vendredi 27 mars 2020

Chez Moïse le Roi de la tablette

Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration



-Bienvenue chez Moïse le Roi de la tablette. Qu'est-ce qui vous amène ma p'tite dame ?
-C'est un 39
-Un 39 ? J'crois pas en avoir encore vu depuis que j'exerce !
-Je l'ai pris parce qu'ils ont supprimé le 28
-Le 28 pouces est supprimé ? Ça change tout l'temps
-Euh … quel pouce ? Le 39 c'est le bus qui mène à votre rue de Taïwan depuis chez moi
-Excusez-moi, je confonds parfois les bus malgré qu'on soit les Rois de la tablette de père en fils depuis 1802
-1802 ? On faisait déjà des tablettes à l'époque du télégraphe ?
-Oui, enfin des modèles basiques, bien plus lourds, gravés dans le marbre. Revenons à votre problème
-C'est ce machin qui perd des lettres depuis trois semaines
-Je vois … vous avez un antivirus ? McAfee ? Bitdefender ? Pandi-Panda ?
-Euh … non mais on dit que les chercheurs du monde entier sont sur le coup
-Comment ça ? Vous n'avez aucune protection ?
-Je lave le machin tous les matins au gel hydroalcoolique et puis mon mari dit qu'il change le masque de sous-réseau à chaque connexion … rapport aux chinois qui espionnent tout
-Dites moi, elle a pas l'air très rapide
-C'est vrai, mon mari dit que c'est la mémoire qui rame
-C'est normal pour une RAM … Hi Hi Excusez-moi ça m'échappe toujours
-Mon mari me la sort aussi
-Hum … et il en a d'autres comme ça ?
-Des histoires de mégabite, de professeur androïde, que sais-je … ça me fait pas rire. J'ai déjà assez de mal avec le bouton du micro-ondes
-Bien … vous fermez bien toutes les fenêtres avant de l'éteindre le soir ?
-Oh avec ce qui se passe dans le monde en ce moment j'aère dix minutes le matin et c'est déjà risqué
-Bien … y'a longtemps que vous avez vidé la corbeille ?
-C'est mon mari qui le fait chaque mercredi, c'est le jour des poubelles
-Bien … et ces lettres perdues, ce sont lesquelles précisément ?
-Oh tout ça c'est de l'hébreu pour moi
-ça tombe bien, chez Moïse le Roi de la tablette on est habitués. Vous allez me laisser ça jusqu'à la fin du confinement … je vous demande juste deux cent sesterces … pardon deux cent euros d'acompte sur mes honoraires
-Vous êtes chargés en ce moment ?
-Non madame, on ne mange pas de ce pain là chez Moïse !
-Pardon ...
-J'ignore ce que fabriquent les gens avec leurs tablettes … une vraie épidémie. Cette mondialisation, ça n'a rien de bon.


mardi 24 mars 2020

Brèves du 24-03-2020


(Parce que la vie est trop courte)




Le Japon demande de reporter les JO d'un an
ça va nous faire un sacré décalage horaire



La république tchèque a soustrait 680 000 masques destinés à l'Italie
On ne laisse pas un tchèque sans provisions 



Violences intra-familiales : la vente d'alcool interdite dans le département de l'Aisne
Combien s'en lavent les mains ...

dimanche 22 mars 2020

Brèves du 22-03-2020


(Aujourd'hui la vie est trop courte)



Aux Etats-Unis des armureries voudraient être considérées comme des commerces essentiels
Y aurait donc pas assez de pruneaux pour tous ?



L'obligation de désinfecter les transports en commun est inscrite dans la loi
Le bunga bunga fait-il partie des transports en commun ?



Coronavirus : Des détenus contaminés par un médecin mis en confinement
un double confinement pour les détenus

