Publié aux Défis Du Samedi d'après l'illustration
Quand
la lune sera pleine, toi et moi on prendra l'express de Jaipur.
Ça
sera le jour qu'ils appellent Holika, ou Dulendhi - ou peut-être
Dumardi, ça change tous les ans - et le train sera bondé comme
d'habitude.
Non
j'ai pas l'habitude, Germaine... mais dans tous les documentaires sur
l'Inde, les trains sont bondés.
A
quoi ça sert de réserver six mois à l'avance pour finir entassés
avec des types avachis sur des sièges défoncés – ou le
contraire, des types défoncés sur des siège avachis - avec une
clim en panne et une putain d'odeur de diesel?
Passe-moi
le shilom, Germaine.
On
verra rien du paysage à cause de tous ces turbans et des mecs qui
tombent du toit mais on n'est pas venus pour le paysage; on est là
pour équilibrer nos chakras.
A
la descente du train, tout le Rajasthan sera là - sans compter les
touristes - pour cavaler vers leur “Stade de France”, le Royal
Chaugan Stadium.
On
se magnera le popotin entre les vaches et les Tuk-tuk mais pour avoir
les meilleures places tu mettras autre chose que tes tongs!
Repasse-moi
le shilom, Germaine.
Galant,
je te prendrai sur mes épaules... ou plus simplement je te prendrai
par la main - c'est Bollywood mais faut pas exagérer - y aura des
turbans colorés à perte de vue jusqu'à la pagode de Krishna avec
un drôle de petit nuage rose au dessus. Ça doit être ça le
tantra, Germaine.
Dans
tous les documentaires sur l'Inde, y'a des turbans colorés et des
petits nuages roses.
En
approchant du stade, ça sera encore plus le souk mais on entendra
quand même la musique folklorique, les flûtes, les nagaras, les
cymbales enfin tout le bazar comme sur le dépliant des voyagistes.
Tu
voudras me faire une danse du ventre mais y'aura pas la place et puis
c'est pas l'moment.
Bon
sang! Refile-moi plutôt le shilom, Germaine.
Ça
y est je les vois enfin, rassemblés dans le rond central dans leurs
costumes de lumière, un troupeau couvert de pétales de roses, de
savantes peintures roses, de draperies de soie et velours cousues de
roses, de perles roses, de pendeloques roses...
Putain,
ça disparait! Repasse-moi le shilom, Germaine.
Certains
- ou plutôt certaines puisque c'est réservé aux femelles - ont aux
pieds des chaînes de chevilles avec des clochettes comme leurs
danseuses gitanes, d'autres ont des parapluies roses qui brillent au
soleil - tu le vois le soleil indien, Germaine - et encore d'autres
avec des défenses rosâtres.
Regarde
celui-là, Germaine. Le plus grand avec un palanquin, un baldaquin,
enfin un frusquin sur le dos. On dirait Hati, le colonel du Livre de
la Jungle, c'est “elle” qui va gagner le concours!
Repasse-moi
encore le shilom, Germaine.
Jamais
vu une éléphante aussi rose!
Et
maintenant tu es rose comme elle, de la tête aux pieds - comme si
t'étais à poil - mais je ne te vois pas bien à cause de la fumée.
Qu'est-ce
qui peut bien fumer comme ça, Germaine? T'as encore laissé une
gamelle sur le feu?
Où
ça une explosion? Quoi? Un orgasme?
Attends
un peu Germaine, je suis en pleine méditation...
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