lundi 15 janvier 2018

Le Pirée est derrière nous

Publié aux Impromptus Littéraires d'après le TRIPLE thème, excusez du peu !
- Échoué(e) sur une île déserte avec ma vache
- Faut pas plaisanter avec la fée Chocolat !
- J’en suis déjà à ma troisième vie




15 janvier 2018 - Quelque part en mer Egée


Ce matin, je crois bien avoir remporté une victoire; j'ai montré à Marguerite comment ramer. On ne peut pas dire qu'elle apprenne vite mais je préfère qu'elle me seconde sur ce radeau de fortune au lieu de ruminer sur son sort à longueur de temps.
Depuis notre départ précipité d'Athènes par le port du Pirée on a déjà dépassé Kea et Kithnos mais on a encore de la route jusqu'à Despotiko.
"Noyés de bleu sous le ciel grec un bateau, deux bateau, trois bateaux s'en vont chantant" chantait autrefois Dalida; j'aimerais la voir à notre place.
J'ai souvent entendu dire "le Pirée est derrière nous" et j'espère que c'est vrai
J'ai rencontré Marguerite il y a trois jours sur le grand marché d'Athènes; j'ai tout de suite été séduit par cette grande blonde métissée aux yeux de velours et par sa robe rouge foncé à ventre blanc.
C'est fou comme le monde est petit... elle est de Montbéliard et moi de Belfort !
Elle s'affichait à 800€. Chez nous on dit "dans le Doubs abstiens-toi" mais là on était à Athènes alors je l'ai marchandée – Marguerite n'aime pas quand je dis marchandée, elle trouve que ça fait pute – pour 50€, c'est tout ce que m'avait laissé Germaine en me quittant.
Faut dire que c'est Germaine qui avait voulu voir Athènes et on a vu Athènes jusqu'à ce qu'elle s'entiche d'un dieu de l'Olympe, un prénommé Nikos – belle gueule, gros biscotos et présentateur sur Omega TV – qui a aussitôt voulu me faire la peau et plus si affinités.
Si notre séjour était à prix dégriffé, Germaine n'avait pas perdu les siennes et elle avait alpagué son présentateur olympique dès notre arrivée au Royal Olympic Hôtel.
Parait que Nikos ça veut dire "celui qui mord" alors quand il m'a dit "Tha su pio to ema" (Google Translate traduit ça joliment par : Je vais boire ton sang) je n'ai pas demandé mon reste et je suis allé me faire voir ailleurs.
Ce pays est vraiment fantaisiste, ici toutes les femmes s'appellent hellène; ça doit pas être évident pour draguer.
J'avais conservé un dépliant touristique dans ma poche alors Marguerite et moi on n'a pas eu trop le choix... ça serait Despotiko, un îlot rocheux inhabité limite inhospitalier dans l'archipel des Cyclades; au moins on nous foutrait la paix et Germaine ne risquait pas de venir m'y chercher quand elle serait lassée de son grec buveur de sang !


Germaine avait meublé ma deuxième vie, si je compte celle que j'avais partagée avec Filou mon cochon d'Inde avant ce funeste barbecue, mais à 8 ans ça ne compte pas vraiment.
Dans cette deuxième vie je l'appelais amoureusement ma fée Chocolat, rapport au prix de Miss Chocolat qu'elle avait remporté au comice agricole de Fessenheim où on la connaissait plus sous le nom de L'excitée du Bas-Rhin.
Il fallait la voir défiler sous les sunlights dans son fourreau dégoulinant praliné-chocolat-menthe; tout le public s'était régalé et moi je la mangeais des yeux en attendant mieux.
Ce jour-là elle avait gagné son poids en ganache, un quintal de chocolat blanc que j'avais "aussi" eu du mal à faire rentrer dans la 4L.
J'ai jamais aimé le chocolat blanc malheureusement faut pas plaisanter avec la fée Chocolat; je me suis efforcé d'en grignoter du bout des dents pendant des semaines mais le coeur n'y était pas... et puis il y a eu Athènes et vous connaissez la suite...


Marguerite a l'air d'avoir assimilé la technique de la rame et je l'observe pagayer avec intérêt; à bord du radeau je ne veux pas de tire-au-flanc.
J'ai essayé de l'appeler Margharita pour faire couleur locale mais elle m'a envoyé promener, si tant est qu'on puisse se promener sur un radeau de fortune. "Pourquoi pas tequila, tant qu'tu y es ?" avait-elle mugi.
C'est vrai que depuis trois jours qu'elle ne bouffe que du plancton son lait a un arrière-goût de demi-sel – sans compter les flatulences – mais faut pas que je fasse la fine bouche... j’en suis déjà à ma troisième vie et je ne peux pas me permettre de la rater


2 commentaires:

  1. Le mystère reste complet en ce qui concerne Germaine...Toujours est-il qu'elle est la seule crédible parmi les protagonistes de ces péripéties et aventures rocambolesques ! Je percerai le mystère un jour...

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    1. Crédible ? L'excitée du Bas-Rhin n'a pas fini de nous faire tourner en bourrique

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