lundi 26 août 2013

Voir le Pied-mont et mourir

Publié aux Impromptus Littéraires
 
 

 
"La région du Pied-mont est propice aux excursions pédestres tout comme l'ensemble de la botte italienne".
C'est ainsi que parlait Sarah Toustra - la guide du syndicat d'initiative - à notre petit groupe baptisé Les Mocassins, fraîchement débarqué à la gare de Turin et qui croyait bêtement trouver du jambon à Aoste.
Cette semaine de vacances supplémentaire promettait d'être riche en émotions.

Notre première émotion due à une overdose de carota grattugiata - des carottes râpées - eut raison de notre transit digestif et on peut dire qu'on en a chié pour passer le Pô.
C'est un marabout de Corda - ficelle en français - qui nous a remis en selle en nous faisant prier au pied des stalles d'une tour située Place des Miracles et qui d'après moi penchait vachement.



On avait prévu de rejoindre Florence - pas la ville - une copine basque qui s'était fourrée dans un gai pied en quittant son job de podologue à saint-jean-pied-de-port pour suivre un homo podophile; j'ai découvert plus tard qu'un podophile n'est qu'un fétichiste du pied, même en italien. On n'a pas vu Florence, alors on a vu Parme comme le chante un certain Berliscuno, le Brel local.
Voyez-vous, Parme ça ressemble beaucoup à Aoste, surtout les charcuteries.


Au loin on apercevait le sommet escarpin - la guide disait escarpé - du Mocassin; les italiens disent le Mont Cassino bien qu'on y trouve pas la moindre machine à sous. Finalement ça fait beaucoup de marche pour rien quand on prend les noms au pied de la lettre.
Alfredo a dit comme ça que ça nous faisait les pieds; ça a fait pleurer Britney qui trépignait et ne voulait plus continuer. Heureusement on a fait tourner la grole à huit becs remplie de gnôle locale qui a requinqué tout le groupe. Je ne sais pas pourquoi requinquer se dit tourista en italien, enfin bref.

Alfredo voulait voir le Monte di Pieta - le Mont de Piété - mais on l'a jamais trouvé sur la carte; on était pourtant venus pour découvrir les spécialités italiennes.

Alors on est redescendus en lacets dans la vallée en traînant la semelle; Johnny fermait la marche, fier de porter sa musette et son surnom de Dernier des Mocassins. Il faisait déjà nuit mais avec nos ampoules on devinait bien nos pieds.
Il nous restait encore à voir Naples et ses ateliers de chaussures, là où parait-il à l'ombre du Vésuve travaillent des picciotti douze heures par jour... finalement on n'a pas eu envie d'acheter et comme on s'est fait racketter nos pompes à la gare par des mafiosi, on a pu voyager les doigts de pieds en éventail jusqu'à la frontière française.

On nous a dit plus tard que c'était la camora, qui aussi bizarre que ça paraisse n'en voulait pas du tout à nos appareils photo... un sacré pied de nez à la mafia!

A Chambéry on a filé au premier magasin de pompes venu: c'était un Sport-Vingt-Mille où on n'a trouvé que des moon boots pointure quarante six, mais qu'est ce que c'est le pied, même en plein mois d'Août!  



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire