Publié aux Défis Du Samedi en hommage aux jobastres
Quand elle m'a traité de
jobastre, j'ai d'abord pris ça pour un compliment mais le ton n'y
était pas et le regard non plus.
Quand j'ai demandé ce
qu'elle entendait par jobastre elle a répondu que j'étais vraiment
un foutu jobastre et elle a ajouté fada pour que je comprenne bien.
Chez moi le fada on
l'appelle beusenot ou beuillon.
Elle n'était pas d'ici
assurément et en plus elle se trompait: je ne suis ni jobastre ni
fada ni beusenot, je suis juste un peu naïf.
J'aurais pu la traiter de
cul-terreuse sauf qu'elle avait plus l'accent du sud que de
Saône-et-Loire et d'abord cul-terreuse c'est pas une insulte.
J'avais pas envie de
l'insulter, je voulais juste qu'elle me voie autrement qu'un
jobastre.
J'ai dit “Y'a pas
d'jobastres chez toi?”
Elle a ri :”Si... et des
broques, des caraques, des fangoules et des pédés aussi!”
J'ai compris que d'où
elle venait la vie ne devait pas être facile.
“Et des cons? Y'a aussi
des cons chez toi?” ai-je insisté.
Elle a éclaté de rire:”
Des cons on en met partout, c'est même une ponctuation chez nous,
con”
J'avais hâte de savoir
dans quelle contrée on finissait les phrases en rendant hommage aux
cons.
Je découvrais une
marseillaise, une vraie de vraie. Elle a raconté la Bonne Mère, son
quartier populaire du Panier en mélangeant tout... l'immigration,
Borsalino, Plus belle la vie, les grognasses – ses copines – les
bars pourraves et la défonce.
A côté de ça j'avais
l'air d'un beusenot avec ma moutarde, mon pain d'épices et mon
blanc-cassis.
Alors j'ai sorti le grand
jeu, le ban bourguignon, un “Tra
la... Tra la... Tra la la la lère” en approchant les mains en
forme de coupe à hauteur de la trogne pour les faire tourner comme
si on regardait à travers, et elle a été scotchée, rétamée,
pécho la marseillaise!
Du
coup je suis passé du statut de jobastre à celui de ravi.
Y
parait que c'est vachement mieux... en tout cas on est devenus potes.
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