J'écris sous la torture et ça me plait. Parce que j'aime les contraintes, parce que "même grasse, la risette du Mans n'a jamais fait de mal à personne" et parce que "Ne rien dire, nuit gravement à la santé"
jeudi 31 mai 2012
Paumés
Paumés! Ils étaient bien paumés et Ouatson fulminait car on lui avait appris à fulminer dans ces circonstances.
"Quelle idée j'ai eue de vous faire confiance" explosa t il en secouant Ouatelse comme un prunier.
"Arrêtez de me secouer comme un prunier" criait justement Ouatelse, la nouvelle recrue du service que l'inspecteur La Bavure avait cru bon d'engager et qui commençait à regretter cette mission.
Il faut dire que le prunier était plutôt bien roulé et autant bourré d'arguments d'embauche que dénué de tout jugement.
Ouatson finit par lâcher le prunier dont les fruits menaçaient d'échapper à un 95C débordant de générosité et comme le crépuscule tombait déjà, il en fit de même au bord du chemin.
Quel chemin? Vous avez de drôles de questions! Allez vous repérer, vous, quand une gourdasse inspecteur de deuxième classe et de mes deux s'est fait tatouer une mappemonde dans la paume de la main en guise de GPS!!
Comme s'il suffisait d'être drogué à Cold Case, aux Experts et autres foutaises pour se découvrir une vocation de superflic!!
Non contente d'avoir oublié les sandwiches et la carte de la région, elle lui avait fait prendre la 95 plein Sud jusqu'à ce que le moteur explose dix miles après Beatty c'est à dire en pleine vallée de la Mort.
Bien sûr Madame Ouatelse s'était abondamment rafraîchie les bras, la nuque et les pieds avec la seule gourde - mise à part elle-même - qu'ils aient emportée.
Une gourde oui! doublée d'un sens obtus de l'orientation et d'un caractère à vous dégoûter du sexe opposé.
"Passez-moi votre smartphone, Ouatelse!" beugla Ouatson qui trouvait l'expression sexe opposé très appropriée.
"Pourquoi faire?" questionna t elle judicieusement en se laissant tomber à côté de lui.
"Pour appeler la Maison Blanche!" rugit Ouatson entre ses mâchoires serrées comme un étau, "on appelle toujours la Maison Blanche quand on n'a rien d'autre à faire!"
"Ah? Vous connaissez le numéro?" osa t elle ajouter.
Au premier abord, elle avait l'air à peu près normale, l'air d'un flic affuté et plus intelligent que la moyenne, aussi Ouatson en conclut il qu'elle se foutait de lui.
Si La Bavure lui avait collé cette bombasse, ça ne pouvait être que pour le tester à moins qu'il ait voulu lui faire payer les dernière enquêtes ratées...
"Tous ceux qui ont survolé le concours d'entrée de l'école de police le connaissent par coeur" lança t il sur un ton qu'il voulait vrai.
"Ca ne vous servira à rien" minauda t elle.
"Et pourquoi ça?" s'inquiéta soudainement Ouatson qui voyait la nuit arriver comme un mauvais présage.
"Parce que mon forfait est épuisé" dit elle en examinant un ongle manucuré qui s'écaillait dangereusement, "je ne devrais pas appeler maman tous les jours mais c'est plus fort que moi, c'est fusionnel vous comprenez, Ouatson".
Ouatson n'était plus en état de comprendre et soupira : "Tout a été dit, mais pas par moi... en tout cas".
Il citait toujours Vigneault dans les cas désespérés, mais comme rien ne se passait il comprit qu'il leur restait à passer la nuit ici, sans autres ressources que leurs flingues pour éloigner les coyotes.
"Vous avez nos flingues, Ouatelse?"
"Non Ouatson, ils sont bien à l'abri dans le tiroir de mon bureau"
"Quoi?"
Le prunier sentit qu'il allait être bientôt finir déraciné.
"Mais ils sont en sécurité! J'ai apporté la clé du tiroir avec moi"
samedi 26 mai 2012
Trop polis, souvent roulés
Les galets écoutent la mer
qui leur raconte des légendes (*)
peuplées de monstres, de chimères
de flibustiers de contrebande.
Elle décore son récit
de cônes et de porcelaines
y ajoute de-là de-ci
quelques bigorneaux et solens.
Quand l'histoire se fait tragique
viennent patelles et berniques
comme autant de mauvais présages
noircir le sable de la plage.
