publié sur Défi Du Samedi où l'acrobatie consistait à glisser en catimini quelques
figures imposées...
Mon papounet, ma mamounette,
Je sais que vous allez être surpris que je vous écrie cette lettre,
passeque la dernière fois s'était pendant la colo à Bergue quand je vous
avait demandé d'envoyer de la tune pour ma meuf qu'en
avait pas.
Là, c'est pas pareil passeque c'est bientôt Noël et que j'ai réfléchi
qu'y faut que je sois plus sympa avec vous et que je cartonne sur plein
de trucs et d'abord en français.
Alors soyez pas scotché mais c'est Momo qui m'a refilé des espressions
pour faire plus riche et j'espère que ça vous fera pas trop marrer pour
se que je veux vous dire après. J'ai sauté une ligne
pour souffler un chouia.
D'abord je promet à mamounette de plus rire sous cape quand elle essaie de rentrer la voiture dans le garage et qu'elle chibre le parchoque du catcat.
Je jure à papounet de plus taxer des malboro pour les fumer en catimini dans ma piaule.
Je vous promet à tous les deux d'arrêter de mettre du vieillard
maniaque de l'oncle Albert dans les sorbets quand j'invite les potes, et
si je suis un peu pompette ça sera juste à cause de
l'herbe que Momo il a des foix dans sa poche.
J'espère que tout se que je vous dis de bien, ça vous fera boire du petit lait... enfin, c'est Momo qu'a insisté pour que j'écrive ça et je sais mieux que lui se que vous buvez.
Tout ça pour vous dire de fil en anguille que ça serait bien si vous envoyer fissa ma lettre au père Noël pour qu'y voit comme je suis motivé depuis trois jours!
J'ai pas mis de timbre passeque on a la même adresse et pis vous
trouverez vite la lettre dans la table denuit avec le cadeau sexetoï que
Momo il a piqué à sa
frangine.
J'écris sous la torture et ça me plait. Parce que j'aime les contraintes, parce que "même grasse, la risette du Mans n'a jamais fait de mal à personne" et parce que "Ne rien dire, nuit gravement à la santé"
samedi 26 décembre 2009
samedi 19 décembre 2009
ça traîne...
parce
que Noël approche et que l'attente se fait palpable, il est grand temps
de narrer ces instants fébriles pour ceux qui croient à son miracle, en
y
ajoutant quelques pointes d'épices pour corser le DéfiDuSamedi ...
"Kaiii!"
D'un coup de sabot bien placé Tornade a écarté le vieux chien jaune d'entre ses pattes.
"Pousse-toi d'là, vieux... tu sais bien que t'es jamais du voyage!"
Derrière le grand mâle, les plus jeunes s'impatientent, surtout Fringant et Tonnerre dont les harnais de cuir sont bandés comme des arcs.
"Doucement les gars..." tempère Tornade "on s'ra pas prêts avant une bonne heure, et pis j'ai pas encore briffé le p'tit nouveau".
"On a le temps de se refaire une ventrée de lichens, alors?"
"Vous éloignez pas trop les gars... le Vieux n'aime pas ça; il est nerveux à cette heure!"
Le p'tit nouveau c'est moi... Rudolph, et je réalise la chance que j'ai d'avoir décroché le job parmi cinquante candidats. Je sais que mon nez rouge flamboyant y est pour beaucoup mais sans mon sens inné de l'orientation, j'aurais perdu le Nord aux tests pratiques.
Guide-éclaireur et neuvième coursier de l'attelage, tous comptent sur moi pour éviter les pièges des brouillards malicieux qui retardent et font gueuler le Vieux!!
Danseur a placé les autres par couleur de robe, les pelages gris devant avec Furie et Eclair et les pelages bruns derrière avec Comète et Cupidon mais jamais je n'aurai le temps de les reconnaître en si peu de temps.
Alors j'ai trouvé une astuce pour les situer sans me retourner car je dois vous dire: je possède aussi un odorat hyper développé et j'ai accroché dans leurs bois des sachets d'épices tous différents.
Tout près de moi les saveurs subtiles, gingembre, badiane et cucurma... plus loin l'aneth, la réglisse et le safran; un sillage odorant et parfumé qui va faire frémir plus d'une narine sur notre passage!
Le Vieux a eu l'air de trouver l'idée assez astucieuse et je pense avoir marqué des points sur ce coup-là; mais je sais aussi qu'il s'en fout un peu, d'abord parce qu'il se traîne une sinusite carabinée et puis pour lui ce qui compte c'est les horaires, la satisfaction du client et aussi ce projet bizarre de réduction de TVA qui l'occupe beaucoup... un Traîneau Virtuel Automatisé.
Derrière moi, ça s'agite de plus en plus; le bruit court que le Vieux a fait le plein et comme le chien jaune vient de reprendre une bourrade, je décide qu'il est temps d'allumer mon nez rouge...
Je crache le morceau d'écorce que je mâchouillais nerveusement depuis une heure. "Ready guys?". Je sais pas pourquoi j'ai lancé ça en anglais! L'émotion sans doute, mais je vais me reprendre avant de goûter au fouet du Vieux!
Tout en bas, sous les nuages j'aperçois des lumières qui scintillent... si j'en reviens, je vous raconterai, promis.
"Kaiii!"
D'un coup de sabot bien placé Tornade a écarté le vieux chien jaune d'entre ses pattes.
"Pousse-toi d'là, vieux... tu sais bien que t'es jamais du voyage!"
Derrière le grand mâle, les plus jeunes s'impatientent, surtout Fringant et Tonnerre dont les harnais de cuir sont bandés comme des arcs.
"Doucement les gars..." tempère Tornade "on s'ra pas prêts avant une bonne heure, et pis j'ai pas encore briffé le p'tit nouveau".
"On a le temps de se refaire une ventrée de lichens, alors?"
"Vous éloignez pas trop les gars... le Vieux n'aime pas ça; il est nerveux à cette heure!"
Le p'tit nouveau c'est moi... Rudolph, et je réalise la chance que j'ai d'avoir décroché le job parmi cinquante candidats. Je sais que mon nez rouge flamboyant y est pour beaucoup mais sans mon sens inné de l'orientation, j'aurais perdu le Nord aux tests pratiques.
Guide-éclaireur et neuvième coursier de l'attelage, tous comptent sur moi pour éviter les pièges des brouillards malicieux qui retardent et font gueuler le Vieux!!
Danseur a placé les autres par couleur de robe, les pelages gris devant avec Furie et Eclair et les pelages bruns derrière avec Comète et Cupidon mais jamais je n'aurai le temps de les reconnaître en si peu de temps.
Alors j'ai trouvé une astuce pour les situer sans me retourner car je dois vous dire: je possède aussi un odorat hyper développé et j'ai accroché dans leurs bois des sachets d'épices tous différents.
Tout près de moi les saveurs subtiles, gingembre, badiane et cucurma... plus loin l'aneth, la réglisse et le safran; un sillage odorant et parfumé qui va faire frémir plus d'une narine sur notre passage!
Le Vieux a eu l'air de trouver l'idée assez astucieuse et je pense avoir marqué des points sur ce coup-là; mais je sais aussi qu'il s'en fout un peu, d'abord parce qu'il se traîne une sinusite carabinée et puis pour lui ce qui compte c'est les horaires, la satisfaction du client et aussi ce projet bizarre de réduction de TVA qui l'occupe beaucoup... un Traîneau Virtuel Automatisé.
Derrière moi, ça s'agite de plus en plus; le bruit court que le Vieux a fait le plein et comme le chien jaune vient de reprendre une bourrade, je décide qu'il est temps d'allumer mon nez rouge...
Je crache le morceau d'écorce que je mâchouillais nerveusement depuis une heure. "Ready guys?". Je sais pas pourquoi j'ai lancé ça en anglais! L'émotion sans doute, mais je vais me reprendre avant de goûter au fouet du Vieux!
Tout en bas, sous les nuages j'aperçois des lumières qui scintillent... si j'en reviens, je vous raconterai, promis.
samedi 21 novembre 2009
Narcisse, Alter et Go
publié sur DéfiDuSamedi sur le thème: Miroir.
Pour une consigne sobre, c'est une consigne sobre... difficile de faire plus sobre.
Moi qui ne le suis pas, je me suis jeté à l'eau pour cette fois.
Après avoir méticuleusement soigné son appât rance, Narcisse repousse un peu plus loin le bouchon sur le ruban miroitant du fleuve en se focalisant sur ses vibrations; il y a forcément du poisson sous la surface trop polie pour être nette!
Narcisse fredonne pour s'offrir du courage: "Allez brillez Mirror, vous asseoir à ma table. Il fait si froid dehors que je claque de dent..."
C'est vrai qu'il caille, un froid à faire pâlir un Berthillon et qui le glace jusqu'aux eaux, mais il résiste en verre et contre toux, parce qu'il le vaut bien.
"Psyché.. Psyché.. Psyché!" Le nez aux nues dans l'éther il éternue, par trois fois risquant malgré sa raideur et comme Vercingetorix de perdre sa gaule.
L'autre jour il avait même failli emmêler la ligne de partage des eaux sous le regard courroucé des Dieux :" Si tu nous brouilles l'écoute, Narcisse... tu subiras cette contrepétrie".
Malgré la rime, il ne peut rentrer bredouille (sans poichon, point de chalut) alors que la partie s'éternise, longue comme un jour sans tain.
Si ce froid mortel continue, à ne pas mettre un Conti nu, avant longtemps il laissera sa peau sur la berge et sans ses gants il gamberge: "on écrira plus tard ci-gît Narcisse, Reflets éternels".
Pourquoi gésir quand il serait si bien au chaud à vivre sa vie par procuration devant son poste de rétrovision, à regarder le patinage... Nelson et chandelle-au-rôt, ou à feuilleter son téléscope.
Mais les Dieux, dans leur sagesse lui ôtent bien vite cette envie: "Méfie toi Narcisse, du miroir aux alouettes, tu finiras Desperate, gavé de cacahuètes!"
Narcisse se résigne, trépigne sur sa ligne, guettant le moindre signe... mais pourquoi tant de igne?
Et s'il baisse les bras d'autres viendront à sa place, les Dieux l'ont tonné d'une voix forte: "Qui va à la pêche perd son esche..." et la montagne glacée a renvoyé: "...et se retrouve avant leurre dans la dèche".
Narcisse en tombe sur sa berge, à une lettre près d'une catastrophe: d'habitude le glacier des Beaux Sons est plus futé dans ses renvois... Echo serait-elle devenue dure de la feuille?
Grec bien avant Nikos, Narcisse en connait un rayon et n'a qu'un but dans la vie, aller se faire voir chez les siens.
Au diable le bouchon, la gaule et les poissons,
à quoi sert un beau nez transformé en glaçon?
Mais pour mieux réfléchir il faut d'abord fléchir...
c'est ce que fait la gaule traînée par un silure
entraînant le pêcheur et sa triste figure.
O fleuve, o beau miroir, veux-tu bien m'affranchir?
Est-ce moi le plus beau, malgré mes engelures?
Désolé Narcissus, c'est encore le silure.
Vaincu par un poisson, il disparait sous l'eau
dans le reflet béant de son alter-ego.
* Petit jeu: trouver la quinzaine de mots (parfois déformés) évoquant le thème du miroir *
Pour une consigne sobre, c'est une consigne sobre... difficile de faire plus sobre.
Moi qui ne le suis pas, je me suis jeté à l'eau pour cette fois.
Après avoir méticuleusement soigné son appât rance, Narcisse repousse un peu plus loin le bouchon sur le ruban miroitant du fleuve en se focalisant sur ses vibrations; il y a forcément du poisson sous la surface trop polie pour être nette!
Narcisse fredonne pour s'offrir du courage: "Allez brillez Mirror, vous asseoir à ma table. Il fait si froid dehors que je claque de dent..."
C'est vrai qu'il caille, un froid à faire pâlir un Berthillon et qui le glace jusqu'aux eaux, mais il résiste en verre et contre toux, parce qu'il le vaut bien.
"Psyché.. Psyché.. Psyché!" Le nez aux nues dans l'éther il éternue, par trois fois risquant malgré sa raideur et comme Vercingetorix de perdre sa gaule.
L'autre jour il avait même failli emmêler la ligne de partage des eaux sous le regard courroucé des Dieux :" Si tu nous brouilles l'écoute, Narcisse... tu subiras cette contrepétrie".
Malgré la rime, il ne peut rentrer bredouille (sans poichon, point de chalut) alors que la partie s'éternise, longue comme un jour sans tain.
Si ce froid mortel continue, à ne pas mettre un Conti nu, avant longtemps il laissera sa peau sur la berge et sans ses gants il gamberge: "on écrira plus tard ci-gît Narcisse, Reflets éternels".
Pourquoi gésir quand il serait si bien au chaud à vivre sa vie par procuration devant son poste de rétrovision, à regarder le patinage... Nelson et chandelle-au-rôt, ou à feuilleter son téléscope.
Mais les Dieux, dans leur sagesse lui ôtent bien vite cette envie: "Méfie toi Narcisse, du miroir aux alouettes, tu finiras Desperate, gavé de cacahuètes!"
Narcisse se résigne, trépigne sur sa ligne, guettant le moindre signe... mais pourquoi tant de igne?
Et s'il baisse les bras d'autres viendront à sa place, les Dieux l'ont tonné d'une voix forte: "Qui va à la pêche perd son esche..." et la montagne glacée a renvoyé: "...et se retrouve avant leurre dans la dèche".
Narcisse en tombe sur sa berge, à une lettre près d'une catastrophe: d'habitude le glacier des Beaux Sons est plus futé dans ses renvois... Echo serait-elle devenue dure de la feuille?
Grec bien avant Nikos, Narcisse en connait un rayon et n'a qu'un but dans la vie, aller se faire voir chez les siens.
Au diable le bouchon, la gaule et les poissons,
à quoi sert un beau nez transformé en glaçon?
Mais pour mieux réfléchir il faut d'abord fléchir...
c'est ce que fait la gaule traînée par un silure
entraînant le pêcheur et sa triste figure.
O fleuve, o beau miroir, veux-tu bien m'affranchir?
Est-ce moi le plus beau, malgré mes engelures?
Désolé Narcissus, c'est encore le silure.
Vaincu par un poisson, il disparait sous l'eau
dans le reflet béant de son alter-ego.
* Petit jeu: trouver la quinzaine de mots (parfois déformés) évoquant le thème du miroir *
samedi 14 novembre 2009
Agence Ventraterre
Inspiré du texte publié sur DéfiDuSamedi sur le thème:
Où, nus, allongés sur le dos, nos deux héros* discourent de la forme des nuages, de la caresse du soleil sur la peau, des petites bêtes qui peuplent la lande et du plaisir, tandis qu’à l’horizon, l’adversité tisse ses noirs desseins.
"Tu sais Vera que t'as eu une sacrée bonne idée de choisir cette agence de voyages"
"Quand j'ai vu la promo: soleil assuré, sol fertile, compost garanti sans pesticides et pH neutre, j'y suis allée ventre à terre!"
"ventre à terre... comme le nom de l'agence Ventraterre?"
"Oui c'est ça, c'est ceux qui font dix pour cent de remise aux ingénieurs du sol"
"Qu'est ce qu'on est bien là, Vera..."
"Tu l'as dit! Si j'avais su qu'on pourrait se mettre à poil ici, j'aurais perdu quelques anneaux avant de venir"
"Tais-toi donc, profite du beau temps, Vera. Transpire, tout ce qu'on a à perdre ici c'est du mucus; et puis t'as qu'à t'étirer un peu et on verra rien"
"T'as bien raison, transpirons, en rentrant on va épater plus d'une galerie!"
"Regarde-moi cette colonie de termites pas tubulaires qui débarque, y sont au moins soixante, si c'est pas malheureux"
"Tu verras qu'un jour c'est eux qui feront la loi sur terre... et même dessous. Ah on vit une drôle d'époque"
"Et Vera! Si on s'inscrivait pour la séance d'aérobie?"
"D'abord ici, on dit aérobic"
"Ah bon? aérobic... comme lombric?"
"Chutt! Voilà le charançon de plage qui vient vers nous"
"Mesdames, puis-je vous concocter un petit verre?"
"Tssii... t'entends Vera? un p'tit ver, Tssii... avec une paille et deux cocons?"
"Arrête! T'es lourde!"
"Tssii... Hé Vera, j'en ai une autr' marrante, attends... Garçon, auriez-vous des timbres pour compost? Hi Hi"
vendredi 13 novembre 2009
TREIZE
Ce matin, Gonzague a posé treize fois le pied droit par terre avant d'enfiler ses mules. "On n'est jamais trop prudent" souffla t-il à Madame en gagnant la cuisine à tâtons, les yeux plus que fermés, là où trônait le calendrier des Postes.
Il finit par le trouver et le retourna avec un soupir de soulagement: maintenant il pouvait ouvrir les paupières sans trop de risques.
Tout semblait calme pour l'instant, d'autant plus qu'il avait multiplié les précautions depuis quelques jours; la salière était remisée à la cave ainsi que les couteaux attachés en fagot pour éviter qu'ils ne se croisent. Lorsqu'il avait jeté tous les parapluies de la maison, Madame avait soupiré mais elle s'était habituée à sa paraskevidékatriaphobie et après tout, ce n'était qu'une mauvaise journée à passer, enfin la troisième cette année!!
Elle avait bien tenté de protester quand il avait teint le chat en blanc, mais il avait su trouver les mots pour la convaincre; et puis il avait promis de teindre à nouveau le chat quand tout serait fini d'autant que le chat commençait à s'habituer à ce traitement. Du coup elle avait accepté de descendre tous ses flacons de parfum à la cave tout comme leurs vêtements de couleur verte qu'elle gardait toujours groupés pour faciliter les déménagements annuels.
Gonzague eut un sursaut violent en direction de la corbeille de pain... puis se dégonfla bruyamment comme un ballon crevé; pendant une fraction de seconde, il avait cru voir la baguette de pain retournée à l'envers, comme le boulanger la présentait au bourreau sous l'Ancien Régime! Il se signa et se leva lentement pour aller prendre l'air.
Dehors tout était calme, peut-être trop calme, alors les deux mains dans les poches, il tripota ses pattes de lapin puis croisa les doigts à s'en faire mal; sur le pignon de la maison, la guirlande de fers à cheval rivée de mille clous, luisait sous le pâle soleil de novembre.
Le voisin d'en face le salua d'un signe de tête, encombré d'une échelle métallique, comme si c'était un jour pour bricoler avec une échelle!
