samedi 2 mai 2015

Le bol chantant



"Quand j'ai connu M. Hartz, il était marchand naturaliste et faisait
tranquillement ses affaires en vendant, aux amateurs de collections,
des minéraux, des insectes ou des plantes. Chargé d'une commission
pour lui, je m'intéressais médiocrement aux objets précieux
qui encombraient sa boutique, lorsque, tout en causant
avec lui de l'ami commun qui nous avait mis en rapport,
et en touchant machinalement une pierre en forme d'oeuf qui s'était trouvée sous ma main, je la laissai tomber."
("Laura ou Voyage dans le cristal" de George SAND)



Au bruit qu'elle fit en percutant le séculaire parquet vermoulu, je l'imaginais déjà en mille morceaux mais il n'en fut rien.
Comme je me précipitais pour la ramasser, Monsieur Hartz me retint et m'expliqua qu'il fallait la laisser un instant reprendre ses esprits car il s'agissait d'une géode de Célestite qu'on appelle “Pierre des anges” et dont les cristaux aux reflets bleutés contiennent de rares minéraux utilisés dans bien des médecines dont le traitement des caries dentaires.
Comment un vulgaire caillou pouvait-il venir à bout de ce fléau que seule la roulette du dentiste savait anéantir dans d'horribles sifflements?
Pourquoi Pierre des anges? Quel drôle de nom” demandai-je en fronçant les sourcils.
Sa fréquence vibratoire se situe dans le spectre du Chakra alta-major et du Chakra laryngé” répondit-il gravement en ajoutant “... ce qui en fait un vecteur de communication approprié pour entrer en contact avec le royaume des anges”.
Pour moi tout ceci n'était que charabia et pataquès mais j'avais retenu l'essentiel: ce caillou d'apparence insignifiante permettait d'échanger des sms avec les anges!
Je ramassai délicatement le caillou magique et inspectai cette fente d'où pointaient des cristaux; ceux-ci restaient désespérément ternes, comme éteints.
Elle doit probablement être déchargée” dit Monsieur Hartz.
Et où met-on les piles?” demandai-je en la retournant en tous sens, ce qui n'en a aucun pour toute forme ovoïde qui se respecte.
Monsieur Hartz se mit à rire :“On la recharge en la plaçant tout simplement au centre d'un bol chantant”.
Je lui lançai un regard incrédule. Le petit homme me prenait pour un demeuré!
Dans un bol chantant?
Et pourquoi pas sur un tapis volant ou dans la gueule d'une chimère à queue de dragon?

Il était redevenu sérieux :”Le bol chantant est un bol tibétain que l'on fait vibrer ou chanter pendant quelques minutes. Pour une recharge complète de l'objet c'est à dire en quelques heures, on dispose trois cristaux de quartz autour du bol en prenant soin d'orienter les pointes vers le bol”.
Je restai la bouche ouverte tout le temps qu'il mit à fouiller dans sa caverne d'ali baba. Il en ressortit bientôt un bol de cuivre ou peut-être de bronze ainsi qu'une mailloche de bois.
Tu vas le faire chanter toi-même” chuchota t-il en me tendant la mailloche.
Comme je déposais l'oeuf magique dans le bol, je ressentis une soudaine et vive douleur derrière la tête, comme un coup de poignard au point que la mailloche m'échappa des mains et heurta le bord du bol.
J'ignore si Monsieur Hartz avait crié mais je crus bien que ma tête explosait!
Je fus surpris de me retrouver assis sur le parquet, le bol entre les jambes et l'oeuf brillant de mille éclats bleutés qui lançaient leurs éclairs sur les murs.
Monsieur Hartz s'était volatilisé et au plafond flottait un ange, une créature ailée et grimaçante ou peut-être souriante; je ne saurais préciser car c'est à cet instant que je m'évanouis tout à fait...

Quand je revins à moi, je constatai que l'oeuf de pierre avait fait des petits, cinq petites géodes aux reflets bleutés qui oscillaient joyeusement autour de leur “père” dans le bol chantant.
C'est alors que je réalisai que j'étais seul, désespérément seul dans une vraie caverne grande comme une cathédrale.
Les murs encombrés d'objets avaient disparu, tout comme l'ange au plafond et Monsieur Hartz.
J'étais seul avec un bol chantant, un oeuf de pierre er ses cinq rejetons.
Je réalisai à cet instant que j'allais vraiment avoir besoin de parler aux anges!
Je sortis mon smartphone de ma poche. Par miracle, j'avais du réseau. Je tapai ma requête “Chakra laryngé”.
La réponse me parvint, ou plutôt les réponses... trois mille quatre vingt résultats!
Je n'étais pas au bout de mes peines. 


Publié aux Défis Du Samedi
 



jeudi 30 avril 2015

Hermione, fille de Mén...Hélas

Publié sur le site MilEtUne sur le thème l'Hermione



Nous étions quatre vingt mais par un 6 Beaufort
les plus audacieux cramponnés aux cordages
on fit dans la tornade un rapide sondage
nous nous comptâmes dix en quittant Rochefort.

Les filles avaient vomi bien avant qu'à Bordeaux
on charge les tonneaux et la bouffe d'un mois,
on eut dit de blafards fantômes, excusez-moi
les poissons se goinfraient, faisaient des ronds dans l'eau.

Le ciel vers le ponant venait de s 'assombrir
un slogan circulait : Voir Yorktown et mourir...
On a largué les ris, oubliant les amarres

L'Hermione cabrée emporta la tribune
Juppé, les officiels, tout le port de la Lune,
moi j'ai pris un billet Bordeaux-Montélimar.



lundi 27 avril 2015

Déballer c'est ballot

Sur le thème de l'inventaire farfelu publié aux Impromptus Littéraires



Je m'accroupis devant la caisse à inventaire. Il en sort un bout - une sorte d'élastique - alors je tire sur le bout pour voir ce qu'il y a à l'autre bout et voilà tout ce qui est venu... c'est ballot


un élastique à lance-pierre
un lance-pierre à jeter l'éponge
une éponge à tanner le cuir
un cuir de pécari à collier
un collier à scandale « Du Barry »
un Barry White «No limit of love» en vinyle
un vinyle imperméable au motif « le loup dans la forêt »
un forêt de douze à queue cône morse
un morse sans défenses
une “Défense de fumer” autocollante
un autocollant “Défense d'afficher
une affiche « Mémoires d'une geisha »
une geisha gonflable sans valve
une valve cardiaque à bille
une bille de clown
un clown gonflable avec valve
une valve de Vélib sans bouchon
un bouchon spécial goût-de-bouchon
un bouchon-fusible en bronze
un bronze signé Boucher
un Boucher par Boucher genre auto-portrait
un auto-portrait d'André Citroën
une Citroën 2CV publicitaire au 1/43e “Lait Mont Blanc
un Blanc de blanc Mouette & Chardon
un chardon à pédoncule nu
un nu-pied en cuir de pécari à collier
un second collier à scandale « Du Barry » ?

… là je me suis dit que j'étais revenu au premier bout, c'est ballot.

Seconde chance

Publié sur le site MilEtUne



C'est vraiment un fameux trois-mâts... non, quatre, quinze nœuds et mille tonneaux... rien à voir avec le Bel Espoir II de cette chanson “Santiano” que sifflotent les nouveaux arrivants.
On va partir pour de longs mois en laissant Margot, Jennifer ou Mireille avec l'espoir de ne pas nous planter sur les rochers au large du Croisic comme la fois précédente.
Saint Nicolas, protecteur des marins qui nous a sortis du néant depuis ce funeste jour de septembre 1793 nous a bien prévenus: Il n'y aura pas d'autre fois.
“Si Dieu veut toujours droit devant, vous irez jusqu’à San Francisco” a t-il promis en jurant ses mille sabords.
Comme notre saint, le commandant se prénommait Nicolas mais son nom c'était Lapin, et ça ne m'inspirait pas confiance, tonnerre de Brest!
On devrait être recalé au concours de commandant avec un nom pareil.
En plus l'Hermione s'appelait l'Hermione et ça c'était encore plus inquiétant: redonner à un rafiot le nom d'une grecque maudite par les dieux et à l'origine de la guerre de trois... alors que nos ancêtres s'étaient déjà farci la guerre de cent ans, j'appelle ça du sado-masochisme!

Comble de malheur, le nouveau maître coq avait été éliminé en saison 3 de Top Chef, aussi fut-on réduits à la portion congrue dès le départ... viande salée (lard et pieds de cochon) et un barricot de cognac Hennessy pour tout l'équipage tandis qu'au carré des officiers on se gobergeait de belles volailles de Loué et de grands crûs de saint Emilion...
Personnellement je m'en foutais un peu, j'ai toujours adoré les pieds de cochon mais les autres faisaient la gueule, surtout les femmes.
Oui, il parait qu'aujourd'hui les femmes ne portent plus malheur alors on en avait embarqué quelques unes... une sombre histoire de parité à laquelle je n'avais rien compris.
J'ai appris qu'on disait aussi matelot en parlant des femmes car la matelote est une spécialité culinaire, ce même ragoût de poissons qui avait valu au nouveau maître coq d'être éliminé en saison 3.

Bref, notre équipage mixte partait sur les traces de La Fayette, comme si on pouvait encore suivre des traces en mer 235 ans plus tard!
On n'avait pas le droit d'être contrariants, Baltimore, Philadelphie, Boston, New York... l'itinéraire semblait alléchant pourvu qu'on ait embarqué assez de pieds de cochon.
On disait même que là-bas l'argent coulait à flots et qu'on trouvait l'or au fond des ruisseaux, mais je me suis toujours méfié des réclames depuis qu'on avait dit qu'aucun bateau ne pouvait sombrer au Croisic!
Il y en a même qui disaient qu'on reviendrait au pays revoir Margot, Jennifer ou Mireille pour leur passer la bague au doigt... mais je crois que ceux-là ignoraient que le commandant s'appelait Lapin!
Je ne voyais pas l'intérêt de revenir dans un pays où la devise était devenue “Ramer plus pour gagner moins”, alors avant le départ j'ai utilisé un nouveau modèle de pigeon voyageur qui s'appelait un fax pour prévenir de mon arrivée les descendants de mon ancêtre établi - c'est marrant - à Lafayette en Louisiane dans les années 1900.
Là-bas j'allais pouvoir m'éclater, bouffer des écrevisses, du jambalaya et de l'alligator en écoutant du swamp pop avec les filles de joie... ce qu'ils appellent de l'autre côté le fameux rêve américain.
Alors j'ai été le premier volontaire pour aider à lever l'ancre... jusqu'à ce que la chaîne déconne!
Les nouveaux ont dit que c'était souvent comme ça avec la première chaîne.
En tout cas ça commençait mal...

samedi 25 avril 2015

Cinquante nuances de vert

2045, 24 auteurs imaginent demain est le fruit de la volonté de Butagaz, en partenariat avec Short Edition, de solliciter des créateurs de fiction pour mettre en scène des instants de vie, des scènes de famille à la maison... et ailleurs.







Ma recette c'est un litre de lait chaud additionné de beurre de karité et huiles essentielles de bois de rose et de lavande, mais pourquoi faut-il qu'à chaque fois que je plonge avec délectation dans ce que j'appelle ma Mer de la Sérénité, un bain à trente sept degrés... Pauline débarque?

A son claquement de porte je devine qu'elle a encore passé une mauvaise journée, à moins que la voiture sans chauffeur n'ait une fois de plus fini sa course trois rues plus loin à cause d'un bug du GPS...

