mercredi 31 octobre 2012

Septième heurt ou Encaiss'Mans

 

Vingt quatre heurts du Mans



 



Le Mans. De faux éboueurs cherchent à vendre des calendriers


La ville appelle par conséquent chacun « à la plus grande vigilance » et indique que « les Mancelles et Manceaux trouveront le seul calendrier 2013 officiel de la ville du Mans avec le numéro de Le Mans Notre Ville, distribué dans la semaine du 3 au 7 décembre 2012 ». (Maine Libre)
 
 
 
 
Chaque année c'est ainsi, je crains de contrarier
ceux qui sonnent au portail pour le calendrier,
aussi je les prends tous contre quelques euros
du camion de pompiers jusqu'aux bouquets floraux.


Je dois à mon facteur des milliers de minous
des poulets, des lapins, des girafes et des gnous.
Les lances, les tuyaux, je les dois aux sapeurs
qui m'ont même fourgué un camion à vapeur!


Aujourd'hui j'ai eu droit à de l'exceptionnel:
une photo signée d'Eugène-René Poubelle
dont l'effet artistique n'est pas du meilleur goût


Mais les deux grands costauds avaient tant de bagout
que de cinquante euros je me suis fait taper
à la suite de quoi les ripeurs ont ripé...  













mardi 30 octobre 2012

Perspicace

 
 
 
 


Avisé, clairvoyant, fin...”
“Qu'est ce que vous foutez, Ouatson?”
“Un instant inspecteur, je termine... intelligent, judicieux...”
“Vous allez m'répondre Ouatson?”
“Euh oui, je me dépêche inspecteur... lucide, psychologue...”
“Bon sang! C'est quoi tout ce cinéma?”
“C'est pour ma prochaine évaluation semestrielle, inspecteur”
“Et alors? Qui vous demande de recopier le dictionnaire?”
“Chef, j'énumère juste les qualités que j'estime posséder”
“Ah? Et vous êtes lucide, psychologue, judicieux? Laissez-moi rire!”
 
“Où j'en étais moi? Ah oui... subtil, sensé, éveillé...”
“Oh la! Oh la! N'en jetez plus mon vieux! Si j'vous remémore l'enquête sur les pilleurs de M&M's ou votre affaire d'empoisonnement général au pastis ou encore l'interrogatoire du type qu'était sourd, vous allez vous sentir un peu moins éveillé, non?”
“Inspecteur, quelque chose me chagrine”
“Ah ouais?”
“J'aurais voulu rajouter Perspicace mais ça rentre pas dans les cases!”
“Pourtant Ouatson, c'est pas les cases vides qui manquent chez vous!”
“D'un autre côté je me dis que si j'en mets trop, je vais compromettre les chances de Ouatelse”
“Ah? Vous vous souciez de l'avancement de cette gourde, maintenant?”
“Certainement chef! Depuis qu'on a vu la mort de près à Mock bridge, on est inséparables”
“Eh ben, la gourde est pas rancunière”
“Chef, je l'avais juste un peu abandonnée pour aller chercher du renfort et du réconfort” (Voir Miss souris)
 
“Si j'peux vous donner un conseil Ouatson – d'autant que c'est moi qui ferai passer les entretiens – vous devriez rajouter... borné, stupide, aveugle, inefficace, démorali...”
“Chef, ça rentrera jamais dans les cases”
“J'ajoute que comme vous passerez par ordre alphabétique, vous ne risquez pas de faire d'ombre à Ouatelse”
“Qu'est ce que vous êtes perspicace, inspecteur!”
“Gardez vos flatteries Ouatson, ça ne prend pas avec moi”
“Un petit café, chef?”
“Ouatelse???”  
 
publié sur MotImageCitation

lundi 29 octobre 2012

Lulu berlue


Les Impromptus Littéraires nous invitent à une balade en début de soirée d'été (nostalgie?).
Soudain à l'horizon, deux points lumineux ... quoi t'est-ce?
 
 
 
 
 
 
 
Au détour du chemin se tenait la berlue
on en causait des fois le soir à la veillée
on la disait féroce, noire, chevelue
et prompte à vous croquer jusque sous l'oreiller.
 
J'avoue que je n'ai vu que deux grands yeux luisants,
les copains s'enfuyaient, fatigués soi-disant
je suis resté planté, tremblant comme une feuille
et n'ayant pour pleurer guère plus que mes oeils(*).
 
Mais entre deux nuées une lune blafarde
éclairant tout à coup la scène pétocharde
d'une piètre berlue dévoila la dégaine
 
Pas plus de loup-garou que de croque-mitaine,
je reconnus Lulu, cette petite conne
et son application makeup sur Iphone...  
 
 
 
 
(*) Pagnol a écrit: “il trouvait avantageux d’avoir deux oeils au lieu de deux yeux”... alors pourquoi pas moi ?  

samedi 27 octobre 2012

J't'ai apporté des champignons

 
 

J't'ai apporté des cortinaires
du plaisir à retardement
passeque le cèpe c'est ordinaire
et qu'on en trouve même au Mans
J't'ai apporté des champignons

Je t'ai apporté des lactaires
quelques lépiotes helveola
des amanites printanières
qui valent bien ton chocolat
J't'ai apporté des champignons
 
Et puis ces oronges vineuses
ces gymnopiles lumineux
ceux à la peau gélatineuse
et aux anneaux tout boutonneux
J't'ai apporté des champignons
 
Vois ce tricholome chevalier,
ce bidaou, ce coprin noir
dont les goûts si particuliers
te feront pâmer dès ce soir
J't'ai apporté des champignons
 
Je te sais bonne cuisinière
tu sauras bien les relever
les cuisiner à ta manière
et en jouir à en crever
J't'ai apporté des champignons



jeudi 25 octobre 2012

Wood Island sunset

  Publié sur Mil Et Une
 
 
Malgré moi, je serrais mon livre de poèmes comme s'il allait s'échapper et disparaître dans les eaux sombres.
Je trouvais l'air étrangement doux pour la saison et je goûtais l'air du large à pleins poumons.
“Devriez rentrer, Miss... commence à faire frais!”
On ne m'avait pas souvent appelée Miss, surtout venant d'un vieil homme qui avait dû être gardien du phare à l'époque et qui ne me lâchait pas d'une semelle.
J'avais été suffisamment persuasive pour qu'il accepte de me laisser monter malgré les taillis et les ronces qui gênaient l'accès au vieil édifice.
 

J'en serais quitte pour raccommoder mes leggins!
Cette réflexion me fit rire, un de ces petits éclats cristallins comme j'en poussais autrefois et qui Le faisaient rire lui aussi.
Je me sentais toute à la fois guillerette et grave.
Encore éblouie des derniers rayons du soleil je ne vis d'abord rien qu'un noir total puis les murs lambrissés apparurent tels qu'ils étaient dans mon souvenir.
Je levai machinalement la tête vers les grosses lampes du phare, cherchai les loupes et les réflecteurs chromés mais le chapiteau était vide, plutôt délabré et tissé de monstrueuses toiles d'araignées semblables à des cheveux de sorcière.
On avait démonté le sublime kaléidoscope qui avait fugitivement embrasé nos étreintes et hanté tant de fois mes nuits blanches.
Au mur, la banquette de bois était toujours là, où je m'étais offerte à Lui sans retenue.
Je m'y assis comme si tant d'années après, le contact rugueux du bat-flanc pouvait réveiller la moindre parcelle de ce désir torride, cette excitation et la fougue qui Nous animait.
Il aurait pu entrer, là maintenant derrière moi que je n'en aurais été nullement surprise; mais ce n'était que le vieil homme qui balançait sur ses jambes et semblait s'impatienter.
“Faut partir, Miss” grogna t il en secouant d'un geste dérisoire un trousseau de clés qui ne fermaient plus rien...
Je me plus à imaginer que parmi tous les curieux qui osaient braver l'escalier branlant pour monter ici, Il était peut-être revenu comme moi et s'était assis à ma place sur Notre couche pour revivre cet instant magique.
Le livre de poèmes était tombé sur la banquette et je ne fis rien pour le ramasser.
Dehors, un cahot d'embruns et de déferlantes battait les rochers dans un grondement sourd.
“Il est temps” dit le vieux d'une voix forte pour bien se faire entendre.
Qu'était-Il devenu?
Il aurait pu me retenir mais Il n'avait pas osé tout simplement.
Je me retournai une dernière fois et comme un éclair d'orage zébrait le ciel, je crus voir briller pour moi la lumière de Wood Island.
Dans la voiture, Hugo s'était endormi à force d'attendre; je caressai doucement ses boucles blondes et me mis au volant.

 

lundi 22 octobre 2012

Sixième heurt ou Défoul'Mans

 
 
 
Vingt quatre heurts du Mans
 
 
Les « demoiselles du Bugatti » toujours aussi nombreuses.
 
