publié sur DéfiDuSamedi sur le thème: Miroir.
Pour une consigne sobre, c'est une consigne sobre... difficile de faire plus sobre.
Moi qui ne le suis pas, je me suis jeté à l'eau pour cette fois.
Après
avoir méticuleusement soigné son appât rance, Narcisse repousse un peu
plus loin le bouchon sur le ruban miroitant du fleuve en se focalisant
sur
ses vibrations; il y a forcément du poisson sous la surface trop polie
pour être nette!
Narcisse fredonne pour s'offrir du courage: "Allez brillez Mirror, vous asseoir à ma table. Il fait si froid dehors que je claque de dent..."
C'est vrai qu'il caille, un froid à faire pâlir un Berthillon et qui
le glace jusqu'aux eaux, mais il résiste en verre et contre toux, parce
qu'il le vaut bien.
"Psyché.. Psyché.. Psyché!" Le nez aux nues dans l'éther il éternue,
par trois fois risquant malgré sa raideur et comme Vercingetorix de
perdre sa gaule.
L'autre jour il avait même failli emmêler la ligne de partage des eaux sous le regard courroucé des Dieux :" Si tu nous brouilles l'écoute, Narcisse... tu subiras cette contrepétrie".
Malgré la rime, il ne peut rentrer bredouille (sans poichon, point de
chalut) alors que la partie s'éternise, longue comme un jour sans tain.
Si ce froid mortel continue, à ne pas mettre un Conti nu, avant
longtemps il laissera sa peau sur la berge et sans ses gants il
gamberge: "on écrira plus tard ci-gît Narcisse, Reflets
éternels".
Pourquoi gésir quand il serait si bien au chaud à vivre sa vie par
procuration devant son poste de rétrovision, à regarder le patinage...
Nelson et chandelle-au-rôt, ou à feuilleter son
téléscope.
Mais les Dieux, dans leur sagesse lui ôtent bien vite cette envie: "Méfie toi Narcisse, du miroir aux alouettes, tu finiras Desperate, gavé de cacahuètes!"
Narcisse se résigne, trépigne sur sa ligne, guettant le moindre signe... mais pourquoi tant de igne?
Et s'il baisse les bras d'autres viendront à sa place, les Dieux l'ont tonné d'une voix forte: "Qui va à la pêche perd son esche..." et la montagne glacée a renvoyé: "...et se retrouve
avant leurre dans la dèche".
Narcisse en tombe sur sa berge, à une lettre près d'une catastrophe:
d'habitude le glacier des Beaux Sons est plus futé dans ses renvois...
Echo serait-elle devenue dure de la feuille?
Grec bien avant Nikos, Narcisse en connait un rayon et n'a qu'un but dans la vie, aller se faire voir chez les siens.
Au diable le bouchon, la gaule et les poissons,
à quoi sert un beau nez transformé en glaçon?
Mais pour mieux réfléchir il faut d'abord fléchir...
c'est ce que fait la gaule traînée par un silure
entraînant le pêcheur et sa triste figure.
O fleuve, o beau miroir, veux-tu bien m'affranchir?
Est-ce moi le plus beau, malgré mes engelures?
Désolé Narcissus, c'est encore le silure.
Vaincu par un poisson, il disparait sous l'eau
dans le reflet béant de son alter-ego.
* Petit jeu: trouver la quinzaine de mots (parfois déformés) évoquant le thème du miroir *
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