samedi 11 juillet 2015

Batifolage folklorique

Publié aux Défis Du Samedi






“Tu vas pas me croire, Lucien mais tantôt j'ai vu un lutin”

“J'te crois pas”

“J'en étais sûr! Pourtant j'ai vu un lutin tantôt!”

“Il était comment ton lutin? Avec un chapeau rond comme la dernière fois?”

“Moque-toi! J'te parle pas du korrigan... cette fois-ci c'était un lutin, un vrai”

“Et y ressemblait à quoi ton vrai lutin?”

“C'est un peu comme un gnome mais en moins bronzé, tu vois?”

“Comme le père Fromageot?”

“Non! Un peu comme un elfe mais en moins suédois, tu vois?”

“Euh... non, mais si ton lutin avait un foulard jaune à pois rouges ça doit être Oui-Oui”

“Non-Non! Un vrai lutin j'te dis! C'est pourtant pas difficile à comprendre”

“Et c'était quand?”

“J't'ai dit tantôt”

“Mais à quelle heure de tantôt?”

“Qu'est-ce que ça peut bien foutre, l'heure qu'il était?”

“C'est pour savoir combien d'pastis t'avais déjà pris chez Eugène!”

“Moque-toi! Justement j'allais y faire mon tiercé et comme d'hab il était cinq heures et quart”

“Cinq heures et quart? Alors ton lutin sortait d'chez la Germaine”

“Qu'est-ce qu'un lutin serait allé faire chez la Germaine?”

“Ben, comme les autres... y s'rait allé la lutiner, pardi!”

“La quoi?”

“La lutiner... un lutin, c'est fait pour lutiner... c'est bien connu, comme un Marivaux marivaude, comme un asticot asticotte, comme un poinçonneur poinçonne, com...”

“Oui ça va! Elle est pas endormie la Germaine, batifoler ou la bricoler à la rigueur mais la lutiner... et puis d'abord c'est pas possible”

“Pourquoi ça? Y a pas plus gourmande que la Germaine et une douzaine de lutins pour l'apéro ça lui f'rait pas peur”

“Sauf que le mien y fait à peine trente centimètres debout”

“Trente centimètres? C'est qu'du bonheur pour la Germaine!”

“Qu'est-ce que t'en sais? Tu connais ses fantasmes à la Germaine?”

“Non mais c'est l'père Leroux qui m'l'a dit et lui il annonce vingt centimètres!”

“Tu dérailles mon vieux. Mon lutin doit faire trente centimètres avec le bonnet”

“En tout cas s'il avait un bonnet, c'est un lutin qui sait s'tenir”

“Ouais, j'ose pas imaginer le croisement entre un lutin et la Germaine. Comment ça jaserait au village”

“Ca risque pas! La Germaine elle a l'esprit pratique, elle prend qu'des gars avec bonnet... les sans bonnets elle prend pas”

“Pourtant le maire n'en porte pas, lui”

“Ouais mais l'maire c'est pas pareil. Lui il lutine pas... il administre”

“Euh... c'est quoi la différence?”

“La différence est énorme! Il est comme qui dirait agent de l'Etat et agent d'la commune à la fois... ça s'appelle une double casquette”

“Ouais ben tu m'ôteras pas de l'idée qu'une double casquette ça remplace pas un bonnet!”

“Où il est parti ton lutin en sortant d'chez la Germaine?”

“Il s'est arrêté devant chez Eugène pour boire dans la gamelle du chien”

“La gamelle de Killer, le doberman?”

“Comme je te vois! Faut déjà avoir vachement soif”

“Et il a pas eu peur du molosse?”

“Tu sais, s'il a pas eu peur de la Germaine...”

“C'est pas faux, c'est qu'une grande gueule et du poil rude tout ça... et après il est allé où?”

“Après il s'est évanoui”

“Ah... il était vraiment sur les rotules... sacrée Germaine”

“Non, il s'est évanoui dans la nature... Pffft”

“ Pfiiit?”

“Non, Pffft... il a fait Pffft comme un lutin, quoi! C'est le gnome qui fait Pfiiit”

“Oh tu m'embrouilles avec tous tes pygmées!”

“Euh... le pygmée, c'est encore différent, Lucien... si tu veux c'est comm...”

“Tu m'gonfles!!”






2 commentaires:

  1. Merci pour cet humour matitudinal, qui décoiffe !
    Jean ai connu, une germaine, qui germainiser dès qu'elle avait mis un peu trop le nez dans la peinture, et radotait, yoyotait ... en allemand !
    LOIC

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