Il
parait que j'ai longtemps hésité entre venir par le siège et par la
présentation transverse pour finalement débarquer classiquement
c'est à dire par voie basse tout en braillant à tue-tête, ce qui me
semble parfaitement contradictoire... enfin, je
crois.
J'arrivai ainsi en pleine incertitude dans un monde impitoyable où j'allais
m'adonner à une interminable valse-hésitation dont j'hésite à parler ici.
Tétine ou téton fut un des premiers choix cornéliens qui me fut proposé
alors que je n'aspirais qu'à des joies simples, au rythme d'une trilogie sans surprise: miammiam-dodo-caca.
Pour
le bleu ou le rose, on avait déjà choisi pour moi avant même mon
expulsion - allez savoir comment - et c'est sans doute la seule fois
où j'ai manqué l'occasion de m'affirmer: je voulais du rose!!
Ca doit venir de là, l'expression “se faire avoir comme un bleu”... enfin,
je crois.
A ce moment si j'avais su parler j'aurais essayé de transiger pour ne
froisser personne: rose et bleu, ça doit être vaguement lilas ou peut-être lie de vin, non?
Lie de vin, c'eut été de circonstance pour un p'tit bourguignon... à moins
d'un joli camaïeu de bleu sur fond rose. Bref, peu importe, c'est trop tard, j'ai fait dans le bleu.
Pour
tout le reste ce ne furent que déchirement, louvoiement,
tergiversations à n'en plus finir et quand les “Tu vas te décider,
oui?” tombaient comme des couperets, j'optais dans la douleur pour une
option que je regrettais dans l'instant... Juliette et
pas Manon, chat et pas chien, dessert et pas fromage, Beatles et pas
Stones, CGT et pas FO, mer et pas montagne.
Je
ne sais pas si c'est à cause du manque de rose ou de mon penchant à
balancer chaque décision mais un beau matin je me suis retrouvé prof
de danse... pas de n'importe quelle danse, j'avais choisi le tango
argentin.
Plus
exactement on avait choisi pour moi. C'est Juliette qui a choisi, même
si j'habite maintenant chez Manon... enfin, je crois. J'aime bien
Juliette car elle choisit vite pour elle et encore plus vite pour moi.
Du coup je me suis résolu à ne pas choisir.
Çaa été difficile à prendre comme décision, mais c'est fait: c'est Juliette qui choisit.
J'aime
bien Manon aussi parce qu'elle a un chien, qu'elle aime FO, le
chaource et les Stones, mais Juliette dit que tout ça n'est pas bien
grave, qu'on a toujours le choix dans la vie même si notre inconscient
fabrique souvent notre malheur...
Dans mon boulot, rien n'est imposé et ça m'arrange. Une fois les
fondamentaux - les basicos - acquis par les aficionados, combinaisons, changements d'axe, chacun fait à son idée.
De toute manière il n'y a pas vraiment de diplôme de prof de tango...
enfin, je crois.
J'aime bien Esteban, ses cheveux longs et ses hanches mouvantes, même s'il
n'aime ni la CGT, ni le chaource, ni les chats.
Il serait plutôt d'extrême droite, il adore le provolone grillé au barbecue
et le dogue allemand.
J'habite un peu chez Esteban depuis qu'il est mon partenaire, mais Manon
dit que tout ça n'est pas bien grave... enfin, je la crois.
J'ignore qui a osé dire que “le tango, ce sont des visages tristes et des fesses qui rigolent” car entre Estaban
et moi tout rigole quand on danse.
Quand
je serai trop vieux pour suivre les hanches mouvantes d'Esteban, que
je devrai quitter ce monde impitoyable, je voudrais qu'on joue pour
moi le tango Della Morte ou la Cumparsita - je ne sais pas - avant qu'on
m'incinère ou qu'on m'enterre... enfin, faites pour le
mieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire