Publié aux Défis Du Samedi
Le
Monbazillac est ce qu'on appelle un vin français écoeurant –
certains disent liquoreux pour faire moins écoeurant – produit au
sud de chez Cyrano de Bergerac à qui Rostand a tiré le nez, sur des
coteaux à dahut dans les environs du village de Monbazillac.
A
quelques kilomètres près, le village se serait appelé
Rouffignac-de-Sigoulès et le cru aurait porté le nom de
Rouffignac-de-Sigoulès au risque de déborder de l'étiquette à
moins que l'étiquette ne fasse le tour de la bouteille: le vin
aurait alors porté le joli nom de
Rouffignac-de-SigoulèsRouffignac-de-SigoulèsRouffignac-de-Sigoulès,
jusqu'à en avoir le tournis.
Le
village de Monbazillac possède un château qui s'appelle le château
de Monbazillac; il aurait pu s'appeler le château de
Rouffignac-de-Sigoulès mais ça n'est pas le sujet.
Il
est construit sur un site classé appelé site web où l'on accède à
l'aide d'une hache-tétépé-chateau-monbazillac-point-com... enfin,
c'est vous qui voyez.
Si
l'appellation se situe à cheval sur plusieurs communes on n'est pas
obligés de savoir monter pour la parcourir.
En
tout cas le vignoble repose sur des terrains rudimentaires –
certains disent sédimentaires pour faire croire qu'ils en savent
plus que moi – datés de la fin du rockenscène et du début du
larcène.
Les
cépages sont le muscadoux ou muscat fou et le sauvageon ou
sauvageon.
Le
muscadoux peut s'appeler aussi marmouset, hi-han, bouillant,
mouflette, chaud-devant ou raisinette; c'est pourquoi on l'appelle
muscat fou pour faire simple.
On
plante ces cépages à raison (ou à tort) de 4000 pieds par hectare
pour pouvoir marcher entre les pieds, sauf si on possède moins d'un
hectare ou que l'on chausse petit. L'hectare fait à peu près dix
mille mètres carrés et le mètre carré est un carré à quatre
côtés d'à peu près un mètre chacun.
L'à
peu près s'appelle la triche et est puni d'à peu près pas grand
chose.
La
taille se fait en gobelets puisqu'il est question de produire du vin
à boire alors que s'il était question de produire du raisin de
table on pratiquerait la taille en sandwich.
Quand
le vignoble est pourri on le récolte car il le vaut bien.
La
vendange commence à la mi-octobre contrairement à celle des chats
qui commence à la mi-aout.
La
vendange des pieds se fait à la main, elle a donné son nom à
l'expression “faire des pieds et des mains” c'est pourquoi on dit
que les monbazillacois et les monbazillacoises sont tétus... surtout
les monbazillacoises.
On
ne récolte que les grains les plus pourris – ceux atteints de
pourriture noble – et on laisse le reste pourrir encore un peu –
ceux atteints de pourriture vilaine – on dit aussi botrytisé pour
faire moins pourri.
Le
raisin est pressé afin de ne pas perdre de temps, en Dordogne on est
si pressé qu'il arrive par précipitation qu'on récolte la vendange
de l'année suivante.
L'élevage
qui dure de dix à vingt quatre mois – et même jusqu'à deux ans –
se fait en barriques de chêne français d'où s'échappe par
l'opération du saint-esprit ce qu'on appelle “la part des anges”.
Le
reste appelé “la part des démons” est mis en bouteille; une
fois passé l'embouteillage le Monbazillac recommence à circuler et
peut tenir ainsi vingt, trente ans et plus avant d'être débouchonné.
Pour
la mise en bouteille on procède à la tirade du vin appelée tirade
de Cyrano et dont le verre le plus célèbre est : “Pour
boire, faites-vous fabriquer un hanap!”
Le
meilleur millésime de Monbazillac est le 2005, année mémorable où
les français ont dit NON à la constitution européenne et où
Armstrong a volé son septième et dernier tour de France.
Terminons
par un dicton célèbre: “Avec un Monbazillac, plus de crises
cardiaques ni d'hypocondriaques, que de l'aphrodisiaque”
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