Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème du Cadeau empoisonné
Je
sais bien que c'est l'intention qui compte mais je m'attendais à
autre chose qu'une carte même joliment enrubannée et décorée de
petits sapins, de cannes en sucre et de bulles de champagne...
C'était
signé PPN (Petit Papa Noël) et ça disait ça :
Suite
à vos contrôles techniques débiles et votre nouvelle loi
Diagnostic 5 gaz, mon équipage vient d'être recalé pour cause de
flatulences hors normes aussi me vois je contraint – la mort dans
l'âme – de t'abandonner en cadeau ceux qui m'accompagnèrent
pendant des siècles.
N'en
prends pas ombrage mais tu trouveras dans ton garage cet équipage
d'un autre âge. Fais-en bon usage.
Toutes
ces rimes en age alourdissaient le message, ajoutant à ma confusion
car c'était mon tout premier cadeau offert la mort dans l'âme...
Malgré
le froid je sortis en pyjama dans la rue où vociférait un groupe de
voisins matinaux :
« C'est
toujours pareil avec les Vegas »
«Ils
se croient tout permis, même le matin de Noël»
et
ce tollé récurent « Y'a un truc qui brâme dans vot'
garage ! »
J'ouvris
la porte dans un nuage pestilentiel de cervidé emboucané et de
poisson pourri qui fit fuir l'attroupement et me fila la gerbe.
Tout
était là comme décrit sur la jolie carte, un traîneau délabré
équipé de pneus usés jusqu'à la corde et immatriculé HOH OHO et
neuf cariboux ou caribou – pas facile de lire le X à l'arrière –
harnachés mais déchaînés, tenaillés par une faim qui les avait
poussés à bouffer tout le doublage polystyrenne ou polystyrène
expansé des murs de mon garage.
Je
soulevai machinalement le capot du traîneau pour découvrir ce qui
puait tant le poisson pourri ; le traîneau était équipé d'un
turbot, un vieux turbot en décomposition que les rennes bouffèrent
aussitôt avec des grands slurp qu'on aurait dit mon oncle Hubert
faisant son chabrot !
Bref,
j'enferme mon cadeau de Noël et je file en voiture chez Animalys
avec cette question inclassable : ça bouffe quoi un caribou ?
La
tête des employés faisait peine à voir et leurs questions
donnaient à réfléchir : »Y pèsent combien vos
rennes ? C'est des mâles ou des femelles ? C'est du
sauvage ou du domestique ? Y sont du bois ou de la toundra ?»
Sans
plus attendre j'ai pris dix kilos de paille, de celle qui sert à la
litière des poules et j'ai repris ma voiture qui sentait déjà le
poisson pourri pour rentrer à la ferme... pourquoi ai-je dit la
ferme ? Je n'en sais rien.
Devant
le garage entr'ouvert il y avait une ambulance ; deux types y
chargeaient ma Germaine, exsangue et échevelée …
Je
n'avais même pas eu le temps de lui offrir son cadeau, un joli gilet
jaune avec les petits élastiques sur les côtés.
Je
déchargeai ma paille ; les caribou – avec ou sans X – ça
n'attend pas !
Le
nez rouge de Rudolphe clignotait dangereusement.
si après les gilets jaunes il y a les nez rouges... ça va tourner en rond
RépondreSupprimeron n'est pas sorti de la ferme !
Il me faut au moins une fois l'an vous dire tout le plaisir que j'ai à vous lire. Ne serait-ce qu'à ce titre, je vous souhaite une belle année pleine et entière. ;o)
RépondreSupprimerUn bon moment de lecture grâce à Géhem. Merci, meilleurs vœux.
RépondreSupprimerUne écurie fantastique !
RépondreSupprimerAvec cet équipage, attention de ne pas vous retrouver sur la paille ...
Mais, si l'avoine est aussi au menu, il se pourrait que vous y trouviez aussi du blé ... Ce qui compense, un peu ...
Merci et bonne journée !
Super!
RépondreSupprimerJe suis morte de rire!