Publié sur le site MilEtUne Histoires d'après le tableau de Vicente Romero Redondo
Condamnée
par la méchante reine Regina-Pepperonia à coudre tous ses jupons
pour ses cours de flamenco royal, la belle Manuela dite la belle de
Cadix eut tôt fait d'aller quérir une machina de coser chez
une vieille catalane qui tenait un dépôt-vente (de l'espagnol
déposita-venta) de castagnettes, de tchic-atchic-atchic-aïe-aïe-aïe
et de machines à coudre et à découdre en tous genres.
Voyant
qu'elle n'y entravait que dalle en couture, la vieille lui prodigua (
de l'espagnol prodiguar) quelques conseils utiles pour une novice.
La
belle Manuela fut dépitée d'apprendre qu'il n'existait pas de
patron pour les jupons tant la coupe était simple; elle en aurait
volontiers découpé un à défaut de découper sa patronne...
De
retour au château, elle s'installe dans son fauteuil Manuela –
celui en rotin immortalisé au cinématografico par Sylvia Christella
– et se met au taf, cousant jupons bouffants, à volants, à
dentelle et à j'en-passe-et-des-meilleurs... et vazy que j'te couds
et vazy que j'te couds tant et si bien que la machina de coser en
vrombit à faire trembler toutes les enceintes du château.
Et
zig et zag... tire que te tire la navetta et la bobinette cherra (de
l'espagnol cherra) ...
Dérangée
pendant la siesta, la méchante reine Regina-Pepperonia déboule plus
vite que son escorte de bras-cassés et surgit derrière la belle
Manuela en s'écriant :”Quésaco ce bordello?”
Dans
un geste qu'on ne voit que dans les contes, la belle Manuela met le
petit doigt sur la couture en signe de respect et de soumission mais
la machina s'est emballée et lui pique son joli petit doigt.
”Quésaco
ce bordello?” se récrie la reine Regina-Pepperonia qui n'a pas eu
la réponse à sa première question.
Les
yeux baissés sur son affreux petit doigt sanguinolent, la belle
Manuela répond :”Ôh marraine, ce n'est qu'une machine qui
cousoit, du tulle qui fronçoit et mon petit doigt qui saignoit”
“Je
ne suis pas ta marraine, espèce d'insolente au doigt sanguinolent!”
re-recrie la reine Regina-Pepperonia qu'on appellera la reine R-P
pour faire plus (corto) court.
“Ôh
ma reine, je ne prétends pas être votre filleule” soupire la
belle Manuela juste avant de choir dans les pommes.
“Ramassez-moi
ces pommes sur-le-champ” ordonne la reine R-P qu'on appelle ainsi
pour faire plus corto que Regina-Pepperonia à son escorte de
bras-cassés “et portez-les chez les frères Grimmo pour leurs
contes... il s'en trouvera bien une empoisonnée pour leur
Blancanieves!”
Sitôt
dit sitôt fait, l'escorte ramasse les pommes sur-le-champ et s'en
retourne comme elle était venue mais avec les pommes en plus et sans
la belle Manuela qui dort d'un profond sommeil qui durera cent ans...
Cien agnosses plus tard (pas facile d'écrire años sur un clavier
françois)
La
belle Manuela s'éveille tétanosée (de l'espagnol tétanos) et
tétanisée... son petit doigt au sang coagulé (sangria en espagnol)
lui dit qu'elle a dormi longtemps, ce que lui confirme la nouvelle
reine Nabilla-Nonméalloquoi qu'on appellera Double N pour faire plus
court.
Nonobstant
le petit doigt tétanosé, Double N n'hésite pas à lui confier la
réalisation de sa nouvelle collection de vêtements fun, jazzy et
glamour (de l'espagnol glamour).
L'histoire
se termine là car elles furent heureuses et eurent beaucoup de
pesetas (de l'espagnol euros... ou le contraire)
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