Dans cinq secondes je vais avoir droit au traditionnel discours:

“J'comprends pas qu'tu t'entêtes à gâcher de l'eau pour un prix exorbitant au lieu d'utiliser notre douche sèche!”

Comme je me garderai bien de critiquer notre dernière acquisition qui m'a coûté trois mois d'heures supplémentaires, je vais supporter sans broncher la sempiternelle démonstration qui fait de mes deux cent vingt litres d'eau chaude à dix euros le mètre cube, le poste le plus énergivore de cette maison!

Il faut dire qu'il y a trente ans j'ai eu l'honneur d'épouser la reine de la sobriété énergétique, la chasseuse de gaspi par excellence.

Si je vous dis que son livre de chevet c'est le Protocole de Kyoto, deux cent cinquante quatre pages et pas une image!

Je l'appelle son “Cinquante nuances de vert” mais ça ne la fait pas rire, bien au contraire; j'ai droit en retour à un cours sur l'équivalence carbone du support papier, et croyez-moi ça vaut une berceuse.

Voilà quarante ans qu'avant de s'endormir Pauline en lit une page à la lueur d'une lampe-loupe frontale à led bleue collée sur le crâne comme une grotesque luciole.

Allez donc faire l'amour à une schtroumpfette cyclope!

Je ne sais pas pour vous, mais moi l'Advanced Focus System format seize neuvième, ça me coupe mes effets. Et en plus, imaginez que ça fasse webcam? Je n'ose y penser...


La porte de la salle de bains ne s'est pas ouverte, et je n'ai pas eu droit au traditionnel discours ni à la démonstration qui tue.

Tout ça n'est pas normal, alors je lance mon célèbre “Tout va bien, chérie?”

Pas de réponse... la reine de la sobriété énergétique se serait-elle mise en mode veille comme tout ce qui possède une prise de courant dans cette maison?

Je sors à regret de la Mer de la Sérénité, essaie de débrancher mon peignoir chauffant, m'énerve, renonce à cette merveille technologique pour débouler nu comme un ver dans le salon.



Hébétée, Pauline est figée devant le mur d'images: “Enfin! J'le crois pas, depuis l'temps qu'le maire nous promettait que le lotissement serait alimenté en gaz de schisme!”

Inconscient du risque pris, je rectifie: “Gaz de schiste ma chérie, le schisme c'est un conflit au sein d'une églis...”

“C'est bien c'que j'disais! Entre çui qui veut, çui qui veut pas et toutes leurs querelles de clocher... si c'est pas du schisme, ça!”

Je n'insiste pas et fais demi-tour.

“Tu f'rais bien d'aller enfiler un slip” me lance t-elle sans un regard. Comment fait-elle ça?



Direction la lingerie où le lave-linge fait un vacarme d'enfer, comme d'habitude.

Relancer cette polémique serait la polémique de trop: Laver le linge à froid, d'accord mais de là à y ajouter des glaçons!

J'enfile un slip gelé mais propre: “Donc tu disais que le maire s'est enfin ouvert aux énergies modernes?”

J'aurais dû m'attendre à cette réponse: “J't'entends pas avec tout c'bruit! Ferme les portes, bon sang!”

Je passe un jean gelé mais propre avant de fermer la porte: “Quand est-ce qu'on passe à ton gaz de schisme?”

“C'est pas d'main la veille vu qu'les ruskovs font la gueule comme toujours et qu'les yankees explosent les prix, mais y z'ont commencé à creuser dans not' rue!”

La mauvais humeur doit venir de là... le GPS n'aura pas intégré les travaux.

“Ah? On va encore utiliser notre éolienne pour un temps, alors?”

“Ouais! A propos d'éolienne, j'sais pas qui avait débranché l'ventilo la nuit dernière, mais j'me suis maquillée à la bougie c'matin!!”