Comme le bricoleur suicidaire déployait l'arme fatale et se glissait inconsciemment dessous, Gonzague ferma les yeux à nouveau; dans un instant il entendrait crier et tous les voisins sortis pour lui porter assistance formeraient un attroupement avant que ne résonne la sirène des secours... les gars du Samu auraient ce regard désabusé empreint de fatalité: "Quelle idée d'habiter au treize".
Comme rien ne s'était produit depuis d'interminables minutes, Gonzague risqua un oeil puis ouvrit largement les deux; perché à trois mètres de hauteur, le voisin sifflotait tel un merle, comme pour le narguer.
Gonzague transpirait abondamment malgré la fraîcheur de l'automne; il regretta qu'on ait dérangé le Samu pour rien, ceux-ci allaient être furieux!!
Il entendait déjà la sirène au bout de la rue, de plus en plus fort, à en avoir mal aux oreilles mais le véhicule n'apparaissait toujours pas.
Par quel tour de magie avait-on pu dépêcher la sirène sans le véhicule?
Gonzague réalisa alors que c'étaient les sirènes du village, mais pourquoi hurlaient-elles à midi un vendredi au lieu du mercredi habituel? Tout ça n'était pas normal.
Pris d'un doute angoissant, il se précipita vers la maison, bousculant le chat blanc qu'il ne reconnut pas et atterrit au pied du téléviseur; comme il se débattait avec la télécommande il y eut un cri terrible derrière lui, le cri de Madame:"Attention! Il est réglé sur la chaîne parlementaire! La treize!!".
"On est foutus" marmonna t'il en pressant sur la chaine régionale, pourtant l'image du présentateur des news apparut d'abord nette puis de plus en plus floue, et Gonzague s'évanouit tout à fait.
"Mesdames et messieurs, Bonjour! Nous sommes le mercredi 11 novembre"
mercredi 28 octobre 2009
La belle de Souzix
Concepcion naquit un beau matin de printemps parce qu'on nait toujours un beau matin de printemps dans les contes; il fallait bien qu'elle naquisse ou bien qu'elle naquit, enfin bref... à cause de son prénom et aussi parce que sa mère Rachida était enceinte jusqu'aux dents d'un bel inconnu car les inconnus sont souvent beaux en fin de conte et au début aussi.
Qu'elle était jolie avec ses yeux doux comme du velours, ses sabots noirs et luisants comme des sabots et ses longs cheveux roux qui s'arrêtaient au bout d'un moment, si jolie qu'on aurait dit Marylin mais en rousse, bref elle était si jolie comme dans les contes et chez Alain Barrière, que dans tout le royaume d'Espagne on l'appelait la belle de Souzix à cause de son père inconnu et de ses yeux de velours.
Elle questionnait souvent son journal intime car il fallait bien qu'elle le questionnasse ou bien qu'elle le questionnât, enfin bref... comme dans tous les contes: "Journalintime, mon beau journalintime, dis-moi que je suis la plus belle et qu'un journalintime mon prince charmant viendront ou bien viendra... il sera beau comme moi, enfin pas trop moche quand même, bref... et il sera un amant très magnifique qui me fera jouir et tout et tout".
A ces mots le journal qui était intime ne se sentait plus de joie mais ne répondait jamais rien, tout comme les miroirs qui n'ont pas plus droit à la parole; elle lui remplissait ses pages car il en avait plusieurs, des prénoms les plus charmants... il y avait là Rocco, Bernardo et Zorro, non... pas Zorro, et puis aussi Rudolf et Valentino et la liste des courses de chez Aldi mais on s'en fiche.
Alors que le conte faisait déjà pas loin de vingt lignes, Rachida décida qu'il était grand temps de la marier avant que ça dépasse et aussi parce que Concepcion griffonnait son journal à en perdre l'appétito.
Rachida lui trouva un beau parti au rayon des princes charmants; on dit parti alors qu'il venait tout juste d'arriver mais c'est ainsi dans les contes; il devait s'appeler Ramon ou un truc comme ça, encore eut il fallu qu'elle le susse ou bien qu'elle le sut, enfin bref... chaque chose en son pemps comme répétait sa mère qui avait toujours du mal avec les 't'; Ramon portait bien son nom et elle en fut ravie dès qu'elle le vit et ravie au lit aussi mais dans les contes on ne le dit jamais comme ça; de toute manière Concepcion était ravie partout.
Qu'il était beau Ramon avec ses yeux doux lui aussi, sa barbiche de sous-officier et ses sabots noirs et luisants qui lui rappelaient quelque chose, enfin bref.
Il plut très fort à Concepcion, vraiment très fort pourtant c'était un beau matin de printemps et la météo était bonne sur Madrid comme on l'avait annoncé sur Telecinco, un beau jour pour se marier et c'est ce qu'ils fissent ou bien ce qu'ils firent aussitôt, enfin bref... ce fut un beau mariage et Concepcion n'en finissait pas de lire et relire la lettre du Registro Civil de la Casa de Correos de la Puerta del Sol présidence de la communauté de Madrid, enfin bref... on y lisait que Conception Souzix dite la belle de Souzix avait épousé ce beau matin de printemps confirmé par Telecinco, le beau Ramon y Ramon Delgado, tennisman, cinquante-deuxième mondial au classement ATP, enfin bref... un sacré joueur de pennis comme disait Rachida qui avait toujours du mal avec les 't'.
Elle avait mis son éternelle robe à poids Concepcion pas Rachida, les robes à poids sont éternelles dans les contes mais elle en avait retiré quelques uns pour que la robe soit plus légère et pour améliorer la soupe aux épinards comme disait si bien Rachida quand il n'y avait pas de 't'.
L'heureux élu, on dit souvent ça au début, portait sa belle veste blanche de serveur; il avait toujours été excellent au service et aussi à la volée, mais ça elle allait l'apprendre plus tard...
Comme le conte faisait largement les cinquante lignes, le jeune couple s'empressa de disparaître, c'est parfois comme ça dans les contes et puis ils en avaient plus qu'assez de ces papillons, mosquitos et autres insectes qui volaient autour d'eux à cause du beau matin de printemps et que Ramon essayait de chasser du revers de la main, enfin bref... il était moins bon au revers.
On dit qu'ils eurent heureux et furent beaucoup d'enfants ou bien le contraire, enfin bref... on le dit et c'est bien.
lundi 26 octobre 2009
A fleur de mots
publié sur les Impromptus Littéraires
La vie s'écrème à fleur de maux,
profonds chagrins, petits bobos,
je les écris de mon style O
A fleur de mots
Point de mystère, à fleur de taire
"Mon cher Watson, élémentaire!"
j'étais en quête, la belle affaire
A fleur de terre
Je l'ai trouvée à fleur de celle
qui me voit beau, que je sais belle,
je vous l'avoue, c'est ma mancelle
A fleur de sel
Je suis verni, à fleur de pot
que ne l'ais-je connue plus tôt
car elle et moi c'est du très chaud
A fleur de peau
A corps perdu ou à fleur dos
entre désir et libido
c'est crescendo et pas piano
ni à fleur d'eau
Viens dans mon nid à fleur de toit
j'ai fait du feu, un feu de joie
pour y chauffer ton coeur qui bat
A fleur de toi
La vie s'écrème à fleur de maux,
profonds chagrins, petits bobos,
je les écris de mon style O
A fleur de mots
Point de mystère, à fleur de taire
"Mon cher Watson, élémentaire!"
j'étais en quête, la belle affaire
A fleur de terre
Je l'ai trouvée à fleur de celle
qui me voit beau, que je sais belle,
je vous l'avoue, c'est ma mancelle
A fleur de sel
Je suis verni, à fleur de pot
que ne l'ais-je connue plus tôt
car elle et moi c'est du très chaud
A fleur de peau
A corps perdu ou à fleur dos
entre désir et libido
c'est crescendo et pas piano
ni à fleur d'eau
Viens dans mon nid à fleur de toit
j'ai fait du feu, un feu de joie
pour y chauffer ton coeur qui bat
A fleur de toi
samedi 24 octobre 2009
L'Invincible lève l'encre
publié sur Défi du Samedi
J'avais bien dit à Jeannot qu'à trois là-dessus on n'irait pas au bout... L'Invincible avait pourtant fière allure quand, après s'être jetés à l'eau à l'écluse de Suresnes on a mis le cap sur l'île Seguin en longeant l'hippodrome de Longchamp.
Il avait tellement insisté pour qu'on emmène Sophie que j'en venais à me demander s'il n'y avait pas une histoire de touche-pipi entre eux, mais il avait prétexté son sens inné de l'orientation (elle descendait d'une grande famille de chauffeurs de bus) et le fait qu'elle ne pesait pas bien lourd.
Pour sûr qu'avec son minois de musaraigne et ses cuisses de sauterelle, elle ne faisait pas le poids au regard des tonnes de hamburgers que Jeannot avait tenu à embarquer en prévision du Grand Nord !
En fait de nord on allait à contre courant vers le sud mais Jeannot ne voulut rien entendre, préférant boire comme du petit lait les affirmations langoureuses de la sauterelle!
Et quand j'avais osé faire remarquer qu'on barbotait plus dans l'eau de l'Yonne que dans celle de la Seine, il m'avait traité de renégat et définitivement tourné le dos ce qui le mit en position idéale pour naviguer à vue sur les cuisses nues de la sauterelle...
Je ne voyais que le bleu des sous-mains 'La vache qui rit' constituant la proue de l'Invincible qui commençaient à se diluer dans les eaux de l'Yonne ou de la Seine, signe évident d'un naufrage annoncé, mais je me gardai bien d'en référer au couple infernal et me contentai de cramponner le feutre Bic qui nous servait de grand mât.
C'est à cet instant que le phénomène qui allait bouleverser notre vie se produisit: d'un seul coup d'un seul les couleurs et les bruits environnants disparurent, il n'y eut plus ni le clapotis régulier des vagues ni le bleu métallique du fleuve comme si au bord d'une vertigineuse falaise blanche notre vaisseau plongeait vers le néant.
Je compris soudain qu'à contre-sens sur le Grand Livre de la Navigation Fluviale, nous venions de sauter d'une page bleue à la page de garde où rien d'autre n'existait qu'un blanc immaculé, vierge de toute préface, de tout autographe et terriblement silencieux.
J'ignorais que nous venions de passer le tant redouté "pot-au-blanc", terreur des marins d'encriers et des pilotes de lignes; les ordres que me lançaient mes deux compères enlacés à la proue du navire m'inquiétaient plus qu'ils ne me rassuraient.
Privé de repères, l'Invincible tournoyait sur lui-même... au moins ne risquions-nous pas, du moins pour l'instant de remonter jusqu'à la couverture et peut-être disparaître de l'histoire à tout jamais.
"Jette l'encre! Jette l'encre!" me criaient-ils... "c'est notre seule chance"
En jetant par dessus bord toute notre réserve d'encre bleue, nous pouvions créer une vague capable de nous remettre à flot... mais quand j'attrapai le vieux Waterman de mon aïeul, je constatai avec effroi qu'il souffrait d'incontinence depuis belle lurette et qu'il était vide!
J'aurais plutôt volontiers jeté l'éponge mais nous n'en avions pas emporté, à part les foutus hamburgers de Jeannot... je me contentai d'un sarcastique "Arpète au rapport, Amiral: Plus d'encre à bord!"
L'heure était au branlebas de combat, mais contre qui? L'Amiral avait le couillonomètre à zéro, la sauterelle balisait et je ne voyais aucun moyen d'arrêter cette toupie infernale.
Au plus fort de ma réflexion une voix trop familière cloua tout l'équipage sur place:
"Jeannot, Sophie et Claude... lorsque vous aurez terminé vos simagrées sous vos pupitres, vous prendrez la porte avec un rapport de chez Monsieur Vaudois!"
Et elle ajouta: "Que ce soit bien clair... entre vous et moi", mais ça, on le savait déjà.
J'avais bien dit à Jeannot qu'à trois là-dessus on n'irait pas au bout... L'Invincible avait pourtant fière allure quand, après s'être jetés à l'eau à l'écluse de Suresnes on a mis le cap sur l'île Seguin en longeant l'hippodrome de Longchamp.
Il avait tellement insisté pour qu'on emmène Sophie que j'en venais à me demander s'il n'y avait pas une histoire de touche-pipi entre eux, mais il avait prétexté son sens inné de l'orientation (elle descendait d'une grande famille de chauffeurs de bus) et le fait qu'elle ne pesait pas bien lourd.
Pour sûr qu'avec son minois de musaraigne et ses cuisses de sauterelle, elle ne faisait pas le poids au regard des tonnes de hamburgers que Jeannot avait tenu à embarquer en prévision du Grand Nord !
En fait de nord on allait à contre courant vers le sud mais Jeannot ne voulut rien entendre, préférant boire comme du petit lait les affirmations langoureuses de la sauterelle!
Et quand j'avais osé faire remarquer qu'on barbotait plus dans l'eau de l'Yonne que dans celle de la Seine, il m'avait traité de renégat et définitivement tourné le dos ce qui le mit en position idéale pour naviguer à vue sur les cuisses nues de la sauterelle...
Je ne voyais que le bleu des sous-mains 'La vache qui rit' constituant la proue de l'Invincible qui commençaient à se diluer dans les eaux de l'Yonne ou de la Seine, signe évident d'un naufrage annoncé, mais je me gardai bien d'en référer au couple infernal et me contentai de cramponner le feutre Bic qui nous servait de grand mât.
C'est à cet instant que le phénomène qui allait bouleverser notre vie se produisit: d'un seul coup d'un seul les couleurs et les bruits environnants disparurent, il n'y eut plus ni le clapotis régulier des vagues ni le bleu métallique du fleuve comme si au bord d'une vertigineuse falaise blanche notre vaisseau plongeait vers le néant.
Je compris soudain qu'à contre-sens sur le Grand Livre de la Navigation Fluviale, nous venions de sauter d'une page bleue à la page de garde où rien d'autre n'existait qu'un blanc immaculé, vierge de toute préface, de tout autographe et terriblement silencieux.
J'ignorais que nous venions de passer le tant redouté "pot-au-blanc", terreur des marins d'encriers et des pilotes de lignes; les ordres que me lançaient mes deux compères enlacés à la proue du navire m'inquiétaient plus qu'ils ne me rassuraient.
Privé de repères, l'Invincible tournoyait sur lui-même... au moins ne risquions-nous pas, du moins pour l'instant de remonter jusqu'à la couverture et peut-être disparaître de l'histoire à tout jamais.
"Jette l'encre! Jette l'encre!" me criaient-ils... "c'est notre seule chance"
En jetant par dessus bord toute notre réserve d'encre bleue, nous pouvions créer une vague capable de nous remettre à flot... mais quand j'attrapai le vieux Waterman de mon aïeul, je constatai avec effroi qu'il souffrait d'incontinence depuis belle lurette et qu'il était vide!
J'aurais plutôt volontiers jeté l'éponge mais nous n'en avions pas emporté, à part les foutus hamburgers de Jeannot... je me contentai d'un sarcastique "Arpète au rapport, Amiral: Plus d'encre à bord!"
L'heure était au branlebas de combat, mais contre qui? L'Amiral avait le couillonomètre à zéro, la sauterelle balisait et je ne voyais aucun moyen d'arrêter cette toupie infernale.
Au plus fort de ma réflexion une voix trop familière cloua tout l'équipage sur place:
"Jeannot, Sophie et Claude... lorsque vous aurez terminé vos simagrées sous vos pupitres, vous prendrez la porte avec un rapport de chez Monsieur Vaudois!"
Et elle ajouta: "Que ce soit bien clair... entre vous et moi", mais ça, on le savait déjà.
lundi 19 octobre 2009
Swinging in autumn
Au milieu d'un Pré vert je les ai aperçues
ocres, ratatinées, victimes des frimas,
j'ai relevé le col de mon vieux pardessus
je frissonnais comme elles, l'automne était bien là.
Et dans le bruit du ven...démiaire ça jouait
peut-être Grappelli, Davis ou Nat King Cole
le batteur invisible agitait ses balais,
déroulant le tapis d'un orchestre agricole.
Ce n'était pas du chêne, peut-être du bouleau
derrière moi ça chantait du Piaf ou du Gréco,
ça parlait de ces trucs qu'on ramass' à la pelle
quand l'été est fini, et qu'on met en poubelle.
J'ai sauvé quelques feuilles comme on garde un trésor
avant que le malin ne souffle bien plus fort,
le vent tourbillonnant poussait sa chansonnette
jusqu'à l'ultime feuille, allez Keith... Jarrett.
ocres, ratatinées, victimes des frimas,
j'ai relevé le col de mon vieux pardessus
je frissonnais comme elles, l'automne était bien là.
Et dans le bruit du ven...démiaire ça jouait
peut-être Grappelli, Davis ou Nat King Cole
le batteur invisible agitait ses balais,
déroulant le tapis d'un orchestre agricole.
Ce n'était pas du chêne, peut-être du bouleau
derrière moi ça chantait du Piaf ou du Gréco,
ça parlait de ces trucs qu'on ramass' à la pelle
quand l'été est fini, et qu'on met en poubelle.
J'ai sauvé quelques feuilles comme on garde un trésor
avant que le malin ne souffle bien plus fort,
le vent tourbillonnant poussait sa chansonnette
jusqu'à l'ultime feuille, allez Keith... Jarrett.
samedi 17 octobre 2009
Effet de serre
publié sur Défi du Samedi le 17-10-09 sur le thème:Retrouver le texte perdu dont il ne reste que les questions de l'institutrice:
Qu’est-il arrivé à Sophie ? Pourquoi pareille mésaventure lui arrive-t-elle ? Quelles qualités lui manquent encore ? Comment nommer l’attitude de François ? Que prouve la dernière phrase ?
Echevelé et les joues cramoisies, Paul entra en courant dans le petit salon:
"Où qu'elle est encor' ma zinecou?"
La comtesse leva un oeil, visa l'importun et lui balança sa souris sans fil en signe d'agacement.
"Plait-il François?"
Elle l'avait toujours appelé François et Paul avait renoncé depuis belle heurette à lui en faire la remarque.
Le ton sec, marque de fabrique des Segur, l'obligea à rectifier son langage... la vioque était autant intransigeante sur le langage que perverse pour les punitions, surtout quand on osait l'interrompre dans la rédaction de son blog.
"Qu'est-il arrivé à ma cousine Sophie?"
La Rostopchine, comme l'avait surnommée Paul eut un rire féroce et, comme elle se levait brusquement pour récupérer sa souris, il entreprit un recul stratégique en direction de la porte.
"Approchez jeune homme, au lieu de prendre exemple sur mes petites-filles Camille et Madeleine dont le comportement irréprochable fait le succès de mes romans, cette gourgandine de malheur en a encore réussi une bonne en m'inscrivant à mon insu à la Nouvelle Star, ce qui lui vaut aujourd'hui sa vingt cinquième punition du mois... et nous ne sommes que le 17!"
"Mais Rosto... euh... comtesse qu'elle va r'venir?"
La souris sans fil qui avait reprit sa place dans le creux chaud de l'illustre paume faillit reprendre son vol:
"Et bien lorsque cette insolente aura réparé son ignominie et recopié cinq fois sans aucune erreur le texte officiel du Grenelle de l'environnement relatif à la contribution climat-énergie plus vulgairement appelée taxe carbone, nous songerons à lui rendre un semblant de liberté"
François-Paul avait failli s'endormir à taxe carbone, mais le mot liberté le fit sortir de sa torpeur.
La sexagénaire n'avait pas son pareil pour construire des phrases alambiquées et Paul allait renoncer à chercher un quelconque rapport entre une émission télévisée et celle des gaz à effet de serre.
Mais qu'avait-elle voulu dire par lui rendre sa liberté? Où l'avait-elle séquestrée?
A la cave? Dans la serre?
La serre... oui, elle avait suggéré l'effet de serre... Trop cool, ça déchire!
A nous deux et si on peut squatter la photocopieuse on aura vite fait d'éponger la punition et après on s'casse et à nous la teuf!
jeudi 15 octobre 2009
Tour de France 2013: ça se corse
Bastia 15heures59: Boulevard Paoli
T: "Avà! Pasquale... Qu'est ce que tu fais là en plein soleil comme un fada?"
P: "Hé... la même chose que toi Tino, j'attends le passage des derniers"
T: "Oh tu sais, c'est pas les coureurs qui m'intéressent... j'attends que la caravane repasse; j'ai pas réussi à avoir la casquette SNCM au premier coup"
P: "Mais comment tu veux qu'elle passe, Tino? Elle est déjà passée à 11 heures!!"
T: "Oui mais elle est tellement longue que quand elle aura fini le tour de l'île elle va bien être obligée de refaire un tour"
P: "C'est toi le fada, Tino... y en a plus de la moitié qui s'arrêt'ra à la paillotte chez Francis pour boire un Cap"
T: "En tout cas j'ai promis de ramener une casquette à Renata"
P: "Renata... Renata... la serveuse du bar de la Citadelle?"
T: "Oui, la petite brune aux yeux noirs"
P: "Mais elles sont toutes brunes aux yeux noirs!"
T: "Sauf que Renata, elle est serveuse au bar de la Citadelle"
P: "Cette carugnaccia? Cette garce qu'a l'feu au cul depuis qu'tous les pinzuti ont débarqué! Elle a pas besoin de toi pour choper une casquette et tout le reste!! C'est pas une caravane qui lui fera peur à celle-là"
(Soupir)
T: "T'énerve pas Pasquale, tu vas prendre un coup de chaud"
P: "Tiens on dirait qu'les derniers vont passer... y z'auront mis une heure quand moi j'mets la journée pour faire L'île Rousse-Bastia, et encore par temps couvert"
T: "Ca m'étonnerait... tôt ce matin, on leur a semé quelques pinàcula histoire de crever les pneus, comme ça on aura tout le temps de les voir passer à la fraîche"
P: "Toi Tino, t'étais levé tôt ce matin? T'es vraiment un fêlé du Tour de France! Tiens, alors tu dois savoir ça toi: avant le départ y parait qu'on on a trouvé plein de seringues"
T: "Non! Où ça??"
Pasquale éclate d'un rire énorme: "Ben, aux aiguilles de Bavella!!!"
T: "Ah c'est malin! , tu pourrais avoir un petit peu de respect pour le Centenaire du Tour, Pasquale"
P: "Oh Tino! Tu comprend plus la risatta! Si on peut plus te macagner sans que tu t'énerves... Tiens, je crois que voilà la caravane qui repasse avec ta casquette, Ha Ha Ha!!"
T: "A mon tour de te poser une colle, fada: tu sais pourquoi cette année le Tour parcourt la France dans le sens contraire des aiguilles d'une montre?"
P: "Elle est corsée ta question, Tino, et pis je porte jamais d'montre Hi Hi!"
T: "Et ben c'est pour pas user les pneus de la caravane toujours du même côté..."
(Soupir) un ange passe... Ange Santini, le patron du bar de la Citadelle: "Salute...Z'avez pas vu Renata?"
P: "Ni Renata, ni sa casquette..."
Ange: "Déconnez pas les amici, j'en ai besoin au bar pour un cocktail spécial... un stragnu avec un nom bizarre qui insiste pour boire un truc compliqué"
T: "Et y s'appelle comment ton stragnu?"
Ange: "Ange Amtrongue, un truc comme ça"
(Soupir)
P: "Tu vois Tino, ce que j'aime dans tout ça, c'est l'après-Tour... on va pouvoir reprendre un rythme de vie normal"
lundi 5 octobre 2009
Bac de noeuds
publié sur Les Impromptus Littéraires le 5-10-09
Quand tout fut essoré, compressé, tortillé
j'ai vidé la bassine, étendu tous les draps,
extirpant une à une d'un énorme fatras
les voiles immaculées des bateaux de Morphée.
Et au creux du vieux zinc comme au fond d'une cale
j'ai trouvé des trésors, des gouttes de rosée
un bisou de maman posé sur l'oreiller,
comme un ruban soyeux, cordon ombilical.
Un truc un peu sucré qu'un gourmand endormi
avait abandonné, bonbon ou sucrerie,
et que ni mon Ariel ni la Mère Denis
combinant leurs efforts n'avaient anéanti.
Il y avait aussi le sable de la grève,
des grains de souvenir aux effluves marines
de ceux qui sont censés enrayer la machine
et qui sont encore là pour prolonger le rêve;
et un bout de papier impromptu, arraché
d'un texte que j'avais prévu de publier.
Je n'aurais jamais cru trouver tant de trésors
tant de cheveux ténus et de marques d'amour;
je m'en vais surveiller le philtre et la vie d'ange
avant que j'y retrouve un jour un truc étrange,
un morceau d'abat-jour, la courroie du tambour
le dentier du pépé, la dent du dinosaure...
j'ai vidé la bassine, étendu tous les draps,
extirpant une à une d'un énorme fatras
les voiles immaculées des bateaux de Morphée.
Et au creux du vieux zinc comme au fond d'une cale
j'ai trouvé des trésors, des gouttes de rosée
un bisou de maman posé sur l'oreiller,
comme un ruban soyeux, cordon ombilical.
Un truc un peu sucré qu'un gourmand endormi
avait abandonné, bonbon ou sucrerie,
et que ni mon Ariel ni la Mère Denis
combinant leurs efforts n'avaient anéanti.
Il y avait aussi le sable de la grève,
des grains de souvenir aux effluves marines
de ceux qui sont censés enrayer la machine
et qui sont encore là pour prolonger le rêve;
et un bout de papier impromptu, arraché
d'un texte que j'avais prévu de publier.
Je n'aurais jamais cru trouver tant de trésors
tant de cheveux ténus et de marques d'amour;
je m'en vais surveiller le philtre et la vie d'ange
avant que j'y retrouve un jour un truc étrange,
un morceau d'abat-jour, la courroie du tambour
le dentier du pépé, la dent du dinosaure...
samedi 19 septembre 2009
On a vole le beurre
publie le 19-09-09 sur Le defi du samedi
Une plaquette de beurre
de 250 grammes a disparu
du réfrigérateur de l'internat.
L'enquête est confiée
à Mademoiselle Aufray, l'intendante.
"Nom d'une pipe charento-poitevine!" Les yeux fixés sur la clayette vide du réfrigérateur, Ségolène Aufray crut bien s'évanouir.
Mille deux cent soixante dix sept ans après l'exploit planétaire de Charles Martel, le lycée Louis Pasteur de Poitiers venait d'être victime de haute trahison: le vol de son emblème ancestral si pieusement conservé à quatre degrés depuis tant d'années.
Le larcin ne pouvait avoir été commis que par un truand de petite envergure, un demi-sel incapable de différencier un Président d'une vulgaire margarine, un minable ignorant tout des saveurs d'un escargot de Bourgogne ou d'une aile de raie, un sagouin qui méritait d'être farci à la crème d'ail afin d'apprendre les bonnes manières, un effronté croyant faire son beurre d'une relique inestimable qui ne lui rapporterait pas plus d'argent que le sourire de la crémière...
L'intendante s'appuya un instant au réfrigérateur pour reprendre ses esprits.
(De beurre) D'ordinaire, elle pardonnait facilement aux gaspilleurs qui entravaient la bonne gestion de l'établissement, mais cette félonie dépassait l'entendement.
Si ce voleur à la noix était encore dans les murs, elle devait prévenir sur le champ le directeur Monsieur Vire qui diligenterait une enquête à la mesure du vol.
Elle et Vire devaient réagir promptement, avant que la précieuse plaquette ne fonde comme neige au soleil ou finisse lamentablement étalée sur la tranche de jambon d'un hamburger qu'elle imagina assez bourratif pour étouffer le voleur dans d'atroces souffrances.
Malgré l'heure incongrue elle tambourina à la porte de la loge directoriale jusqu'à ce qu'on lui ouvre.
"Monsieur, le Président a disparu!"
Vire qui avait ouvert et virait au vert, faillit répliquer "Et ta soeur?" mais se contenta d'un "Remettez-vous Aufray!"
Comme elle ne trouvait aucun endroit assez frais pour se remettre, elle tomba dans le premier fauteuil qui lui tendait les bras; Vire virait noisette maintenant et la pressa de détails sur l'enlèvement présidentiel, évitant de justesse un quiproquo qui l'eut fait réveiller le recteur, le député et même le ministre.
A voix basse pour l'intendante et en caleçon molletonné pour le directeur, ils établirent un plan d'action.
Vire suggérait de cuisiner les deux boucs émissaires de l'internat, ceux qui savent tout et par qui les ennuis arrivent toujours... l'intendante buvait du petit lait et traduisit aussitôt: Bridel et Plantafin, leurs ennemis jurés.
En voilà deux qui, avec ou sans beurre allaient devoir se mettre à table...
La rédaction du procès verbal de cette affaire, en ce qui concerne les aspects pathogènes
est confiée au Pôle BF (la Baratte en Folie) de l'Institut Pasteur.
Amis lecteurs conscients du préjudice causé à l'internat, vous pouvez envoyer vos dons à:
Pasteurdon 2009
Une plaquette de beurre
de 250 grammes a disparu
du réfrigérateur de l'internat.
L'enquête est confiée
à Mademoiselle Aufray, l'intendante.
"Nom d'une pipe charento-poitevine!" Les yeux fixés sur la clayette vide du réfrigérateur, Ségolène Aufray crut bien s'évanouir.
Mille deux cent soixante dix sept ans après l'exploit planétaire de Charles Martel, le lycée Louis Pasteur de Poitiers venait d'être victime de haute trahison: le vol de son emblème ancestral si pieusement conservé à quatre degrés depuis tant d'années.
Le larcin ne pouvait avoir été commis que par un truand de petite envergure, un demi-sel incapable de différencier un Président d'une vulgaire margarine, un minable ignorant tout des saveurs d'un escargot de Bourgogne ou d'une aile de raie, un sagouin qui méritait d'être farci à la crème d'ail afin d'apprendre les bonnes manières, un effronté croyant faire son beurre d'une relique inestimable qui ne lui rapporterait pas plus d'argent que le sourire de la crémière...
L'intendante s'appuya un instant au réfrigérateur pour reprendre ses esprits.
(De beurre) D'ordinaire, elle pardonnait facilement aux gaspilleurs qui entravaient la bonne gestion de l'établissement, mais cette félonie dépassait l'entendement.
Si ce voleur à la noix était encore dans les murs, elle devait prévenir sur le champ le directeur Monsieur Vire qui diligenterait une enquête à la mesure du vol.
Elle et Vire devaient réagir promptement, avant que la précieuse plaquette ne fonde comme neige au soleil ou finisse lamentablement étalée sur la tranche de jambon d'un hamburger qu'elle imagina assez bourratif pour étouffer le voleur dans d'atroces souffrances.
Malgré l'heure incongrue elle tambourina à la porte de la loge directoriale jusqu'à ce qu'on lui ouvre.
"Monsieur, le Président a disparu!"
Vire qui avait ouvert et virait au vert, faillit répliquer "Et ta soeur?" mais se contenta d'un "Remettez-vous Aufray!"
Comme elle ne trouvait aucun endroit assez frais pour se remettre, elle tomba dans le premier fauteuil qui lui tendait les bras; Vire virait noisette maintenant et la pressa de détails sur l'enlèvement présidentiel, évitant de justesse un quiproquo qui l'eut fait réveiller le recteur, le député et même le ministre.
A voix basse pour l'intendante et en caleçon molletonné pour le directeur, ils établirent un plan d'action.
Vire suggérait de cuisiner les deux boucs émissaires de l'internat, ceux qui savent tout et par qui les ennuis arrivent toujours... l'intendante buvait du petit lait et traduisit aussitôt: Bridel et Plantafin, leurs ennemis jurés.
En voilà deux qui, avec ou sans beurre allaient devoir se mettre à table...
La rédaction du procès verbal de cette affaire, en ce qui concerne les aspects pathogènes
est confiée au Pôle BF (la Baratte en Folie) de l'Institut Pasteur.
Amis lecteurs conscients du préjudice causé à l'internat, vous pouvez envoyer vos dons à:
Pasteurdon 2009
samedi 12 septembre 2009
L'heure la plus courte d'une vie... de vacancier
publié sur les Défis Du Samedi le 12-09-09 Thème:
Une heure de repassage c'est donc bien long. Mais, l'heure la plus courte d'une vie. Laquelle est-ce ?
L'heure la plus courte c'est d'abord la moins longue (La Palice 1470-1525)
C'est aussi l'heure où la paille du cocktail de la Rhumerie n'aspire plus rien d'autre que l'air tiède d'une soirée de folie ... "Et tu tapes tapes tapes c'est ta façon d'aimer. Ce rythme qui t'entraîne jusqu'au bout de la nuit. Réveille en toi le tourbillon d'un vent de folie" Waouu ! Je sais encore danser là dessus ?
L'heure la plus courte c'est d'abord la moins longue (La Palice 1470-1525)
C'est aussi l'heure où la paille du cocktail de la Rhumerie n'aspire plus rien d'autre que l'air tiède d'une soirée de folie ... "Et tu tapes tapes tapes c'est ta façon d'aimer. Ce rythme qui t'entraîne jusqu'au bout de la nuit. Réveille en toi le tourbillon d'un vent de folie" Waouu ! Je sais encore danser là dessus ?
C'est
l'heure où le chevronné bouliste lavandourain, balançant un carreau
magistral
dans un nuage de terre rouge vous pulvérise le cochonnet sous les Oh
des curieux... à en foutre les boules aux pétanqueurs du dimanche.
Ou
bien c'est l'heure où, accoudé au parapet encore tiède du restaurant
Bellevue, une
pleine lune galbée à souhait illumine votre crème brûlée et essaie
de vous distraire du spectacle des toits d'un Bormes-les-mimosas qui
s'assoupit aux accord jazzy d'un quartet de rues ignorant
le tintouin italo-croato-germanique des touristes en goguette...
(Soupir)
C'est
l'heure où Crystal le transformiste de la Rhumerie dans un dernier
sursaut de
paillettes sonne le glas de la saison d'été et renvoie les danseurs à
leurs tables, l'heure où l'on se dit:"l'année prochaine, promis,
j'essaie le tango".
A
moins que ce ne soit l'heure bénie à l'eau de mon
Alizé-vapeur-essentiel B glissant
dans un dernier faux-pli sur mon bermuda préféré... Ma Vedette Grand
Soin n'avait fait qu'une bouchée mousseuse de tous ces grains de sable,
les témoins récalcitrants d'une vie bien remplie de
vacancier ou de vacancier bien rempli, enfin bref, qui s'éteint pour
un an.
A moins que dans quelques jours je ne fasse le plein d'un autre sable, celui du désert de Vegas!
A moins que dans quelques jours je ne fasse le plein d'un autre sable, celui du désert de Vegas!
A la bonne heure!
lundi 7 septembre 2009
La Cacophonie septentrionale
publié sur Les Impromptus Littéraires le
07-09-09 sur le thème: Une contrée imaginaire
Quiconque n'a jamais survolé la Cacophonie septentrionale ne peut imaginer quelle jungle y prolifère.
Oubliez la jungle de Mowgli, de Baloo et Bagheera car il s'agit là d'une caco-jungle où vivent des animaux étonnants tels le fesse-bouc qui se reproduit à une vitesse fulgurante ainsi que le twitteur qui twitte; on y trouve beaucoup de cerfs vidés à cause des chasseurs trop voraces; pour réduire cet effet de cerf, on a instauré une taxe caribonne (ou caribou) qui alimente surtout la Polémique, l'unique fleuve qui serpente entre deux sommets visibles en été: la grande motte et saigne-os, diamétralement opposés.
Quant aux habitants, le cacophonien se reconnait à son masque filtrant qui permet au chasseur de le distinguer des cervidés tandis que la cacophonienne porte une coiffe retenue au moyen de l'agrippe-machin hennin, le bijou fantaisie en vogue qui retient également le flux et évite au cacophonien la question exaspérante "Où t'as mis flux?".
Tous les ans chaque foyer cacophonien paie un poloco; les plus nantis paient aussi un pofoncié qui fait très mal à la tête et aux bourses également.
Une bonne partie du contenu des bourses est conservée dans une immense caco-Bourse clôturée tous les soirs par sécurité car elle contient de nombreuses boulettes ainsi qu'une caco-pile qui l'alimente: la CRAC40 ou Cacophonie Républicaine Assistée en Continu 40 VA.
Pour limiter l'anarchie, les cacophoniens sont sélectionnés par la méthode du test des forts, les plus forts sont ensuite inscrits au cours du brut d'où l'on extrait celui qui s'appelle le caco-président.
Le caco-président est aussi Chef de l'orchestre Cacophonique National et Grand Curateur des Egouts de Capo-Negro, la capitale cacophonienne.
L'agri-caco-culture consiste essentiellement à faire pousser de la croix-sance molle et de l'inflation galopante, le reste étant laissé en jachère pour éviter toute surproduction ainsi que la colère du Grand Quota, le sorcier préposé à la pluie.
Les cacophoniens travaillent moins pour dormir plus, facilitant la germination de la croix-sance molle et de l'inflation galopante.
Quand il ne dort pas le cacophonien se déplace au moyen d'un véhicule caco-logique qui suit d'assez près le cours du brut; les véhicules hors d'usage donnent droit au prix Malacasse qui permet alors l'acquisition d'un véhicule caco-hybride c'est à dire alimenté à la croix-sance molle et à l'inflation galopante; ce véhicule ne possède qu'une marche arrière et pas de freins.
Le cacophonien nanti et sorti indemne de son véhicule communique au moyen de caco-nette, le courrier sous enveloppe ayant été interdit suite à plusieurs accidents de balles perdues; les plus branchés parlent à ouine dose avec goût gueule, les moins branchés parlent à petite dose et font la gueule...
En dehors de la chasse au fesse-bouc et au cerf plein, le cacophonien se consacre à l'unique chaîne caco-visuelle qui, en raison d'une loi anti-zapping et d'une certaine dyslexie diffuse en boucle des clips du chanteur masqué Jichael Mackson.
La Cacophonie se survole à haute altitude mais ne se visite pas; toute tentative d'atterrissage ou de parachutage même doré est réprimée afin d'éviter la contamination par des éléments non cacophones: Visiter la Cacophonie est bien une utopie... et c'est tant mieux.
Quiconque n'a jamais survolé la Cacophonie septentrionale ne peut imaginer quelle jungle y prolifère.
Oubliez la jungle de Mowgli, de Baloo et Bagheera car il s'agit là d'une caco-jungle où vivent des animaux étonnants tels le fesse-bouc qui se reproduit à une vitesse fulgurante ainsi que le twitteur qui twitte; on y trouve beaucoup de cerfs vidés à cause des chasseurs trop voraces; pour réduire cet effet de cerf, on a instauré une taxe caribonne (ou caribou) qui alimente surtout la Polémique, l'unique fleuve qui serpente entre deux sommets visibles en été: la grande motte et saigne-os, diamétralement opposés.
Quant aux habitants, le cacophonien se reconnait à son masque filtrant qui permet au chasseur de le distinguer des cervidés tandis que la cacophonienne porte une coiffe retenue au moyen de l'agrippe-machin hennin, le bijou fantaisie en vogue qui retient également le flux et évite au cacophonien la question exaspérante "Où t'as mis flux?".
Tous les ans chaque foyer cacophonien paie un poloco; les plus nantis paient aussi un pofoncié qui fait très mal à la tête et aux bourses également.
Une bonne partie du contenu des bourses est conservée dans une immense caco-Bourse clôturée tous les soirs par sécurité car elle contient de nombreuses boulettes ainsi qu'une caco-pile qui l'alimente: la CRAC40 ou Cacophonie Républicaine Assistée en Continu 40 VA.
Pour limiter l'anarchie, les cacophoniens sont sélectionnés par la méthode du test des forts, les plus forts sont ensuite inscrits au cours du brut d'où l'on extrait celui qui s'appelle le caco-président.
Le caco-président est aussi Chef de l'orchestre Cacophonique National et Grand Curateur des Egouts de Capo-Negro, la capitale cacophonienne.
L'agri-caco-culture consiste essentiellement à faire pousser de la croix-sance molle et de l'inflation galopante, le reste étant laissé en jachère pour éviter toute surproduction ainsi que la colère du Grand Quota, le sorcier préposé à la pluie.
Les cacophoniens travaillent moins pour dormir plus, facilitant la germination de la croix-sance molle et de l'inflation galopante.
Quand il ne dort pas le cacophonien se déplace au moyen d'un véhicule caco-logique qui suit d'assez près le cours du brut; les véhicules hors d'usage donnent droit au prix Malacasse qui permet alors l'acquisition d'un véhicule caco-hybride c'est à dire alimenté à la croix-sance molle et à l'inflation galopante; ce véhicule ne possède qu'une marche arrière et pas de freins.
Le cacophonien nanti et sorti indemne de son véhicule communique au moyen de caco-nette, le courrier sous enveloppe ayant été interdit suite à plusieurs accidents de balles perdues; les plus branchés parlent à ouine dose avec goût gueule, les moins branchés parlent à petite dose et font la gueule...
En dehors de la chasse au fesse-bouc et au cerf plein, le cacophonien se consacre à l'unique chaîne caco-visuelle qui, en raison d'une loi anti-zapping et d'une certaine dyslexie diffuse en boucle des clips du chanteur masqué Jichael Mackson.
La Cacophonie se survole à haute altitude mais ne se visite pas; toute tentative d'atterrissage ou de parachutage même doré est réprimée afin d'éviter la contamination par des éléments non cacophones: Visiter la Cacophonie est bien une utopie... et c'est tant mieux.
samedi 29 août 2009
Quartier libre
jeudi 30 juillet 2009
30 juillet: Bonne fête Juliette
Acte 1:
A cette époque les Montaigu et les Capulet se castagnent grave à Vérone car "c'est le Noooord" de l'Italie et s'il fait froid, les grandes familles ont le sang chaud.
Si Rosaline n'avait pas fait sa mijaurée, Roméo ne serait jamais allé voir ailleurs et on aurait évité les actes 2, 3, 4 et 5.
Dans la famille Capulet, Roméo (qui est un Montaigu... la digue la digue) demande la fille Juliette incognito... et la trouve gironde pour une italienne; mais quand ils découvrent que leurs vieux sont ennemis ils se disent qu'il y a de l'eau dans le gaz, même s'il y a peu de gaz à l'époque.
Acte 2:
C'est la scène cul(te) du balcon où Roméo chope un torticolis et Juliette un refroidissement mais ils décident de se pacser en secret avec le concours de frère Laurent qui touche sa bille en pacte civile de solidarietà.
Acte 3:
Ca castagne entre les deux familles; Roméo tue Tybalt le cousin Capulet et prend perpette, mais Juliette a le temps de voir le loup avant qu'on n'emmène Roméo.
La famille qu'a pus Tybalt et Capulet veut marier Juliette avec le comte Paris (pas le maire de Paris) mais elle dit "No" parce qu'elle est italienne et file pleurnicher chez Silvio frère Laurent.
Acte 4:
Frère Laurent lui propose de siffler la potion-magique-qui-fait-croire-qu'on-est-mort pour qu'on l'enterre et que Roméo vienne la déterrer.
Le matin, on la croit morte... c'est les zobsecs de pauv'Juliette.
Acte 5:
Les postiers sont en grêve et Roméo n'est prévenu que de la mort de Juliette; en se pointant à Vérone pour mourir à côté d'elle, il se bat et tue le comte Paris (pas le maire de Paris).
Roméo s'enfile du vrai-poison-qui-tue-vraiment devant le corps endormi de Juliette qui se réveille, le voit mort-pour-de-vrai et se tue à son tour, car c'est son tour avec le poignard-de-Roméo-qui-tue-vraiment.
Frère Laurent déballe tout aux deux familles qui vont se réconciliare en italien et se réconcilier en français...
(Depuis, on a coutume de dire: c'est balot d'attraper la p'tite de Vérone)
Acte 6:Grand voyageur, Shakespeare s'est arrêté à Vérone et à cinq...
samedi 25 juillet 2009
Provisions de lecture
publié sur DéfiDuSamedi sur le thème: ...monter une
mayonnaise spéciale à base d'histoire drôle et d'un peu de talent
"Dis, Pénélope, c'est quoi ton bouquin, là?"
Pénélope, sans tourner la tête de peur que l'ombre du soleil ne détruise à jamais l'uniformité d'un bronzage en pleine maturation: "C'est le Premier jour... de Marc"
"De Marc, le videur du Copacabana?"
"De Marc Lévy, Britney!"
"Et c'est bien?"
Pénélope soupire: "J'le lis pour faire plaisir à Michael, mais j'préfère un bon Agatha Christie tant qu'à m'fatiguer à bouquiner"
Britney se tartine une couche supplémentaire de SunSlim: "Agatha Christie? Bof, les Goncourt ça m'ennuie..."
Pénélope réprime une moue agacée, de peur qu'une ride malicieuse ne fasse craquer le carmin de sa bouche.
Le soleil et une question lui brûlent les lèvres, la question qui révèlera cette gourde de Britney dans toute sa gourditude et mettra un terme à cette discussion oiseuse.
"Et toi Britney, c'est qui ton auteur préféré ?"
La question rebondit sur la natte, traverse l'empilage des couches de SunSlim et parvient à l'oreille de sa destinataire.
Un moment plus tard alors que le soleil décline et se fait moins mordant, Britney lâche: "c'est mon amant..."
Pénélope ne peut s'empêcher de scruter la plage :"Où çà?"
"Mon auteur préféré c'est mon amant!"
Pénélope subjuguée: "Hein? Et qu'est ce qu'il écrit?"
Britney, la bouche en coeur: "Des chèques"
"Dis, Pénélope, c'est quoi ton bouquin, là?"
Pénélope, sans tourner la tête de peur que l'ombre du soleil ne détruise à jamais l'uniformité d'un bronzage en pleine maturation: "C'est le Premier jour... de Marc"
"De Marc, le videur du Copacabana?"
"De Marc Lévy, Britney!"
"Et c'est bien?"
Pénélope soupire: "J'le lis pour faire plaisir à Michael, mais j'préfère un bon Agatha Christie tant qu'à m'fatiguer à bouquiner"
Britney se tartine une couche supplémentaire de SunSlim: "Agatha Christie? Bof, les Goncourt ça m'ennuie..."
