mercredi 30 janvier 2019

Brèves du 30-01-2019


(Plus longues... c'est chiant)




Il paie sa Playstation 9 euros en la pesant au rayon fruits et légumes
Peut-on payer une souris sans fil en la pesant au rayon animalerie ?



Vatican: démission d'un responsable accusé de harceler une religieuse dans un confessionnal
Confessionnal : ascenseur vers le 7ème ciel



Mexique: nouvelle explosion d'un oléoduc suite à une tentative de pillage
Voilà où mène le prélèvement à la source

lundi 28 janvier 2019

Le dernier visiteur (Suite)



On me mène à l'abbesse, Compiègne qui pourra
une grosse Hildegarde accourt à la saignée
elle a les bras fourchus qu'ont les singes-araignée
et la barbe hérissée, touffue, du père Fouras

Experte en lavements, en sangsues et ventouses
callipyge lestée d'un cul-de-basse-fosse
elle arrache aussitôt mes maigres haut-de-chausses
tant pis, ces pantalons faisaient un peu tantouze

Sa quenouille est pointue, grosse comme hallebarde
Sont-ce mes quatre humeurs qui puirent la merdasse ?
Je vire mon fessard , tombe de la paillasse ...

Je dormais au musée, ronflant comme un sonneur
couvrant les causeries d'un Jacquouille en fureur.
Frénégonde encadrée me sourit, goguenarde

dimanche 27 janvier 2019

Brèves du 27-01-2019


(Plus longues... c'est chiant)




Lu dans le Figaro : Annick Girardin, ministre des Outre-Maire
Les Outre-Maire ce sont des maires outrés ?


Aude : Une sinistrée reçoit un PV de stationnement pour sa voiture détruite par les inondations
Ca, c'est la goutte d'eau …


Le Mans : Rezida, réfugiée tchétchène ouvre un restaurant
Spécialités du Caucase, là où elle résida

samedi 26 janvier 2019

J'ai prêté l'oreille

Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration



Je faisais tranquillement la sieste quand en prêtant l'oreille j'ai cru entendre un violon.
Ça jouait faux.
Je récupère mon oreille car prêter ça n'est pas donner et puis c'est mon oreille.
Ça joue toujours mais moins faux ou alors c'est moi qui m'habitue.
L'habitude c'est la pire des choses pour un mélomane comme moi ; ça finit par vous faire apprécier le moindre crincrin tzigane.
Le violon c'est surfait. C'est fou ce qu'on peut raconter comme sottises à propos du frottement d'une queue de cheval sur des boyaux de chat.
Je n'ai pas de cheval mais j'ai des chats qui respectent ma sieste et c'est très bien ainsi pour l'harmonie de la famille.
Cette tranquillité me coûte une gamelle de croquettes automate (aux tomates, c'est kif-kif) mais je doute que celui ou celle qui joue du violon se contentera de mes Friskies !
Je prête à nouveau une oreille, l'autre oreille ; il ne faudrait pas que ça devienne une habitude.
Ça ne joue plus faux du tout, ça doit être mon oreille car quelqu'un qui jouer faux joue inlassablement faux.
Parait qu'il existe des sourdines d'appartement pour épargner les voisins.
Les chats ont levé la tête, je les rassure : à aucun moment je n'ai parlé de sardines d'appartement !
J'ai fini par reconnaître les Quatre saisons de Vivaldi et à en croire les trémolos, ça ne peut être que l'hiver.
Heureusement qu'il n'existe que quatre saisons et que c'est le dernier concerto : Mouvement N°1- Allegro non molto
« Courir, taper des pieds à tout moment
Et, dans l'excessive froidure, claquer des dents »
Si j'entends ce violoneux taper des pieds, j'écris au syndic !! On n'est pas chez les Cajuns.
Je prête l'oreille mais c'est la dernière fois, je veux bien être gentil.
Ça s'énerve derrière la mince cloison de notre grand clapier, ça joue Largo « La pluie, dehors, verse à torrents ».
Ça vient de la gauche et ça ne peut être que cette pimbêche qui minaude chaque matin dans l'ascenseur.
Elle n'a vraiment pas une tête à jouer du violon, enfin … c'est quoi une tête à jouer du violon ? Elle a plutôt une tête de vegan, euh … c'est quoi une tête vegan ?
Ça s'arrête et ça rouspète ; elle a dû péter un boyau de son chat... j'exagère bien sûr, jamais le chat n'a refilé ses tripes aux violoneux ; de tout temps on a utilisé l'intestin de mouton.
Je n'aime pas le mouton et mes chats non plus.
Est-ce que cette vegan sait seulement qu'elle frotte de l'intestin de mouton avec sa queue de cheval ?
Si elle minaudait moins dans l'ascenseur je pourrais lui en toucher deux mots.
Je vais essayer de me rendormir sur mes deux oreilles à la fois … pas facile