8 000 filles se sont rassemblées sur le circuit pour courir ou marcher en faveur de la lutte contre le cancer du sein.
Les policiers ont sévi, verbalisant une centaine de voitures mal garées. (Ouest-France)
 

 
 
Dimanche au Bugatti le bitume était rose
égayant joliment un ciel plutôt morose,
huit mille courageuses ont versé leur obole
et au nom de la Ligue, tricotté des guiboles
 
Plus loin sur les trottoirs, en tenue de zorro
d'autres se défoulaient, tarif trent'cinq euros!
Voilà un dépistage des plus lucratifs
à l'heure du fléau caché dans les soutifs...
 
Peux-t-on croire que dans un sursaut solidaire
ce joli petit tas d'amendes forfaitaires
grossira la cagnotte des gazelles du Mans?
 
La solidarité nuit au stationnement
mais dans ces beaux moments emprunts d'humanité
le carnet de PV est une absurdité...
 

mercredi 17 octobre 2012

Cinquième heurt ou Electriqu'Mans

 
Vingt quatre heurts du Mans
 
 
 
 
 
Le Mans. Nouveau retard à l'allumage de l'éclairage public
Comme lundi soir, près d'un quart des candélabres de la ville du Mans ne se sont pas allumés à la nuit tombée ce mardi.
Il s'agit d'un problème de mise en route.
Un allumage manuel est donc nécessaire. Il devrait se faire rapidement, plus rapidement que lundi, ERDF ayant pris les devants.(Le Maine Libre)



 
A l'ère ultratechnique, des sauts supersoniques
il est des incidents plutôt anachroniques
qui nous montrent combien l'équilibre est fragile,
que “ça marche” n'est pas parole d'évangile!
 
Electrons capricieux ou manque d'impulsion
le signal EDF par deux fois disparu
a laissé dans le noir Le Mans Nord et ses rues
et pourrait bien mettre les manceaux sous tension.
 
A quand la panne qui allège nos factures?
Si on rétablissait ce métier d'autrefois
de ceux qui allumaient réverbères et chandelles
 
du temps où l'on savait ce qu'est le plein emploi
et où on ignorait tout du mot conjoncture.
Adieu courants porteurs de mauvaises nouvelles

 

mardi 16 octobre 2012

Le téléphone pleure

Publié sur 'Mil Et Une Histoires' d'après le tableau de Edward Hopper "Light at Two Lights"
 
 

 
“Les lumières de Cape Elizabeth
Chantent encore combien tu es bête wowo
La lumière de Cape Elizabeth
Fait émerger les aiguillons de ta bassesse”
 
Je ne sais pas ce qui m'a pris de lui fredonner ça, d'autant qu'elle ignore tout de Cloclo.
Le téléphone renvoyait un bruit bizarre, comme un ressac. Elle ne savait même pas pleurnicher correctement!
C'est marrant cette coïncidence, ça me rappelle Le téléphone pleure.
“Notre merveilleux week-end? Mais quel merveilleux week-end?”
Ces deux jours à mourir, perchés à vingt cinq mètres du sol au sommet d'un phare à regarder l'horizon en récitant les poèmes de ceux qui parait-il ont été inspirés par les lieux; deux jours à supporter le sourire béat des touristes qui nous font signe d'en bas, nous mitraillent et nous prennent pour les gardiens; deux jours à tourner en rond dans cette tour de briques et de courants d'air qu'elle a dû louer une fortune!

Y a qu'elle et le fric de papa pour pouvoir louer un truc pareil avec des lampes qui vous flashent en pleine tronche de jour comme de nuit.
“Quoi nos merveilleuses nuits?”
Parlons-en! Qu'est-ce qu'on peut faire la nuit quand on dort pas à cause des lampes qui vous vrillent le cerveau toutes les 4 secondes?
Parfaitement... 4 secondes! C'est le rythme que m'a fait subir cette furie, cette nymphomane insatiable.
“Quoi, j'avais l'air d'aimer ça?”
A quel moment j'aurais pu lui dire que j'aimais ça, tellement ça allait vite? Et d'abord je dis jamais quand j'aime.
 
