Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration
L'orgue
de Barbarie est un instrument de la famille Tuyaux-de-poêle ou
automatophones, astucieux croisement d'auto (ou caisse), de tomate et
de francophone.
Le
croisement peut se fait aussi avec un germanophone, un hispanophone,
un néerlandophone ou n'importe quel trucophone, tout dépend de la
nationalité du facteur qui construit l'orgue.
Quel
que soit le facteur ou la factrice, l'orgue possède une boîte à
vent, une boîte arrière, des soupapes, une grenouille-tomate
(Dyscophus antongilii), une manivelle (pour démarrer) et des tuyaux
(ou pots d'échappement), le tout reposant sur un sommier (ou
châssis) bien utile pour le joueur d'orgue fatigué.
Une
fois rodées, les soupapes sont attirées par leurs sièges, comme le
joueur.
Les
tuyaux sont en bois de chêne ou d'érable car si c'était un
peuplier on obtiendrait des tuyaux tordus.
Si
le tuyau est fermé, on l'appelle bourdon mais si le tuyau est ouvert
on le peindra d'une autre couleur, comme le vélo du facteur qui peut
être utilisé pour transporter l'orgue de Barbarie et véhiculer la
chanson populaire faite de tous petits riens et qui s'en va et qui
revient.
A
l'arrière, la boîte arrière contient du carton perforé plié en
zig-zag.
Le
pliage des cartons est un métier de précision exercé par des
ouvriers japonais: les origami (de ori, “plier” et kami,
“carton”). Parmi eux on trouve des origamizig et des origamizag.
A
l'avant, la boîte à vent contient du vent.
Lorsqu'il
n'y a plus de vent, on actionne un soufflet pour remplir la boîte à
vent, mais pendant le remplissage l'orgue ne joue pas d'air; on a
coutume de dire: Soufflet n'est pas jouer.
La
boîte à vent est pleine de vent lorsque la grenouille-tomate
atteint le dernier barreau de l'échelle de Beaufort.
Un
bon joueur d'orgue de Barbarie ne manque pas d'air.
Le
joueur tape d'abord le carton en zig, puis il tape le carton en zag,
puis à nouveau le carton en zig jusqu'à la fin des cartons.
La
fin des cartons signifie la fin du morceau même s'il reste encore du
vent dans la boîte à vent.
Une
rayure sur le carton en zag ou sur le carton en zig provoque un
canard, le fameux canard de Barbarie, reconnaissable à son Couac
caractéristique: Curandero pour un hispanophone, Quacksalber pour un
germanophone, Kwakzalver pour un néerlandophone et Cauoc pour un
trucophone.
Plus
le carton est perforé et plus il produit de sons, sauf s'il est trop
perforé au point qu'il n'y ait plus de carton; dans ce cas il n'y a
plus de son.
Tout
l'art de l'orgue de Barbarie consiste à produire un maximum de sons,
on appelle ça faire un carton.
Les
grandes orgues de Barbarie - au pluriel pour les femelles mais
singulier pour les mâles, ce qui est très singulier - créées au
XVIIème siècle s'appellent des limonaires.
Les
limonaires fonctionnent au jus de citron, à l'eau gazeuse (ou pas)
et au sucre; ils distillent des airs sirupeux comme Vivaldi,
Clayderman, Jeanpasse et Desmeilleurs.
Les
premiers joueurs d'orgue de Barbarie étaient vikings et rouges comme
Erik le rouge ou Sonja la rouge.
La
confrérie des Joueurs-d'Orgue-en-Verlan pratiquaient le retour de
manivelle.
Avant
qu'il ne disparaisse, l'orgue de Barbarie gagne à être connu autant
que l'orque de Barbara qui n' a rien à voir même si elle évolue
aussi en zig-zag.
A
venir: L'histoire du cervelas, astucieux croisement de cervelle de
boeuf (Zervelatwurst
en allemand)et
de matelas à sommier Renaissance.
Les nuls te remercient pour ce brillant exp(l)osé !
RépondreSupprimeret moi je remercie le facteur sans qui cet exposé n'aurait pu avoir lieu :)
RépondreSupprimer