Pénélope réprime une moue agacée, de peur qu'une ride malicieuse ne fasse craquer le carmin de sa bouche.
Le soleil et une question lui brûlent les lèvres, la question qui révèlera cette gourde de Britney dans toute sa gourditude et mettra un terme à cette discussion oiseuse.
"Et toi Britney, c'est qui ton auteur préféré ?"
La question rebondit sur la natte, traverse l'empilage des couches de SunSlim et parvient à l'oreille de sa destinataire.
Un moment plus tard alors que le soleil décline et se fait moins mordant, Britney lâche: "c'est mon amant..."
Pénélope ne peut s'empêcher de scruter la plage :"Où çà?"
"Mon auteur préféré c'est mon amant!"
Pénélope subjuguée: "Hein? Et qu'est ce qu'il écrit?"
Britney, la bouche en coeur: "Des chèques"
lundi 20 juillet 2009
Médecins malgréeux
publié sur LesImpromptusLittéraires
Thème : Le plus beau métier du monde
En cette année 2020 et malgré les prédictions d'un chat bonimenteur, la planète avait résisté aux tsunamis, aux tsunennemis, au Big Mac et autres aléas terrestres.
Cinquante ans et un paravent, Apollo touchant la lune n'avait été qu'un petit pet pour l'humanité, et le réchauffement planétaire conjugué à la frilosité des bourses avait créé un gigantesque chaud et froid dans les esprits et les corps, ratatinant le moral des survivants comme un vulgaire livret A; d'ailleurs le CAC40 ne valait plus que trente neuf et ça, c'était mauvais signe!
Il fallait trouver d'urgence une solution à ce marasme; on fit donc venir Manu, Militari et le nec plus ultra des médecins malgréeux.
A cette époque le médecin malgréeux était aussi appelé persona non grata; c'est à dire qu'il n'avait pas besoin de gratter pour subsister. On le payait rubis sur l'ongle puisqu'il en avait et aussi parce que la carte vitale avait été victime de sa puce... mais ceci ne nous regarde pas; "Occupe toi d'Ameli" disait Feydeau le visionnaire.
Tout le gratin était donc réuni au chevet de la planète: il y avait là Retro Satana le coquin de sorts, les frères YesOuiCane et NoOuiCante, et même Quo Vadis qui ne savait pas bien où il allait.
Il y avait aussi Quiproquo venu sans invitation et Idem pour la même raison; mais puisqu'ils étaient là, on prendrait leur avis.
On s'était bien gardés d'appeler Acontrario dont le diagnostique laissait à désirer sauf lorsqu'il se trompait.
Après neuf mois d'examens approfondis on les pressa de trouver un vaccin anti-marasme.
Le premier à parler fut Annus horribilis qui avait malgré tout un bon fonds et qui déclara que selon lui, tout était parfaitement normal ou du moins pas pire qu'avant.
Puis vint Quo Vadis qui s'exclama "Alea jacta est" et que l'on traduisit par "Allez jacter à l'Est"... mais personne n'étant disposé à aller croater, bulgarer ou monténégrer, on ignora son avis de même que celui de Grosso Modo, trop approximatif.
Le remède proposé par YesOuiCane faillit l'emporter haut la main si celui de NoOuiCante n'avait pas été totalement contradictoire, et comme une lutte fratricide s'engageait, on les renvoya chez eux entre Manu et Militari.
Entre Meaculpa qui s'accusait personnellement et les explications interminables de Etcaetera, on n'était guère plus avancés !
Quant au remède miracle de Gratis Prodéo, personne n'osa y croire, attendu que les meilleurs remèdes sont toujours les plus onéreux.
Il y avait bien la solution de Invino Veritas, mais noyer le marasme au karcher millésimé risquait de coûter cher sans compter les dégâts colatéraux.
Certain proposait une autre manière de vivre qu'il appelait un Motus Vivaldi, mais les mélomanes ne l'entendirent pas de cette oreille.
Les plus érudits ayant parlé, il fallut alors entendre les malgréeux tocards et leurs remèdes foireux, à l'image de celui qui proposa de tout laisser en l'état et d'immortaliser son idée de génie par une Statue Quo !
In Vitro avec sa solution façon bocal à poisson rouge n'eut pas le loisir de terminer son exposé.
"What else?" s'impatientaient les pro-Nespresso.
Aucun remède n'avait été trouvé lorsque le dernier médecin malgréeux se présenta, un dénommé Ad Hoc qui expliqua que, la planète allant vers ce quoi elle devait aller, l'homme devait accepter le destin qu'il s'était forgé lui-même, car c'est en forgeant qu'on se tape sur les doigts, etc...
Personne ne semblait vouloir se résigner, mais comme le dernier qui parle l'emporte souvent et malgré son penchant pour le whisky écossais, on se rangea unanimement à son avis, d'autant que tous les vétos avaient disparu depuis longtemps.
Depuis ce jour et malgré les prédictions du chat bonimenteur, la planète résiste aux tsunamis, à Hadopi, à ParisPlages, à l'EuroMillion, au Big Mac, aux réseaux sociaux, aux sondages, à la fraise d'importation et autres aléas terrestres.
Note à Béné : si quelqu'un a une bonne idée, qu'il se la garde.
Thème : Le plus beau métier du monde
En cette année 2020 et malgré les prédictions d'un chat bonimenteur, la planète avait résisté aux tsunamis, aux tsunennemis, au Big Mac et autres aléas terrestres.
Cinquante ans et un paravent, Apollo touchant la lune n'avait été qu'un petit pet pour l'humanité, et le réchauffement planétaire conjugué à la frilosité des bourses avait créé un gigantesque chaud et froid dans les esprits et les corps, ratatinant le moral des survivants comme un vulgaire livret A; d'ailleurs le CAC40 ne valait plus que trente neuf et ça, c'était mauvais signe!
Il fallait trouver d'urgence une solution à ce marasme; on fit donc venir Manu, Militari et le nec plus ultra des médecins malgréeux.
A cette époque le médecin malgréeux était aussi appelé persona non grata; c'est à dire qu'il n'avait pas besoin de gratter pour subsister. On le payait rubis sur l'ongle puisqu'il en avait et aussi parce que la carte vitale avait été victime de sa puce... mais ceci ne nous regarde pas; "Occupe toi d'Ameli" disait Feydeau le visionnaire.
Tout le gratin était donc réuni au chevet de la planète: il y avait là Retro Satana le coquin de sorts, les frères YesOuiCane et NoOuiCante, et même Quo Vadis qui ne savait pas bien où il allait.
Il y avait aussi Quiproquo venu sans invitation et Idem pour la même raison; mais puisqu'ils étaient là, on prendrait leur avis.
On s'était bien gardés d'appeler Acontrario dont le diagnostique laissait à désirer sauf lorsqu'il se trompait.
Après neuf mois d'examens approfondis on les pressa de trouver un vaccin anti-marasme.
Le premier à parler fut Annus horribilis qui avait malgré tout un bon fonds et qui déclara que selon lui, tout était parfaitement normal ou du moins pas pire qu'avant.
Puis vint Quo Vadis qui s'exclama "Alea jacta est" et que l'on traduisit par "Allez jacter à l'Est"... mais personne n'étant disposé à aller croater, bulgarer ou monténégrer, on ignora son avis de même que celui de Grosso Modo, trop approximatif.
Le remède proposé par YesOuiCane faillit l'emporter haut la main si celui de NoOuiCante n'avait pas été totalement contradictoire, et comme une lutte fratricide s'engageait, on les renvoya chez eux entre Manu et Militari.
Entre Meaculpa qui s'accusait personnellement et les explications interminables de Etcaetera, on n'était guère plus avancés !
Quant au remède miracle de Gratis Prodéo, personne n'osa y croire, attendu que les meilleurs remèdes sont toujours les plus onéreux.
Il y avait bien la solution de Invino Veritas, mais noyer le marasme au karcher millésimé risquait de coûter cher sans compter les dégâts colatéraux.
Certain proposait une autre manière de vivre qu'il appelait un Motus Vivaldi, mais les mélomanes ne l'entendirent pas de cette oreille.
Les plus érudits ayant parlé, il fallut alors entendre les malgréeux tocards et leurs remèdes foireux, à l'image de celui qui proposa de tout laisser en l'état et d'immortaliser son idée de génie par une Statue Quo !
In Vitro avec sa solution façon bocal à poisson rouge n'eut pas le loisir de terminer son exposé.
"What else?" s'impatientaient les pro-Nespresso.
Aucun remède n'avait été trouvé lorsque le dernier médecin malgréeux se présenta, un dénommé Ad Hoc qui expliqua que, la planète allant vers ce quoi elle devait aller, l'homme devait accepter le destin qu'il s'était forgé lui-même, car c'est en forgeant qu'on se tape sur les doigts, etc...
Personne ne semblait vouloir se résigner, mais comme le dernier qui parle l'emporte souvent et malgré son penchant pour le whisky écossais, on se rangea unanimement à son avis, d'autant que tous les vétos avaient disparu depuis longtemps.
Depuis ce jour et malgré les prédictions du chat bonimenteur, la planète résiste aux tsunamis, à Hadopi, à ParisPlages, à l'EuroMillion, au Big Mac, aux réseaux sociaux, aux sondages, à la fraise d'importation et autres aléas terrestres.
Note à Béné : si quelqu'un a une bonne idée, qu'il se la garde.
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