dimanche 3 mars 2019

Les Mardi Grasses

Publié sur MilEtUne d'après l'illustration




Mardi Gras ! Elles se sont baptisées les Mardi Gras !
Ah oui, j'ai oublié de dire que Germaine avait deux sœurs ; un malheur n'arrive jamais seul comme on dit souvent.
Elles vont usurper sans le savoir le nom d'un groupe new-yorkais des années 70.
Ah mes années 70... à cette époque je jouais de la basse, cette même Fender Precision Bass que Germaine a ressortie de la cave où je la conservais dans son étui comme une relique car Madame a si j'ose dire un nouveau violon d'Ingres.
Après le macramé, l'origami et la peinture sur soi (ou sur soie, c'est pareil pour Germaine), Madame se fait rockeuse.
Berthe et Louise que l'on voyait chaque mardi à l'heure du thé viennent maintenant chaque jour constater les maigres progrès de Germaine.
Berthe a déniché sur e-Bay une copie de Stratocaster un peu défoncée et Louise une vieille contrebasse que je n'oserais même pas transformer en bar à whisky, bref … les Mardi Grasses – c'est moi qui leur ai suggéré ce nom – débarquent quotidiennement dans notre salon pour leurs répétitions dont le Larsen incontrôlé profite largement à tout l'immeuble.
Les Mardi Grasses... deux cent cinquante kilos dont vingt de cuir balancent la purée sur Blue, blue, blue suede shoes (les chaussures en daim bleu pour les ignares).
Aujourd'hui elles ont remplacé le thé par la bière et le tailleur H&M par le pantalon de cuir! Ces branleuses de manche ont la guitare qui les démange, alors elles grattent un p'tit peu comme chante Duteil.


Ca y est ! Ce soir les Mardi Grasses jouent – elles font le bœuf, dit-on – à la salle des fêtes de Fouzy-Les-Deux-Verges avec un répertoire qui va de Bob Dylan à Hervé Villard.
« C'est vrai que Germaine a les cheveux roux »... euh... non, ça c'est Jacques Brel.
Je me suis fait tirer l'oreille pour leur réparer un vieil ampli à lampes Orange de deux cent watts mais faudra pas m'en demander plus, elles peuvent bien envoyer la purée … ce soir, je vais au cinoche.





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