Léon, tu feras Roméo

Publié au Défi du Samedi sur le thème du Protagoniste





« Montaigu, tu feras Roméo » m'avait annoncé la maîtresse de cette classe de CM2 où je végétais depuis trop longtemps.
Comme je boudais du boudin au dernier rang près du poêle à bois, elle enfonça le clou en m'avouant qu'elle m'avait élu protagoniste de cette scénette de fin d'année à cause de mon patronyme et non pas pour mes aptitudes théâtrales.
A cet instant j'aurais préféré que mon géniteur s'appelle Duchmol mais tel était mon destin.
Bébert – un fayot du premier rang – m'avait soufflé que protagoniste était un mot d'origine grecque et moi, les grecs je m'en méfiais comme de la varicelle et de la règle de trois.
Personne ne m'obligera à raconter par le menu cet humiliant épisode de ma courte vie scolaire, ni le laborieux apprentissage de mon texte, ni l'essayage des costumes, ni le cafouillage des répétitions, ni la chute … je préfère l'évoquer poétiquement, si tant est qu'un incident technique puisse être poétique.
Avant de vous offrir mes vers je voudrais dire à la chaude Fatou que si par hasard elle lit un jour ce poème, qu'elle sache que je ne l'ai jamais oubliée.

Moi Léon Montaigu, moulé de bleu, obscène
et Fatou Capulet de pourpre fagotée
avions été poussés à jouer cette scène
devant tous les parents à la fête d'été.
 
Elle portait si bien ces ailes de l'amour
qu'on avait découpées dans du polystyrène,
je n'étais qu'un puceau, imberbe troubadour
j'étais le taurillon que l'on mène aux arènes.
 
Je bredouillai mes mots tout à la queuleuleu
que personne n'ouïssait, la main en chasse-mouches.
« Oh! gentil Roméo, si tu m'aimes, dis-le »
explosa t elle enfin en me prenant la bouche.
 
Au décor du jardin je crois avoir buté
je me suis accroché aux ailes entoilées,
contre moi je sentais deux nichons effrontés
qui frémissaient autant que mon coeur ébranlé.
 
« L'amour c'est la fumée qu'exhalent les soupirs »
avait affabulé le singulier Shakespeare,
celle qui m'asphyxiait montait d'un projecteur
j'ai failli déclamer: »Avançez l'extincteur ! »
 
Dans mon collant roussi, je gagnai la coulisse
Juliette riait, saluant, shakespearienne.
Ce jour jusqu'à la lie, j'avais bu le calice
mais je n'oublierai pas ses lèvres sur les miennes.

mardi 22 janvier 2019

Le dernier visiteur

Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème : Vie de château




L'huis s'était refermé sur le gardien pressé
je me trouvai piégé sur le chemin de ronde
où flottait le parfum de dame Frénégonde
que jadis en mon rêve j'avais délaissée

J'étais de Pierrefonds le dernier visiteur
je cherchai prestement le lieu de la mangeaille
à moi poularde grasse et grande boustifaille
quand j'entendis soudain crier au malfaiteur

Sans respit on m'estrille on m'occit, me pourfend
on m'arrache mes braies, me jette aux oubliettes
le beau conte de fées tourne en eau de couillette

