jeudi 30 juillet 2009

30 juillet: Bonne fête Juliette




Acte 1:
A cette époque les Montaigu et les Capulet se castagnent grave à Vérone car "c'est le Noooord" de l'Italie et s'il fait froid, les grandes familles ont le sang chaud.
Si Rosaline n'avait pas fait sa mijaurée, Roméo ne serait jamais allé voir ailleurs et on aurait évité les actes 2, 3, 4 et 5.
Dans la famille Capulet, Roméo (qui est un Montaigu... la digue la digue) demande la fille Juliette incognito... et la trouve gironde pour une italienne; mais quand ils découvrent que leurs vieux sont ennemis ils se disent qu'il y a de l'eau dans le gaz, même s'il y a peu de gaz à l'époque.

Acte 2:
C'est la scène cul(te) du balcon où Roméo chope un torticolis et Juliette un refroidissement mais ils décident de se pacser en secret avec le concours de frère Laurent qui touche sa bille en pacte civile de solidarietà.

Acte 3:
Ca castagne entre les deux familles; Roméo tue Tybalt le cousin Capulet et prend perpette, mais Juliette a le temps de voir le loup avant qu'on n'emmène Roméo.
La famille qu'a pus Tybalt et Capulet veut marier Juliette avec le comte Paris (pas le maire de Paris) mais elle dit "No" parce qu'elle est italienne et file pleurnicher chez Silvio frère Laurent.

Acte 4:
Frère Laurent lui propose de siffler la potion-magique-qui-fait-croire-qu'on-est-mort pour qu'on l'enterre et que Roméo vienne la déterrer.
Le matin, on la croit morte... c'est les zobsecs de pauv'Juliette.

Acte 5:
Les postiers sont en grêve et Roméo n'est prévenu que de la mort de Juliette; en se pointant à Vérone pour mourir à côté d'elle, il se bat et tue le comte Paris (pas le maire de Paris).
Roméo s'enfile du vrai-poison-qui-tue-vraiment devant le corps endormi de Juliette qui se réveille, le voit mort-pour-de-vrai et se tue à son tour, car c'est son tour avec le poignard-de-Roméo-qui-tue-vraiment.
Frère Laurent déballe tout aux deux familles qui vont se réconciliare en italien et se réconcilier en français...

(Depuis, on a coutume de dire: c'est balot d'attraper la p'tite de Vérone)

Acte 6:Grand voyageur, Shakespeare s'est arrêté à Vérone et à cinq...         

samedi 25 juillet 2009

Provisions de lecture

publié sur DéfiDuSamedi sur le thème:   ...monter une mayonnaise spéciale à base d'histoire drôle et d'un peu de talent



"Dis, Pénélope, c'est quoi ton bouquin, là?"
Pénélope, sans tourner la tête de peur que l'ombre du soleil ne détruise à jamais l'uniformité d'un bronzage en pleine maturation: "C'est le Premier jour... de Marc"

"De Marc, le videur du Copacabana?"

"De Marc Lévy, Britney!"

"Et c'est bien?"
Pénélope soupire: "J'le lis pour faire plaisir à Michael, mais j'préfère un bon Agatha Christie tant qu'à m'fatiguer à bouquiner"
Britney se tartine une couche supplémentaire de SunSlim: "Agatha Christie? Bof, les Goncourt ça m'ennuie..."

Pénélope réprime une moue agacée, de peur qu'une ride malicieuse ne fasse craquer le carmin de sa bouche.
Le soleil et une question lui brûlent les lèvres, la question qui révèlera cette gourde de Britney dans toute sa gourditude et mettra un terme à cette discussion oiseuse.

"Et toi Britney, c'est qui ton auteur préféré ?"
La question rebondit sur la natte, traverse l'empilage des couches de SunSlim et parvient à l'oreille de sa destinataire.
Un moment plus tard alors que le soleil décline et se fait moins mordant, Britney lâche: "c'est mon amant..."

Pénélope ne peut s'empêcher de scruter la plage :"Où çà?"

"Mon auteur préféré c'est mon amant!"

