant faire son beurre d'une relique inestimable qui ne lui rapporterait pas plus d'argent que le sourire de la crémière... 
L'intendante s'appuya un instant au réfrigérateur pour reprendre ses esprits.
(De beurre) D'ordinaire, elle pardonnait facilement aux gaspilleurs qui entravaient la bonne gestion de l'établissement, mais cette félonie dépassait l'entendement.
Si ce voleur à la noix était encore dans les murs, elle devait prévenir sur le champ le directeur Monsieur Vire qui diligenterait une enquête à la mesure du vol.
Elle et Vire devaient réagir promptement, avant que la précieuse plaquette ne fonde comme neige au soleil ou finisse lamentablement étalée sur la tranche de jambon d'un hamburger qu'elle imagina assez bourratif pour étouffer le voleur dans d'atroces souffrances.
Malgré l'heure incongrue elle tambourina à la porte de la loge directoriale jusqu'à ce qu'on lui ouvre.
"Monsieur, le Président a disparu!"
Vire qui avait ouvert et virait au vert, faillit répliquer "Et ta soeur?" mais se contenta d'un "Remettez-vous Aufray!"
Comme elle ne trouvait aucun endroit assez frais pour se remettre, elle tomba dans le premier fauteuil qui lui tendait les bras; Vire virait noisette maintenant et la pressa de détails sur l'enlèvement présidentiel, évitant de justesse un quiproquo qui l'eut fait réveiller le recteur, le député et même le ministre.
A voix basse pour l'intendante et en caleçon molletonné pour le directeur, ils établirent un plan d'action.
Vire suggérait de cuisiner les deux boucs émissaires de l'internat, ceux qui savent tout et par qui les ennuis arrivent toujours... l'intendante buvait du petit lait et traduisit aussitôt: Bridel et Plantafin, leurs ennemis jurés.
En voilà deux qui, avec ou sans beurre allaient devoir se mettre à table...   

La rédaction du procès verbal de cette affaire, en ce qui concerne les aspects pathogènes
est confiée au Pôle BF (la Baratte en Folie) de l'Institut Pasteur.
Amis lecteurs conscients du préjudice causé à l'internat, vous pouvez envoyer vos dons à:
Pasteurdon 2009


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