dimanche 2 août 2015

Trek à l'Ennedi

 Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration et le mot imposé: Arpège






Décor tassilien qu'ils disaient... immensité des paysages, donjons, aiguilles et arches de pierre, dunes gigantesques: c'est moins beau que sur le dépliant mais au moins ça change du décor francilien, stations RER bondées et trains jamais à l'heure!
Si je ne sais toujours pas comment ils ont fait venir tout ce sable, j'ai appris que le dromadaire
n'est qu'un demi-chameau et qu'il blatère alors que notre guide déblatère...
Ici leur RER c'est des caravanes mais beaucoup plus longues et moins rapides que chez nous, quoique. Les conducteurs sont noirs, des Toubous qui ne parlent pas comme nous mais les dromadaires ont l'air de les comprendre, c'est déjà ça.
J'ai compris pourquoi on appelle ces bestioles les vaisseaux du désert... ça fout vraiment la gerbe au bout d'un moment.
Un des touristes dit en rigolant qu'il faut jamais manger épicé en même temps; je vois pas ce qu'il y a de drôle.
Chez les Toubous, il y a les Téda qui parlent le tédaga et les Daza qui parlent le dazaga, un peu comme les équipes de Kho Lanta mais en plus noires.
La capitale de la région de l'Ennedi s'appelle Fada. On connait la bande de Gaza au Proche-Orient mais moins connue est la bande de Fada.
Notre guide est blanche pour qu'on la repère de loin et qu'on la comprenne mieux malgré son fort accent alsacien. Elle est intarrisable sur les oueds qui eux peuvent s'assècher quand elle parle trop longtemps.
Quand elle a fini de parler c'est à dire au soleil couchant on va dormir au bi-vouac: un grand vouac pour notre groupe et un plus petit vouac pour la guide et le pisteur qui boit toutes ses paroles.
Au bi-vouac, un musicien local nous joue de la harpe à douze cordes; on appelle ça jouer de la harpège.

Le matin, notre guide a la voix claire; sûr qu'elle prend quelque chose pendant la nuit, mais pas du thé.
Nous on boit du thé, rien que du thé... vert pour les hommes et rouge pour les femmes. Ne me demandez pas pourquoi. J'ai essayé le thé des femmes, c'est pareil ! On pisse autant...
Il faut dire aussi qu'on est quatre vingt dans notre groupe, une vraie méharée humaine.
Pour nos besoins courants on s'isole derrière les dunes mais les feuilles d'acacia sont rares, alors on tire au sort... plus exactement on tire au short.

Contrairement aux nôtres qui nous font paître, les femmes d'ici font paître les troupeaux de chèvre pendant que les chameliers jouent aux dames avec des crottes de chameau. Je vous jure que c'est vrai, par contre pour faire une dame c'est comme chez nous, ils empilent deux crottes.
Leurs femmes ont des cheveux très longs qui leur permettent de s'asseoir sur des nattes, par contre les hommes qui ont les cheveux courts mangent à part et sur rien.
Les Toubou vivent aussi du commerce de dattes, les meilleures étant de décembre à mars.
Ils ne cultivent pas le latex, ce qui n'empêche pas le Tchad de s'étirer sur plus de deux mille kilomètres.

Aujourd'hui on a visité le Grand Canyon de Béchiké et ses crocodiles du désert. Moi je voyais ça ailleurs... le Grand Canyon, mais c'est bien imité quand même, tout comme leurs peintures rupestres de Mandiguili-guili façon Lascaux.
Ici le vent a sculpté des statues de grès ou de force: ils appellent ça les rosions.

Ici, on pourrait croire que c'est le désert mais c'est tout sauf le désert; il y a une circulation dingue de camions très chargés qui roulent en zigzag pour éviter les mines qui restent enfouies depuis la dernière guerre civile.
Nous on roule tout droit et en quatre-à-quatre parce qu'on doit rentrer daredare pour pas rater l'avion à l'aérodrome de Faya-Largeau.
Bon, c'est pas le tout mais je dois aller boucler mon sac et mon casque lourd.

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