La forêt de Compiègne sera mon caveau
Mortecouille ! J'entends des Sauvé, des Bravo
Jacquouille le gardien m'arrache, triomphant

samedi 19 janvier 2019

L'ours et la poupée


Publié au Défi Du Samedi sur le thème de l'ourson




Zoo de Vincennes
Quartier des Ursus Linnaeus
Deux soigneurs papotent …

« Qu'est ce qu'elle a aujourd'hui, Boucle d'Or ? Elle est mal léchée ?»
«Tu sais, c'est toujours comme ça quand elle a ses ours »
« Je la comprends... tant que son mâle sera fidèle, monogame et bisannuel dans ses devoirs conjugaux, madame n'aura qu'à se brosser le reste du temps ! »
« … ou aller se faire reluire ailleurs comme Frisquette l'ourse à lunettes »
« Ah celle-là, faut pas lui en promettre, elle se tape les deux pôles »
« Normal, elle est bipolaire. Y a des jours où elle vendrait sa peau et d'autres où elle la défend chèrement »
« Ah ? Ça existe les ours bipolaires ? »
« Ouais, on a l'habitude de dire que les ours se suivent et se ressemblent pas »
« Tant mieux, ça serait chiant pour eux et pour nous aussi»

« Tiens, pour passer l'temps j'te raconte une blague : Tu sais que Fernand Raynaud habitait avec un ours ? »
« Euh... sans blague ?»
« Justement c'est ça la blague... Y z'habitaient au 22 à tanière ! »
« Ah bon ? Et y z'y habitent plus ? »
« Y sont morts, pauv' pomme »
« C'est pas drôle »
« Allez ! J't'en raconte une autre : tu sais qu'les oursons naissent édentés, aveugles et chauves »
« Ouais, tout l'monde sait ça, du moins ceux qu'ont vu l'ourson »
« Et ben, tu sais pas comment y s'consolent d'être édentés, aveugles et chauves ? »
« Non, dis toujours »
« Toujours ! »
« Non, dis la blague»
« Et ben y s'consolent en s'amusant avec des enfants en peluche »
« Pas mal. J't'en raconte une à mon tour : Tu sais qu'à sa création, l'ours a été à deux doigts d'être onguligrade ? »
« Ah bon ? C'est pas drôle»
«Dans l'genre pas drôle, tu sais c'qu'on dit du directeur du zoo ?»
« Non »
« On dit qu'il est avare... paraîtrait qu'il a des oursons dans les poches »
« ça c'est dégueulasse, et y a personne pour le dénoncer pour mauvais traitements ? J'vais écrire à Brigitte Bardot, moi»
« Laisse tomber, j'me rappelle d'elle en 71 dans l'Ours et la poupée, elle était comme l'ours»
« Elle était comment ?»
« A poil! Tiens ! Justement, regarde-là la Frisquette... ah elle s'emmerde pas ! »
« Faudra qu'on lui supprime le miel au gingembre ... »






mardi 15 janvier 2019

Les bras de Morphée

Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème des Mauvaises résolutions



Au douzième coup de minuit à l'instant où Patrick Sébastien – parvenu à l'ultime seconde de son ultime réveillon sur la 2 – embrasse Elodie Gossuin qui embrasse Sophie Thalmann qui étreint Hélène Ségara, ma Germaine émoustillée par ce spectacle me saute sur le poil pour me rouler une de ces galoches dont elle a le secret, une soupe de langue enflammée qu'un trop plein de champagne n'a pas réussi à éteindre !
Sous son gilet jaune – mon tout dernier cadeau de Noël – elle ne porte rien qu'un gros cœur qui palpite aux premières minutes de 2019 et je me laisse entraîner vers le canapé où, choucroute en bataille à la Bardot et gilet débordant d'amour, elle se met à bramer le sempiternel : »Bonne année mon poussin ! »
Poussin acquiesce, poussin accuse réception et – la bouche encore pleine de ce traîneau glacé au chocolat noir et éclats de noisette conçu par Picard, le roi du dessert, pas le skieur médaillé – poussin renvoie l'ascenseur en tripotant les boutons à portée de main.
Mais un autre brame interrompt ce jeu de vilain, un brame tonitruant, caverneux avec cette pointe d'accent lapon que j'ai appris à reconnaître et qui ne trompe pas.

