mercredi 5 décembre 2012

ça urge

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“Comme ça?”
“Non, surtout pas comme ça”
“Alors plutôt comme ça?”
“T'es sure que tu vas dans le bon sens?”
Ouatelse s'affairait entre les jambes serrées de Ouatson, relevant la tête par moments pour regarder l'horloge d'un air inquiet.
“Parce que, sniff, il y a un sens?”
Ouatson soupira, cette position sur le plancher était plutôt inconfortable et ça risquait de durer un moment.
“Y vous ont appris quoi à l'école de police?”
Il y eut un bruit de tournevis, un juron puis un clic bizarre.
“Je crois, sniff, que ça commence à venir, sniff” dit-elle en s'accroupissant devant lui.

Ouatson aurait aimé voir l'horloge lui aussi mais les liens serrés l'en empêchaient.
“Si on avait une, sniff, clé à pipe, j'aurais fini depuis, sniff, longtemps” râla Ouatelse tout en glissant une main derrière le cou de Ouatson.
“Une clé à pipe? T'en as de bonnes! Ici c'est mon bureau, pas un garage, figure-toi! Et si j'avais pu prévoir, j'aurais pris mes précautions”
Elle réussit à lui libérer le cou tout en continuant de tirer sur les jambes.
“Vous êtes plusieurs pour faire ça?” essaya de plaisanter Ouatson “ou bien tu as le don d'ubiquité?”
“Le don de quoi? En tout cas, sniff, ce fichu cordon fait des kilomètres et y a des noeuds partout. Sniff, c'est un pervers qu'a fait ça, sniff!”
Ouatson était tout pâle et transpirait abondamment.
“Le don d'ubiquité c'est quand on a l'impression que quelqu'un se trouv...”
“T'es tout pâle, sniff, Ouatson! T'as peur, sniff?”
“Non j'ai pas peur... enfin un peu quand même. Y nous reste à peine cinq minutes”
“Tu sais la peur c'est relasniff relatif, un cutter, y faudrait un cutter”
Ouatson essaya de relativiser sa peur en remerciant le ciel qu'elle n'ait pas trouvé de cutter!

Ouatelse s'acharnait de plus belle entre ses jambes, le paquet était volumineux.
“Beau matériel, sniff...” dit-elle en sifflotant “y en a qui se refusent rien, sniff
“Ne me flatte pas” osa Ouatson “c'est pas l'moment. Le boss doit plus être très loin”
“Je parlais du détonateur, sniff” dit-elle entre ses dents.
Tout lui revenait en mémoire, les planques, les arrestations, les coups foireux, l'arrivée de Ouatelse dans l'équipe, les coups de gueule de La Bavure et puis cette relation naissante avec sa coéquipière. Il se rappelait avoir eu peur, mais pas la même peur.
“Maint'nant qu'on en est là, j'peux te demander quelque chose, poussin?”
Poussin releva la tête, échevelée et aussi rouge qu'il était pâle.
“Demande toujours, sniff, à cet instant, sniff, j'peux rien t'refuser”
“Tu pourrais arrêter de renifler, s'il te plait?”
“Désolée Ouatson, ça m'fait toujours ça quand j'ai la trouille, sniff. Passe-moi un kleenex”
L'horloge pointait presque dix heures.

Ouatson se contorsionna et réussit à extirper un mouchoir de sa poche.
“Yes! Yes! Sniff” hurla Ouatelse en se redressant d'un bond.
“Oh, c'est juste un kleenex” répondit Ouatson.
“Voilà le travail!” criait Ouatelse en brandissant le paquet volumineux relié au cordon qui saucissonnait Ouatson.
Abasourdi, il réussit enfin à s'asseoir, contemplant tour à tour son pantalon déchiré et l'objet menaçant que Ouatelse tenait comme un trophée.
“Qui c'est l'experte, sniff... qui c'est l'experte?” fanfaronna-t-elle en lui tapant sur le ventre.
Ouatson allait lui répondre quand la porte s'ouvrit brusquement sur l'inspecteur La Bavure.
“Qu'est-ce que c'est que tout ce bordel? Relevez-vous tous les deux et rangez moi ce foutoir avant que je vous foute un rapport au cul!!”
Ouatelse se moucha bruyamment et remis de l'ordre dans son chignon défait.
“Euh... c'est pas c'que vous croyez, Chef” bredouilla Ouatson.  
 

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