samedi 18 avril 2015

MST Option Blanc cass'

Quand les Défis Du Samedi me demandent d'évoquer une remise de diplôme, je sors ce que j'appelle 'mes Bourguignonneries'...




Quand Oncle Hubert nous réunit pour nous annoncer qu'il avait décroché une MST, on eut d'abord un mouvement de recul comme si un pestiféré débarquait dans la famille.

Cheu nous autres, on n'était jamais malade à part peut-être une fois quand le pépé avait eu sa drouille galopante à cause d'une orgie de pêches de vigne traitées anti-mildiou!

Quand Oncle Hubert a ajouté qu'il avait bien mérité sa MST, on a eu un second mouvement de recul en nous demandant bien ce qu'il allait dire pour sa défense et surtout si tante Anastazia était au courant des détails?

Quelle pouvait être la réaction d'une polonaise présentement occupée à la préparation d'un bortch aux haricots sur le délicat sujet d'une infection sournoisement contractée lors d'une chaleur extra-conjugale?

Il ne pouvait pas avoir berdauillé cette gouine de Rolande, ni la grosse Margot et ses relève-titi... donc, c'était la mère Fromageot, celle qui tenait l'écluse n°33 ?

Un troisième recul nous eut flanqués dans l'arrière-cuisine mais comme notre Oncle brandissait nerveusement quelques feuillets - sans doute les résultats d'un récent dépistage du sida - une des pages tomba, vivement ramassée par p'tit Louis.

Ça cause de nononque!” s'écria t-il crânement.



S'étant étranglé sur les cinq premiers mot “Cé-avec-une-im-mensse-zoie” je lui arrachai la page des mains en me raclant la gorge pour dénoncer l'infamie à haute et intelligible voix, et je lus:

C'est avec une immense joie, et beaucoup de fierté, que nous vous annonçons que vous venez d'obtenir avec succès votre Maîtrise d'histoire des Sciences et Techniques option Blanc cass'.

Afin de marquer ce moment important de la vie qu’est la fin de la période étudiante, une cérémonie de remise de diplôme est organisée le 18 avril 2015 à 16 heures à l'annexe de la mairie de Fouzy-sur-Bèze.

Elle sera suivie fort à propos d'un cocktail que n'aurait pas renié Félix Kir, notre célèbre chanoine et inspirateur de votre brillante thèse”.



J'avais tout lu d'une traite sans respirer et comme p'tit Louis demandait ce qu'était une option blancasse, la réponse arriva sous la forme d'une Master-calotte que lui administra Maître es Blanc cass' en personne!

Un bregognon pure souche pouvait -il ignorer ce qu'est un blanc cass', ne fusse qu'un drouilloux de cinq ans?

Je me souvenais avoir dû apprendre par coeur les proportions et les densités d'alcool du rince-cochon et même celles du 'Double K' créé pour la rencontre entre Nikita Khrouchtchev et le Chanoine Kir dans les années 60 (2 cl de crème de cassis, 4 cl d’Aligoté et 4 cl de Vodka)...

Tandis que p'tit Louis chouinait sur son ignorance, un immense soupir de soulagement souleva notre groupe... oubliées les Rolande, Margot et jusqu'à la mère Fromageot!

Tante Anastazia - du bortch plein les mains - était aux anges c'est à dire empressée à dégainer cette wodka frelatée coupée au méthanol qu'elle gardait pour les grandes occasions...

Ainsi nous avions un étudiant dans la famille, un étudiant de soixante balais et très mal fagotté mais très diplômé!

C'étaient donc ça ces soirées passées à aligner sur la table toutes ces fillettes de Chablis, de Meursault, à treuiller les cassis au pressoir, à se gargariser jusqu'à point d'heure et à ronfler chaque nuit comme une 241-P en gare de Dijon?

Tout ça pour décrocher une MST et aller faire le beau à l'annexe de la mairie de Fouzy-sur-Bèze samedi prochain!

De mémoire, je n'avais jamais vu autre chose que des Certificats d'Etudes primaires dans la famille et mise à part la “petite” croix de guerre du pépé en 14, on ne brillait pas en distinctions vu qu'on ne faisait pas de vieux os sur les bancs de l'école communale.



Oncle Hubert rayonnait: ”Tu repasseras mes culottes” lança t-il à Anastazia d'un air suffisant, l'air que prendrait dorénavant celui à qui elle s'adresserait en disant Maître et en tortillant son devantier.

P'tit Louis se fraya un passage dans le groupe pour toucher Le Maître: ”Alors nononque... t'es pas malade?” bredouilla t-il.

L'énorme rire d'Oncle Hubert nous plaqua définitivement au buffet où Anastazia servait des galopins de son infâme tord-boyaux.

Malgré l'heure tardive il nous restait à battre - les mains tournant en forme de coupe à hauteur du visage - notre traditionnel ban bourguignon «Tra, la, la, la, la, la, la, la, la, lère»...

Si nous allions être au plus mal dans une heure, Oncle Hubert n'était pas malade.




lundi 13 avril 2015

(bonne) Poire ou éconduire, il faut choisir

Rainette surprise à Brocéliande 07/2012




Lassée de son échelle à prévoir le climat
une rainette verte s'en vient d'humeur morose,
au jardin où fleurit la plus belle des roses
lui suggérant la chose en tout anonymat.

Notre crooner des mares - à force décibels -
connaissant la chanson sur le bout des pelotes
dilate son organe et propose la botte
à la reine des fleurs, une pourpre Isabelle.

En roi de l'escalade il voudrait la grimper
et saisir aux aisselles la belle épanouie
qui devant tant d'ardeur se pâme, s'évanouit.

Dans son kamasutra il n'a que l'amplexus,
de l'amour elle ignore jusqu'aux rimes en sus,
l'envoyer sur les roses ne saura le stopper...

dimanche 12 avril 2015

Rêve magique

Publié sur le site MilEtUne d'après les peintures oniriques de Rob Gonsalves



Alors le firmament d'un velours azur s'est déchiré, découvrant des nuages en prière.
A cet instant j'ai décollé, quitté la courtepointe mosaïque de mon lit douillet.
Sous moi j'ai vu l'échiquier du monde et ses tours infernales, ses bâtisses volumineuses hautes comme trois tomes.
Au loin une cascade blanche comme l'aube coulait en draperies. Plus loin encore, un auditoire de tournesols tanguait au son d'un... était-ce un violon ou une trompette?
Parfois la nuit magique trompe l'oeil et l'oreille aussi.

samedi 11 avril 2015

Rififi à La Fontaine

Publié aux Défis Du Samedi qui se demandent ce que deviennent les piécettes
jetées dans les fontaines  ?




La Galeci, ayant pillé
Tout l'été,
Se trouva en garde à vue
Quand la crise fut venue:
Pas une seule piécette
aux cabinets, aux tinettes.
Elle alla crier Justice
Chez la Mifour, Qué Pastis!
Exigeant qu'à la fontaine
On balance sous huitaine
Du grisbi en abondance.
"Croyez-en mon expérience,
J'vous renverrai l'ascenseur,
le beurre et l'argent du beurre."

La Mifour est suspicieuse
C'est là son moindre travers.
“C'est quoi t'est-ce, ce revolver?”
Dit-elle à cette vicieuse.
- Ce n'est qu'un Smith & Wesson
qui n'a dessoudé personne.
- J'aime bien ceux qui innovent
Marre de la kalachnikov.


mardi 7 avril 2015

Métaplasme et tais-toi!

image générée grâce au site "Un titre"
crédit photo Ernesto Timor




Je rêvais de liaisons polissonnes, érotiques
pas-z-à pas, mot-t-à mot j'espérais l'envoûter
par d'habiles phonèmes que j'avais testés
mais dans l'antre des mots couvait la faune éthique.

J'ai compris que j'avais-z-abusé des hiatus
quand-t-elle m'a repris – soudain – la bouche en coeur
j'étais trop-p-excité et trop-p- alambiqueur
alors entre quat-z-yeux elle brailla “Motus!”

Je restai interdit sur ma finale muette
quand elle m'ordonna de la caramboler
et d’un commun-n-accord on-n-a batifolé.

Elle eut des e caducs et moi des pataquès
des sortes de vas-z-y, des-z-encore et des qu'est-ce?
oui mais jusque-z-à quand... je craignais pour ma luette.







(*) En phonétique, la liaison est une forme de paragoge, un métaplasme (modification phonétique qui altère l'intégrité d'un mot)

lundi 6 avril 2015

Bérézina

Publié sur MilEtUne d'après le tableau de Vladimir Kush et en glissant ler mot: Zygomatiques




Z ina aime l'argent et les éclats de rire
Y ouri aime jouer et il aime Zina
G agner l'argent pour deux c'est la Bérézina
O r Zina ne veut pas pour un sou dépérir

M alin qui de Zina ou Youri nous dira
A vant demain lequel aura capitulé
T iré sur le cordon jusqu'à se stranguler
I l est tant de passions où l'un d'eux pâtira

Q uel beau couple dirait en voyant le fermoir
U n esprit ingénu qui croit au grand amour
E t pense qu'on résout tout avec de l'humour
S ouvent l'aumônière recèle des mouchoirs


samedi 4 avril 2015

Ultimam time


"La nuit, le saviez-vous, les cadrans solaires sont gris,
étourdis sans doute d'avoir tourné
une journée entière et la tête au soleil.
Lorsqu'ils sont endormis, le temps s'arrête
et les hommes en profitent
pour rêver qu'ils ont cessé de vieillir."

(Extrait de "Pour tout l'or des mots" de Claude Gagnière) proposé par Les Défis Du Samedi





Quand les ombres du style eurent quitté la table
que le dernier rayon du brillant Apollon 
sur la pierre eut jeté son ultime jalon
il fallut accepter, subir l'inévitable.

La table refroidie - métronome des jours -
de l'équation du temps avait brouillé le jeu,
du combat Jour et Nuit on consentit l'enjeu 
Hypnos avait sur nous posé son abat-jour. 

Voyant de l'instrument, l'inutile gnomon
comme le naufragé son futile timon
on se prit à rêver de l'éternelle vie. 

Mais en regardant mieux avec horreur on vit
qu'un esprit pernicieux - frénésie meurtrière -
y avait apposé au bas “Crains la dernière!