Le Défi Du Samedi nous invite à réfléchir au miroir...
Qu'on
se souvienne ou pas qu'on appelait, Blanche la
Cappuccetto Rosso
ou encore la Petite Cape
Rouge, toujours
est-il qu'elle était partie chercher ingrédient ou deux pour sa
marâtre impatiente de confectionner le traditionnel masque de beauté
de Cesare Frangipani
à base de frangipane et de beurre en pot.
Ainsi
donc chaque matin le miroir de la marâtre - son royal smartfaune
- lui
donnait des nouvelles fraîches de ses sujets ainsi que des nouvelles
fraîches du temps qu'il fait et des recettes de beauté pour rester
fraîche jour après jour car il y avait des applications pour tout
ça.
“Smartfaune,
Ô
mon beau smartfaune,
dis-moi
qui est la plus gironde?” interrogeait tactilement chaque matin la
marâtre puisqu'elle avait un doigt pour ça.
Le
miroir était trop poli pour être honnête et la marâtre trop imbue
d'elle-même, fière et vaniteuse et aussi trop bête et méchante
pour réfléchir autant qu'un miroir.
C'est
le miroir qui se mire dans la reine et pas le contraire se
répétait-elle, mais si le royal smartfaune
ne répondait pas à cette question c'est qu'il n'y avait pas encore
d'application pour ça et la marâtre fulminait chaque matin depuis
que le conte existait.
Le
roi Merlin - dit l'enchanteur et par qui les envies prennent vie -
l'avait maintes fois prévenue: “Ô marâtre! Ce smartfaune
dernier cri “Made in Empire du Milieu” vous perdra. Vous en
deviendrez esclave, vous en oublierez le héraut qui sonne, le crieur
qui crie, le bonimenteur qui bonimente, la cire qui cachette en
cachette, le coursier qui course, l'oiseau qui touite au printemps et
aussi les...”
“Ô
toi dont les envies prennent vie quand pour d'autres c'est castoche”
fulmina la marâtre “tu disais déjà ça pour ma quenouille sans
fil, mes loups Boutin de sept lieues, mon épilateur Excalibur, ma
lampe halogène de chez Aladin mais aucune des catastrophes que tu
m'as prophétisée ne s'est jamais produite!!”
Lorsqu'il
était désenchanté l'enchanteur se transformait parfois en cerf
vidé et c'est ce qu'il fit.
Comme
il regagnait ses bois - ce qui est une bonne chose pour un cerf, même
vidé - le royal smartfaune
se mit à émettre une troublante musique.
“Smartfaune,
Ô
mon beau smartfaune,
quel
air me joues-tu? Dis-moi tout, car je suis la marâtre et je dois
tout savoir!” ordonna la marâtre.
“Ô
marâtre, puisque vous voulez tout savoir j'ai la puce qui sautoie,
la mémoire qui flanchoie et aussi la batterie qui merdoie”
répondit le smartfaune
qui
se sentait de
moins en moins royal.
“C'est
pas cool” répondit la marâtre désabusée et, du doigt qu'elle
avait pour ça elle s'empressa de poster un courriel à l'Empire du
Milieu avant que son smartfaune
ne se pâme.
A
mille sept cent lieues de là - soit huit mille kilomètres car la
lieue était à 6.47 kilomètres à cette époque - un philosophe
de l'Empire du Milieu, affecté au service après-vente déchiffrait
entre deux parties de mikado un étrange courriel venu du château de
Stauffenburg en Basse Saxe.
Avec
celui de Harry Potter, celui de la Belle, celui de la princesse
Kaguya et celui de Shrek, ça commençait à faire beaucoup de
problèmes autour du merveilleux smartfaune
dernier cri “Made in Empire du Milieu”!
Avec
toute la philosophie propre aux sujets de l'Empire du Milieu, il
estima que cette marâtre se prenait le chou pour peu de choses et se
contenta de lui renvoyer un lien wiki vers Freud et Jung accompagné
d'un coupon de réduction sur l'achat d'une horloge * comtoise
connectée...
A
dix lieues de là, Blanche - qu'on appelait toujours Cappuccetto
Rosso
ou encore la Petite Cape
Rouge
- croisa un cerf vidé qui ruminait dans sa barbe mais elle se garda
bien de le questionner, de peur d'être hors sujet.
Elle
se rendait tout droit chez sa great-mother-fucker, sans passer par la
case Départ, sans recevoir vingt mille sequins, sans ces foutus
miroirs que tout le royaume avait reçu en étrennes... et elle se
dit que c'était bien.
*
l'horloge comtoise est celle qu'on trouve dans les contes (connectée
ou pas)
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