Que j'aime ce silence. Celui entre deux mots quand - la plume en suspens à la fin d'un
quatrain - la rime tant cherchée échappe à mon cerveau en quête du bon mot... que je hais ce silence.
Que
j'aime ce silence. Celui entre deux Plouf! Quand le ver hameçonné
quelques mètres
plus bas nargue la carpe boudeuse, l'esturgeon endormi et qu'à côté
de moi un pêcheur plus chanceux remplit sa goujonnière... que je hais ce
silence.
Que
j'aime ce silence. Celui entre deux boules quand - sortis du chapeau
par la main
du destin - les numéros magiques m'échappent un à un, me laissant
dépité sur une grille vide... cent pour cent des perdants ont haï ce
silence.
Que
j'aime ce silence. Celui entre deux notes, entre deux mi bémol ou deux
accords
plaqués sortis de ma guitare tandis qu'à l'entresol un voisin
bricoleur se joue fortissimo un peu de scie sauteuse... qu'il soit black
ou d'équerre, que je hais ce silence.
Que j'aime ce silence. Celui entre deux Pan! Quand la biche affolée franchissant les
taillis tourne le dos aux chiens, aux chasseurs du dimanche pour un coin plus tranquille... que je hais ce silence de plomb.
Que
j'aime ce silence. Celui entre deux temps, entre deux samedi, entre
deux beaux
Défis, ou entre deux bougies qu'on vous force à souffler jusqu'à
s'époumoner sous les yeux des gamins... que je hais ce silence un peu
plus chaque année.
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