Sous prétexte que Hooper en a fait un tableau, il avait fallu rouler pendant des heures jusqu'à Portland et Fort Williams Park avec la Dodge Viper de Madame jusqu'à cette espèce de plage.
“Qu'est-ce que tu dis? Cette merveilleuse plage?”
Pour moi une plage c'est du sable, une plage de granit c'est pas une plage.
“Nos merveilleux repas?”
Mais elle insiste la bougresse, entre deux sanglots, et ces grognements de petit cochon bien nourri.
J'ai envie de lui remettre un p'tit coup de Cloclo à ma façon:
“Cape Elizabeth où tout commence et tout finit
J'ai plus d'appétit
T'es qu'une fada”
 
Ca y est, v'la les grandes eaux qui recommencent.
Du homard, encore du homard, toujours du homard et quand c'était pas du homard c'était des pleines chaudrées de palourdes et je parle pas du gâteau au fromage sans gluten.
“Notre intestin grêle, la maladie coeliaque?”
Pour une fois elle a pas dit Notre Merveilleux intestin!
Qu'est-ce qu'elle me chante là? Je lui parle de beaux sentiments, de rapports humains, de philosophie de la vie et elle me parle d'intestin grêle... ça sent l'embrouille tout ça.
J'ai pas l'intention de me faire avoir parce que j'ai réussi le test de 48 heures interminables en haut du plus vieux phare du Maine.
“Quoi? Une rente à vie sur nos deux têtes? Le loft de papa à New York? Un poste pour moi au conseil d'administration?”
C'est pas comme ça qu'elle m'aura.
“Faut voir bébé, faut voir... ça pourrait être une merveilleuse idée”
 

Miss souris

Publié sur MotImageCitation
 
 


Au moment de poser le pied sur l'escalier qui mène à Mock bridge, Ouatelse se retourna d'un air plus qu'inquiet.
“Vous en pensez quoi, Ouatson?”
Depuis qu'elle faisait équipe avec lui, elle savait bien que Ouatson pensait rarement ou du moins jamais quand il le fallait.
Tout près d'elle la rivière Chariton grondait de plus belle et charriait d'inquiétants morceaux de bois tels des fétus de paille.
“Avec ce vacarme, je n'entends pas ce que vous dites, Ouatson!”
“C'est que je n'ai rien dit, Miss”
Elle avait horreur qu'il l'appelle Miss et encore plus qu'il l'appelle Miss-souris depuis qu'ils avaient débarqué sur cette affaire.

Ouatelse soupira, tâtant du bout du pied les marches de bois du pont séculaire.
Après tout, s'il servait aujourd'hui aux promenades pédestres il pouvait bien soutenir le poids plume d'une jeune agent fédérale lancée à la poursuite d'un... au fait, où était-il passé celui-là?
“Ouatson! Je ne vois plus Notre homme!”
“Il doit être loin maintenant” cria très justement Ouatson “je crois qu'on peut rentrer directement à l'hôtel”
Elle était toute tremblante, si fragile et hésitante mais Ouatson ne voyait que les confortables fauteuils du salon, le mur garni de whiskies et bourbons et ce barman qui l'avait à la bonne...

“Alors qu'est-ce qu'on fait, Ouatson?”
“Bon Dieu! On rentre! Ce type est loin et tout ça m'a donné soif...”
“Je note, Ouatson. On abandonne la poursuite et tout espoir de pincer le principal témoin d'une affaire que l'inspecteur La Bavure se doit de mener à son t.....”
Cette Ouatelse commençait vraiment à lui échauffer les oreilles mais un craquement sinistre interrompit leur discussion.
Un énorme tronc d'arbre poussé par le courant des plus violents à cet endroit venait de frapper une pile du pont dans un bruit d'enfer.
Dans le choc, la structure métallique du pont geignit tandis que l'escalier de bois tremblait à son tour.
Mal assurée, Ouatelse sauta en arrière dans l'herbe humide en poussant un cri: “Ma cheville!”
“Manquait plus que ça” grommela Ouatson.
“Vous pourriez m'aider à me relever, mufle!” rugit Ouatelse en grimaçant.
Il l'aida gauchement à se remettre debout et à retirer sa chaussure; la cheville était très enflée.

“Rien de tel qu'une friction d'alcool” assura Ouatson “je file en chercher à l'hôtel”
“Vous n'y pensez pas! On a laissé la voiture sur la route et c'est au moins à trois heures d'ici!”
“Vous croyez tout de même pas que je vais vous porter?”
Ouatson avait sa tête des mauvais jours, celle des jours de sevrage...
“Je ferai de mon mieux pour revenir vite” promit-il en se retournant.
“Hey! Ouatson! Laissez-moi au moins une arme”
“Quelle arme? C'est vous qui les avez prises en partant”
“Hein? Non, c'est vous qui....”
“Calmez-vous Ouatelse” (il s'était retenu pour ne pas dire Miss) “et soyez patiente, au pire... la nuit porte conseil!”
La chaussure l'atteignit à la base du crâne mais il n'en fit rien, il fallait regagner l'hôtel au plus vite - c'est à dire avant que le bar ne ferme - et... reprendre des forces.