Je l'avais déjà oublié celui qui squatte notre maison au prétexte qu'il fait trop froid au garage, Rudolph le caribou en chef de mon cadeau de Noël dont je vous ai parlé la semaine dernière et qu'on n'a pu se résoudre à euthanasier.
Il faut préciser que ses huit congénères sont désormais au zoo de Vincennes, que le vieux traîneau commence une seconde vie en porte-géraniums au milieu du jardin et que Rudolph dort toutes les nuits sur le canapé avec obligation d'éteindre ce feu rouge qui lui sert de nez.
Poussin – c'est moi – s'extrait des bras de Germaine pour traîner Rudolph au garage.
Pas facile de traîner par les rênes un renne entraîné lui-même à traîner un traîneau … bref, j'éconduis le cervidé et je rejoins bien vite ma moitié qui occupe amplement sa moitié de sofa.
Minuit c'est avant tout l'heure où Germaine s'endort et j'ai toutes les peines du monde à la maintenir à flot pour sacrifier à cette coutume occidentale qu'on n'a jamais négligée en quinze ans de mariage : l'échange des résolutions.
« F'est quoi, ta nouvelle révolution pour deux mille dive neuf, ma férie? »
Les éclats de noisette de Monsieur Picard n'ont pas facilité la formulation mais dans l'oeil ranimé de Germaine, un éclat particulier me confirme que mon message a atteint son ravissant encéphale.

Prendre du recul, esquiver une seconde galoche incendiaire, c'est tout ce qui m'importe ; je veux connaître sa décision, celle qu'elle a mûrement échafaudée, votée en tête à tête avec elle-même en son âme et conscience et qu'elle appliquera avec opiniâtreté jusqu'au douzième coup de minuit de 2019 si tout va bien.
D'année en année elle sait ce qu'elle veut ma Germaine et aussi ce qu'elle ne veut pas … perdre un tout petit peu de poids, trouver le numéro de téléphone d'Oncle Hubert, ne plus retourner chez Picard … euh, là c'est raté !
« Ve t'écoute, ma férie» insiste-je – j'ai failli dire Ma furie – lové en position défensive à l'autre extrémité du canapé de Rudolph.
« Je vais m'écouter » me lance t-elle fièrement.
« Euh... f'est tout ? »
« J'en ai marre de t'écouter, d'écouter les autres, cette année je vais écouter mon corps et rien que mon corps ! »
« Et qu'est-fe qu'il a à raconter ton corps qu'il ne m'ait déjà dit ? »
« Vois-tu, l'an dernier j'ai écouté avec attention tes histoires de collègues de travail, j'ai écouté les potins du voisinage, les blagues de Bigard et j'ai même écouté ta mère donc cette année j'écoute mon dos, mes épaules, ma poitrine, mes fesses, mon bassin, tout ce qui est moi, mon corps quoi ! »
« Euh... et à l'inftant fur fe canapé qui empefte le caribou, il raconte quoi ton corps ? »
Tout de jaune corsetée, ma royale échevelée, ma Germaine résolument résolue se lève et se caresse : »Mon corps me dit d'aller retrouver les bras de Morphée »
Pour ceux qui l'ignorent, Morphée est un jeune blanc bec à poil tenant un miroir dans une main et des pavots soporifiques dans l'autre … alors si ce type possède d'autres bras je ne vois pas comment je pourrais reprendre l'avantage.
Germaine se dirige en titubant vers notre chambre, je tente une approche improbable :
« Tu ne préfères pas mes bras ? » (enfin une phrase qui se joue des éclats de noisette de Monsieur Picard)
« Non poussin, n'insiste pas car ... »

Du garage monte un brame désespéré, on dirait la corne de brume du Titanic, c'est l'heure du foin !
J'y vais en traînant les pieds, devoir oblige, en jetant un regard affligé à la silhouette lascive de Germaine rejoignant son Morphée.
Elle ne m'a même pas demandé ma résolution.
C'est la première fois, toute toute première fois – n'en déplaise à Jeanne Mas – que ça nous arrive en quinze ans !
Elle ne saura donc pas que j'avais pris la résolution de sortir les poubelles ; il va falloir que je trouve autre chose.