samedi 21 mars 2020

La Seguin

Publié au Défi du Samedi sur le thème : Parturiente



« Ca y est, celle du Seguin a mis bas cette nuit, depuis l'temps qu'elle traînait son gros bide dans l'quartier»
«C'est donc elle qui bêlait comme ça dans l'immeuble ? J'me suis demandé c'que c'était que c'bordel à point d'heure ! »
«Ah bon ? Elle a pourtant accouché par voie basse ... »
« A voix basse ? T'en as d'bonnes ! On a mis deux heures à s'rendormir avec la Germaine. Tu sais que c'est pas simple pour la rendormir, enfin non tu peux pas savoir»
« J'te répète que c'était par voie basse. Le véto est pas équipé pour les césariennes»
« Lever tôt. Lever tôt ! Pour sûr, il était cinq heures du mat avec c't'affaire »
« Oh c'est pas tous les quatre matins non plus. Et pis elle était à terme, faut bien qu'la nature fasse son oeuvre»
« Pour sûr qu'elle était à terme ! Neuf mois ! Elle était devenue grincheuse, irritable et j'te parle pas de la taille des mamelles, elle rentrait plus dans l'ascenseur »
« Neuf mois c'est du jamais vu chez les ovins … et qu'est-ce qu'elle foutait dans l'ascenseur ? »
« C'est bien normal dans son état quand on crèche au sixième ! »
« Au sixième ? La chèvre du père Seguin crèche au sixième, maint'nant ? »
«Tu l'appelles la chèvre, toi ? Nous dans l'immeuble on l'appelle la Marie-couche-toi-là»
« Chez moi, tout c'qui a une barbichette, des grands yeux doux et des sabots noirs et luisants ça s'appelle une chèvre »
« J'avais bien remarqué ses loup-bouquetins mais pas sa barbichette. Pourtant j'la croise tous les soirs dans l'ascenseur »
« Tous les soirs dans l'ascenseur ? Alors on doit pas parler de la même chèvre parce que celle du Seguin elle est au pré dès l'aube»
« La Marie-couche-toi-là que j'te parle elle arpente la Grand'rue mais pas avant vingt deux heures »
« Ah ? C'est sûr que c'est pas la même … en tout cas la tienne elle doit pas brouter grand chose dans la Grand'rue »
« Oh que si ! Pour brouter, elle broute de bon coeur, crois-moi … enfin c'est c'qu'on m'a raconté»
« Et elle a pas peur du loup en broutant la nuit ? »
« Le loup, y'a belle heurette qu'il lui fait plus peur ! »
« Ben faudra qu'j'en cause au Seguin qu'a perdu sa Blanquette dans la montagne y'a pas si longtemps. C'est quelle race ta Marikouchtwala
? »
« Euh … c'est un blaze de l'Est, une russkov ou une ukrainienne, enfin c'est pas d'chez nous»
« Pour sûr, c'est pas une corse si elle bosse jusqu'à point d'heure. Alors le biquet, y vont lui donner un nom slave ? »
«Un nom slave … tu veux dire un nom propre. Cette année faut qu'ça commence par un 'R'»
« P't'être Rudolf ou Raspoutine ? »
« C'est pas not' problème »
«T'as raison et pis Raspoutine Seguin, ça ferait bizarre, non ? »
« Ceux du sixième y s'appellent pas Seguin »
« Ah bon ? Alors on parle pas d'la même chose»



samedi 14 mars 2020

Chez Laurent

Publié au Défi du Samedi sur le thème de l'orant (priant)



Dégoûté de n'avoir rien trouvé j'ai poussé la porte de cette échoppe qui ne m'avait pourtant rien fait ; l'enseigne indiquait tout simplement Chez Laurent.
Ça faisait bien cinq jours que je cherchais des orants pour ce fichu Défi du Samedi !

« Bonjour, vous n'auriez pas des orants par hasard ? »
Le type s'est agenouillé les mains jointes et j'ai failli repartir; ou ce gars était mime ou bien il était fou …
« J'dois en avoir quelques uns là-dessous » a t-il dit en ouvrant un tiroir aussi bas que poussiéreux.
Il avait dit ça avec un accent maghrébin ou berbère alors j'ai demandé : « Vous êtes d'où ? »
« Je suis des hauts d'Oran » a t-il répondu en se relevant fièrement « vous connaissez ? »
Je ne connaissais pas et il n'y avait pas lieu d'en être fier alors j'ai juste répondu : « C'est donc ça le relent dans votre échoppe ? »
«Un relent ? » a t-il dit «ça doit être à cause de ces vieilleries que je garde mais je ne suis pas fâché d'avoir un client, Monsieur comment ?»
« Monsieur Laurent » ai-je répondu sans réfléchir.
« Ah … vous aussi » a t-il remarqué.

