dimanche 28 janvier 2018

Carnet de déroute

Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration




08H00 et des poussières, beaucoup de poussière blanche.
(Germaine appelle ça de la poudreuse, pourquoi pas de la neige tant qu'on y est ?)
Départ du parking du téléphérique de Chamoni, on peut aussi prononcer le X sauf si on a les lèvres gercées et j'ai les lèvres gercées.
Altitude 1100m indique le panneau. Pas étonnant que j'aie les lèvres gercées.
La balade sera longue, la fille rousse de l'office de tourisme a parlé de 7 heures d'ascension pendant qu'elle vendait des tickets pour le téléphérique à des fainéants endimanchés.

09H00 et toujours cette poussière blanche.
Par moments on passe sous le téléphérique, dans la petite boîte les gens nous font des signes mais on ne peut rien faire pour eux, les pauvres !
Germaine boîte aussi, alors elle fait des pauses et moi des poses pour l'album photo.
On voit bien Chamoni et même notre hôtel et même notre bagnole avec les portes ouvertes... les portes ouvertes ?
Si Germaine ne boitait pas, je lui causerais du pays.

11H30: Germaine s'arrête sur un replat et décide qu'on est arrivés.
Un panneau annonce Plampraz, on peut aussi prononcer le Z sauf si on a les lèvres gercées. J'ai toujours les lèvres gercées et Germaine boîte.
Des gars nous dépassent en courant, ils disent que Germaine a chopé un agacin; il parait qu'on en attrape beaucoup dans le coin.

12H00: Sur mon smartphone je cherche agacin, Larousse me dit que c'est le bourgeon le plus bas d'une branche de vigne et qui ne donne pas de fruit.
Germaine avait besoin d'emmener une branche de vigne ?
Si l'agacin ne donne pas de fruit, "on" a également oublié les sandwiches dans la bagnole.

13H00: ça monte toujours – Larousse ou plutôt la fille rousse de l'office appelle ça du dénivelé – il parait que c'est normal en montagne sauf quand on redescend mais ça s'appelle quand même du dénivelé.
En montagne, on n'a pas besoin de s'encombrer de mots inutiles...

14H00: On aperçoit le sommet du Brévent, les Aiguilles Rouges qu'on nous a décrites ne sont pas rouges. C'est toujours pareil avec les filles rousses des offices de tourisme.
Par endroits ça monte en lacets sauf pour Germaine qui a viré les siens.

16H00: Agacé, je cherche encore agacin sur mon smartphone avant que la batterie ne soit naze: Google dit que c'est une maladie des pieds, une excroissance de chair, on dit echcroichanche quand on a les lèvres gercées.
Germaine ne dit rien, elle souffre de son excroissance en silence, c'est beau et puis 1525m de dénivelé ça vous enlève l'envie de parler.

15H00: Altitude 2525m et des cailloux.
On arrive ! La fille rousse de l'office ne s'était pas trompée sur l'horaire, à croire qu'elle était montée elle-même.
Je pousse un grand cri de victoire et Germaine joue du cor... au pied.
Les gars qui nous ont dépassé en courant trouvent qu'on fait beaucoup de bruit pour rien et que c'est pas l'Annapurna. On aimerait les voir avec des cors aux pieds et l'estomac dans les talons !

15H10: Justement on est devant le restaurant "Le panoramique".
On va devoir choisir entre payer 32,50€ pour redescendre en téléphérique ou une tartiflette à 25€.

15H15: On fait nos fonds de poches de sac à dos; "on" a oublié le fric à l'hôtel.

15H30: Germaine est un peu lourde sur mes épaules mais comme nous avait dit la fille rousse de l'office ça descend sur 1525m de dénivelé.
Germaine dit que sur mes épaules la vue sur le glacier est superbe et qu'on devrait arriver avant la nuit.
On passe sous le téléphérique, dans la petite boîte les gens nous font des signes mais ils ne peuvent rien faire pour nous, les riches !
20H30: On arrive à la bagnole, enfin... là où on avait laissé la bagnole

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire