Publié aux Défis Du Samedi
Depuis
le jour où ont été créés le soleil, l’hémisphère Nord, les montagnes et les
vallées les ubacquois et les ubacquoises vivent dans l’ombrée tandis que les adretois
et adretoises vivent dans l’adroit.
Tout
le monde ne peut pas naître du « bon côté » de la montagne sinon la
montagne déséquilibrée basculerait, de même que le soleil ne peut éclairer les
deux versants de la même manière sinon à quoi servirait l’ubac ?
Ainsi
les ubacquois vivaient dans l’ombre quand les adretois vivaient dans la lumière
et c’était ainsi, les uns condamnés à grelotter et choper la crève quand les
autres grillaient et se ratatinaient au soleil.
Un
versant sentait la tisane et le grog quand l’autre versant sentait la merguez
et l’huile solaire.
Alors
chaque année ceux qui n’en pouvaient plus de grelotter votaient pour élire le
roi de l’adroit et ceux qui en avaient assez de griller votaient pour élire le
roi de l’ombrée.
Bizarrement
le roi de l’adroit était cousin du roi de l’ombrée; ils avaient eu la même
nurse, les mêmes couches culottes, avaient été élevés dans les mêmes principes,
avaient suivi les mêmes études de roi et régnaient pourtant sur deux peuples
qui s’enviaient à tout instant.
Certes
l’herbe était plus verte chez les uns que chez les autres mais qu’y
faire ?
Un
jour vint à passer au creux de la vallée celle qu’on baptisa aussitôt la reine
des tièdes et dont les deux rois tombèrent éperdument amoureux tout comme tous
les ubacquois et tous les adretois.
Le
roi de l’ombrée en fut tout cramoisi quand le roi de l’adroit fondit sur place
bien plus qu’il ne le faisait chaque jour.
Mais
dans les contes une reine – fut-elle reine des tièdes et pas farouche – ne peut
épouser deux rois tout comme le soleil ne peut sourire aux deux pentes d’une
montagne en même temps.
Elle
leur raconta qu’elle venait de l’hémisphère Sud, un endroit curieux où ceux
exposés au Sud grelottaient et ceux exposés au Nord grillaient et s’enviaient
tout autant… ce qui ajouta à leur confusion.
Il
décidèrent donc que le mieux était de ne rien faire et de laisser la reine des
tièdes choisir son amoureux.
Des
siècles plus tard les ubacquois continuent à grelotter, les adretois à griller
et les deux cousins-rois à se morfondre… et tous les hommes quel que soit leur
versant élisent et réélisent leur célibataire reine des tièdes.
Je me demande s'ils trouveront la solution un jour : je vote pour la bigamie dans ces cas-là. Une femme deux maris, ça pourrait parfois sauver la planète. Va falloir changer un peu cette morale des contes, non ?
RépondreSupprimerAttention! Dans la bigamie, on a deux belles-mères !
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