Rudolph m'accueille avec une langue de vingt centimètres.
Non Rudolph, pas ce soir



Brèves du 15-01-2019


(Plus longues... c'est chiant)




USA : Un enfant de 6 ans arrive à l'école avec un pistolet chargé
Apprenons-leur l'urinoir !


Grand Débat National : Macron donne le top départ dans l'Eure
et nous enfume dans la demi-heure


Dunkerque : Une adolescente de 15 ans accouche en garde à vue
Elle a passé des aveux à voie basse ?

samedi 12 janvier 2019

La nonante-septante-nonante

Publié au Défi Du Samedi



J'avais toujours cru qu'oncle Hubert était de chez nous jusqu'à ce que je surprenne les adultes à raconter qu'il était Suisse.
J'ignore par quel miracle on peut être à la fois étranger – c'est à dire être né au-delà de nos contreforts bourguignons – et rouler les 'r' avec cet inimitable accent de mes aïeux !
Tout le monde chuchotait qu'il mangeait en Suisse, buvait en Suisse, travaillait en Suisse, et profitait en Suisse de ces francs sonnants et trébuchants que les français envient et que ces gens-là comptent par paquets de septante, voire octante...
Oncle Hubert élevait parait-il de la Fribourgeoise dans le canton de Friboug, un scandale quand on sait qu'il n'y a que la Charolaise de chez nous pour fournir cette bonne viande persillée qui donne force, santé et trognes rubicondes !
Sans rapport avec les vaches il se vantait d'avoir séduit une miss Suisse – une certaine Jacqueline d'origine italienne millésimée 1951 – une beauté qu'il appelait sa nonante-septante-nonante mais qu'on n'a jamais rencontrée.
Il racontait qu'elle tenait à la fois de Gina Lollobrigida et de Rita Hayworth mais ici on n'avait jamais rien vu d'autre que La Grande Illusion au cinéma paroissial et surtout pas de pin-ups.
Bref, je n'ai jamais compris ce que voulaient dire ses septantes et ses nonantes mais quand il épousa notre tante Anastazia il se mis alors à compter en quintal, sans doute pour ne pas la vexer ; en tout cas cette unité nous parlait plus à nous, gars de la campagne que ses nonante-et-machin.

Fallait le voir promener notre tante aux quatre coins du canton dans la petite JuvaQuatre où elle s'enchâssait laborieusement. Oncle Hubert se vantait de dépasser le quatre-vingt-dix alors qu'il n'atteignait pas nonante dans sa bétaillère suisse ; il est vrai que l'équipage était plus léger.
Par contre il mettait un point d'honneur à égaler la consommation de sa Renault... huit litres aux cents de cet aligoté qui fait la réputation de notre Kir.
Les endroits pour refaire le plein étaient légions à l'époque au bord de la nationale, on dit que c'est ça qui l'aida à vivre vieux.
Oncle Hubert est mort à nonante-et-un – en tout cas c'est ce qu'on a gravé dans le marbre – et je pense que c'est à cause de cette singularité que les vieux font un détour pour éviter sa tombe ; on n'est jamais trop prudent avec les étrangers ...



vendredi 11 janvier 2019

La petite voleuse

Publié sur MilEtUne d'après l'illustration et le mot imposé : solde



Sur son atoll polynésien
une petite tahitienne
greffe des perles à l'ancienne
pour des joailliers parisiens

Au bout de ses doigts délicats
elle en a fourré des millions
de nucléus et de greffons
sur une table en formica

Combien de perles avortées
enfouira t elle dans sa poche
elle sait que voler c'est moche
mais c'est son vent de liberté

