vendredi 24 septembre 2010

Complainte du héron cendré

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"Un jour, sur ses pincettes, allait je ne sais où,
Le Héron égoïne emmanché d'une pelle."

Oui! Je sais qu'il n'y a point de rime en ces mots
mais la faute en revient au fieffé bricolo,
bricoleur du dimanch' ou plutôt Samedi
qui m'a mis sur le dos et la pelle et la scie!

Je l'aurais parié! j'entends se retourner
Monsieur de La Fontaine en son Père Lachaise,
ignorant qu'aujourd'hui on aime recycler
et peupler nos jardins de grinçantes foutaises.

J'eus même préféré une tête de veau
au tarin persillé ou à la fine aigrette
plutôt qu'une égoïne, un outil d'opérette
pourquoi pas la faucille ou même le marteau?

Des pincettes noircies à la pelle à charbon
je ne sais qui des deux me donne des boutons,
pour un héron cendré me voilà bien servi,
vous pouvez jubiler... Défis Du Samedi!
 
 
Un grand merci au fieffé bricolo des Défis Du Samedi qui m'a envoyé au charbon !

samedi 18 septembre 2010

Doux d'où?

A peine posées les valises sur le plancher sarthois voilà qu'une question existentielle se pose... soulevée par l'esprit démoniaque des Défis Du Samedi !
Comme si je n'avais que ça à faire: découvrir ce que sont devenus tous les doudous de notre enfance.
En tout cas voilà une occasion d'occuper mes nuits écourtées par les effets pervers du décalage horaire.
 
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Il est un paradis, un endroit des plus doux
où dorment, orphelins des milliers de doudous,
celui des jours heureux qui naquit dans un chou,
doudou des nuits sans fin quand miaulent les hiboux.

Celui des gros chagrins, du bobo d'un caillou,
le doudou pansement qui soigne les genoux,
celui jamais lavé, qu'on dirait plein de poux,
le doudou satiné plus précieux qu'un bijou.

Celui qui vaut bien plus que les plus beaux joujoux,
et puis le tien, le mien, enfin notre doudou.
Pluriel ou singulier on s'en moque après tout
car dans ce paradis tous les doudous sont doux. 
 

dimanche 5 septembre 2010

Silence

publie aux Defis Du Samedi...

 

 

Ce matin le pic vert a frappé au carreau d'un grand coup de bec sonore qui m'a fait sursauter.
"Que veux tu?" lui ais-je dit, à peine revenu de ma surprise. Il m'a regardé effrontément comme pour me dire :"Je ne veux rien, je suis ici chez moi, c'est tout".
C'est vrai, il était chez lui et dans un éclair vert et rouge il a quitté l'appui de fenêtre et s'en est allé s'accrocher au poteau de clôture le plus proche, lui a donné deux coups de bec bien sentis avant de s'envoler vers le bois.
C'est là où je vis mais ce lieu est à tout le monde, au randonneur chevronné et au promeneur tranquille, au gourmand cueilleur de mûres et au goûteur de silence, au cycliste trop pressé et au cavalier solitaire.
Le silence je le goûte au crépuscule quand tous les oiseaux ou presque se sont tus, quand le chevreuil curieux franchissant je ne sais où la clôture de la prairie voisine vole aux percherons quelques maigres touffes d'herbe, quand les lapins font la course en agitant leur fanal blanc, quand la multitude de lézards a regagné ses trous ou le couvert des tuiles du toit encore tièdes.
Alors j'entre sous la voute ténébreuse de chênes et de sapins comme dans une grotte végétale et le discret bruit de mes pas dans la sente me fait l'effet d'un martèlement terrible; c'est le moment magique où je m'arrête pour écouter l'inaudible, l'imperceptible craquement sec d'un sapin, le bruissement des feuilles comme un lointain ressac ou le premier cri de la chouette mystérieuse.
La pénombre enveloppe tout et c'est le signe du retour dans les senteurs des buis odorants et des prairies surchauffées; je pousse le portillon, abandonnant le sentier à tous ceux qui cherchent un peu de sérénité... et à tous les autres aussi.

 
 

mercredi 1 septembre 2010

Si je ne rentrais pas

A l'heure de la rentree scolaire, quelle bonne idee de decliner l'expression "Si je ne rentrais pas..."
Publie cette semaine sur Les Impromptus Litteraires

Si je ne rentrais pas ce soir dans mes pénates
Qui brosserait le poil à la petite chatte?

Si je ne rentrais pas saoûl comme un polonais
j'aurais plus de liquide à mon porte-monnaie

Si je ne rentrais pas bredouille de la chasse
j'aurais l'estomac plein et non dans les godasses

Si je ne rentrais pas dans le moule à couillons
je serais érudit et même écrivaillon

Si je ne rentrais pas dans le lard à Marcel
je serais dégonflé ou pis, un demi-sel

Si je ne rentrais pas le cou dans les épaules
j'aurais de mon aura ébréché la coupole

Si je ne rentrais pas dans ce rôle grimé
j'aurais de Cyrano le tarin comprimé

Si je ne rentrais pas dans le rang des soumis
je serais dissident anti-lobotomie

Si je ne rentrais pas dans mes frais et débours
chez "ma tante" j'irais me pendre haut et court