samedi 1 août 2015

Cui-cui

Publié aux Défis Du Samedi sur le thème suggéré ci-dessous





Si pour certains la vie est un long fleuve tranquille, pour d'autres la vie est un parcours de chants d'oiseaux, un cheminement cacophonique des plus étonnants...

A peine sortis de la salle de travail des maternités ce ne sont que piaillements, pépiements et gazouillis tandis que les heureux parents rêvent déjà d'entendre babiller et glapir leur bruyante progéniture au fond des couveuses.
Déjà à la crêche, ça pirouitte et ça pleupleute à tout va, les garçons jabotent à la différence des filles qui glouglottent, les plus grands frigulotent des “J'ai soif” et fringotent des “J'ai faim” à qui mieux mieux.
Bien plus tard on quittera le nid pour aller cajoler ou même turluter dans les coins sombres, la bécasse roucoulera sur son banc ou puputera dans les teufs, ce qui ne manquera pas de faire jaser sur les campus.
Puis vient le temps plus raisonnable de la coucasse, de la trille et de la margotte; on zinzinule à l'heure de la sieste, on pépie à l'apéro et on chicane au club de bridge.
Enfin un calme relatif s'installe, ponctué de piaulements poussifs et autres tutubements asthmatiques au fur et à mesure des années.
Une oreille exercée - c'est à dire sonotonée - distinguera le ululement lugubre du tamalou à gorge rouge ou celui d'une vieille chouette enrouée.
C'est l'heure de se voler dans les plumes - enfin, de ce qu'il en reste - le temps des confusions et des radotages quand le loriot se prend à imiter le miaulement du chat, que le bruant à calotte blanche braille “Frédéric”, que la sénile paruline masquée crie “Ouistiti-Ouistiti” et que le vieux moucherolle-à-côtés-olive pousse son “Vite-trois-bières” !!
Alors tout au bout du parcours en haut de l'olivier séculaire d'un cimetière on entend l'engoulevent répéter en litanie son «Bois-pou-ou-rris, bois-pou-ou-rris» et on réalise que c'est cuit... que c'est cuit-cuit.


* Tous les cris, chants et expressions sonores sont authentiques, n'en déplaise aux oiseaux de mauvais augure.



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