lundi 18 avril 2011

Fadaises mineures




 
''Qu'est ce qu'on massacre c'te fois?''
''Pavane d'un certain Gabriel Fauré''
''Faux ré! En v'la un drôle de blaze''
 ''Ben, si c'était Deaudièze ou Mibémolle, ça s'rait aussi un drôle de nom''
''Et quel thon?''
''Tu pourrais avoir un peu d'respect pour l'auteur''
''J'demandais juste en quoi t'est ce que ça démarre?''
''En fa dièse mineur''
''Pfff! En fadaises mineures? Drôle de thon''
''Non, j'ai dit en fa dièse mineur comme c'est écrit là, sur la partoche''
''Excuse! T'avais dit en fadaises min...''

''C'est pas bientôt fini les frangins Hautbois?''
''Hé Miss Clarinette! On t'a pas sonné. Le jour où tu donneras le ''la'' tu pourras la ramener''
''Toujours aussi aimables les frangins... Maître Charles n'a pas fini d'en baver avec vous''
''Quel Charles?''
''Maître Charles, Môssieur, Charles Lamoureux notre chef!''
''Ah, tu veux dire Charlie... celui qui s'tue à nous faire rabâcher depuis un mois un truc lancinant qui va durer à peine dix minutes!''
''Je vous signale misérable Hautbois que ce soir, 25 novembre 1888 est le grand soir où la Pavane sera interprétée pour la première fois en public''
''Et la dernière j'espère! Je kiffe pas l'barouf des bassons et encore moins çui des cors! Quelle idée d'souffler comme ça dans un éléphant?
  Et j'te parle pas des cordes... et vas-y que j'te frotte, et vas-y que j'te frotte. C'est nuit d'pleine lune ou quoi?''
''La mélodie, l'harmonie, la symphonie ça ne vous dit rien?''
''Si mais c'machin là, j'le sens pas... ça traîne trop. Moi j'l'aurais bien vu en rap''
''En rap? Mais on n'est qu'en 1888''
''En rapsodie, espèce de tronc de chou''

''Taisez vous, bon sang! Voici le maestro!''
''Ah vous les flûtes de paon on vous a pas sonné non plus''
''Vous nous avez bien regardées? Nous ne sommes pas des flûtes de Pan!''
''Hi Hi... Pourtant y'a pas mieux qu'la flûte de paon pour s'pavaner !!''

C'est ainsi qu'en ce 25 novembre 1888, alors qu'on venait tout juste d'entonner l'Internationale - mais ce n'est pas le sujet -  deux Hautbois massacrèrent si bien la Pavane que trois jours plus tard l'auteur créait une version chorale destinée à couvrir leur nasillage tout en les vilipendant par quelques répliques bien senties:
soprano : ''Ô la mortelle injure''
alto : ''nous rabattrons bien leur caquet''
femmes : ''qu'ils sont laids''
 
Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème musical Pavane de Gabi



 

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