Je ne peux pas incriminer les Impromptus Littéraires d'avoir proposé cette idée d'un logo-rallye avec les mots: cataracte,enchevêtré,illicite,mufle,
raidillon... l'idée est de moi
Notre
guide s'appelait Bérénice et si elle affirmait avoir fait les Beaux
Arts au Caire, elle avait dû apprendre à diriger une felouque par
correspondance : »Entre Louxor et Assouan les îlots de la
première cataracte
du Nil abritent, au nord l'île Eléphantine et au sud à Philæ,
le temple d'Isis... ou plutôt - devrai-je préciser - abritait le
temple d'Isis avant son déménagement...»
« Comment
ça, déménagé ?? »
J'avais
hurlé et si Bérénice ne sembla pas m'entendre, tout le groupe me
regardait bizarrement.
La
felouque tangua, laissant sur bâbord l'île de Bigeh tandis que
Bérénice reprenait : « Menacé par la montée des eaux
entre deux barrages, le temple d'Isis a été sauvé du naufrage par
la volonté des hommes qui l'ont rebâti bloc après bloc sur l'île
d'Aguilkia. »
J'avais
bien aperçu ces monstruosités jetées en travers du fleuve mais
j'étais loin d'imaginer que l'on toucherait à une seule pierre de
mon cher temple !
« Vous
ignorez peut-être que Agilkia est le nom retenu pour baptiser le
site d'atterrissage du robot Philæ de la mission
européenne Rosetta » continuait Bérénice, sourire en coin.
De
quelle mission parlait-elle ?
A
mesure que la felouque approchait d'Aguilkia, j'allais d'horreur en
horreur, ne reconnaissant rien des lieux .
La
gorge serrée, j'éructais : « Vous n'aviez pas le droit !
Tout ça est illicite, illégal !!! Je vous ferai
fouetter»
Le
groupe s'était massé à l'arrière de la felouque et jetait des
regards inquiets à Bérénice qui continuait à réciter sa leçon :
« Voyez comme le littoral d'Aguilkia a été remodelé pour
donner à l'île la forme d'une colombe, celle originelle de l'île
de Philæ ».
C'en
était trop ! J'allais leur en foutre des colombes, moi !
Je
cherchais éperdument du regard les colonnades, les pylônes et les
chapiteaux du portique qu'avait fait ériger Nectanébo Ier il y a...
si longtemps.
Comme
l'accostage s'annonçait laborieux, j'abandonnai Bérénice à sa
manœuvre et plongeai sans plus attendre dans les eaux
tourbillonnantes du Nil.
« Qui
a bu l'eau du Nil reviendra sur ses rives » disait un de nos
proverbes ancestraux. J'en avais tant bu autrefois... et j'y revenais
aujourd'hui.
Je
nageais mal mais je parvins assez vite sur la rive toute proche où
un décor enchevêtré de dattiers, de palmiers et de mimosas
me cachait ce cher temple ou plutôt ce que les hommes en avaient
fait.
Je
mis le peu de forces qui me restaient à gravir un raidillon
en haut duquel se dressa soudain le fronton d’une ruine aux
colonnes décolorées. Ruminant le mufle en l’air, un énorme
buffle de grès semblait me défier.
Un
« piii-ooo » me fit lever la tête au ciel.
Tout
là-haut, un milan royal formait de grands cercles en poussant des
miaulements aigus.
Elle
était au rendez-vous, ma déesse !
Un sujet si bien traité, tu l'avais prémédité celui-là :-)))
RépondreSupprimerBérénice fait son job, un peu éberluée de savoir que tu es revenu hanter les lieux et lui couper l'herbe sous le pied.
La déesse était u rendez-vous, l'essentiel est sauvé...
(je ne sais pas si j'aurais le temps de traiter le sujet cette semaine, mais j'y pense.)
Merci d'avoir si bien décodé l'ectoplasme que je suis :)
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