Le premier orant qu'il m'a montré était un orant dévot qu'il appelait « Le dévorant » car selon la légende inscrite dessous il dévorait du beurre de missel.
Pas sûr qu'ils apprécieraient la vanne au Défi du Samedi.
« Vous avez autre chose ? »ai-je demandé.
Il a sorti un orant très différent, éthéré, un orant du genre oxygéné. «Celui-ci on l'appelle le Décolle-orant » a t-il dit fièrement.
Je trouvai qu'il n'y avait pas lieu d'en être fier.
« Autre chose ? »ai-je insisté.
Il en a sorti deux autres … un orant inculte qu'il appelait « L'ignorant » aux antipodes du suivant, un orant éduqué qu'il appelait « L'édulcorant ».
Je n'était pas très emballé et puis il y avait ce relent qui ne donnait pas envie de relever ce Défi.

« Attendez » s'est-il exclamé en raclant le fond du tiroir «il me reste ce vieil orant voûté – façon chapelle sixtine ou seventeen – comme s'il souffrait de rachialgie dorsale et qu'on appelle le Mal au dorant»
« Mal o do rant » ai-je ânonné à la limite de l'évanouissement.

Il me confia que pour le soulager on l'avait perfusé et rebaptisé « Le perforant ».
Le perfuseur était parait-il un orant rebouteux qu'on appelait « Le revigorant ».

Comme j'hésitais entre tous ces orants il me supplia en m'implorant de prendre le lot.
« C'est une bonne affaire » gémit-il « et puis ça débarrasse »
« Vous prenez la carte bleue ? » ai-je demandé sans conviction.
« Je prends tout » répondit-il ravi et il ajouta avec un petit rire «j'accepte même les cheik-reste-orant ».
Ils allaient se marrer au Défi du Samedi en apprenant que j'avais réglé ces machins avec des vieux tickets de la Sodexo !
Comme je repoussais la porte de cette échoppe qui ne m'avait pourtant rien fait, le type me rattrapa : »Prenez ça aussi, ça me fait plaisir ».
« Qu'est-ce que c'est ? » dis-je en prenant l'objet.
Le type avait l'air possédé : « C'est une statuette de vierge Orante, un authentique vestige de l'Acropole d'Athènes qui chante l'Ave Maria quand on la retourne »
Je retournai la statuette en plastique d'un joli vert fluo et je pus lire son épigraphe « Made in Taïwan ».
Ça s'est mis à nasiller : « Ave Maria … Oh mother hear a suppliant child »
Ça ne chantait même pas en latin. J'ai pris mes jambes à mon cou.
Voilà






mercredi 11 mars 2020

Brèves du 11-03-2020


(Plus longues... c'est chiant)




Une influenceuse devient aveugle après s'être fait tatouer le blanc des yeux
Il ne lui reste pas grand chose pour pleurer



Coronavirus : Les bourses sont en berne
en Suisse aussi ?



Coronavirus : La classique cycliste Milan San Remo reportée
Milan sans Remo c'est plus Milan

lundi 9 mars 2020

Brèves du 09-03-2020


(Plus longues... c'est chiant)




Rachida Dati contrainte de revoir la taille de son meeting avec Sarkozy
Il n'est pourtant pas si grand que ça



La Seine est en crue, Paris prend des mesures
la profondeur par exemple ?



Coronavirus : Nicolas Dupont-Aignan dénonce l'amateurisme de l'Etat tout en mettant son masque à l'envers
Question de bon-sens

jeudi 5 mars 2020

Brèves du 05-03-2020


(Plus longues... c'est chiant)




Coronavirus : Les français s'arrachent le nouveau masque
C'est pas une bonne idée


Aux Etats-Unis, une fillette de 6 ans arrêtée et menottée par la police
Après les menottes, pourquoi pas les petons ?


