lundi 14 juin 2010

Fermentation radioactive

Qui n'a pas au moins une fois dans sa vie croisé un tapir galopant joyeusement sur les vastes étendues...?
Le mien était brun, le poil hirsute, boutonneux avec une grosse tête pleine de rayons bêta... ça ne s'invente pas! Ce n'était comme disent ceux de Normale Sup'... qu'un tapir vulgaris, enfin un élève recevant des leçons particulières; j'espère qu'il saura plaire aux Impromptus littéraires.
 




Ce matin une effervescence inhabituelle règnait au 45 de la rue d'Ulm comme un mélange de parfums enivrants de vacances et de gazole, un bruit de vagues océanes turbo-compressées avec des grains de sable polués dans l'air parisien... un temps à retrousser les jambes de son Panthéon songea t'il en franchissant le porche.

Gonzague salua tant bien que mal les poissons du bassin de la cour aux Ernests
où il s'était fait ernestiser il y a bien longtemps selon la tradition normalienne.
Sur le mur Sud baigné d'un précoce soleil d'été, Voltaire et Montesquieu bronzaient en lui faisant de l'oeil mais il ignora ses pairs, traversant péniblement l'aquarium
du rez de chaussée où une tribu de sioux maghrebins briquait les marbres.
Son élève devait l'attendre depuis une heure pour son cours particulier et il pesta contre cette foutue soirée foot & Corona dont il ne restait qu'un mal de tête persistant, un bruit de perceuse à percussion au beau milieu du crâne et l'étrange impression d'avoir avalé une vuvuzela.
Dans quelques semaines il serait intronisé archicube, libéré des obligations normaliennes et pour l'instant une irrésistible envie de faire demi-tour lui tordait les boyaux!
Sur un banc, son benêt boutonneux bullait bêtement, perdu dans des pensées sans doute plus proches des lois de probabilité de distribution de l'énergie des particules bêta et de l'existence du neutrino que de la fermentation des levures mexicaines!
Gonzague ravala un rôt indigne de ces lieux mais assez puissant pour sortir le benêt de ses réflexions radioactives; le conscrit dévisagea son instructeur-éructeur, y lit toute la misère du monde et en conclut par un large sourire que le cours venait d'avorter.

Déjà Gonzague regagnait Saturne sa thurne au dernier étage du système scolaire où il vivait selon son expression en extraterrestre, loin des caïmans, les surveillants désagrégés, et son tapir galopa joyeusement sur les vastes étendues de Pot, pompeusement baptisé restaurant où il allait s'emplir l'estomac à défaut de la tête...



Les mots en italique sont empruntés au jargon de Normale Sup' où l'on y découvre le tapir dans la jungle normalienne 

Attention! ce jargon est extrêmement codifié puisque thurne perd son 'h' les années bissextiles!




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