lundi 16 janvier 2012

Message du passé... simple

A partir de cinq mots énigmatiques, étoffés de nombreux témoignages recueillis sur le terrain, j'ai pu reconstituer cet émouvant épisode d'un passé à la fois simple et compliqué.
Publié aux Impromptus Littéraires avec l'aimable autorisation de moi-même
 
 

Anoux-La-Motte, le 12 juillet 1947 
 
 
                                  Très cher John - alias Mac Aaron,

Je caresse l'espoir - à défaut d'autre chose - d'une infime chance que vous reveniez un jour dans ce qui fut le théâtre de notre merveilleuse aventure et où je cache aujourd'hui cet aveu.
Tant d'années ont passé depuis cette magique nuit du 15 août où, tandis que la vierge Marie montait au ciel - comme chaque 15 août - vous vous empalâtes, votre parachute et vous sur la pointe impitoyable de notre petit nid d'amour, ayant confusément pris pour signal mon pauvre lumignon!    (Sorry)

Pour une fois que mes anglais débarquaient dans la joie, je vous recueillis, vous soignai et je mis tant d'empressement à vous remettre sur pied que votre blessure ne fut bientôt plus qu'un croustillant sujet de plaisanterie entre nous.
Vous me mîtes au parfum (naphtaline), vous disant agent double et je l'ai cru sans peine car dans nos torrides ébats, j'ai toujours pensé que vous étiez plusieurs.

Quelle idée saugrenue d'avoir choisi macaroon comme nom de guerre! Je vous avais bien vite rebaptisé croquembouche et vous ne vous en plaignîtes jamais, bien au contraire, vous le revendichat revendiquâtes même.
De la Force Rugby de votre général Frederick, je ne me souviens que de nos ardentes mêlées et de vos essais brillamment transformés.
Quand j'y repense aujourd'hui ma gorge me manque et les mots se serrent, à moins que ce ne soit l'inverse :

Vous aimiez mon accent et mes alexandrins,
moi votre torse roux et votre beau man...
vous m'apprîtes vos mots et le nec-plus-ultra
tant de pages cornées dans le kama-su...

Nus, sous le firmament on criait "Fuck the war"
et bien qu'il fut trop tôt pour compter vous ass...
à force d'inventer, des merveilles vous fîtes
pour moi c'était le pied, pour nous deux c'était ... 

Plus tard ont débarqué les fruits de nos folies que j'ai baptisé Brian et Helmut et qui ignorent tout de vous puisque j'ai consenti à faire voeu de silence.
Cependant je n'ai jamais juré de ne pas écrire... c'est aujourd'hui chose toit faîte!
 
Votre petite provençale


 
 
P.S: Le passé simple n'étant pas aussi simple qu'on veut bien le faire croire, je joins ici un petit lexique à usage des non francophones:


- empalâtes: même au passé, vient du verbe empaler
- mîtes: lépidoptères à chapeau chinois
- revendiquâtes: (franglais) se dit après avoir revendu le chat
- fîtes: du verbe "faire des pieds" mais pas des mains

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