lundi 1 juin 2015

Bonne mine


Publié aux Impromptus Littéraires





Soleil, je t’adore comme les sauvages
A plat ventre sur le rivage”
En déclamant du Cocteau, mon italienne - au lieu d'effleurer le sable chaud de son pied nu telle une vestale drapée à l'antique - s'affala de tout son long dans un creux de la dune.
Viens vite mon bichon” me pria t-elle comme si nous étions deux amants seuls au monde et en parodiant je-ne-sais-plus-qui elle ajouta “les réjouissances, c'est maintenant!”.
Et la voilà qui se dépouille en entamant d'une fausse voix de baryton Ah, che bel vivere, che bel piacere... Che bel piacere, per un barbiere di qualità, di qualità”.
Jamais aucune de mes conquêtes ne s'était offerte aussi insolemment en brâmant cette cavatine du Barbier de Séville!
Je n'avais rien d'un barbier de qualité et de surcroît j'entrevoyais qu'elle n'avait plus rien à raser!
Alors devant tant d'insistance j'ai souscrit à cette fascinante étincelle qui brillait dans ses prunelles et à ces trésors dorés qu'elle m'offrait.
Là-bas, au fin fond de la dune, les vaguelettes battaient leur incessant va-et-vient... tout comme l'étrange tocsin qui carillonnait sous mon crâne brûlant; au-dessus de nous le Soleil continuait sa marche vers l'horizon rubescent, altérant nos ombres agitées.
C'est à cet instant précis que j'ai hésité... je balançais entre manipuler, gesticuler et fourrager.
J'ai lâché le crayon - pestant contre moi-même - incapable une fois de plus d'achever mon récit.
Dans sa chute un fragment de la mine s'était détaché et pointait effrontément le mot Réjouissances.
Ah j'avais bonne mine! même si je souriais intérieurement en songeant aux adeptes du Coitus Impromptus qui devaient eux aussi s'échiner sur le sujet...

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