Il faut dire que dans l'impasse où nous vivons il n'y a jamais eu de vent - même lors de la fameuse tempête de 99 - et que ma reine de la sobriété énergétique m'a forcé à installer un gigantesque ventilateur en face de notre éolienne, lui-même alimenté par l'éolienne ce qui fait que... non, pas cette polémique, d'autant qu'il n'y a pas de bougie dans cette maison à part des bougies d'anniversaire Mollacell trop souvent déchargées.



“Euh... ça doit être Mathis qui aura trifouillé la domotique dans le noir”

Pauline déboule, survoltée: “Comment ça dans l'noir? Ça sert à quoi que j'vous équipe tous en led bleue frontale?”

“Chérie, quand tu avais son âge tu rentrais de boîte de nuit dans le noir et sans...”

“Ouais mais ça c'était avant!”

J'ose un “Avant quoi?” qui est le parfait exemple de déclencheur de polémique.

“Arrête avec ça... j'ai eu une journée d'merde au bureau et j'ai envie d'décompresser... ton bain est toujours chaud?”

Celle-là, je l'attendais.

Ma reine de la sobriété énergétique daigne finalement partager ma Mer de la Sérénité à dix euros le mètre cube, dut-elle renier ses sacro-saints principes.

Si l'effet papillon existe encore, la terre doit trembler à Kyoto!

Sourire en coin, je consens à la suivre au bord de ma Mer laiteuse où elle me gratifie d'un strip-tease rapide avant de s'immerger.

“Tu veux que je te frotte le dos?”

Le chignon en périscope, Pauline joue au grand bleu et échappe à ma main baladeuse jusqu'à ce qu'elle émerge en toussant et crachant: “Qu'est-ce que t'a foutu là d'dans?”

“Comme d'hab chérie, un litre de lait, beurre de karité et huiles essentielles!”

“T'es givré? Du lait entier! T'as calculé combien ça coûte ta mixture? Sans compter la pollution quand t'auras tiré la bombe”

“Euh... la bonde chérie, pas la bombe”

Les mains sur les hanches, elle exulte. J'aime bien quand elle exulte nue, avec son chignon dressé et ses petits seins tout pareil.

“C'est bien c'que j'disais! La bombe, on l'aura sur not' prochain relevé bancaire, Môssieur”.

J'aime quand elle m'appelle Môssieur parce que ça ne dure jamais très longtemps.

Au prix d'un effort surhumain je réussis à débrancher mon peignoir chauffant et lui offre tout chaud avec un sourire charmeur.

“Merci Môssieur” minaude t elle en s'y glissant voluptueusement.

Le Môssieur l'emporte dans ses bras pour se diriger vers la chambre quand la porte claque à nouveau.

C'est Mathis, notre fils: “C'est quoi cette p..... de trachée en haut de la rue? J'ai failli me viander!!”

Je repose au sol ma reine de sobriété énergétique qui possède la réponse pour ça.

“C'est la trachée du progrès, mon grand. Le gaz de schisme des Ricains fera bientôt son entrée dans notre maison!”

Va pour trachée aussi, je ne relèverai pas, Pauline est si chaude contre moi.

