En matière de sport, oncle Hubert était intarissable au point qu'il semblait avoir baigné dans toutes les disciplines hormis le water-polo... mais j'en parlerai plus tard.
Il
 fallait l'entendre nous décrire l'époque
    où il fréquentait les Chéribibi, Ange Blanc et autre bourreau de 
Bethune ou plus précisément la fille ainée du frère du gardien de la 
salle Wagram, lieu où il assistait gratuitement et en payant
    de sa personne à toutes les soirées de catch jusqu'à ce qu'elle se 
ferme (la salle Wagram, pas la fille).
  
Du
 catch nous retiendrons la fureur de ces
    coups mortels à vous ressusciter un boeuf, les vaines vociférations 
d'un arbitre malingre, la dureté des sièges comparée à la douceur des 
lèvres de la
    fille-ainée-du-frère-du-susdit-gardien-de-la-salle-Wagram... qui se 
ferma.
  
Par dépit il s'était essayé à
    l'haltérophilie - ayant entendu dire par certain spécialiste au zinc du Café des Sports que “La bière... des haltères” - et il gardait de cette époque mémorable une splendide 'galette'
    ou médaille gagnée dans ce même café, bizarrement fondue en l'année 1664 et ornée des armes de Kronenbourg.
  
Ensuite lui était venue cette envie
    saugrenue de pratiquer le water-polo jusqu'à ce qu'il y renonce pour une raison qui nous laissa tous sur le cul!
  
Il
 aurait bien aimé nous faire prendre des
    limaces pour des cagouilles mais on n'était pas nés de la dernière 
rabasse comme on dit chez nous. Croirez-vous qu'il abandonna l'idée du 
water-polo, faute de parvenir à apprendre à nager à son
    cheval surnommé Crazy Horse ?
  
Oublions ça et les sourires mal contenus
    d'oncle Hubert.
  
C'est
 pourtant lui qui sut me donner la
    passion du vélo, à l'époque où pour moi la petite reine n'était 
encore que cette accordéoniste rousse à la robe virevoltante et 
prénommée Yvette, qu'un troupeau de pédaleux suant et malodorant
    suivait sans relâche mais à bonne distance... par peur d'écraser 
quelque canard.
  
Oncle
 Hubert exhibait alors fièrement ses
    mollets en forme de bouteilles de Perrier - bien qu'il s'en défende 
et ne jure que par la Kro - ainsi qu'un fragment de dossart arraché en 
haut du col de Peyresourde à un certain (il disait Iop
    en sautant sur une selle imaginaire) Zoetemelk.
  
Tous ces noms bizarres me faisaient rêver et
    je découvrais qu'au delà de nos contreforts bourguignons vivaient des gens qu'on nommait des néerlandais.
  
 Je
 passerai allègrement sur quelques expériences douteuses et vite 
avortées comme sa lutte Gréco-romaine inspirée par la vogue de
    Saint-Germain-des-Prés, sa nage avec palmes peu académiques à son 
goût et la raquette à neige dont il chercha longtemps la petite balle 
jaune!
  
 Il
 terminait généralement ses récits par sa marotte, le twirling bâton 
qu'il avait découvert en la personne de Philomène, un quintal
    (pourquoi n'existe-t-il pas de féminin pour quintal?) emmaillotée, 
ambidextre aux poignets vigoureux qui exerçait aux Twirleuses de 
Baigneux-les-Juifs et dont la moustache naissante mettait notre
    oncle dans tous ses états.
  
 Généralement
 Anastazia - la polonaise dont j'ai souvent parlé - survenait, coupant 
court à des détails truculents que nous n'eûmes
    jamais l'occasion d'apprendre et qui titillent encore aujourd'hui 
mon imaginaire au point que j'en frissonne rien que d'y penser.
  

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