Mais viendra le tour des amandes,
et des pétoncles de saint-Jacques
venus d'îles paradisiaques
et les galets en redemandent...
(*) (Max Alhau)
lundi 21 mai 2012
Un point c'est tout
Mais comment faire lorsque l'inspiration n'est pas au rendez-vous ?
C'est ce qu'ont cherché à savoir les Impromptus Littéraires...
Ceci n'est pas une réponse à la question, aussi rien ne vous oblige à lire
Jusqu'alors je ne m'étais jamais lancé dans l'exercice sans mes biscuits, mes rations de survie ou au moins une roue de secours - gardant précieusement sous le coude, histoire d'assurer mes arrières vu que le devant ne risque plus rien, quelque sonnet en vers et contre tout, quelque arrière-pensée de Pascal, rimes empruntées, citations wikipédiennes ou un machin dans ces Zola - car j'avais trop peur de rester en carafe, la plume racornie, englué dans la marge sans espoir d'atteindre jamais le bout de la ligne, en proie aux affres de cette maladie honteuse que les spécialistes nomment leucosélophobie et qui transforme votre moindre petite phrase en une suite de mots insipides, et pourtant c'est arrivé, sournoisement, insidieusement, je dus me rendre à l'évidence (si vous voulez l'adresse, n'hésitez pas à demander), j'étais bel et bien desséché, contaminé, ramené au rang des scribouillards stériles qu'une arthrose galopante envahit depuis la partie supérieure du cortex frontal gauche jusqu'au bout du petit doigt (qui n'avait évidemment rien à me dire) et qui fait d'eux la risée des médias en tous genres... alors tandis que je tirais la langue tel un caméléon boulimique à la recherche d'un insecte suicidaire, j'ai senti une main invisible tenir ma main et tracer ces mots - ceux-là même que vous lirez peut-être si j'ose les publier - des mots d'excuse, d'explications confuses, de vaines justifications, bref (pour faire court) j'étais sec, éteint, inutile, en un mot infécond à tel point que j'accueillis comme une délivrance ce coup de point final .
C'est ce qu'ont cherché à savoir les Impromptus Littéraires...
Ceci n'est pas une réponse à la question, aussi rien ne vous oblige à lire
Jusqu'alors je ne m'étais jamais lancé dans l'exercice sans mes biscuits, mes rations de survie ou au moins une roue de secours - gardant précieusement sous le coude, histoire d'assurer mes arrières vu que le devant ne risque plus rien, quelque sonnet en vers et contre tout, quelque arrière-pensée de Pascal, rimes empruntées, citations wikipédiennes ou un machin dans ces Zola - car j'avais trop peur de rester en carafe, la plume racornie, englué dans la marge sans espoir d'atteindre jamais le bout de la ligne, en proie aux affres de cette maladie honteuse que les spécialistes nomment leucosélophobie et qui transforme votre moindre petite phrase en une suite de mots insipides, et pourtant c'est arrivé, sournoisement, insidieusement, je dus me rendre à l'évidence (si vous voulez l'adresse, n'hésitez pas à demander), j'étais bel et bien desséché, contaminé, ramené au rang des scribouillards stériles qu'une arthrose galopante envahit depuis la partie supérieure du cortex frontal gauche jusqu'au bout du petit doigt (qui n'avait évidemment rien à me dire) et qui fait d'eux la risée des médias en tous genres... alors tandis que je tirais la langue tel un caméléon boulimique à la recherche d'un insecte suicidaire, j'ai senti une main invisible tenir ma main et tracer ces mots - ceux-là même que vous lirez peut-être si j'ose les publier - des mots d'excuse, d'explications confuses, de vaines justifications, bref (pour faire court) j'étais sec, éteint, inutile, en un mot infécond à tel point que j'accueillis comme une délivrance ce coup de point final .
lundi 14 mai 2012
Cosaque-choc
Et si nous dansions maintenant? Mais attention, pas n'importe quelle danse. Une danse magique qui a fait basculer une vie, la vôtre, celle de votre grand-père... celle de MON grand-père !
Si Pépé avait cru avoir échappé au pire en revenant de la grande guerre sur ses deux jambes, il ignorait que cent ans plus tôt en 1814 les cosaques de la garde impériale russe - non contents d'avoir fait valser Napoléon - nous avaient laissé un cadeau empoisonné, le "cosaque-choc", un truc aussi compliqué à prononcer qu'à faire mais qui semblait amuser nos charmants envahisseurs et gratteurs de mandoline.