Vegas sur sarthe



Les clés du 36

Publié aux Défis Du Samedi


“Allo Ouatson? Cette enquête sur le cambriolage du Bureau des objets trouvés... ça avance?”
“Euh... on a pris du retard inspecteur. Vous connaissez pas la dernière?”
L'expression 'Vous connaissez pas la dernière' fait partie des phrases qui ont valu à l'inspecteur La Bavure un traitement de choc anti-stress: “Dites toujours mon vieux”.
“Et bien figurez-vous que ces ploucs avaient perdu les clés du Bureau des objets trouvés!”
(Soupir)
“Et alors?"
“Et bien quelqu'un les a trouvées et rapportées mais ils pouvaient pas les accepter puisque le Bureau était fermé à clé alors j'ai eu l'idée d'essayer les nôtres - celles du 36 quai des Oeufs Frais - puisqu'ils sont au 36 rue des Morillons, alors je me suis dit qu'entre 36 on pouvait...”
“Arrêtez mon vieux. Cette enquête, ça prend tournure?”
“Une belle tournure inspecteur. Ouatelse et moi-même avons commencé par l'historique de la rue des Morillons. Savez-vous que les morillons étaient des petits raisins noirs récoltés dans les vignes de Vaugirard et qui...”
“Ca suffit mon vieux. On n'est pas là pour les vendanges! Quoi d'autre?”
“Très intéressant, inspecteur. A quelques centaines de mètres de là se trouve l'église saint Antoine de Padoue!”
“Et alors? Vous allez à la messe pendant l'service?”
“Non. Saint Antoine c'est celui qui aide à retrouver les objets perdus! C'est marrant, non?”
“Bon Dieu, vous avez que dalle sur le cambriolage?”
“Euh... si, inspecteur. D'après l'inventaire il y aurait plus d'objets après le cambriolage qu'avant le cambriolage! C'est dingue, non?”
“C'est quoi c't'histoire? Les voleurs apportent des trucs, maint'nant??”
“Attendez, Ouatelse m'a fait une liste que j'ai... que j'ai perdue. Faudra que je lui demande de m'en refaire une à l'occasion”
“Pourquoi elle est pas avec vous?”
“Euh... Ouatelse est juste en face, au parc Georges Brassens”
“Qu'est-ce qu'elle branle au parc? Elle bronze ou elle est partie s'bécotter sur les bancs publics?”
“Non. Elle suit les traces, inspecteur... des traces de pneus”
(Soupir)
“Allez-y, mon vieux... j'peux tout entendre”
“Les types étaient à vélo ou à trottinette - on sait pas encore - alors Ouatelse est sur leurs traces”
“Et vous pensez trouver quelque chose deux semaines après les faits? Vous débloquez mon vieux! Et dans l'Bureau c'était comment?”
“Euh... Bien rangé inspecteur. Les robes de mariée avec les robes de mariée, les prothèses avec les prothèses, par contre j'aurais pas mis les statuettes religieuses avec les vibromasseurs... mais ça c'est un choix purement...”
“Abrégez mon vieux! J'vous d'mande juste si c'était le souk ou pas et quels indices vous avez pu recueillir?”
“Le premier indice inspecteur, c'est que les clés de notre 36 rentrent bien dans la serrure de leur 36!”
(Soupir)
“Bon Dieu, on a du mouron à s'faire côté sécurité de l'état-major!! A part ça?”
“Je me souviens des objets trouvés en trop, inspecteur: c'étaient deux masques de vélo et une pompe à Mickey”
“Vous êtes sûr de ça?”
“Excusez, inspecteur. C'étaient deux masques de Mickey et une pompe à vélo”
“Deux cyclistes masqués! On progresse, Ouatson... on progresse. Allez récupérer Ouatelse et rentrez fissa”
“On abandonne les recherches, inspecteur?”
(Soupir)
“Ouatson! On dit abandonner quand on a commencé quelque chose...”
“Euh... pour les masques et la pompe, inspecteur... on se demandait avec Ouatelse si c'était considéré comme des objets perdus ou des objets trouvés?”
“Qu'est-ce que ça peut bien vous foutre?”
“C'est rapport à l'enregistrement sur les registres, inspecteur”
(Soupir de fin)









samedi 18 avril 2015

Tirades du nez connecté

Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration



Eminent:
Entre rose et putois s'il me faut discerner
il n'est meilleur outil que le bout de mon nez

Irréductible:
Parmi tous ces capteurs électro-cutanés
s'il doit n'en rester qu'un je suis le dernier nez

Prudent:
Au fumet répugnant du puant animal
je remets à zéro mon hexadécimal

Exalté:
Au bouquet capiteux d'une rose d'été
j'ouvre mes récepteurs au risque d'éclater

Sophistiqué:
De nanobiosensors je suis suréquipé
et les doigts dans le nez vous pouvez me biper

Connecté:
Je vous épargnerai tous les menus détails
pour les puces à tarin... allez sur le portail