Elle s'en fera un collier
qu'elle s'en ira vendre en solde
au vieux marché ou chez Arnold
elle a tant besoin de souliers



jeudi 10 janvier 2019

Foutu contrôle technique

Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème du Cadeau empoisonné



Je sais bien que c'est l'intention qui compte mais je m'attendais à autre chose qu'une carte même joliment enrubannée et décorée de petits sapins, de cannes en sucre et de bulles de champagne...
C'était signé PPN (Petit Papa Noël) et ça disait ça :
Suite à vos contrôles techniques débiles et votre nouvelle loi Diagnostic 5 gaz, mon équipage vient d'être recalé pour cause de flatulences hors normes aussi me vois je contraint – la mort dans l'âme – de t'abandonner en cadeau ceux qui m'accompagnèrent pendant des siècles.
N'en prends pas ombrage mais tu trouveras dans ton garage cet équipage d'un autre âge. Fais-en bon usage.
Toutes ces rimes en age alourdissaient le message, ajoutant à ma confusion car c'était mon tout premier cadeau offert la mort dans l'âme...

Malgré le froid je sortis en pyjama dans la rue où vociférait un groupe de voisins matinaux :
« C'est toujours pareil avec les Vegas »
«Ils se croient tout permis, même le matin de Noël»
et ce tollé récurent « Y'a un truc qui brâme dans vot' garage ! »

J'ouvris la porte dans un nuage pestilentiel de cervidé emboucané et de poisson pourri qui fit fuir l'attroupement et me fila la gerbe.
Tout était là comme décrit sur la jolie carte, un traîneau délabré équipé de pneus usés jusqu'à la corde et immatriculé HOH OHO et neuf cariboux ou caribou – pas facile de lire le X à l'arrière – harnachés mais déchaînés, tenaillés par une faim qui les avait poussés à bouffer tout le doublage polystyrenne ou polystyrène expansé des murs de mon garage.
Je soulevai machinalement le capot du traîneau pour découvrir ce qui puait tant le poisson pourri ; le traîneau était équipé d'un turbot, un vieux turbot en décomposition que les rennes bouffèrent aussitôt avec des grands slurp qu'on aurait dit mon oncle Hubert faisant son chabrot !
Bref, j'enferme mon cadeau de Noël et je file en voiture chez Animalys avec cette question inclassable : ça bouffe quoi un caribou ?
La tête des employés faisait peine à voir et leurs questions donnaient à réfléchir : »Y pèsent combien vos rennes ? C'est des mâles ou des femelles ? C'est du sauvage ou du domestique ? Y sont du bois ou de la toundra ?»
Sans plus attendre j'ai pris dix kilos de paille, de celle qui sert à la litière des poules et j'ai repris ma voiture qui sentait déjà le poisson pourri pour rentrer à la ferme... pourquoi ai-je dit la ferme ? Je n'en sais rien.

Devant le garage entr'ouvert il y avait une ambulance ; deux types y chargeaient ma Germaine, exsangue et échevelée …
Je n'avais même pas eu le temps de lui offrir son cadeau, un joli gilet jaune avec les petits élastiques sur les côtés.
Je déchargeai ma paille ; les caribou – avec ou sans X – ça n'attend pas !
Le nez rouge de Rudolphe clignotait dangereusement.