Si Pépé avait cru épouser Mémé pour le meilleur, c'était sans compter sur cette folie qu'elle eut de vouloir à tout prix lui apprendre à danser ce qu'on appelait selon Pépé le "cosaque-choc" et selon d'autres kozachok, kazatchok ou encore Vertpeny Kozackok pour les plus vicieux.
Le principe en était sournois et peu orthodoxe pour l'époque puisque Mémé menait la danse tout en tapant des mains pour indiquer les changements de figure à l'homme qui tentait de l'imiter, en l'occurrence Pépé.
Si le mouvement paraissait aussi simple et linéaire que marcher au pas, il n'en était pas moins rapide dès le départ et sur un tempo en constante augmentation qui imitait juste avant l'inévitable chute, le franchissement des tranchées et déclenchait chez le pauvre homme ce cri hystérique: "Tous aux abris".
D'ailleurs après quelques atterrissages musclés Pépé ressortit bien vite ses bandes molletières dont la mise en place lui garantissait une bonne demi-heure de répit avant ce qu'il nommait les grandes manoeuvres.
Il y aurait bien ajouté le casque lourd si Mémé ne l'avait pas avantageusement recyclé en pot à géraniums.
Au fil des assauts quotidiens et à mesure que montait sa haine envers les ukrainiens, Pépé en venait à regretter que Napoléon n'ait jamais fait la guerre aux argentins ou aux tahitiens, enfin à quelque peuple aux moeurs festives moins athlétiques.
Il disait que quand on possède une mer noire et qu'on pêche au harpon on ne peut pas être tout à fait normal...
Perfectionniste, Mémé multipliait les variantes, alternant le kuban-kazachok connu de quelques initiés russes du Sud et le ter-kazachok du Nord Caucase dont les différences selon l'expression de Pépé étaient 'frappantes'!
Mais la ténacité légendaire de Mémé allait donner un tournant particulier à l'apprentissage du "cosaque-choc" lorsqu'elle décida de remiser le phonographe pour faire venir des musiciens joueurs de cithare et de bandura plus couleur locale.
Les "Poupées cosaques du Vertep" ainsi nommées - traduction fidèle de kazatchok - étaient trois authentiques blondes particulièrement plantureuses dont les attraits eurent tôt fait de faire perdre la tête et les molletières de Pépé.
Après quelques chants, échanges d'oeillades complices et frémissements de moustache, Pépé fut sommé de retourner "aux abris" c'est à dire au fond de son jardin, les poupées à leur Dniepr natal (si tant est qu'il le fut), Mémé à ses confitures de mirabelle et on n'entendit jamais plus parler du cosaque-choc.
On était en 40 et depuis cet épisode le sempiternel entremets franco-russe qui ponctuait nos repas du dimanche n'eut plus jamais le même goût
(Je rassure mes proches, ce récit est une pure fiction)
samedi 12 mai 2012
La rose et le pissenlit
Publié au Défi du Samedi
"Sur les pavés en rond
je viendrai à midi
Te fais pas de mouron"
lui avait-elle dit...
Il mit un beau veston
écoutant sa coutume
d'une rose en bouton
décora le costume
Entre les pavés ronds
tel un triste présage
vivait un dent-de-lion,
pissenlit d'un autre âge
Midi vint, midi vingt
la journée puis la nuit
chiffe molle devint
la rose épanouie.
"Elle ne viendra pas
crois-moi, vieux camarade
malgré tous ses appâts
moi l'expert en salades"
Pourquoi prendre racine
le jour va se lever
et d'humeur assassine
sur le rond des pavés
la rose il effeuilla
"Sur les pavés en rond
je viendrai à midi
Te fais pas de mouron"
lui avait-elle dit...
Il mit un beau veston
écoutant sa coutume
d'une rose en bouton
décora le costume
Entre les pavés ronds
tel un triste présage
vivait un dent-de-lion,
pissenlit d'un autre âge
Midi vint, midi vingt
la journée puis la nuit
chiffe molle devint
la rose épanouie.
"Elle ne viendra pas
crois-moi, vieux camarade
malgré tous ses appâts
moi l'expert en salades"
Pourquoi prendre racine
le jour va se lever
et d'humeur assassine
sur le rond des pavés
la rose il effeuilla
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