Raconter
aux Impromptus Littéraires le
jardin, le parc, le square , le paysage de son enfance
en empruntant
le style à son auteur préféré, mais sans le désigner: c'est mon secret et comme tous les secrets, je ne le répéterai qu'à une seule personne à la fois :)
Le kiosque à zizique Place Wilson |
Les
dimanches d'été on allait au joli kiosque à musique de la place
Wilson à Dijon.
Parait
qu'on le doit à l'architecte Desherault depuis 1912!
Moi
je dis: Devoir encore quelque chose pour un machin style art-nouveau
de 1912, c'est se foutre de la gueule du contribuable!
J'appelle
pas ça de l'impôt, j'appelle ça de l'attaque à main armée!
Parait
qu'le tourniquet à flonflons avait été inauguré en grandes pompes
- en rangers - et en avril 1912 par la musique militaire du 27ème
régiment d'infanterie... mais à l'époque j'étais encore dans les
valseuses à mon dab et j'risquais pas d'entendre sonner l'trompion.
Donc
le dimanche on jouait à chat perché entre les chiards et les
bonnes, vu qu'y avait personne d'autre.
A
l'époque quand on n'avait pas de bonne pour garder ses chiards, eh
bien, on n'en faisait pas.
On
jouait à vérifier qu'un machin octogonal a bien huit côtés mais
je m'est souvent gouré.
A
l'heure où les vieux cons allaient crâmer leurs éconocroques à
Deauville et les putes en gagner à Saint-Tropez, nous autres on
courait autour du kiosque à musique.
Enfin
musique, c'est un bien grand mot! Le gonze était pas assez riche
pour s'offrir un piano alors y jouait du branle poumons, du
boutonneux, enfin d'l'accordéon... une sorte d'adagio...
probablement de Mozart... quand c'est très beau et qu'on n'est pas
bien sûr, c'est presque toujours Mozart.
Y'avait
même des caves qui guinchaient. Guincher sur du Mozart, c'est nul!!
Moi
j'avais pas l'âge et pis la danse c'est du pelotage. Tout ce qu'on
fait avec les pieds c'est parfaitement secondaire. Tout le monde s'en
fout.
Pourtant
elle était belle ma môme: huit ans et tout c'qu'y faut là où y
faut mais en miniature; un vrai p'tit conte de fée, blonde comme les
blés, balancée comme Martine Carol, claire comme le jour, avec des
yeux de myosotis, et un teint, une bouche… Non, mais alors une
bouche ! C’était trop pour un seul homme.
D'ailleurs
c'est c'que m'a fait comprendre un gonze rouleur de mécaniques.
Rouler
des mécaniques c'est une maladie des hommes... et lui était très
malade!
Quand
les gonzes de 50 kilos disent certaines choses, ceux de 35 kilos les
écoutent.
Y
voulait me montrer qui c'était Raoul et j'ai aussitôt compris que
c'était lui.
Comme
disait mon pépé, j'ai battu en retraite.
La
retraite, faut la prendre jeune. Faut surtout la prendre vivant.
C'est pas dans les moyens de tout le monde.
Y
a des circonstances où y vaut mieux s'en aller la tête basse que
les pieds devant, alors vu les circonstances je suis retourné dans
les jupes de la bonne... c'était pas la plus mauvaise place.
Elle
était peut-être folle de la messe mais pas l'contraire, nom de
Dieu!
Et
puis dans la vie, il faut toujours être gentil avec les femmes, même
avec la bonne; c'est ce que mon dab disait aussi.
Par
contre j'ai jamais revu ma môme, mon conte de fée. Je l'avais
courtisée, séduite... je l'aurais peut-être enlevée et en cas
d'urgence épousée?
Finalement
j'aurais pris perpette.
Je
préfère m'en souvenir comme ça... on vieillit mieux.
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