Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration
On
aurait dit un peloton d'exécution mais en plus joyeux, ça crépitait
de partout!
Ce
qui plaisait le plus à Germaine c'étaient tous ces flashs comme on
en voit sur la Croisette... enfin, quand on regarde la télé qui
filme la Croisette.
Ca
avait commencé tôt le matin sur les Champs-Déguisés.
Germaine
avait mis son beau tailleur bleu ciel, celui qu'elle avait troqué
chez Emmaüs contre notre grille-pain qui grillait trop le pain.
On
avait eu la bonne idée de vouloir aller ramasser tout ce crottin que
les chevaux laissaient derrière leur cul après le passage du
nouveau président.
Pas
tellement pour lui éviter d'avoir à faire le ménage après tout le
tintouin mais parce qu'on venait juste de refaire notre potager et
qu'on avait besoin d'un bon coup de fouet pour les tomates!
A
propos de coup de fouet, je dois dire que le service d'ordre est
plutôt musclé et que leur taser chatouille pas mal! J'avais le
palpitant coupé et Germaine un mal au fondement dont elle se
souvient comme de sa première épisiotomie.
Germaine
a pas eu le temps de remplir son sac à main de crottin – y donnent
plus de sacs plastic dans les supermarchés – qu'on nous a aussitôt
emmenés manu-militari c'est à dire sous bonne escorte mais on n'a
pas eu droit au Véhicule Léger de Reconnaissance et d'Appui parce
qu'il n'y avait pas assez de place ou que ça sentait pas très bon;
on se doutait aussi qu'on n'irait pas dans la même direction que
tout le tintouin pour pas déranger le protocole.
On
a eu droit à un panier à salade fermé, c'était pas plus mal
puisqu'il s'est mis à pleuvoir un peu – juste des gouttes d'eau,
pas des baffes parce que c'était jour d'investiture – jusqu'au
commissariat du 8ième.
C'était
vachement bien organisé puisqu'on était attendus par le peloton de
photographes comme j'ai dit plus haut...
Germaine
était aux anges, pas fâchée d'étrenner son beau tailleur malgré
la pluie qui le délavait un peu... on devrait se méfier des grandes
marques de chez Emmaüs.
Alors
par orgueil on a posé comme on a pu sous la mitraille et les flashs
pendant que le service d'ordre nous traînait à l'écart.
C'est
pour ça qu'on a un air penché sur les photos mais Germaine dit que
ça fait plus naturel, moins Sophie Stiqué – je peux pas connaître
toutes les Sophie – alors on a acheté tous les exemplaires de
Paris-Match ce matin chez notre libraire pour les revendre un bon
prix aux voisins de notre quartier.
Ils
vont en baver des ronds de chapeau... et nous on nous a promis une
citation dans notre casier subsidiaire.
Toujours hilarante cette réalité de biais décortiquée par l'œil d'un expert des haut-faits de l'humanité !
RépondreSupprimerToujours plaisant un de tes commentaires de bon matin.
RépondreSupprimerBonne journée Anne !