Aux Impromptus Littéraires, on ne perd pas de temps en enchaînant avec les cinq mots suivants: azimut,
Bourg-La-Reine,
chameau, fantasme,
ranimer
Malgré
la sueur qui ruisselait abondamment sur mes lunettes de soleil et
dans mes yeux, j'orientai la boussole sur l'azimut 48°...
Au
diable les 46', l'aiguille s'était tellement dilatée au soleil
qu'elle couvrait 10° à elle toute seule!
Mais
qu'est-ce qui lui avait pris à cette connasse de choisir les dunes
de Merzouga en plein mois de juillet?
Elle
rêvait de voir les hommes bleus de près? Madame allait pouvoir
vivre son fantasme.
J'ignore
ce qu'ils avaient mis dans le thé - “amer comme la mort, le second
doux comme la vie et le troisième sucré comme l'amour” disait le
dépliant - mais au troisième verre elle était effectivement
devenue toute bizarre.
Pas
fou, au troisième verre j'avais recraché discrètement. Même par
politesse, je n'avais pas envie de goûter aux ardeurs nomades!
Le
petit groupe barbare - certains disent berbère - avait disparu avec
elle derrière ces foutues dunes. Je n'aurais jamais imaginé qu'on
puisse amasser autant de sable dans un même endroit.
Deux
mille cinq cent kilomètres jusqu'à Bourg-La-Reine, c'était
pas tant la mer à boire que le détroit de Gibraltar à traverser.
Il
me restait maintenant à ranimer mon chameau, et
c'était pas gagné d'avance.
Une
ultime épreuve m'attendait: pratiquer le bouche à bouche à une
bestiole du genre camélidé et sujette à l'insolation!
Par
téléphone j'avais réservé une Méhari mais à l'agence il ne
restait que ce vieux mâle à une seule bosse.
On
ne m'avait même pas précisé s'il savait nager!
Je
ne sais pas pourquoi - c'est idiot - mais à l'instant présent,
j'eus préféré une jeune femelle aux yeux dorés bordés de cils
voluptueux.
Comme
je commençais à ruminer mes cours de secourisme - par mimétisme
sans doute - mon vieux “rafiot du désert” agité de soubresauts
ouvrit ses larges lèvres pour m'offrir en pleine figure un long et
lugubre blatèrement!
J'écarquillais
péniblement mes yeux ensablés quand j'ai reconnu ma chambre. Le cri
faisait “Barabira... Kechichan” puis plus nettement “Te voilà
réveillé, fainéant?”
Une
femme pas très belle en djellaba et bigoudis me tendait une tasse
fumante qu'elle m'obligea à boire sans respirer.
Comme
elle s'éloignait en traînant des pieds, je l'entendis dire à
quelqu'un:
“On
est peinards, Farouk... il est reparti pour trois heures”
Voilà ce qui arrive quand on mange une bouchée à Bourg-la-Reine!
RépondreSupprimeret quand on mange un fromage à Sucy-en-Brie?
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