Pénélope subjuguée: "Hein? Et qu'est ce qu'il écrit?"

Britney, la bouche en coeur: "Des chèques" 

lundi 20 juillet 2009

Médecins malgréeux

publié sur LesImpromptusLittéraires
Thème : Le plus beau métier du monde




En cette année 2020 et malgré les prédictions d'un chat bonimenteur, la planète avait résisté aux tsunamis, aux tsunennemis, au Big Mac et autres aléas terrestres.
Cinquante ans et un paravent, Apollo touchant la lune n'avait été qu'un petit pet pour l'humanité, et le réchauffement planétaire conjugué à la frilosité des bourses avait créé un gigantesque chaud et froid dans les esprits et les corps, ratatinant le moral des survivants comme un vulgaire livret A; d'ailleurs le CAC40 ne valait plus que trente neuf et ça, c'était mauvais signe!

Il fallait trouver d'urgence une solution à ce marasme; on fit donc venir Manu, Militari et le nec plus ultra des médecins malgréeux.
A cette époque le médecin malgréeux était aussi appelé persona non grata; c'est à dire qu'il n'avait pas besoin de gratter pour subsister. On le payait rubis sur l'ongle puisqu'il en avait et aussi parce que la carte vitale avait été victime de sa puce... mais ceci ne nous regarde pas; "Occupe toi d'Ameli" disait Feydeau le visionnaire.
Tout le gratin était donc réuni au chevet de la planète: il y avait là Retro Satana le coquin de sorts, les frères YesOuiCane et NoOuiCante, et même Quo Vadis qui ne savait pas bien où il allait.
Il y avait aussi Quiproquo venu sans invitation et Idem pour la même raison; mais puisqu'ils étaient là, on prendrait leur avis.
On s'était bien gardés d'appeler Acontrario dont le diagnostique laissait à désirer sauf lorsqu'il se trompait.


 
Après neuf mois d'examens approfondis on les pressa de trouver un vaccin anti-marasme.
Le premier à parler fut Annus horribilis qui avait malgré tout un bon fonds et qui déclara que selon lui, tout était parfaitement normal ou du moins pas pire qu'avant.
Puis vint Quo Vadis qui s'exclama "Alea jacta est" et que l'on traduisit par "Allez jacter à l'Est"... mais personne n'étant disposé à aller croater, bulgarer ou monténégrer, on ignora son avis de même que celui de Grosso Modo, trop approximatif.
Le remède proposé par YesOuiCane faillit l'emporter haut la main si celui de NoOuiCante n'avait pas été totalement contradictoire, et comme une lutte fratricide s'engageait, on les renvoya chez eux entre Manu et Militari.
Entre Meaculpa qui s'accusait personnellement et les explications interminables de Etcaetera, on n'était guère plus avancés !
Quant au remède miracle de Gratis Prodéo, personne n'osa y croire, attendu que les meilleurs remèdes sont toujours les plus onéreux.
Il y avait bien la solution de Invino Veritas, mais noyer le marasme au karcher millésimé risquait de coûter cher sans compter les dégâts colatéraux.
Certain proposait une autre manière de vivre qu'il appelait un Motus Vivaldi, mais les mélomanes ne l'entendirent pas de cette oreille.
Les plus érudits ayant parlé, il fallut alors entendre les malgréeux tocards et leurs remèdes foireux, à l'image de celui qui proposa de tout laisser en l'état et d'immortaliser son idée de génie par une Statue Quo !
In Vitro avec sa solution façon bocal à poisson rouge n'eut pas le loisir de terminer son exposé.
"What else?" s'impatientaient les pro-Nespresso.
Aucun remède n'avait été trouvé lorsque le dernier médecin malgréeux se présenta, un dénommé Ad Hoc qui expliqua que, la planète allant vers ce quoi elle devait aller, l'homme devait accepter le destin qu'il s'était forgé lui-même, car c'est en forgeant qu'on se tape sur les doigts, etc...
Personne ne semblait vouloir se résigner, mais comme le dernier qui parle l'emporte souvent et malgré son penchant pour le whisky écossais, on se rangea unanimement à son avis, d'autant que tous les vétos avaient disparu depuis longtemps.
Depuis ce jour et malgré les prédictions du chat bonimenteur, la planète résiste aux tsunamis, à Hadopi, à ParisPlages, à l'EuroMillion, au Big Mac, aux réseaux sociaux, aux sondages, à la fraise d'importation et autres aléas terrestres.