Un TGV Strasbourg-Paris déraille
Comme disait Coluche : le pluriel de train c'est des rails ...

mardi 3 mars 2020

Quand j'serai grand

Publié sur le site MilEtUne




Je referme ce livre qui somnolait au grenier depuis des lustres, des lustres aussi poussiéreux que ce chemin qui poudroie, cette herbe qui verdoie et ce canasson qui merdoie.
Marre de cette ferraille qui m'encombre et de cette souillon qui pleurniche accrochée à moi …

Dis Bébert, tu f'ras quoi quand tu s'ras grand?”
Bébert me regarde avec le regard bovin qui caractérise les beusenots, comme si je débarquais de Mars avec une énigme pour cul-terreux (chez nous on dit pas terrien mais cul-terreux).
Un long moment plus tard, sa réponse arrive: “Quand j'serai grand, j'voudrais être petit”
J'hésite à adopter le même regard bovin mais je préfère de loin celui du père Fouras dans Fort Boyard quand il balance la clé à la flotte devant un candidat perplexe qui ignore que “Ce légume cultivé, n'est dans le sang pas apprécié”... c'est un navet !
Alors je prends ce regard-là pour lui répondre: “Mais t'es encore petit”.

Bébert accuse le coup mais il est buté, du genre gros beu – chez moi on dit beu et pas boeuf – et ça va très bien avec son regard.
Sa réponse me surprend :”J'voudrais être encore plus p'tit”.
Plus p'tit que t'es maint'nant? Vindiou! C'est guère possible”
Non... juste plus p'tit qu'les moins grands”
Mais on finit tous par être grands, mon vieux”
Bébert se brusque :”Me traite pas d'vieux, s'te plait”

Il semble réfléchir en ruminant un morceau de Malabar précieusement conservé de la veille au fond d'une poche et dit gravement: “Les grands ça grandit avec des problèmes... et les problèmes, j'en veux pas”
Je n'ai pas grand chose à redire à ça alors j'ajoute sans trop y croire :”Les grands ça a aussi des souvenirs de quand y z'étaient p'tits pour les aider à vivre leur vie de grand”
J'ai pas envie d'avoir des souvenirs” lâche Bébert en même temps que son morceau de Malabar.
Une idée me vient – oui, ça m'arrive – “Regarde, ton morceau de Malabar c'est qu'un souvenir de Malabar mais tu viens pourtant d'le mâchouiller”
C'est pas faux” concède Bébert.
Et t'as trouvé ça bon, hein Bébert?”
Euh... Ouais, enfin ça manquait un peu d'goût”
Je lui souris :”Et ben mon vieux, les souvenirs c'est pareil qu'un morceau de vieux Malabar qu'aurait moins d'goût mais tu les rumines quand même”

Bébert accuse le coup mais il est buté, du genre gros beu mais ça je l'ai déjà dit.
Tu m'jures que les souvenirs c'est pas plus dégueu que des bouts de Malabar?”
Je prends un ton solennel :”J'te l'jure, Bébert”
Comme tous les beusenots il n'a pas l'air d'y croire tout à fait :”Tu l'jures sur quoi?”
Pour jurer, j'ai du choix parmi les têtes de tous ceux que je déteste :”J'te l'jure sur la tête du père Martenot”
L'père Martenot ? Mais ça fait un bail qu'il est mort !”
Ouais, on peut oublier, tout peut s'oublier, qui s'enfuit déjà disait un poète dont j'ai oublié le nom :”Bon ben disons sa veuve alors ?”
La mère Martenot ? Y'a longtemps qu'elle a plus sa tête, alors comment tu pourrais jurer dessus ?”
Le beusenot commence à me gonfler :”Dans la famille Martenot, je choisis la fille et me fait plus chier, Bébert”
Bébert devient tout rouge et m'attrape par le colback – si j'avais su j'aurais gardé ma cuirasse – il a vraiment l'air d'un gros beu :”Tu peux pas faire ça. J'ai des... comment dire ça.... des souvenirs avec la Solange Martenot”

Bon ça va... je retire ça, Bébert. Tu veux bien m'lâcher ?”
Le beusenot me lâche. Faut vraiment qu'je fasse gaffe avec lui, d'autant qu'il va grandir.
Qu'est-ce que j'ai été nul moi aussi d'lui demander ce qu'y f'ra quand y s'ra grand.
Il est temps de conclure :”Tu vois Bébert, comme avec la Solange les souvenirs c'est précieux et plus tu grandis plus t'en collectionnes”.
Le regard bovin s'illumine :”Et alors ?”
Alors... rien, Bébert” dis-je en ouvrant de nouveau ce livre qui poudroie plein de canassons qui merdoient et de souillons qui pleuroient dans votre dos.
Plus tard je veux une grosse voiture qui pollue pas et aussi une meuf qui pleurniche pas.