Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration et le mot imposé: Arpège
Décor
tassilien qu'ils disaient... immensité des paysages, donjons,
aiguilles et arches de pierre, dunes gigantesques: c'est moins beau
que sur le dépliant mais au moins ça change du décor francilien,
stations RER bondées et trains jamais à l'heure!
Si
je ne sais toujours pas comment ils ont fait venir tout ce sable,
j'ai appris que le dromadaire
n'est
qu'un demi-chameau et qu'il blatère alors que notre guide
déblatère...
Ici
leur RER c'est des caravanes mais beaucoup plus longues et moins
rapides que chez nous, quoique. Les conducteurs sont noirs, des
Toubous qui ne parlent pas comme nous mais les dromadaires ont l'air
de les comprendre, c'est déjà ça.
J'ai
compris pourquoi on appelle ces bestioles les vaisseaux du désert...
ça fout vraiment la gerbe au bout d'un moment.
Un
des touristes dit en rigolant qu'il faut jamais manger épicé en
même temps; je vois pas ce qu'il y a de drôle.
Chez
les Toubous, il y a les Téda qui parlent le tédaga et les Daza qui
parlent le dazaga, un peu comme les équipes de Kho Lanta mais en
plus noires.
La
capitale de la région de l'Ennedi s'appelle Fada. On connait la
bande de Gaza au Proche-Orient mais moins connue est la bande de
Fada.
Notre
guide est blanche pour qu'on la repère de loin et qu'on la comprenne
mieux malgré son fort accent alsacien. Elle est intarrisable sur les
oueds qui eux peuvent s'assècher quand elle parle trop longtemps.
Quand
elle a fini de parler c'est à dire au soleil couchant on va dormir
au bi-vouac: un grand vouac pour notre groupe et un plus petit vouac
pour la guide et le pisteur qui boit toutes ses paroles.
Au
bi-vouac, un musicien local nous joue de la harpe à douze cordes; on
appelle ça jouer de la harpège.
Le
matin, notre guide a la voix claire; sûr qu'elle prend quelque chose
pendant la nuit, mais pas du thé.
Nous
on boit du thé, rien que du thé... vert pour les hommes et rouge
pour les femmes. Ne me demandez pas pourquoi. J'ai essayé le thé
des femmes, c'est pareil ! On pisse autant...
Il
faut dire aussi qu'on est quatre vingt dans notre groupe, une vraie
méharée humaine.
Pour
nos besoins courants on s'isole derrière les dunes mais les feuilles
d'acacia sont rares, alors on tire au sort... plus exactement on tire
au short.
Contrairement
aux nôtres qui nous font paître, les femmes d'ici font paître les
troupeaux de chèvre pendant que les chameliers jouent aux dames avec
des crottes de chameau. Je vous jure que c'est vrai, par contre pour
faire une dame c'est comme chez nous, ils empilent deux crottes.
Leurs
femmes ont des cheveux très longs qui leur permettent de s'asseoir
sur des nattes, par contre les hommes qui ont les cheveux courts
mangent à part et sur rien.
Les
Toubou vivent aussi du commerce de dattes, les meilleures étant de
décembre à mars.
Ils
ne cultivent pas le latex, ce qui n'empêche pas le Tchad de s'étirer
sur plus de deux mille kilomètres.
Aujourd'hui
on a visité le Grand Canyon de Béchiké et ses crocodiles du
désert. Moi je voyais ça ailleurs... le Grand Canyon, mais c'est
bien imité quand même, tout comme leurs peintures rupestres de
Mandiguili-guili façon Lascaux.
Ici
le vent a sculpté des statues de grès ou de force: ils appellent ça
les rosions.
Ici,
on pourrait croire que c'est le désert mais c'est tout sauf le
désert; il y a une circulation dingue de camions très chargés qui
roulent en zigzag pour éviter les mines qui restent enfouies depuis
la dernière guerre civile.
Nous
on roule tout droit et en quatre-à-quatre parce qu'on doit rentrer
daredare pour pas rater l'avion à l'aérodrome de Faya-Largeau.
Bon,
c'est pas le tout mais je dois aller boucler mon sac et mon casque
lourd.
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