Note à Béné : si quelqu'un a une bonne idée, qu'il se la garde.  

lundi 13 juillet 2009

sable, souffle, silence, sirène, soupçon

publié sur Les Impromptus Littéraires
Que diriez-vous, pour vous détendre, de nous évoquer la mer en utilisant les cinq mots suivants: sable, souffle, silence, sirène et soupçon.



Depuis que ma concierge à l'humeur exécrable
dérapa bêtement sur un pâté de sable
je me demande si, en dehors des pigeons
elle ne nourrirait pas quelque gros soupçon.

Combien de temps encore vais-je pouvoir cacher
la sirène gonflable que j'ai rapportée
d'un séjour linguistique non loin de Copenhague
et qui chaque matin dans mon bain fait des vagues?

J'ai beau crier Silence!  lui retirer les piles,

chaque nuit elle chante et ce qui m'horripile
c'est qu'elle chante faux, le voisin me l'a dit,
qui se dit soprano et brame Puccini.




Mais j'aime mon Ariel arrachée à la mer
et si loin de Triton, son mollusque de père.
Elle est faite pour moi,
quitte à nous saborder
jusqu'à mon dernier souffle
je veux la garder.

Je lui ferai donner des cours de vocalises,
et puis rire aux éclats, gondoler à Venise;
on verra les plus grands, Leone, Benigni
et aussi les plus chauds, les Rocco Siffredi.


(Je sais qu'on ne peut pas mais j'y songe souvent
j'aimerais souffler fort... à lui faire un enfant) 



 









lundi 6 juillet 2009

Tire la chevillette...

publié sur Défis Du Samedi le 5-7-09  sur le thème  "La Clé"


Dame Blanche soupire, s'ennuie fort au château
les hommes sont partis par les monts et les vaux;
craignant pour sa vertu, redoutant un faux pas
son jaloux de mari tient sous clé ses appâts.

Un gentil troubadour et sa viole de gambe
s'en vient à point nommé pour lui tenir la jambe;
"Pose ton instrument", Dame Blanche s'affole
"ne te contente point de branlette espagnole"
"trafique la serrure de mon petit jardin!"
"c'est en venant plus près que tu iras plus loin"

Le petit musicien n'est pas très bricoleur
pas de Maître Casto où trouver son bonheur!
"Allons dépêche toi! la trouveras-tu donc
cette clé de malheur qui ferme mon dindon?"
Tout est vain, les prières, les Abracadabra,
Tire la chevillette, la bobinette choira...

"Ce morceau de ferraille me brule l'entrejambe,
si je tenais celui qui a imaginé
ce Bon Dieu d'anti-viol, je lui ferais payer
en lui mettant moi-même sur sa troisième jambe!"

Dame Blanche soupire, le troubadour aussi,
la mécanique est bonne et résiste aux outils;
"Va t'en, toi, ton gourdin et ta viole de gambe
et ne reste pas plus longtemps entre mes jambes"
"Trouve moi Fiche et Bauche mes braves serruriers,
dis leur que je me pâme, qu'ils viennent sans tarder"

Ayant pris les empreintes et lorgné tout leur soûl,
ils ont forgé la clé qu'ils essaient à genoux;
et la porte en grinçant libère Blanche Dame
qui s'offre ruisselante, se donne corps et âme.
Fiche et Bauche, doués et grands professionnels
ont fait deux autres clés, l'occasion est trop belle.

Alors si, d'aventure, la nuit près d'un château
vous entendez grincer quelque vieille serrure,
attendez patiemment, guettez un vibrato,
celui de Dame Blanche qui coiffe sa fourrure.