samedi 5 janvier 2019

Les deux bouts


Publié au Défi du Samedi sur le thème du Macaroni



« Allo... le service après-vente Macaroni ? »
« Oui, Ettore Maccheroni en personne... arrière-arrière-arrière-petit-fils de l'inventeur et fier de lui parce que je le vaux bien et parce que... »
« Hum... laissez tomber, c'est pour une réclamation »
« Oui je sais, enfin je me doute parce que nous en recevons pas mal depuis quelques mois... mais dites toujours »
« … toujours »
« Non, je disais Dites toujours ce qui vous amène à réclamer »
« Il s'agit des pâtes »
« Ah ? »
« Vous semblez surpris ? »
« Non mais on nous appelle parfois à propos de l'emballage alors qu'on a mis le paquet là-dessus »
« Non, il s'agit des bouts »
« Des bouts ? »
« Oui, des bouts de pâtes. Il faut vous dire que ma femme et moi nous avons du mal à joindre les deux en fin de mois alors on mange exclusivement des pâtes»
« J'en suis ravi, je dirais même ravi au lit... oh oh... ah ah... euh... pardon, revenons à vos bouts de pâtes »
« Oui, notre rituel à Germaine et moi c'est de manger nos pâtes à la manière de la belle et du clochard »
« Laissez moi deviner... la belle c'est Germaine ? »
« Oui mais là n'est pas le problème, et ne cherchez pas à être désagréable. D'habitude nous aspirons chacun une pâte dans notre unique assiette en souhaitant ardemment que nos deux bouts appartiennent à la même pâte »
« Vous aimez les jeux de hasard ? »
« Non, nous sommes juste romantiques »
« Ah ! Le romantisme de nos pâtes... ça pourrait faire l'objet de notre prochaine campagne publicitaire »
« Hum... à propos de publicité, je ne souhaite pas vous en faire une mauvaise mais dans le paquet que nous venons d'acheter il n'y avait que deux bouts ! »
« Que deux bouts ? Et entre les deux bouts il y avait bien de la pâte ? »
« Oui, évidemment »
« Vous me rassurez parce que deux bouts de rien, c'eut été catastrophique pour notre image de marque»
« Bref, tout ça pour vous dire que le jeu était faussé puisqu'on a fatalement partagé la même pâte »
« Je comprends... plus de suspense, plus de romantisme. Germaine était déçue...»
« Plus de suspense, passe encore mais une pâte de quatorze mètres de long à engloutir sans respirer... vous devriez essayer pour voir. Bref, j'ai dû emmener Germaine aux urgences pour une syncope ! »
« Hum... et avant de la cuisiner vous n'avez pas songé à la couper en morceaux ? »
« Cuisiner et découper Germaine ? Vous avez des idées radicales chez Macaroni »
« Je parlais de la pâte »
« Non, la courte paille c'est moins romantique... et puis c'est votre travail de les couper, c'est bien ce que je vous reproche »
« Je vois, ça doit venir d'Ornella »
« Ornella ? »
« Ornella c'est notre stagiaire au poste de coupeuse de pâtes ; elle remplace notre championne absente pour cause de maternité. Vous la verriez découper ! Ca fait peur !»
« Et votre championne qui fait peur, elle accouche quand ? »
« Hum... tout ce qui touche à notre secret de fabrication doit rester confidentiel »
« Ah oui ? Et tout ce qui touche à la santé de Germaine ? Vous vous en foutez ? »
« Hum... je pourrais essayer d'en parler à Ornella »
«Comment ça... essayer de lui parler ? »
« Hum... C'est une sicilienne et vous savez, ici on prend des pincettes avec les siciliennes »
« Ah ? Si en plus vous utilisez des pincettes, je comprends que le produit en pâtisse ! »
« En pâtisse... oh oh... ah ah... euh... pardon, revenons au sujet. Vous me soufflez là une belle idée de pâte unique de quatorze mètres de long ! Ca pourrait faire un tabac»
« Faites-en du tabac si vous voulez mais j'attends de vous un geste commercial pour le préjudice causé à Germaine »
« Comment va t-elle ? »
« Désolé... top secret ... on ne demande jamais à Germaine comment elle va... Germaine elle va, c'est tout »
« Je vois, c'est comme ma Filomena qui... »
« Désolé, ne dites pas C'est comme... car personne n'est comme Germaine »
« Je vois »
« Non, vous ne voyez pas... alors, ce geste commercial ? »
« Justement, bien que ce soit une bonne pâte il faut que j'en parle à Filomena »
« Elle n'est pas sicilienne au moins ? »
«Désolé... tout ce qui touche à nos secrets de famille doit rester confidentiel »
« Je comprends, donc pour le geste... »
« Je vous ferais bien un bras d'honneur mais je tiens le téléphone »
« Je comprends, c'est la même chose pour moi »
« Alors, au revoir »
« Au revoir »