lundi 27 avril 2015

Seconde chance

Publié sur le site MilEtUne



C'est vraiment un fameux trois-mâts... non, quatre, quinze nœuds et mille tonneaux... rien à voir avec le Bel Espoir II de cette chanson “Santiano” que sifflotent les nouveaux arrivants.
On va partir pour de longs mois en laissant Margot, Jennifer ou Mireille avec l'espoir de ne pas nous planter sur les rochers au large du Croisic comme la fois précédente.
Saint Nicolas, protecteur des marins qui nous a sortis du néant depuis ce funeste jour de septembre 1793 nous a bien prévenus: Il n'y aura pas d'autre fois.
“Si Dieu veut toujours droit devant, vous irez jusqu’à San Francisco” a t-il promis en jurant ses mille sabords.
Comme notre saint, le commandant se prénommait Nicolas mais son nom c'était Lapin, et ça ne m'inspirait pas confiance, tonnerre de Brest!
On devrait être recalé au concours de commandant avec un nom pareil.
En plus l'Hermione s'appelait l'Hermione et ça c'était encore plus inquiétant: redonner à un rafiot le nom d'une grecque maudite par les dieux et à l'origine de la guerre de trois... alors que nos ancêtres s'étaient déjà farci la guerre de cent ans, j'appelle ça du sado-masochisme!

Comble de malheur, le nouveau maître coq avait été éliminé en saison 3 de Top Chef, aussi fut-on réduits à la portion congrue dès le départ... viande salée (lard et pieds de cochon) et un barricot de cognac Hennessy pour tout l'équipage tandis qu'au carré des officiers on se gobergeait de belles volailles de Loué et de grands crûs de saint Emilion...
Personnellement je m'en foutais un peu, j'ai toujours adoré les pieds de cochon mais les autres faisaient la gueule, surtout les femmes.
Oui, il parait qu'aujourd'hui les femmes ne portent plus malheur alors on en avait embarqué quelques unes... une sombre histoire de parité à laquelle je n'avais rien compris.
J'ai appris qu'on disait aussi matelot en parlant des femmes car la matelote est une spécialité culinaire, ce même ragoût de poissons qui avait valu au nouveau maître coq d'être éliminé en saison 3.

Bref, notre équipage mixte partait sur les traces de La Fayette, comme si on pouvait encore suivre des traces en mer 235 ans plus tard!
On n'avait pas le droit d'être contrariants, Baltimore, Philadelphie, Boston, New York... l'itinéraire semblait alléchant pourvu qu'on ait embarqué assez de pieds de cochon.
On disait même que là-bas l'argent coulait à flots et qu'on trouvait l'or au fond des ruisseaux, mais je me suis toujours méfié des réclames depuis qu'on avait dit qu'aucun bateau ne pouvait sombrer au Croisic!
Il y en a même qui disaient qu'on reviendrait au pays revoir Margot, Jennifer ou Mireille pour leur passer la bague au doigt... mais je crois que ceux-là ignoraient que le commandant s'appelait Lapin!
Je ne voyais pas l'intérêt de revenir dans un pays où la devise était devenue “Ramer plus pour gagner moins”, alors avant le départ j'ai utilisé un nouveau modèle de pigeon voyageur qui s'appelait un fax pour prévenir de mon arrivée les descendants de mon ancêtre établi - c'est marrant - à Lafayette en Louisiane dans les années 1900.
Là-bas j'allais pouvoir m'éclater, bouffer des écrevisses, du jambalaya et de l'alligator en écoutant du swamp pop avec les filles de joie... ce qu'ils appellent de l'autre côté le fameux rêve américain.
Alors j'ai été le premier volontaire pour aider à lever l'ancre... jusqu'à ce que la chaîne déconne!
Les nouveaux ont dit que c'était souvent comme ça avec la première chaîne.
En tout cas ça commençait mal...

5 commentaires:

  1. J'aurais eu tort de participer (financièrement s'entend) à sa construction en 2005 ?
    L'avait un peu moins fière allure qu'aujourd'hui...
    http://storage.canalblog.com/96/42/1240604/103756597.jpg

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    1. Pas d'inquiétude Walrus! Je te rembourserai au centuple quand j'aurai fait fortune chez les Acadiens...

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  2. Perso, avec mon fils dessus, je lui souhaite bien meilleure ! Même s'il n'aime pas les pieds de porc !

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  3. Bon vent à ton fils, AOC! Une formidable aventure, c'est certain

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