J'écris sous la torture et ça me plait. Parce que j'aime les contraintes, parce que "même grasse, la risette du Mans n'a jamais fait de mal à personne" et parce que "Ne rien dire, nuit gravement à la santé"
jeudi 23 décembre 2010
La bouffarde de la mère Noël
C'est bientôt Noël. Alors comment ne pas me remémorer tous ces cadeaux du passé, ceux que bien des jaloux qualifient de babioles quand celui qui les a reçus écrase encore aujourd'hui une larme d'émoi rien que d'y penser et ne peut résister au plaisir de vous faire partager son émotion
Elle n'avait eu aucun mal à me convaincre et, abandonnant ma femme à ses emplettes de Noël je la suivis sans hésiter dans ce qu'elle appelait son petit atelier.
C'était un bric-à-brac joyeux et indescriptible, ce qui m'évitera d'en dire plus.
La mère Noël avait prit l'objet brut sans faire de chichi et en un tournemain, faisant naître un volume inattendu, elle en dégagea une forme intéressante avant que j'aie pu formuler le moindre désir.
J'aurais voulu en découvrir toutes les étapes, connaître ses secrets mais on n'interrompt pas une artiste inspirée... j'appris tout au plus entre deux grognements qu'elle tenait son art de sa grand-mère qui le tenait de plusieurs générations jusqu'à cette aïeule qui avait parait-il pimenté l'ordinaire d'une grande partie des troupes napoléoniennes.
A cette évocation je me redressai fièrement... l'entreprise était en bonnes mains!
Je me serais volontiers assis pour calmer une certaine raideur sciatique persistante mais dans la position où je me tenais je pouvais admirer toute sa dextérité, mesurer la précision de ses gestes et l'ardeur qu'elle y mettait.
Penchée sur l'ouvrage, elle travaillait l'objet inlassablement avec cette amusante mimique qu'ont les écoliers quand ils tirent la langue alors qu'arrivés au bout de la ligne, ils contemplent leurs pleins et déliés en redoutant que la plume dérape ou que l'encre sèche...
Alors que, persuadé que l'oeuvre venait d'aboutir j'allais la remercier chaleureusement, elle eut encore le temps - cet instant béni qu'ont les grands artistes - d'ajouter une fioriture du plus bel effet, quelque figure de style entre le bouton de rose et la couronne de glands qui donnait à l'objet son caractère unique.
D'une main experte elle pressa sur le frein et brandit l'objet en pleine lumière, le regard empli de fierté et même d'une certaine suffisance.
Le résultat était au delà de mes espérances et à cet instant je ne regrettai pas d'avoir convenu du prix par avance, convaincu que d'autres s'en seraient tiré pour plus cher.
C'est à cet instant que la porte s'ouvrit brusquement sur un "''Ah tu es là!''" que je connaissais trop bien.
Oui j'étais là, l'objet à la main et j'en conclus qu'il plaisait tout autant à ma femme car elle n'eut pas un seul regard vers l'artiste qui s'essuyait les doigts pour empocher son dû.
Depuis ce jour l'oeuvre jurassienne trône sur la cheminée et si elle n'a jamais été fumée, je lui trouve un petit air culotté... quoiqu'en dise mon épouse.
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