“Comme ça?”
“Non, surtout pas comme
ça”
“Alors plutôt comme
ça?”
“T'es sure que tu vas dans le bon
sens?”
Ouatelse s'affairait entre les jambes
serrées de Ouatson, relevant la tête par moments pour regarder l'horloge d'un air inquiet.
“Parce que, sniff, il y a un
sens?”
Ouatson soupira, cette position sur le
plancher était plutôt inconfortable et ça risquait de durer un moment.
“Y vous ont appris quoi à l'école de
police?”
Il y eut un bruit de tournevis, un juron
puis un clic bizarre.
“Je crois, sniff, que ça commence à
venir, sniff” dit-elle en s'accroupissant devant lui.
Ouatson aurait aimé voir l'horloge lui aussi
mais les liens serrés l'en empêchaient.
“Si on avait une, sniff, clé à
pipe, j'aurais fini depuis, sniff, longtemps” râla Ouatelse tout en glissant une main derrière le cou de Ouatson.
“Une clé à pipe? T'en as de bonnes! Ici
c'est mon bureau, pas un garage, figure-toi! Et si j'avais pu prévoir, j'aurais pris mes précautions”
Elle réussit à lui libérer le cou tout en
continuant de tirer sur les jambes.
“Vous êtes plusieurs pour faire ça?” essaya
de plaisanter Ouatson “ou bien tu as le don d'ubiquité?”
“Le don de quoi? En tout cas,
sniff, ce fichu cordon fait des kilomètres et y a des noeuds partout. Sniff, c'est un pervers qu'a fait ça, sniff!”
Ouatson était tout pâle et transpirait
abondamment.
“Le don d'ubiquité c'est quand on a
l'impression que quelqu'un se trouv...”
“T'es tout pâle, sniff, Ouatson!
T'as peur, sniff?”
“Non j'ai pas peur... enfin un peu quand
même. Y nous reste à peine cinq minutes”
“Tu sais la peur c'est relasniff relatif, un cutter, y faudrait un cutter”
Ouatson essaya de relativiser sa peur en
remerciant le ciel qu'elle n'ait pas trouvé de cutter!
Ouatelse s'acharnait de plus belle entre ses
jambes, le paquet était volumineux.
“Beau matériel, sniff...” dit-elle
en sifflotant “y en a qui se refusent rien, sniff”
“Ne me flatte pas” osa Ouatson “c'est pas
l'moment. Le boss doit plus être très loin”
“Je parlais du détonateur, sniff”
dit-elle entre ses dents.
Tout
lui revenait en mémoire, les planques,
les arrestations, les coups foireux, l'arrivée de Ouatelse dans
l'équipe, les coups de gueule de La Bavure et puis cette relation
naissante avec sa coéquipière. Il se rappelait avoir eu peur,
mais pas la même peur.
“Maint'nant qu'on en est là, j'peux te
demander quelque chose, poussin?”
Poussin releva la tête, échevelée et aussi
rouge qu'il était pâle.
“Demande toujours, sniff, à cet
instant, sniff, j'peux rien t'refuser”
“Tu pourrais arrêter de renifler, s'il te
plait?”
“Désolée Ouatson, ça m'fait toujours ça
quand j'ai la trouille, sniff. Passe-moi un kleenex”
L'horloge pointait presque dix
heures.
Ouatson se contorsionna et réussit à
extirper un mouchoir de sa poche.
“Yes! Yes! Sniff” hurla Ouatelse en
se redressant d'un bond.
“Oh, c'est juste un kleenex” répondit
Ouatson.
“Voilà le travail!” criait Ouatelse en
brandissant le paquet volumineux relié au cordon qui saucissonnait Ouatson.
Abasourdi, il réussit enfin à s'asseoir,
contemplant tour à tour son pantalon déchiré et l'objet menaçant que Ouatelse tenait comme un trophée.
“Qui c'est l'experte, sniff... qui
c'est l'experte?” fanfaronna-t-elle en lui tapant sur le ventre.
Ouatson allait lui répondre quand la porte
s'ouvrit brusquement sur l'inspecteur La Bavure.
“Qu'est-ce que c'est que tout ce bordel?
Relevez-vous tous les deux et rangez moi ce foutoir avant que je vous foute un rapport au cul!!”
Ouatelse se moucha bruyamment et remis de
l'ordre dans son chignon défait.
“Euh... c'est pas c'que vous croyez, Chef”
bredouilla Ouatson.
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